Le taïwanais négocie un projet d'investissement de 12 milliards de dollars sur cinq ans. Evoqué lors de la visite de la présidente brésilienne Dilma Rousseff à Pékin, celui-ci prévoit la construction d'une usine d'écrans numériques.
Le montant est impressionnant. Douze milliards de dollars sur cinq ans. Terry Gou, le patron de Foxconn, vient de dévoiler son projet aux autorités brésiliennes, en vue, notamment, de la construction d'une usine d'écrans numériques à cristaux liquides pour ordinateurs et tablettes. Il s'agirait de la première installation du genre dans l'hémisphère Sud, selon les autorités brésiliennes, tout le matériel étant jusqu'à présent importé de Chine, du Japon et de la Corée du Sud. De surcroît, le fabricant taïwanais s'engagerait à assembler au Brésil toute une gamme de produits high-tech, . A la clef, la création de 100.000 emplois, assure Foxconn, dont 20.000 postes d'ingénieurs. Le groupe dirigé par Terry Gou dispose déjà de cinq unités d'assemblage au Brésil, et il laisse entrevoir maintenant les contours d'une « ville numérique » dans ce pays pour accueillir ce projet. Foxconn ne détaille pas pour l'instant la répartition de ses investissements.
Un saut qualitatif pour le pays
Mais son plan répond aux attentes politiques du Brésil, qui souhaite privilégier la production locale plutôt que l'importation de produits de haute technologie, comme les écrans numériques (à eux seuls, ces derniers auraient coûté l'an dernier 3 milliards de dollars au pays). Le Brésil ne recherche « pas seulement des transferts de technologie, a souligné la présidente, Dilma Rousseff, lors de sa visite d'Etat en Chine, mais des mécanismes conjoints de recherche technologique qui permettent de mettre au point des produits légitimement binationaux ».
Toutefois, les obstacles sont de taille. Les exonérations fiscales peuvent éventuellement convaincre certains investisseurs récalcitrants de venir au Brésil, mais il faudra renforcer les réseaux de fibre optique et la logistique pour écouler la production, comme le reconnaît le ministre brésilien de la Science et de la Technologie, Aloizio Mercadante. Le manque de main-d'oeuvre qualifiée paraît être également un sérieux handicap. La Banque nationale de développement brésilienne pourrait être appelée à financer une partie du projet, jugé stratégique.
Dans un premier temps, Foxconn devrait d'abord assembler les iPad d'Apple au Brésil avant la fin de l'année, selon les anticipations d'Aloizio Mercadante. Le taïwanais dispose d'ores et déjà d'un beau parc au Brésil, où il a investi 700 millions de dollars en cinq ans, et d'un large éventail de clients. Au-delà d'Apple, il assemble des ordinateurs pour le compte de HP depuis 2007, de Dell et, plus récemment, des portables de la ligne Vaio de Sony à Jundiai, près de São Paulo. Il produit en outre des téléphones mobiles pour Motorola et Sony Ericsson dans son usine d'Indaiatuba, également dans l'Etat de São Paulo. Depuis la zone franche de Manaus, en Amazonie, Foxconn assemble et distribue des appareils photo numériques Sony et des téléphones Nokia. La production locale d'écrans numériques serait un saut qualitatif important.
Il a par ailleurs, annoncé un nouvel investissement de 200 millions de dollars dans un centre de R&D au Brésil. Huawei a aussi dévoilé un plan de 350 millions de dollars sur dix ans. De quoi alimenter les ambitions du Brésil de moderniser son parc de haute technologie et de ne pas demeurer une simple plate-forme pour le montage de composants importés.
THIERRY OGIER
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