Le Monde - International, vendredi 23 septembre 2011, p. 4
Il y a le programme officiel, l'initiative de Nicolas Sarkozy pour la paix au Proche-Orient et la rencontre bilatérale avec Barack Obama, mercredi 21 septembre. Et puis l'agenda caché, le seul décisif, celui qui vise à sauver l'euro.
Ainsi, le ministre des finances, François Baroin, a fait discrètement mardi la tournée des banques et des fonds d'investissement américains à New York. Il a expliqué aux groupes Blackstone, Morgan Stanley, Citigroup et autre Citadel la stratégie de la France pour sauver la Grèce et l'euro, et tenté de rassurer sur la santé des banques françaises.
Bref, une tournée de Wall Street pour corriger l'effet désastreux laissé par son prédécesseur, Christine Lagarde, nommée entre-temps directrice générale du FMI, et qui a appelé à recapitaliser les banques européennes, jetant la suspicion sur les banques françaises. Pas tellement à tort, puisqu'elles avaient des problèmes de liquidités, notamment en dollars, en passe, selon l'Elysée, d'être résolus, et qu'elles vont renforcer leurs fonds propres plus rapidement que ne l'exigent les règles de Bâle III censées entrer en vigueur d'ici à 2019.
L'affaire était si sérieuse que Xavier Musca, le secrétaire général de l'Elysée et ordonnateur du sauvetage de l'euro, avait lui aussi traversé l'Atlantique pour trente-six heures. Mercredi matin, il rencontrait avec M. Baroin la presse économique américaine au cours d'un petit déjeuner. Ils ont ensuite participé à la réunion entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama, en présence de Timothy Geithner, secrétaire au Trésor américain.
L'euro était aussi au menu. Devant les drapeaux américain et français - exceptionnellement, celui de l'Europe n'était pas dressé -, les deux dirigeants ont évoqué le sauvetage de la Grèce et le vote décisif du Bundestag allemand, le 29 septembre. M. Sarkozy veut éviter une défaillance de la Grèce, M. Obama une contagion si telle devait être l'issue de la crise. Tout peut arriver, alors que le monde traverse une crise jugée gravissime.
Dans ce contexte, les deux dirigeants ont évoqué le G20, qui réunira début novembre les principaux dirigeants de la planète. Mais l'échéance semble bien lointaine. Le leitmotiv de la réunion doit être la croissance mondiale, a expliqué M. Sarkozy. La croissance, mais pas la relance. Certes, le président a salué le plan de 447 milliards de dollars (330 milliards d'euros) de son homologue pour relancer l'économie. Mais ce qui est bon pour l'Amérique ne l'est pas pour le monde. Il est hors de question de se lancer dans une relance keynésienne de l'économie comme l'avait décidé le G20 de Washington, en novembre 2008, poussé par Nicolas Sarkozy, George Bush, le FMI de Dominique Strauss-Kahn et contre l'avis de l'Allemagne. Les Etats n'en ont plus les moyens.
" Nous ne pensons pas que nous sommes confrontés au risque d'une récession, a expliqué l'Elysée. Donc nous ne pensons pas qu'il faut mettre en place des politiques de relance, d'autant moins que la situation budgétaire et la situation de la dette des pays développés sont extrêmement fragiles. " L'idée est de rester sur une ligne de crête, entre consolidation budgétaire et volonté de ne pas casser la croissance... ni le moral des électeurs à quelques mois des élections, en France et aux Etats-Unis.
Dans ce contexte, à la veille d'une réunion des ministres des finances du G20, rien de plus pratique que d'en appeler aux émergents, dont la Chine, invités à augmenter leur consommation intérieure et leurs importations. M. Sarkozy a réitéré son souhait de voir le yuan devenir convertible, mais on est bien loin des propos du président qui voulait, il y a un an, refonder le système monétaire mondial, proposer un nouveau Bretton Woods sous sa présidence du G20. L'urgence est ailleurs. Il faut sauver l'euro.
Arnaud Leparmentier
© 2011 SA Le Monde. Tous droits réservés.
Hygiene Vs Grooming
Il y a 1 an
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire