lundi 21 septembre 2009

Quand Warren Buffett parle chiffons, la Bourse de Shanghai s'enflamme

Les Echos, no. 20512 - Dernière, vendredi, 18 septembre 2009, p. 15

Le 2 mai dernier, lorsque Warren Buffett est monté sur l'estrade du Qwest Center d'Omaha pour s'adresser aux actionnaires de Berkshire Hathaway, aucun des 35.000 investisseurs présents n'a prêté grande attention à la coupe légère mais cintrée de son costume gris anthracite. Ils auraient dû. Quelques petits porteurs chinois, qui guettent les moindres faits et gestes de « l'oracle » américain, viennent de faire fortune après avoir remarqué que leur gourou portait, ce jour-là, un ensemble de la marque Trands, produite par Dalian Dayang Trands, un fabricant basé dans le nord-est de la Chine. Totalement inconnue du grand public chinois, la société cotée sur la place de Shanghai vient de voir son titre bondir de plus de 80 % depuis le début du mois de septembre et la mise en ligne sur le site du groupe d'un message vidéo de Warren Buffett, louant la qualité des coutures des vêtements Trands, vendus seulement dans une vingtaine de boutiques du pays. Hier, l'action de l'entreprise s'est encore envolée de 9,97 %, pour clôturer à 14,67 yuans.

Dans le message adressé à son « amie » Li Guilian, la présidente de Dayang, qu'il avait précédemment invitée à Omaha, l'investisseur explique qu'il a jeté tous ses autres costumes, pour ne plus porter que les neuf ensembles faits sur mesure pour lui par Dayang. Il assure que ses amis Charlie Munger et Bill Gates ont eux aussi été conquis par la petite marque créée par celle qu'il appelle « Madame Li ». « Elle a commencé il y a trente ans avec une machine à coudre et fabrique maintenant 5 millions de costumes par an », insiste Warren Buffett, qui a découvert le tailleur il y a deux ans, lors d'un bref passage dans la ville de Dalian.

Après la flambée du titre du couturier, les porte-parole de Berkshire Hathaway ont pris soin de rappeler que leur holding ne détenait officiellement aucun investissement dans Dalian Dayang Trands. Cela n'a, en rien, entamé l'enthousiasme des petits porteurs chinois qui ont vu dans les compliments de Warren Buffett une nouvelle prophétie. Des milliers d'investisseurs locaux ont déjà fait fortune après avoir suivi les précédentes divinations de l'Américain, qui avait, il y a quelques années, investi dans Petrochina, le géant chinois du pétrole, puis dans le plus obscur BYD. Il y a tout juste un an, MidAmerican Energy Holdings, l'une des filiales de Berkshire, avait acquis, au prix de 8 dollars de Hong Kong, 9,9 % des actions de ce fabricant de batteries se rêvant en leader de l'industrie automobile. Depuis, Warren Buffett n'a cessé de louer le « génie » du PDG de BYD. La valeur du titre du groupe a été multiplié par 8 et le vieux sage d'Omaha a généré un profit potentiel de 1,3 milliard de dollars.

YANN ROUSSEAU

PHOTO - Warren Buffett au Qwest Center d'Omaha, le 2 mai 2009 / Reuters

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1 commentaires:

Olivier a dit…

Ah votre blog avait également parlé de cela...je trouve ce sujet assez marrant.