C'est une visite officielle qui tombe à pic. Xi Jinping, le vice-président chinois, qui devrait logiquement prendre les rênes du pays en 2013, n'a pas raté hier à Göteborg la signature officielle de l'acquisition des activités automobiles de Volvo par le petit constructeur automobile chinois Geely. En dépensant 1,3 milliard d'euros, le groupe privé, longtemps spécialisé dans la vente en Chine de petits véhicules bon marché, met la main sur un prestigieux constructeur, dont les revenus sont 5 fois supérieurs aux siens et dont les berlines haut de gamme sont distribuées dans le monde entier.
Si quelques détails de la transaction doivent encore être finalisés, Lewis Booth, le directeur financier de Ford, a confirmé que l'accord de vente, couvrant les transferts de technologie, était désormais « définitif » pour les deux signataires, qui entament, chacun de leur côté, une nouvelle phase de leur histoire. Avec cette cession, Ford met un terme à son aventure dans le haut de gamme. Après avoir revendu Aston Martin, Jaguar et Land Rover, quelques années seulement après leur acquisition au prix fort, le deuxième constructeur américain va pouvoir alléger son bilan et se recentrer sur le développement de sa propre marque.
De son côté, Geely va prendre le contrôle d'un groupe qui peine, depuis 2006, à sortir ses résultats du rouge. Volvo, qui emploie 20.000 personnes, essentiellement en Suède et en Belgique, a vu ses ventes plonger à 334.800 unités l'an dernier, loin de leur pic de 460.000 en 2007. Ses pertes nettes, qui ont atteint 934 millions de dollars en 2009, ne semblent toutefois pas effrayer Li Shufu, le PDG de Geely, convaincu qu'il peut redresser le constructeur suédois, et même utiliser son savoir-faire et son réseau pour doper les autres marques de son groupe en Chine puis à l'étranger.
Le management conservé
Pour rassurer les Suédois, mais également éviter les déconvenues des autres groupes chinois ayant tenté trop précipitamment de s'approprier des sociétés occidentales, Li Shufu a confirmé hier qu'il entendait conserver les centres de production du groupe en Europe et travailler avec l'actuel management de Volvo. « Volvo c'est Volvo, et Geely c'est Geely. Ce sont des entreprises distinctes », a assuré le patron, qui avait, il y a quelques semaines, laissé entendre qu'il envisageait la construction d'une nouvelle usine Volvo en Chine.
« Volvo va être parfaitement placé pour profiter des opportunités sur le marché automobile chinois, qui est le plus grand au monde », a lancé Li Shufu. L'an dernier, le constructeur suédois n'a vendu que 22.405 voitures en Chine.
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Avec Volvo, Geely veut se donner une envergure mondiale
Le Monde - Communication, mardi, 30 mars 2010, p. 17 Il y a encore quelques mois, Geely était encore totalement inconnu en Occident. En Chine, avec environ 300 000 véhicules immatriculés en 2009, Geely ne pointe qu'à la onzième place très loin derrière le numéro un, SAIC (Shanghaï Automotive Industry Corporation), qui vend dix fois plus de voitures. Geely est plutôt considéré comme la voiture des campagnes et n'a pas la même reconnaissance que celle dont bénéficient ses concurrents, au premier rang desquels BYD (prononcez biwhydi) ou encore Chery. Toutefois, il est le deuxième exportateur de véhicules chinois. Selon Joël Ruet, chercheur au CNRS, (chroniqueur au " Monde Economie "), Geely réalise 10 % de ses ventes dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Mais jusqu'à présent, ses voitures ne sont pas parvenues à s'imposer en Occident. Pour Geely, cet accord est donc un tournant dans son histoire. Jusqu'à présent ses voitures avaient deux lacunes : la qualité et la sécurité. Aux Etats-Unis, ses voitures ne passent pas les crashs tests et en Russie l'une d'elles - le Freedom Cruiser - a été baptisée la " voiture de la mort ". Avec Volvo, le président fondateur de Geely, Li Shufu, espère régler les deux problèmes. A 46 ans, sa ténacité a payé. Autodidacte, M. Shufu n'avait que 21 ans lorsqu'il crée un petit atelier de fabrication de composants pour réfrigérateurs. Neuf ans plus tard, il se lance dans la fabrication de motocyclettes, puis se met en tête de fabriquer des voitures. En 2001, Geely est sur les rails. Aujourd'hui, l'objectif de M. Shufu est clair : réaliser les deux tiers de son chiffre d'affaires hors de Chine (10 % aujourd'hui) d'ici à 2015. Les investisseurs étrangers semblent croire dans la stratégie de cet entrepreneur. La banque d'affaires américaine Goldman Sachs a investi 250 millions de dollars dans Geely sous la forme d'obligations convertibles. Auparavant, l'investisseur américain Warren Buffett avait misé 230 millions de dollars afin de profiter du boom que connaît actuellement le marché chinois, qui est devenu en 2009 le premier du monde devant celui des Etats-Unis. Le rachat de Volvo (qui signifie " je roule en latin ") suscite toutefois pas mal d'interrogations et de méfiance. Geely aura-t-il les moyens de développer la marque suédoise ? Celle-ci, crée il y a plus de 80 ans, traverse une mauvaise passe : ses ventes ont plongé en raison de la crise qui a profité aux petits véhicules plus abordables. Les immatriculations de la marque sont passées de 460 000 unités en 2007 à 334 800 en 2009. En 2010, la production devrait remonter à 390 000 unités. " Volvo c'est Volvo et Geely c'est Geely ", a affirmé M. Shufu en mettant en avant les concepts de sécurité, de qualité ou encore de respect de l'environnement lors de la signature du rachat dimanche 28 mars à Stockholm. Ce sont des entreprises distinctes. Geely est bien décidé à protéger et nourrir tout ce qui fait la grandeur de Volvo. " Si l'acquisition de Volvo permet à Geely de sortir plus rapidement de ses frontières, Volvo devrait se développer aussi plus vite en Chine. M. Shufu prévoit de construire une usine dédiée à la marque suédoise : 300 000 voitures y seront fabriquées par an pour le marché chinois. Il a aussi rassuré les salariés des usines de Torslanda (Suède) et de Gand (Belgique) : " Je suis convaincu que la présence industrielle de Volvo est assurée sur le long terme ".
Après dix ans dans le giron américain de Ford, Volvo automobile passe sous pavillon chinois. Le groupe chinois, Geely, candidat au rachat depuis cinq mois, va racheter la marque suédoise pour 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros). Il s'agit de la plus grande acquisition chinoise dans l'automobile à l'étranger. Mais c'est tout de même quatre fois moins que ce qu'avait déboursé Ford en 1999.
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