Le Figaro, no. 20696 - Le Figaro Économie, mercredi, 16 février 2011, p. 23
Gianfranco Lanci, le PDG du fabricant taïwanais de PC, veut détenir 15 % du marché mondial des tablettes et 10 % de celui des smartphones.
À Barcelone, Le champion mondial des mini-PC présente ses trois nouvelles tablettes. Acer espère aussi être un acteur majeur de ce marché émergent face à Apple et Samsung.
LE FIGARO. - Le mini-PC portable, ou netbook, est-il en train de mourir à cause de l'arrivée des tablettes?
Gianfranco LANCI. - La plupart des analystes industriels estiment que les États-Unis sont le centre du monde. Alors, comme le marché américain des netbooks est en déclin, ils arrivent à la conclusion que la demande mondiale recule. Mais ce n'est pas le cas. En dehors de l'Amérique du Nord, les netbooks poursuivent une croissance dynamique dans les autres régions, en Asie, notamment en Chine, en Europe et en Amérique latine. Le marché mondial des mini-PC devrait enregistrer une croissance comprise entre 15 % et 20 % cette année, avec la livraison de 50 à 60 millions de netbooks. C'est une croissance en volume et en valeur. Car le prix de ces petits ordinateurs, entre 199 et 399 euros, est relativement stable. Selon nous, les tablettes ne vont pas prendre une part de marché du netbook mais plutôt empiéter sur celui des PC portables. Les tablettes sont utilisées pour d'autres applications que celles du netbook.
Quelle est votre part de marché sur le marché du netbook?
Nous sommes numéro un mondial, avec 25 % et 30 % du marché, devant Asus et Samsung. Cette année, nous devrions livrer plus de 10 millions de netbooks dans le monde, soit environ 3 millions de plus que notre premier concurrent.
Pensez-vous prendre la place du numéro un mondial des PC?
Nous devrions passer HP, cette année, sur le marché des PC portables. C'est là que se joue la concurrence, plus que sur le marché des PC de bureau.
Avez-vous perdu votre première position en Europe sur les PC?
Au dernier trimestre de 2010, en effet, nous avons perdu la position de leader au profit de HP. Mais sur l'ensemble de l'année nous sommes restés le numéro un. Nous restons le numéro un auprès du grand public, mais nous avons moins progressé auprès des entreprises que HP. Nous avons pris des mesures pour reprendre la place de numéro un dès ce trimestre. Dès mars, nous allons renforcer notre gamme de PC portables pour les entreprises. Ce n'est pas la première fois que nous sommes au coude-à-coude avec HP sur le marché européen des PC.
Qu'en est-il de votre stratégie dans les tablettes Internet?
Nous allons lancer à partir de la fin du mois une gamme de trois tablettes, baptisée « Iconia Tab ». La première sera équipée du système d'exploitation de Microsoft et sera disponible en mars. Les deux suivantes utiliseront la dernière version du système d'exploitation Android de Google. Ces deux dernières, dont la taille de l'écran sera comprise entre 18 et 25,6 cm de diagonale, devraient être disponibles à l'achat entre avril et mai. La gamme de prix sera comprise entre 399 et 599 euros, selon la capacité de stockage et la possibilité d'avoir ou non une connexion 3G. Nous sommes en retard sur les tablettes Android car nous voulions proposer la dernière version du système d'exploitation de Google, mieux adaptée à ces équipements. Nous discutons avec plusieurs opérateurs mobiles pour proposer nos tablettes Internet 3G. Nous espérons annoncer ces accords dans deux semaines.
Quelles sont vos ambitions dans les tablettes?
Nous voulons prendre entre 15 % et 20 % du marché mondial des tablettes Internet, qui devrait se situer autour de 42 millions d'unités. Nous avons pour objectif de maintenir une part de 20 %, après les 5 à 7 millions de tablettes Internet que nous espérons commercialiser.
Ou en êtes-vous dans les smartphones?
Deux ans après notre lancement, nous sommes toujours tout petits, avec seulement 5 millions de smartphones vendus l'an dernier pour un marché mondial de 300 millions d'unités. Cette année, nous devrions maintenir notre niveau de ventes. Notre objectif est toujours d'atteindre 10 % de ce marché dans trois à cinq ans. Les smartphones et les tablettes Internet sont les deux domaines où nous réalisons l'essentiel de nos investissements. Dans ces deux domaines, l'an dernier, nos équipes d'ingénieurs sont passées de 300 à 800 personnes.
L'accord entre Nokia et Microsoft va-t-il vous inciter à opter davantage pour Google que pour Microsoft dans les smartphones?
Non, car nous voulons continuer d'offrir le choix aux consommateurs. Cet accord témoigne surtout du fait que le marché reste très dynamique. Le jeu n'est pas fini. Il y aura d'autres accords majeurs dans les douze prochains mois.
PROPOS RECUEILLIS PAR Marc Cherki
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