mercredi 2 février 2011

OMC - Pascal Lamy veut révolutionner la façon de mesurer le commerce mondial

Le Temps - Economie, mercredi, 2 février 2011

«Made in China» est en réalité «Made in World»

Pour les Etats-Unis, la Chine, à cause de ses exportations massives, est responsable de leur déficit commercial qui ne cesse de se creuser. Mais pour l'Organisation mondiale du commerce (OMC), cette tension repose sur une façon obsolète de mesurer les échanges internationaux et qui donne une vision peu précise de la réalité.

Raison pour laquelle le gendarme du commerce mondial veut ouvrir un chantier pour revoir les techniques statistiques pour mesurer les échanges. Il ouvre le débat de mercredi à vendredi à Genève en présence de quelque 150 statisticiens issus de tous les continents.

Pascal Lamy, directeur de l'OMC, a donné le ton dans une chronique publiée la semaine passée dans le Financial Times. Il affirme que les tensions commerciales internationales disparaîtront dès qu'on changera la façon de mesurer les échanges. A présent, ils sont comptabilisés comme si un produit était fabriqué dans un seul pays alors même que, désormais, la chaîne de production implique une multitude de pays.

Il donne l'exemple d'un iPod assemblé en Chine par Apple, mais dont la recherche, design, marketing sont réalisés aux Etats-Unis et dont les composants sont fabriqués dans plusieurs pays. Citant une étude de la Banque asiatique de développement, il écrit que l'exportation de l'iPod contribue à creuser le déficit commercial américain avec la Chine de 1,9 milliard de dollars en 2006 alors même que la valeur ajoutée chinoise n'est que de 73,5 millions de dollars. Pascal Lamy estime que le déficit commercial américain avec la Chine, qui s'élevait à 252 milliards de dollars en novembre 2010, serait réduit de moitié, voire plus si le contenu importé des exportations était pris en compte.

L'OMC attend encore les premières réactions officielles de ses membres. Les Etats-Unis s'exprimeront sur la révolution proposée ce vendredi. Mais la Chine, par le biais du Quotidien du peuple, organe officiel de Pékin, épouse totalement la thèse de l'OMC.

«Evaluer le commerce mondial en se conformant au principe du pays d'origine ne reflète pas la complexité du commerce, où la conception, la fabrication et l'assemblage des produits impliquent plusieurs pays», explique un responsable de l'Institut national chinois de l'OMC. Le journal fait remarquer que, de janvier à novembre 2010, les exportations des entreprises étrangères installées en Chine ont totalisé 779 milliards de dollars, soit 54% des exportations totales.

Ram Etwareea

© 2011 Le Temps SA. Tous droits réservés.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

A mettre en rapport avec la position de DSK à l'unisson de l'amérique comme quoi ce sont des excédents commerciaux comme ceux de la chine qui sont autant de déquilibres qui menacent l'économie et même la paix mondiale (il a lui même parlé de risque de guerre)