vendredi 5 août 2011

Le flop des paris en ligne - Georges Dupuy


Marianne, no. 746 - France, samedi 6 août 2011, p. 30

On leur promettait le jackpot, ils y ont (presque) tous laissé leur chemise. Depuis l'ouverture, il y a un an, du marché des jeux d'argent en ligne, les businessmen font la grimace. Seul ce bon vieux PMU rafle la mise !

Patatras ! Ce devait être un nouvel eldorado, ruisselant de cash. Mais, à entendre les patrons des sites de paris sur Internet, ce serait plutôt le Sahara, sans le pétrole. Un an après la promulgation de la loi no 2010-476 destinée à ouvrir le marché des jeux d'argent en ligne, les bookmakers sont fatigués. Démoralisés. Sur la paille. La faute à l'Etat, qui les bride et qui les étouffe sous les taxes. Si rien n'est fait, disent-ils, ils jetteront l'éponge. La question reste posée : comment tous ces gens affûtés, sortis des grandes écoles, formés aux business plans, bardés de conseillers juridiques et financiers, ont-ils pu se tromper à ce point ? Méconnaître les pièges qui les attendaient ou ne pas intégrer le poids des impôts dans leur feuille de route ? A moins qu'à trois mois de la clause de réexamen, quand le Parlement remettra à plat la loi, tout cela ne soit que lobbying et compagnie...

Combinaison... perdante

Dieu sait que la combinaison semblait gagnante. Le soutien de deux mastodontes du CAC 40, Bouygues et PPR (Pinault-Printemps-Redoute), le relais de TF1 et la participation active de sa filiale thématique, la chaîne Eurosport, un marché de plusieurs millions de parieurs en perspective : la création, en 2008, de la Société de paris sportifs (SPS) et de son site, Eurosportbet, avait tout pour plaire. De fait, cela avait plu à Francis Bouygues et à François Pinault, associés dans un fonds d'investissement baptisé Serenpidity, présidé par Patrick Le Lay et destiné à se développer dans les paris et le poker en ligne. Pour faire bonne mesure, l'ancien PDG de TF1 s'était rapproché du PMU. Il s'était aussi entouré des meilleurs. Son directeur général, Olivier Ou Ramdane, est un X-Mines passé par Normal sup et conseiller de Dominique de Villepin à Matignon.

Lobbying au sommet de l'Etat

La belle aventure a fait long feu. Début 2011, après avoir racheté les parts de Bouygues et de Pinault, TF1 jette l'éponge. Non seulement Nonce Paolini, qui a succédé à Le Lay en 2009, n'a aucun goût pour les paris en ligne, mais la société a perdu une quarantaine de millions d'euros. SPS est reprise par son management. Adieu veau, vache, cochon, couvée... Une trentaine de salariés, promis à Pôle emploi, savent désormais qu'ils ont parié sur le mauvais cheval. Au fait, Serenpidity signifie, en anglais, "le don de faire, par hasard, des découvertes intéressantes".

Stéphane Courbit, lui, a senti le vent du boulet. C'est à la fin de 2007 qu'il a plongé dans le grand bain. Il est jeune. Il est riche. Son départ de la société de production télévisée Endemol lui a rapporté 250 millions d'euros. Qu'en faire ? Son mentor, Alain Minc, lui conseille d'investir dans les jeux en ligne, promis à un très bel avenir. Mangas Gaming, créée en 2007, se fait les dents en achetant le site de paris sportifs Betclic. L'alliance avec la puissante Société des bains de mer (SBM) de Monaco (contrôlée par la famille Grimaldi) lui permet d'acquérir des bookmakers et des plates-formes de poker de taille internationale. En 2010, Mangas Gaming, devenue aujourd'hui Betclic Everest Group (BEG), était présente dans 15 pays avec un portefeuille de 4 millions de joueurs. Mais les parieurs français lui ont fait faux bond. Ce serait, notamment, pour combler la paume de BEG (50 millions d'euros au total) que l'ancien "petit prince de la téléréalité" aurait fait affaire avec Liliane Bettencourt. L'investissement de 143 petits millions d'euros a déclenché un nouveau psychodrame au sein de la famille Bettencourt. En cause, la très soudaine et très suspecte passion de Liliane pour le poker ou les paris sportifs. Face au tumulte, ce modèle de jeune patron conquérant à la sauce Sarkozy a proposé à la troisième fortune de France de lui rendre sa liberté. Il n'en devra pas moins trouver un autre actionnaire pour se développer à l'étranger, en oubliant les avanies françaises.

Paolini et Courbit ne sont pas les seuls à avoir trinqué. Sur les 35 opérateurs possédant 49 bookmakers online agréés par l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), rares sont ceux qui ne hurlent pas à la mort. "Je ne connais personne qui gagne de l'argent", martèle Nicolas Béraud, tout à la fois président de BEG et de l'Association française des jeux en ligne (Afjel), qui vient de sortir un Livre blanc musclé. Sa ligne de défense est simple : étranglés par les taxes et incapables de proposer des paris attractifs, les opérateurs privés perdent des joueurs qui préfèrent aller miser sur des sites illégaux. En France ou à l'étranger. Pour en sortir, l'Afjel propose un chamboulement presque total de la loi. Ses propositions vont de la liberté complète en matière de paris à la modification du système fiscal actuel qui taxe les mises, en passant par un déplafonnement des sommes qui doivent revenir aux joueurs, l'introduction des jeux de chance et le découpage du PMU ou de La Française des jeux (FDJ).

Sonnez, trompettes, les lobbies sont de retour ! Nul doute que les amis de Nicolas Sarkozy qui ont mis des billes dans le secteur sauront se faire entendre. Dans la coulisse rôde Alain Minc, tout à la fois conseiller du président et actionnaire (très) minoritaire, selon Mediapart, de Stéphane Courbit. Sans surprise, ce dernier faisait partie de la fameuse soirée présidentielle du Fouquet's, de même que Bernard Arnault, la première fortune de France, un temps intéressé par le site Betfair, ou Martin Bouygues. N'a-t-on pas prêté au pape du BTP l'intention d'investir dans une éventuelle ouverture de capital du PMU ou de La Française des jeux ? S'ils n'ont pas été à l'origine de la lettre de Bruxelles demandant à Paris d'ouvrir les jeux d'argent en ligne, tous ont oeuvré, ardemment, pour que la loi soit bouclée, débattue et votée en extrême urgence. Il s'agissait d'être en place avant le début de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, cette mine d'or à ciel ouvert. Eric Woerth, alors au Budget, s'y est employé, suivi par les parlementaires amis. Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, militera-t-il en faveur d'une baisse de la fiscalité réclamée entre autres par son fiston, Alexandre, le tôlier du site PokerStars ?

Le monde des jeux en ligne attend de savoir quelle sera la position de Valérie Pécresse, nouvelle ministre du Budget. Il remarque qu'elle a récupéré Sébastien Proto, l'ancien directeur de cabinet d'Eric Woerth, réputé dur en matière fiscale. Les initiés se demandent s'il saura maintenir l'étanchéité entre ses fonctions et ses amitiés avec Antoine Arnault, fils de Bernard, joueur de poker appointé par Bwin, et Valery Manin, responsable du même Bwin en France. Mais, à l'heure de la rigueur budgétaire, l'Etat n'est jamais enclin à lâcher du lest. Même si l'Afjel affirme, juré, craché, que les recettes publiques pourraient bénéficier de sa réforme.

Aurélie Filippetti, députée PS de Moselle et coauteur avec Jean-François Lamour, député UMP de Paris, du rapport sur l'application de la loi du 12 mai 2010, le répète : "La loi n'est pas faite pour maximiser les profits des intérêts privés." Retour aux textes ! L'article 1er stipule : "Les jeux d'argent et de hasard ne sont ni un commerce ordinaire ni un service ordinaire ; [...] ils font l'objet d'un encadrement strict, au regard des enjeux d'ordre public, de sécurité publique et de la protection de la santé et des mineurs." Jean-François Vilotte n'est pas opposé à la remise à plat de la fiscalité ; le patron de l'Arjel, organisme reconnu pour son travail et sa compétence, explique : "Il faut faire en sorte que le système fonctionne économiquement, mais sans favoriser des stratégies marketing excessives au détriment des joueurs."

Si l'assiette des taxes paraît devoir évoluer, le Parlement touchera-t-il au taux de retour aux joueurs (TRJ), plafonné volontairement à 85 % pour éviter l'addiction ? A en croire le législateur, moins le TRJ serait élevé, moins le joueur passerait de temps à parier et moins il deviendrait ce que les psys appellent un "joueur addictif" ou un "joueur problématique". Nicolas Béraud tempête : "Le blocage du TRJ est une aberration. Plus un client perd vite, plus il a la tentation de se refaire." Et d'affirmer : "Il n'y a aucune étude sérieuse qui lie les jeux d'argent online et le développement du jeu problématique."

A Nantes, Bruno Rocher, médecin psychiatre et membre du Centre de référence sur le jeu excessif - financé, notamment, par le PMU et La Française des jeux -, constate une très nette augmentation des cas lourds. Des hommes et des femmes, jeunes ou moins jeunes, anxieux, dépressifs, voire suicidaires. Rocher analyse : "L'addiction au jeu qui répond à des troubles initiaux engendre, elle-même, d'autres mal-être encore plus insupportables. Le site de SOS Joueurs croule sous les témoignages. C'est Marianne, qui lutte pour sauver son couple. C'est Mathieu, qui ne se supporte plus, qui a détourné de l'argent et qui a tout essayé pour s'en sortir mais en vain. Autant d'appels au secours, chargés de désespoir, d'impuissance et de honte."

Environ 600 000 addicts

Combien sont-ils, ces compulsifs, prêts à frapper à la porte des services de lutte contre le surendettement, à couler avec leur emploi et leur conjoint, à commettre de menus délits domestiques, à se bourrer d'anxiolytiques ou à commettre l'irréparable ? Environ 600 000, estime Eric Bouhanna, président fondateur d'Adictel, une structure d'aide aux joueurs dépendants. Selon lui, les garde-fous prévus par la loi - notamment le contrôle des 32 000 auto-interdits de jeu - sont insuffisants. L'engagement de modération que le flambeur problématique doit remplir avant de jouer est du pipeau. La plupart des addicts jouent en effet sur une douzaine de sites, ce qui multiplie leur risque de plonger. Bouhanna, qui traite 10 000 naufragés par an, est net : "Si on se contente d'envoyer le joueur compulsif voir un psy sans lui fermer ses comptes, il continuera de jouer."

Que faire ? Emmanuel de Rohan-Chabot, patron de ZeTurf, le deuxième site français de courses hippiques, loin derrière le PMU, va plus loin, provocateur : "Si le jeu est mauvais pour la société, il faut que l'Etat l'interdise totalement." C'est ce qu'ont fait les Etats-Unis, où les agents du FBI viennent de rappeler que le poker en ligne est illégal. En attendant, tous dénoncent l'Etat croupier et faux cul qui stigmatise le jeu mais empoche les taxes. "Les Français jouent depuis des siècles, et depuis des siècles l'Etat n'a eu de cesse que de vouloir régenter un secteur soupçonné des pires noirceurs morales et sociales", rappelle Jean-Pierre Martignoni-Hutin. Pour ce sociologue, professeur à l'université Lumière Lyon-II, il faut arrêter de ne voir l'univers des jeux que sous l'angle de l'addiction : "On oublie que le jeu est un fait social collectif. Même les plus pauvres ont envie de jouer et de gagner. Ce ne sont pas des malades pour autant !" Qui n'a jamais fantasmé sur les 185 millions du Loto européen, les 6 millions du plus gros Quinté ou les 3 millions du jackpot d'un multibandit manchot ? Emmanuel de Rohan-Chabot hausse les épaules : "Moi, je ne vends pas du rêve, je vends des tours de manège, et si je veux que mes clients reviennent, il faut qu'ils soient contents à chaque tour."

Mais on ne s'adresse pas aux turfistes de la même manière qu'aux parieurs sportifs. Si le jeu en ligne est une affaire de mecs (à l'exception des courses de chevaux), chaque type de jeu correspond à un profil de joueur bien particulier. Ainsi, le succès du poker auprès des 18-34 ans s'explique, avant tout, par un mélange de références historiques et de mondialisation, son côté ludique - la rapidité et le nombre des tours, le bluff, la compétition avec les autres participants et la possibilité d'intégrer des tournois - et son extrême médiatisation, emmenée en France par des stars comme Patrick Bruel, joueur réputé et l'un des patrons du site Winamax. En un an, les sites de poker ont triplé leurs comptes joueurs. Le montant des mises en cash-game frôle aujourd'hui les 7 milliards d'euros, et les droits d'entrée aux tournois dépassent les 900 millions.

Même si les débuts du PMU dans le poker ont été accompagnés de hennissements, Benoît Cornu, directeur de la communication du groupe, espère bien que les jeunes accros de la quinte flush découvriront aussi les joies des champs de courses, petits et grands. Martignoni-Hutin explique : "En France, la vraie culture du pari est celle du turf." On ne fait pas son "papier" (comprenez : préparer sa course) comme ça. Parier sur des chevaux suppose du sérieux, du savoir-faire et une mémoire historique, que beaucoup partagent en famille ou avec des amis. S'informer sur Internet n'interdit pas de se déplacer pour aller parier dans un des 11 000 points de vente en dur du PMU où on regarde la course en buvant un coup avec les autres joueurs. Tout cela explique que l'ancien monopole n'a guère souffert de l'ouverture à la concurrence. Bien au contraire, fort de son poids historique, de ses appuis et de sa surface financière, c'est le PMU qui a raflé la mise ! D'autant plus facilement que, chaque fois qu'un de ses concurrents fait de la pub, les Français pensent à lui.

Le soir du Fouquet's, Emmanuel de Rohan-Chabot était en garde à vue pour s'être attaqué au mammouth PMU. Aujourd'hui, le monopole est tombé. "En apparence", dit cet ancien gestionnaire de fonds de placement, qui reproche - notamment - au PMU de tout mélanger et de financer ses activités en ligne avec des fonds provenant des courses physiques. Les spectateurs du Tour de France qui ont vu passer les chevaux et les jockeys en carton-pâte de la caravane ont-ils pigé qu'ils voyaient passer pmu.fr ? On en doute. Autosaisie, l'Autorité de la concurrence vient de recommander au géant de séparer ses marques, comme l'a fait La Française des jeux.

Gare aux conflits d'intérêts

Une chose est sûre : ceux qui pensaient que les footeux enterreraient les turfistes s'en mordent les doigts. Adieu, les mirages dorés de progressions annuelles à 20 %. Avec 750 millions d'euros de mise, les sites sportifs ont tout faux. Un fin connaisseur explique : "Les bookmakers ont oublié que les Français n'avaient aucune culture en matière de paris sportifs et qu'il fallait les prendre par la main, les informer, et ne pas se contenter de leur aspirer leur argent." Mais surtout le parieur français, très jeune et à mille lieues des Anglais fous de paris ou des Italiens malades du Totocalcio, est très volage. La moitié des parieurs - gros ou petits - du départ ont disparu dans la nature, plus ou moins remplacés. Mauvaise pioche ! Non seulement les entreprises ont débarqué dans un secteur où tout était à faire, mais, une fois passé l'effet Coupe du monde, il leur a fallu sans cesse renouveler leur stock de clients. Coût de l'opération : 60 millions d'euros flingués en marketing en neuf mois, sans parler des bonus et de la sponsorisation. Aujourd'hui, pris à la gorge, ils veulent tailler dans leurs dépenses de marketing.

Jean-François Lamour et Aurélie Filippetti, les rapporteurs parlementaires, taclent les opérateurs qui n'ont pas remis en cause leur business model. Nicolas Béraud n'en démord pas : la régulation est un échec. Le 1 % de gros joueurs représentant 50 % du marché français seraient repartis vers les sites illégaux, plus attractifs. L'Arjel chiffre, elle, le détournement entre 10 et 15 % du marché national. Beaucoup trop encore pour Vilotte, qui souhaite que le Parlement renforce ses moyens d'action. D'autant que des menaces autrement plus lourdes qu'une mauvaise fiscalité ou un TRJ trop bas pèsent sur le bon fonctionnement du secteur.

Passons sur les bidouillages. "Le poker online est-il truqué ?" interroge le site Hppol. Pour connaître la réponse, il vous en coûtera entre 19 et 35 €. Adrien, 35 ans, commente : "C'est une question que nous nous posons tous un jour ou l'autre en cas de déveine." Et ce grand joueur devant l'Eternel d'ajouter : "Mais les mauvaises cartes font aussi partie du plaisir." Sur le fond, on voit mal les organisateurs se tirer une balle dans le pied. Leur intérêt est d'attirer le plus grand nombre de joueurs possible.

Plus subtils à prévenir sont les conflits d'intérêts, quand, par exemple, un bookmaker, appuyé par une chaîne télé ou un journal, finance une équipe tout en prenant des paris contre elle. Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de gros nuages. M6, actionnaire des Girondins de Bordeaux, a renoncé à se lancer dans la course, et Sajoo, le site que le groupe Amaury (le Parisien, l'Equipe) possède en partenariat avec Bwin, ne propose pas de jeux sur le tour de France cycliste qu'il organise. L'Arjel n'en garde pas moins l'oeil ouvert sur les grandes vedettes encore actives sur les stades et embauchées comme consultants, tel Fabien Galthié, entraîneur du club de rugby de Montpellier qui oeuvre (sans problème) pour pmu.fr. Le sponsoring - Betclic a noué des liens avec l'Olympique de Marseille, l'Olympique lyonnais ou la Juventus de Turin, Bwin avec le Real Madrid et le Bayern Munich - est un sujet plus compliqué : "La présence du nom des sites sur des maillots ou des panneaux fait partie de la publicité liée à la libre concurrence, mais cela posera un problème si le sponsoring devenait un élément trop important des finances du club, en créant une forme de contrôle indirect", explique Vilotte, le patron de l'autorité de régulation.

A propos de trucage...

Le plus dur est à venir : "Préserver l'intégrité et la sincérité des compétitions sportives face au développement des paris en ligne", comme le titre le rapport que Jean-François Vilotte a remis en mars dernier à Chantal Jouanno, ministre des Sports. Si les paris en ligne n'ont pas créé la corruption dans le sport, ils en ont augmenté le risque, surtout en ce qui concerne les ligues et les divisions inférieures, et les matchs sans enjeu. Difficile de s'attaquer aux grands matchs et aux grandes compétitions qui font l'objet d'une surveillance renforcée. Pour le moment, contrairement à l'Italie, à l'Allemagne ou à la Grande-Bretagne, aucune affaire de corruption passive ou activé n'a été révélée en France. Julien Boinet, le représentant de l'entreprise suisse Sportradar, qui a placé sous contrôle 200 sites de paris lors de Roland-Garros, souligne : "Il est beaucoup plus difficile de truquer un match en France que dans un petit pays de l'Est." Vilotte n'en est pas moins pessimiste, quand il écrit : "Il n'existe aucune raison objective pour que le sport français soit épargné." Il préconise de ne pas attendre pour mettre en place un réel système de surveillance, d'alerte et de coopération entre l'Etat, les fédérations sportives et les bookmakers. Ceux-ci y ont tout intérêt. Matthieu Escande, enseignant-chercheur à l'université Paris-I, interroge : "Les Français boudent déjà les paris sportifs. Que se passerait-il si, en plus, ils n'avaient pas confiance dans les résultats ?" Nul doute, la prochaine Coupe du monde de rugby sera regardée à la loupe. On parie ? G.D.



Alexandre Balkany, 31 ans.
Fils de Patrick Balkany, député UMP.
Directeur général de PokerStars France et producteur (via Kawa Productions TV) de plusieurs émissions télé sur le poker.
Menace de se retirer du marché si le mode de taxation français des paris en ligne n'est pas modifié.

Stéphane Courbit, 46 ans.
Self-made-man qui a fait fortune, entre autres, en revendant sa société de production Endemol France.
Actionnaire majoritaire (75 %) de Betclic, numéro un des paris en ligne en France (40 % du marché).
A proposé à Liliane Bettencourt d'annuler son investissement de 143 millions dans Betclic, à la suite de l'action entreprise en juin par Françoise Bettencourt-Meyers.

Antoine Arnault, 34 ans.
Fils de Bernard Arnault, patron de LVMH.
Directeur de la communication de Louis Vuitton, joueur de poker sponsorisé par le site Bwin.
Son père possède 10 % du capital du britannique Betfair.

Nonce Paolini, 62 ans.
A démarré sa carrière à EDF-GDF, intègre le Groupe Bouygues en 1988.
PDG de TF1, et de sa filiale de paris en ligne SPS Betting, maison mère du site Eurosportbet.
En avril dernier, TF1 jette l'éponge et revend Eurosportbet. Le site a perdu une quarantaine de millions d'euros.

Marie-Odile Amaury, 70 ans.
PDG du groupe Amaury, éditeur des quotidiens l'Equipe et le Parisien, et organisateur du Tour de France cycliste.
Détient l'opérateur de jeux en ligne Sajoo (9 % du marché), lancé en 2010, en partenariat avec le géant autrichien Bwin (15 % du marché français mais leader européen).
Vient d'annoncer sa sortie partielle en fusionnant Sajoo et Bwin.

Patrick Bruel, 52 ans.
Chanteur et joueur de poker réputé.
L'un des quatre actionnaires (avec Marc Simoncini, Alexandre Roos et Christophe Schaming) et VRP de luxe de la salle de poker en ligne Winamax.
Coproduit et anime le World Poker Tour sur Canal +.

Emmanuel de Rohan-Chabot, 45 ans.
Issu d'une famille de militaires aristocrates.
Directeur général de ZeTurf, site de paris hippiques installé à Malte depuis 2004.
L'outsider qui a osé s'attaquer au monopole du PMU.

PMU
Créé en 1930.
Premier opérateur hippique en Europe, 2e mondial, en situation de monopole en France jusqu'à l'an dernier.
Leader incontesté des paris en ligne en France, qui assurent désormais 12,5 % de son chiffre d'affaires.
Devrait dépasser 1,2 milliard d'euros d'enjeux en 2011, et a enregistré une augmentation de 64 % des enjeux pour le premier semestre de cette année.

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