mercredi 28 septembre 2011

ACCIDENT - Métro de Shanghai : Nouveau coup dur pour le rail chinois


Le Figaro, no. 20887 - Le Figaro Économie, mercredi 28 septembre 2011, p. 22

Le métro de Shanghaï, premier réseau du monde, a connu hier un accident majeur.

Le rail chinois connaît décidément une année noire. Après la collision meurtrière de deux trains rapides en juillet et les déboires à répétition de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghaï inaugurée en grande pompe fin juin, c'est au tour du métro shanghaïen de figurer sur la liste des réseaux à éviter.

Deux rames se sont heurtées hier après-midi aux abords de la station de Laoximen, qui dessert le quartier touristique de la vieille ville chinoise. Les officiels ont été avares de commentaires dans les heures qui ont suivi l'accident. Un communiqué de l'opérateur, Shentong, se contentait de mentionner un problème de signalisation, qui n'aurait pas pu empêcher un premier métro de rentrer dans une seconde rame immobilisée. Une panne sur certains équipements avait fait basculer tout le système en pilotage manuel peu de temps auparavant.

Pression de l'opinion

En fin de journée, les différents bilans annonçaient environ 260 blessés, dont trois graves, selon les autorités, une vingtaine, selon le quotidien officiel basé à Shanghaï, l'Oriental Morning Post. Les images qui circulaient déjà abondamment sur les sites de microblogging donnaient des visions sanglantes de la scène avec des passagers hagards ou en train de recevoir des soins. On est en tout cas loin des quarante morts - bilan officiel sans doute en deçà de la réalité - et deux cents blessés de l'accident du Hangzhou-Wenzhou le 23 juillet dernier, qui avait mis la Chine en état de choc.

Mais l'accident de Shanghaï devrait relancer le débat alors engagé sur la rapidité du développement du réseau ferroviaire à grande vitesse en Chine, déjà le plus long du monde. Le gouvernement s'est, par ailleurs, fixé d'ambitieux objectifs pour les années à venir : 25 000 kilomètres en 2015 et 50 000 en 2020.

Une fois n'est pas coutume, la pression de l'opinion publique a fait reculer Pékin. Les autorités ont réduit de moitié leurs dépenses dans le secteur ferroviaire le mois dernier par rapport à l'année précédente, selon des chiffres publiés mi-septembre par le ministère des Chemins de fer.

Dans le cas du métro, des interrogations circulent déjà sur le Net chinois. « Est-il nécessaire de construire à la va-vite des métros qui se rentrent dedans ? » demandent en substance nombre d'internautes. Il y a encore dix ans, la capitale économique chinoise comptait deux lignes de métro, elle en a aujourd'hui douze qui courent sur 453 kilomètres, dotant la ville du premier réseau urbain du monde.

Reste à savoir quelles vont être les conséquences pour les acteurs étrangers du secteur. Contrairement à la tragédie de juillet qui mettait en scène des trains « made in China », le métro de Shanghaï a fait intervenir plusieurs entreprises étrangères, dont des français, à l'instar de Systra et Alstom, qui a travaillé sur la ligne accidentée via un partenariat avec une société chinoise.

Julie Desné

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