Les Echos, no. 20993 - Marchés, jeudi 11 août 2011, p. 20
Depuis deux semaines, les marchés financiers sont emportés dans la tourmente. Voici cinq chiffres ou symboles qui résument la catastrophe, sur fond de ralentissement économique et de crise de la dette aux Etats-Unis et en Europe.
1.797 $
Pour la première fois de son histoire, l'or a atteint 1.797 dollars l'once en séance, avant de revenir vers les 1.780 dollars. Le métal jaune joue plus que jamais son rôle de valeur refuge : il rassure aussi les investisseurs qui s'inquiètent d'un retour à un nouveau « quantitative easing » (QE3) aux Etats-Unis, alors que le risque de propagation de la crise des dettes souveraines est toujours menaçant en Europe. L'or a ainsi augmenté de près de 20 % depuis le 1er juillet 2011. Depuis 2000, il a gagné plus de 500 %, quand le CAC 40 a perdu près de 50 % de sa valeur. Où s'arrêtera cette ascension ? Si l'on prend en compte l'inflation, la « relique barbare » semble disposer d'une marge de progression. En prix réels, l'once avait en effet atteint l'équivalent de 2.250 dollars au début des années 1980, selon Thomson Reuters, soit 30 % de plus qu'aujourd'hui.
AA +
Ces deux lettres assorties d'un signe « + » renvoient à la note qu'a attribuée l'agence de notation financière Standard & Poor's (S&P) aux créances de long terme des Etats-Unis. Avant le vendredi 5 août, la première puissance économique mondiale bénéficiait encore d'un triple A, soit la meilleure note de crédit dans l'échelle définie par S&P.
En dégradant ainsi la note de long terme de la dette américaine, l'agence a voulu souligner les lacunes de l'accord signé le 2 août entre républicains et démocrates pour diminuer les déficits budgétaires de l'Etat fédéral et le poids de la dette. Cette seule décision a provoqué une vague de pessimisme sur les principales places boursières et suscité l'ire de la Chine, premier créancier des Etats-Unis. Les analystes de S&P ont laissé entendre par la suite que l'amélioration de la crédibilité financière du pays devrait au moins passer par la suppression des allégements fiscaux exceptionnels mis en place sous l'administration de l'ex-président George W. Bush.
- 21,85 %
Depuis le 22 juillet, le CAC 40 a perdu 21,85 %, pour terminer hier, à 3.002,99 points. Dans sa chute, l'indice de la Bourse de Paris a réalisé une série inédite de onze séances consécutives de baisse, tout comme le SMI en Suisse et désormais, depuis hier, le DAX allemand. Pendant cette quinzaine, les mauvaises nouvelles sont tombées jour après jour, n'offrant quasiment pas de répit aux investisseurs. Cela a commencé au lendemain du sommet européen, le 21 juillet, qui a mis sur pied un plan de sauvetage de la Grèce empêtrée avec sa dette, un plan qui a suscité beaucoup d'incertitudes. Et pour couronner le tout, la Grèce a vu sa note dégrader par Moody's. Les marchés ont alors débuté leur repli. Des grands groupes ont annoncé des résultats décevants et des perspectives sombres sur le second semestre, faisant craindre un ralentissement de l'activité sur la fin d'année. Puis les Etats-Unis ont publié des statistiques décevantes, notamment un PIB du deuxième trimestre inférieur aux attentes et un indice ISM manufacturier qui se rapproche dangereusement du seuil des 50 points, au-dessous duquel l'économie est considérée en contraction. Dans le même temps, les républicains et les démocrates ont joué avec les nerfs des opérateurs pour aboutir l'avant-veille de la date ultime à un accord autorisant un relèvement du plafond de la dette américaine. De ce côté-ci de l'Atlantique, l'Espagne et l'Italie ont été mis sous pression par les agences de notation. Leurs taux à 10 ans ont franchi les 6 %, avant que la BCE n'indique qu'elle allait racheter des titres de dette périphérique. Le bouquet fut la dégradation par Standard & Poor's de la note des Etats-Unis, « themselves », de AAA à AA+. Les déclarations de Barack Obama n'ont pas rassuré les marchés. Le communiqué de la Fed, mardi soir, un peu plus. Mais peu de temps. Désormais, le CAC est juste au-dessus de sa zone de soutien, comprise entre 2.950 et 3.000 points. Le S&P 500 également, entre 1.125 et 1.150 points. Dans ces conditions, alors que la volatilité est à son comble, les analystes techniques s'attendent à un rebond violent, mais pas de même ampleur que l'a été la chute.
48 pts
Ce nombre correspond au pic atteint lundi par le VIX, un indice boursier mesurant la volatilité sur les marchés financiers, surnommé l'« indice de la peur ». Il n'avait pas atteint ce seuil depuis le mois de mars 2009, soit quelques mois après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Le lendemain, il chutait de près de 27 %, soit sa deuxième plus forte baisse en une journée depuis le 10 mai 2010, lors des prémices de la crise financière grecque.
Hier, il bondissait de quelque 20 % en fin de journée. Cette amplitude illustre l'extrême nervosité des investisseurs, dont l'appétit au risque change du tout au tout en fonction des annonces faites par les gouvernements et les banques centrales. Défini par le Chicago Board Options Exchange (CBOE), une Bourse américaine de dérivés, le VIX est une moyenne pondérée des options achetées sur le Standard & Poor's 500, un des trois grands indices actions à New York.
- 14,53 %
Si tous les secteurs sont en baisse depuis cinq séances, les secteurs financiers, automobiles et matières premières ont été le plus fortement touchés par la chute des Bourses européennes. Les banques européennes ont perdu 14,53 % ces cinq derniers jours, freinées par les inquiétudes concernant les dettes européennes. Parmi les plus fortes baisses, on compte la Société Générale, qui a perdu près de 25 % en cinq jours, ou Crédit Agricole SA (- 18,7 %). Les résultats semestriels décevants du secteur automobile et des services aux collectivités locales ont entraîné les Bourses à la baisse : - 16,75 % sur cinq séances pour l'un, - 13,37 % pour l'autre. Peugeot a perdu 17,13 % en cinq séances, Veolia Environnement s'est replié de 29,48 % sur la même période. Autre secteur en fort recul, celui des ressources et matériaux de base (- 15,49 %), handicapé par la baisse du cours des produits agricoles ou du cuivre.
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