mercredi 12 mai 2010

TEST - L'iPad, couteau suisse des loisirs numériques

Le Point, no. 1965 - Tendances, jeudi, 13 mai 2010, p. 124,125 Christophe Gaillard et Clément Pétreault

Test. La tablette d'Apple est passée au crible : bilan positif.

Que de chemin parcouru depuis le premier iPod, sorti en octobre 2001 ! A l'époque, Steve Jobs martelait la pertinence d'une stratégie de plate-forme numérique autour du Mac. Aujourd'hui, avec l'iPad, Apple ajoute une corde à son arc. Il s'agit d'une tablette tactile capable de tout faire ou presque : jeux vidéo, musique, films, livres électroniques, bureautique, courriel, Internet... Il devrait arriver sur le marché français d'ici à la fin du mois de mai, dans des versions wi-fi ou 3G. Nous avons testé un modèle wi-fi en provenance directe des Etats-Unis, où il s'en est déjà vendu 1 million d'exemplaires en moins d'un mois.

L'iPad n'est pas la première tablette tactile sur le marché. Nous en voyons régulièrement surgir depuis quelques mois, mais, jusqu'à présent, peu de modèles - voire aucun - ont su nous convaincre (voir notre banc d'essai dans Le Point n° 1937 du 29 octobre 2009). Lorsque Apple lance un nouveau produit, les attentes sont importantes et moins qu'à d'autres le droit à l'erreur lui est accordé. Le succès de l'iPad semble pourtant bien parti, même s'il dépend encore de l'usage que les utilisateurs en feront.

Lors du lancement à San Francisco, au mois de janvier, Steve Jobs a présenté l'iPad comme « le chaînon manquant entre les smartphones et les netbooks ». Nous l'avons pris au pied de la lettre : la tablette d'Apple est-elle capable de remplacer la multitude de produits numériques qui encombrent nos sacs et nos armoires ? Pour le savoir, nous les avons testés et avons relevé les points forts et points faibles des uns et des autres. Une évidence s'impose : l'iPad n'est pas LE produit universel, mais c'est un formidable outil de loisirs numériques qui répondra facilement aux besoins des grands voyageurs. A la maison ou au bureau, il ne remplace pas un ordinateur portable, même si les logiciels et le clavier en option permettent de créer et modifier des textes, des feuilles de calcul ou même des présentations animées. En revanche, son allumage en quelques secondes le rend plus aisément disponible pour consulter ses mails ou naviguer sur le Web. Finalement, comme pour l'iPhone, c'est en grande partie de la créativité des développeurs d'applications que dépendra son succès chez les particuliers comme dans les entreprises



L'Ipad et ses concurrents

Jeux vidéo. La combinaison d'un grand écran avec un accéléromètre (capteur de mouvements) fait de l'iPad une excellente console de jeux vidéo portable. La qualité de l'interface tactile permet de jouer à des jeux complexes comme des simulations de combat. Reste toutefois un encombrement qui n'est pas négligeable. En face, les poids lourds du jeu vidéo que sont Sony avec la PSP GO et Nintendo avec la DS gardent un petit avantage grâce à leur ergonomie spécifiquement conçue pour le jeu et un encombrement plus faible. Mais l'expérience de jeu sur un écran de la taille et de la qualité de la tablette d'Apple reste terriblement appréciable.

Concurrence : Sony PSP et PSP GO, à partir de 150 E. Nintendo DSi et DSi XL, à partir de 140 E.

Livre électronique. Les liseuses électroniques ont du mal à décoller, en France en tout cas. L'iPad offre une solution logicielle de bon niveau (iBooks) qui pourrait populariser les livres dématérialisés. Une fonction permet de faire une recherche plein texte, undictionnaire intégré définit les mots que vous lui demandez. La luminosité de l'écran est réglable. Les livres sont téléchargés grâce à un système de boutique en ligne aussi simple d'usage qu'iTunes. Le nombre de titres français qui seront disponibles au lancement en France n'est pas encore connu.

Concurrence : Livre électronique à partir de 180 euros, jusqu'à 370 euros pour un modèle avec une autonomie de lecture de deux semaines, doté d'une connexion 3G gratuite pour pouvoir accéder à une boutique de plus de 500 000 ouvrages payants (Amazon Kindle DX).

Netbook. L'iPad pourrait-il remplacer un netbook ? Pour lire ses courriels ou naviguer sur Internet, la réponse est oui. Le navigateur Safari version tactile a fait ses preuves, pas besoin de souris. Pour ceux qui utilisent les netbooks pour des travaux de bureautique, la réponse est plus nuancée. Il est possible d'utiliser la suite logicielle d'Apple (Pages, Numbers et Keynote), qui comprend un traitement de texte, un tableur et un outil de présentation, tous compatibles avec la suite Office de Microsoft. La saisie du texte s'effectue à l'aide du clavier virtuel tactile ou d'un clavier physique vendu en option. Le netbook n'est pas mort pour autant, et ceux qui ont besoin d'un disque dur de bonne taille ou de connecter des accessoires sur un port USB (webcam, clé USB, carte mémoire) préféreront des solutions traditionnelles comme un ordinateur portable.

Concurrence : Netbooks à partir de 180 euros pour un petit modèle sous Linux, jusqu'à 450 euros pour un modèle puissant sous Windows 7, avec disque dur de 250 Go et écran 12 pouces

Baladeur audio/multimédia. Comme ses petits frères en i, iPod, iPhone ou iPod Touch, l'iPad vit à travers la bibliothèque multimédia iTunes et profite de tous les éléments, musique, films, séries TV, podcasts audio et vidéo. Pour l'image, animée ou pas, la dimension de l'écran offre un vrai confort. En revanche, pour la musique, c'est plus compliqué. En lançant le premier iPod en 2001, Steve Jobs avait popularisé le slogan « 1 000 chansons dans votre poche ». Cette fois il faudra que la poche soit gigantesque, ou se tourner vers un autre appareil, car, pour écouter de la musique dans la rue, dans les transports en commun ou en pratiquant son sport favori, n'importe quel lecteur MP3 rend de meilleurs services.

Concurrence : D'Archos à Sony, une multitude de marques, en dehors d'Apple et de sa famille d'iPod, proposent des lecteurs MP3. A partir de 40 euros pour les plus simples jusqu'à 400 euros pour des produits élaborés.

Vidéo. L'iPad remplace facilement un lecteur de média portable. En revanche, il ne lit que les films dématérialisés. Ça tombe bien, puisque Apple vient d'annoncer la disponibilité de films sur iTunes. Pour commencer, ce sont pas moins de 500 films des plus grands studios qui sont téléchargeables à des prix s'échelonnant entre 8 et 14 euros. Il est également possible de louer un film moyennant la somme de 3 euros. Avec l'iPad, exit les DVD, CD et autres Blu-ray, il faudra réencoder l'ensemble de sa collection sur un ordinateur. Même chose pour les DivX, qui ne sont pas pris en charge par le lecteur. Pour afficher les films sur un téléviseur, il faudra s'équiper d'un câble dédié. L'autonomie annoncée en lecture vidéo est de dix heures.

Concurrence : Lecteur DVD portable à partir de 70 euros, jusqu'à 600 euros pour un modèle compatible Blu-ray et connecté à des services de vidéo en ligne en wi-fi (Panasonic DMP B-500)

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