Nicolas Musy, le directeur du Swiss Center Shanghai, explique qu'il atteint ses objectifs
Réputé difficile d'accès, le marché chinois n'en est pas moins désormais mûr pour les petites et moyennes entreprises (PME) suisses, estime Nicolas Musy, le directeur du Swiss Center Shanghai (SCS), un centre inauguré en 2001 et autour duquel se rassemble la plus grande concentration d'entreprises suisses installées en Chine. Il n'y a pas si longtemps, le parc industriel de Xinzhuang, où est situé le SCS, semblait situé dans la lointaine périphérie de Shanghai. Il est désormais intégré à une ville tentaculaire dont la croissance urbaine presque sans limite illustre la dynamique de l'économie chinoise.
«Notre centre atteint ses objectifs, explique Nicolas Musy. Il y a sept ans, personne ne croyait que la Chine était faite pour les PME. Aujourd'hui on ne peut plus l'ignorer. Les exportations suisses vers la Chine représentent la moitié de celles vers les Etats-Unis. De janvier à avril, elles ont cru de 21%, soit quatre fois plus vite que la croissance moyenne de nos ventes à l'étranger.» Il y a quelques années, les PME qui s'aventuraient sur le marché chinois le faisait pour suivre les «donneurs d'ordre», les grandes multinationales dont elles sont les fournisseurs, parfois avec réticence. Aujourd'hui un marché local existe pour elles. «La vitesse des transformations en Chine va affecter le paysage industriel en Europe et en Suisse, la Chine devient un pays innovant», explique l'entrepreneur qui vit depuis plus de 20 ans à Shanghai.
Quelque 50 entreprises suisses ont eu recours aux services du SCS pour s'implanter sur le marché chinois et 24 sont présentes dans le parc de Xinzhuang dont certains grands comme Firmenich, Clariant ou Hilti. Le but principal du SCS est d'offrir une plateforme qui permette aux entrepreneurs d'aborder le marché chinois en les débarrassant des soucis administratifs et en limitant les investissements de départ. Le centre loue des bureaux, des ateliers, des espaces d'exposition, un business center et offre un réseau de spécialistes fournissant les services essentiels (conseil légal, impôts, recrutement du personnel, relation avec les autorités).
«Quand une entreprise décide de produire, elle peut le faire immédiatement ici ou ailleurs dans la région, cela dépend de son modèle d'affaire», explique Nicolas Musy. Le prix du terrain devient cher à Xinzhuang, mais le Jiangsu voisin demeure attractif. Si Canton et le Sud de la Chine restent le coeur de l'«usine du monde» et du travail intensif, Shanghai est «l'endroit où il faut être en Chine pour la gestion commerciale et la production technique de qualité». Il y a ici des cols blancs et des ingénieurs biens formés à profusion pour un coût de 400 euros par mois.
Parmi les derniers venus à Xinzhuang, on trouve Jansen, une entreprise familiale de 750 employés dont le siège est à Oberriet à Saint-Gall, spécialisée dans les éléments d'architecture en acier et qui a notamment fourni des matériaux pour le fameux stade olympique de Pékin. Cette société dont le marché principal est en Allemagne demeure prudente et se contente pour l'heure d'un bureau de représentation et d'un centre de formation pour ses clients. Elle veut conquérir le marché chinois mais sans produire sur place. Question d'image, mais aussi crainte d'être copié - ce qui est déjà le cas à Canton. Pour l'heure sa présence en Chine - depuis deux ans - n'est pas profitable. Il faudrait pour cela faire un effort de marketing pour sensibiliser l'ensemble de la chaîne des acteurs de la construction.
Dans un bâtiment voisin, Frewitt, une entreprise de 80 personnes à Fribourg spécialisée dans les équipements médicaux, a choisi pour sa part de se fournir en composants simples et d'assembler ses équipements sur place tout en conservant le design et la production d'éléments critiques en Suisse. Après avoir vendu trois machines en 2008, puis deux en 2009 (crise oblige), elle en a déjà écoulé quatre depuis le début de l'année et compte devenir profitable dès 2011. La reprise est plus rapide en Chine qu'ailleurs.
«La Chine offre le meilleur rapport qualité/prix», poursuit Nicolas Musy. Non seulement elle reste «la plus compétitive dans de nombreux domaines» mais elle sera «dans une ou deux dizaines d'années la première économie mondiale devant les Etats-Unis.»
Frédéric Koller
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