jeudi 29 septembre 2011

La Cité interdite au Louvre, un financement 100 % privé


Les Echos, no. 21027 - Services, jeudi 29 septembre 2011, p. 28

L'exposition qui s'ouvre aujourd'hui s'inscrit dans le cadre d'une vaste coopération engagée entre la Cité interdite et le Louvre.

L'exposition « La Cité interdite au Louvre - Empereurs de Chine et rois de France », qui ouvre ses portes aujourd'hui, constitue un événement autant diplomatique que culturel et économique. C'est grâce à la coopération engagée entre le Louvre et la Cité interdite que ces 130 oeuvres prêtées par Pékin sont présentées à Paris.

Même si l'art asiatique est la spécialité du musée Guimet, le Louvre ne pouvait faire l'impasse sur un pays qui recèle un énorme potentiel de touristes, même si, pour l'instant, les Chinois ne représentent que 4 % des visiteurs. En outre, « le musée, qui a déjà des donateurs américains, japonais, moyen-orientaux, espère développer le mécénat des Chinois », avance Christophe Monin, chef du service mécénat.

Le Louvre et la Cité interdite ont conclu un accord comprenant un échange d'expertise et l'organisation d'expositions : Napoléon a ainsi fait son entrée à Pékin il y a trois ans. Le coût de cette manifestation avait été pris en charge par le gouvernement chinois, contrairement à l'exposition proposée au Louvre, financée à 100 % par le privé. Un pari osé, tant le temps nécessaire à la conception d'un tel événement (trois ans) n'a rien à voir avec celui de la recherche de mécènes, lesquels se décident trois à six mois avant l'inauguration. « Le budget s'élève à 1,8 million d'euros, dont 1,2 million financés par des entreprises françaises et le reste par des firmes chinoises. La Chine n'avait pas jusqu'ici de tradition de mécénat », poursuit Christophe Monin.

Fondation culturelle chinoise

Lundi dernier, à l'occasion du vernissage, c'est au Louvre qu'a été annoncée la création de la Fondation de la conservation de l'héritage de la Cité interdite, en présence d'acteurs économiques. « Nous sommes venus observer la Société des amis du Louvre car nous n'avons pas de fondation culturelle en Chine », précisent Wang Jie, patron d'Artron Enterprises, consortium opérant dans la culture, et Chen Dongsheng, fondateur de l'assureur Taikang et de la maison de vente aux enchères Guardian.

Parmi les autres mécènes chinois figurent notamment Air China, Fosun (actionnaire du Club Med) et Haier (constructeur d'appareils électroménagers). Côté français, outre Louis Vuitton et le cabinet Gide Loyrette Nouel, le gros contributeur n'est autre que Schneider Electric.

« La Chine est notre second marché et même le premier par le nombre de nos collaborateurs, soit 10.000 personnes. Il était donc naturel de soutenir cet événement », commente Jean-Pascal Tricoire, président du directoire. Celui qui préside aussi le Comité France-Chine n'a donc pas eu à se faire prier par l'ambassadeur de Chine en France, qui avait appuyé la demande du Louvre.

MARTINE ROBERT

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