mardi 4 mai 2010

Cinq ans après le rachat des PC d'IBM, Lenovo part à la conquête de l'Europe

Les Echos, no. 20671 - Technologies de l'information, mardi, 4 mai 2010, p. 24

Le 1 er mai 2005, le premier constructeur informatique chinois finalisait l'acquisition de la division PC du géant IBM. L'intégration s'est bien passée. Et la qualité des produits Lenovo est désormais reconnue. Le groupe souhaite à présent se lancer dans la course aux parts de marché dans les pays développés.

Pas de soirée événement, ni de conférence de presse. Pas même une célébration au sein de l'entreprise. Lenovo n'avait rien prévu pour célébrer le cinquième anniversaire du rachat de la division PC d'IBM. « Nous sommes une seule et même entreprise désormais, intégrée et sans différences entre les divisions », justifie David McQuarrie, responsable de l'activité PME, PMI et grand public de Lenovo pour l'Europe de l'Ouest.

L'événement mérite pourtant d'être signalé. L'opération avait fait grand bruit à l'époque. Le 1er mai 2005, l'inventeur du PC cédait sa prestigieuse marque au numéro un chinois de l'informatique pour 1,25 milliard de dollars. Cantonné à son marché domestique, Lenovo s'est alors ouvert au monde et a pu rivaliser avec des constructeurs comme HP et Dell. « Nous avons bénéficié de la qualité des produits IBM, de la bonne réputation de la marque mais aussi de l'expérience internationale du groupe », rappelle David McQuarrie, qui considère cette opération comme « un vrai partenariat plus qu'un simple rachat ».

L'intégration d'IBM et de ses équipes au sein de Lenovo s'est effectuée en douceur. Pendant la première année post-rachat, le chinois a ainsi veillé à conserver les équipes de vente d'IBM auprès de ses clients, tandis que le management a également été conforté. Le principal défi fut le mariage des deux cultures, occidentale et chinoise, et la manière des uns et des autres de faire des affaires. C'était l'une des priorités lors des premières années qui ont suivi l'acquisition.

Aucun client perdu

Ce rapprochement inédit avait aussi semé le trouble au sein de la clientèle d'IBM - en majorité des grands comptes. « Mais nous n'avons perdu aucun de nos grands clients à l'époque », se souvient une porte-parole du groupe chinois. Rassuré par la confiance renouvelée de ses clients, Lenovo s'est même permis de retirer le logo IBM sur ses produits dès 2008, soit deux ans avant les objectifs initiaux. Chez Lenovo, IBM appartient désormais au passé. L'intégration est réussie, les priorités ont changé. « Place à la croissance ! » scande David McQuarrie. Au cours des cinq dernières années, le constructeur informatique a vu sa part de marché stagner autour de 4 % en Europe et progresser modérément à 8 % au niveau mondial, selon les estimations de GfK. Quatrième fabricant mondial, Lenovo s'est fait dépasser et distancer par le taïwanais Acer et voit poindre, depuis l'an dernier, la menace Asus.

Intégrer le trio de tête européen

Mais les opportunités de croissance sont réelles, estiment les dirigeants, dans les pays émergents comme sur les marchés matures. « Nous pouvons rapidement doubler notre part de marché en Europe, prédit David McQuarrie, et nous hisser dans le trio de tête des fabricants sur le continent. » Le mouvement serait déjà visible depuis deux trimestres. Il pourrait s'accélérer avec la commercialisation de la dernière gamme d'ordinateurs portables Thinkpad.

Lenovo promet donc d'être plus agressif, sans pour autant sacrifier les marges. « La croissance devra être profitable. » Ce n'était pas encore le cas au troisième trimestre de l'exercice 2009-2010 (clos le 31 mars) sur les marchés développés. Acteur mondial du secteur informatique, Lenovo dépend encore exclusivement de sa division chinoise (48 % du chiffre d'affaires) pour alimenter ses bénéfices. Cette contribution restera importante dans les trimestres à venir. Champion incontesté du marché informatique local (33,5 % de part de marché), Lenovo devrait pouvoir compter sur les revenus issus de la vente de « smartphones », commercialisés depuis avril en Chine, pour défendre son leadership.

ROMAIN GUEUGNEAU

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