mercredi 21 septembre 2011

Le Brésil veut être l'anti-Chine sur le continent noir - Aline Robert

La Tribune (France), no. 4812 - Économie | International, mercredi 21 septembre 2011, p. 6

Au Mozambique où Vale va exploiter une mine de charbon, le développement local est présenté comme une priorité.

Des mines, et un peu d'agro-carburant. L'intérêt du Brésil pour l'Afrique est avant tout souterrain - à l'instar du reste du monde. Le Brésil a investi plus de 11 milliards de dollars en Afrique en 2010, grâce au géant minier Vale, au pétrolier Petrobras ou au groupe sucrier Unica qui tente d'exporter son modèle de développement d'éthanol au Kenya ou au Ghana. Côté matières premières, le Brésil a la légitimité du mammouth, vu ses compétences naturelles pour exporter des ressources. Numéro un du minerai de fer, du soja, du café et du jus d'orange, le pays tente aussi de se positionner différemment. Dans la continuité de l'approche du président Lula qui a fait émerger les relations entre pays du Sud, le Brésil en Afrique se veut l'anti-Chine.

Avant de foncer tête baissée sur le continent, le groupe minier Vale a sérieusement étudié la question. Il finance d'ailleurs, à la prestigieuse Columbia University, le Vale Center on Sustainable International Investment. Qui s'intéresse beaucoup à l'Afrique et au secteur minier. Et offre ainsi une vraie réflexion sur les conditions d'acceptabilité des industries extractives. Ou comment faire oublier l'image d'investisseur-prédateur qui colle aux nouveaux venus en Afrique.

Avant l'ouverture, prévue début octobre, d'une énorme mine de charbon au Mozambique, à Moatize, Vale s'est ainsi fendu d'une étude de terrain de plus d'un an et 150 pages, sur l'impact environnemental et les retombées économiques d'un tel projet pour les populations locales. Une idée du Dr Jeffrey Sachs, à la tête du Earth Institute à Columbia, qui avait visité la mine il y a quelques années.

Développements parallèles

" Au minimum, Vale et toutes les industries extractives du pays doivent adhérer au droit international; mais au-delà de ce minimum, il y a de vraies opportunités pour que l'exploitation se passe au mieux pour les citoyens et l'environnement ", assure une première version de l'étude.

Située à Sena, dans le bas de la vallée du Zambèze, la mine a été reliée à la mer par une ligne ferroviaire de 600 kilomètres, remise en état par les populations locales. Elle se situe aussi sur une des zones les plus pauvres du monde. Outre un centre médical, Vale envisage, avec d'autres partenaires impliqués dans le développement comme la banque Mondiale et des ONG, un centre de recherche agricole et de diversification de l'économie locale. Pour l'instant, ces développements parallèles représentent environ 6,5 millions d'euros, contre près de deux milliards pour la mine en elle-même. Mais c'est un début.

PHOTO - Officers of the Financial department of Vale mining, a diversified mining multinational corporation and one of the largest logistics operators in Brazil at a conference of financial disclosure for 2010. Sao Paulo, Brazil. 25/02/2011

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