lundi 7 novembre 2011

Pourquoi le secteur du luxe échappe-t-il à la crise ? - Jean-Marc Bellaïche

La Croix, no. 39117 - Economie, lundi 7 novembre 2011

Les résultats trimestriels des grandes maisons de luxe confirment l'éclatante santé du secteur. Après les très bons chiffres de LVMH, PPR ou Richemont, Hermès a indiqué, vendredi, qu'elle allait réaliser, en 2011, les meilleures ventes de son histoire. Tous profitent d'une demande très forte en Asie, mais aussi aux États-Unis et en Europe. Même au Japon, frappé par le séisme de mars dernier, les affaires sont reparties.

RECUEILLI PAR SÉVERIN HUSSON

« Le luxe bénéficie d'une croissance phénoménale dans les pays émergents, au Brésil, en Russie, au Moyen-Orient et surtout en Chine. On estime que les Chinois sont à l'origine de 20 % des dépenses du marché. Un tel dynamisme s'explique par deux phénomènes : l'augmentation du niveau de vie et donc l'émergence d'une classe moyenne supérieure pouvant se permettre des achats de 200 à 400 dollars (150 à 300 €) ; et l'urbanisation galopante, qui rend ces produits accessibles à un nombre croissant de consommateurs. Au global, ces pays sont responsables de 35 % à 40 % du chiffre d'affaires du luxe. Ils devraient dépasser les 50 % dans les cinq ans.

Cela dit, les marchés dits matures, comme l'Europe et l'Amérique, progressent eux aussi. D'abord parce que, malgré la crise, les niveaux de vie continuent à augmenter. Les consommateurs capables d'acheter une belle montre ou un beau sac sont toujours plus nombreux. Il faut savoir que les grandes marques de luxe réalisent plus de la moitié de leurs ventes auprès de personnes gagnant moins de 150 000 € par an.

En outre, même en période de crise, les Occidentaux continuent à être très attirés par les produits haut de gamme. Dans une société de plus en plus stressante, ils n'hésitent pas à dépenser beaucoup d'argent pour se faire plaisir et acheter un produit de grande valeur, quitte à réaliser des économies sur d'autres dépenses. Enfin, il ne faut pas oublier que les touristes venus des pays émergents sont à l'origine d'une partie non négligeable des achats réalisés en Europe et aux États-Unis.

En 2008 et 2009, les ventes ont baissé pour la première fois depuis quinze ans. Même si les clients n'étaient pas, personnellement, touchés par la crise, certains ont modifié leur comportement en estimant qu'il valait mieux être prudent et ne pas engager trop de dépenses « accessoires ». Nous ne sommes plus dans cette configuration-là et les consommateurs ont repris les achats même si la confiance dans l'économie n'est pas bonne. Au-delà de l'effet de rattrapage après ces deux années difficiles, le secteur du luxe est donc assis sur de très bons fondamentaux qui devraient lui permettre de continuer à croître. »

Jean-Marc Bellaïche, Directeur associé au Boston Consulting Group, spécialiste du secteur du luxe

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2 commentaires:

chinese Institute a dit…

Le secetur du luxe ne connait pas la crise en chine. Les plus grand dirigeants de marques de luxe confirment que près de la moitié de leurs ventes sont assurés en boutiques grâce aux nombreux consommateurs chinois.
Pour apprendre le Chinois, rendez-vous au Chinese Institute
contact: chinois@chineseinstitute.fr

Mandarin a dit…

Excellent article. Espérons que les conséquences sur le marché européen ne soient pas désastreuses.