Les Echos, no. 20988 - Dernière, jeudi 4 août 2011, p. 11
Pékin a beau bloquer l'accès à Twitter, cela n'empêche pas le microblogging de faire fureur en Chine. D'après les chiffres que vient de publier le Centre d'information sur l'Internet, ce sont bien les services de minimessages qui ont connu la croissance la plus spectaculaire dans le pays au cours des six premiers mois de 2011. Le nombre d'utilisateurs a bondi de 208 %, passant de 63 millions à 195 millions. Au même moment, le nombre d'internautes atteignait 485 millions, soit une hausse de 6,1 % en un semestre, moins que les 9,4 % constatés il y a un an.
Le microblogging à la chinoise ressemble à s'y méprendre à celui que l'on pratique sur Twitter. A ceci près que les messages considérés comme subversifs s'y font « harmoniser », comme disent les internautes pour parler de censure. Une référence à la doctrine de la « société harmonieuse » chère au président chinois, Hu Jintao.
Le phénomène est suivi de très près par les autorités car Pékin peine à reprendre la main sur cette agora moderne. En témoigne le mal qu'ont eu les autorités à casser la rumeur qui donnait récemment pour mort Jiang Zemin, l'ancien président chinois. Le blocage de tout message faisant référence à ce dernier, plutôt que de calmer les esprits, les a enflammés, au point que la télévision de Hong Kong elle-même a annoncé le décès de l'ancien dirigeant.
De même, c'est de plus en plus souvent sur microblog que naissent les affaires qui secouent l'opinion. La dernière en date a fait le malheur de la jeune Guo Meimei. Celle-ci a mis en ligne des photos d'elle-même devant sa Maserati rutilante. Une voiture de luxe offerte pour ses vingt ans. Problème : sur son profil, il était écrit qu'elle travaillait pour la Croix-Rouge chinoise. L'indignation s'est propagée comme une traînée de poudre. Mais que fait-on de notre argent ? Qui sont ces officines qui se disent caritatives et qui, en réalité, détournent les fonds qu'on leur confie ? Il a fallu que la Croix-Rouge s'empare de l'affaire, démente, puis qu'elle ouvre ses comptes au grand public, et qu'enfin la très riche mais infortunée Guo Meimei se confonde en excuses pour avoir menti sur son métier.
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