France culture - Chronique internationale, vendredi, 24 octobre 2008
L’actualité en politique internationale est rarement faite par les rencontres institutionnelles. Les institutions proposent, et puis l’histoire dispose. Un sommet Europe-Asie ne mériterait pas un commentaire immense si nous n’étions pas au cœur de la crise financière mondiale qui affecte aujourd’hui la totalité de la planète et impose aussi, de temps en temps, des mesures communes à des régions du monde qui restent assez distantes les unes des autres.
Un mot sur ce sommet Europe-Asie. C’est une idée partagée par l’ancien Premier ministre et toujours génie tutélaire du lieu Lee Kwan-Yew de Singapour, et le Président Chirac qui, on le sait, avait une passion pour les cultures de l’Asie et pour son importance – qui probablement, n’a pas eu d’équivalent dans la politique française. De sorte que les deux hommes ont réussi à mettre sur pied ce sommet qui est un peu la réplique, le rééquilibrage des sommets Amérique-Asie qui ont lieu de façon régulière eux aussi. Donc, il n’y a là rien de bien grave, sinon que la Chine vient au milieu de ses vassaux, de ses amis, de ses partenaires discuter avec les Européens, et que d’ordinaire, les Chinois aiment d’autant mieux cette rencontre que l’Union européenne n’est pas vraiment une puissance et que ils n’ont pas à y prendre des engagements trop contraignants.
Seulement, ici, ce dont on va discuter est fondamental pour la crise, en tout cas déjà pour la juguler. En effet, la Chine a une position absolument privilégiée, et ceci maintenant depuis une quinzaine de jours. On sait que la croissance chinoise demeure assez forte, le FMI la met autour de 9%. On sait que la Chine a des réserves de change considérables que si elles étaient jetées dans la bataille aujourd’hui épongeraient à peu près toutes les destructions de richesse qui ont été commises au Nord (mais, ça il ne faut y rêver, ni non plus spolier les Chinois). Mais en revanche, il y a un moyen plus utile d’utiliser ces réserves, et c’est ce dont la Chine débat.
Aujourd’hui, en effet, malgré un taux de croissance très fort, malgré une progression de la richesse individuelle qui n’est pas négligeable, les Chinois ont continué à maintenir des taux d’investissement très élevés : les profits faits par les entreprises ne sont pas redistribués, ils sont accumulés et ils servent à accélérer encore la croissance tant le régime est obsédé par ce résultat qui l’attend de l’hypercroissance, non sans raison, de temps à autre, parfois avec des excès.
Et aujourd’hui, le moyen pour l’économie mondiale de repartir est que la Chine augmente sa consommation. Elle peut augmenter sa consommation sans augmenter énormément sa production en acceptant de s’endetter et pour commencer en brûlant ses réserves et en le redistribuant sous forme de hausses des salaires à tous les Chinois, de manière à ce que la Chine augmente ses importations évidemment, et maintienne ainsi une activité importante. Seulement, les Chinois hésitent beaucoup. C’est la fin de leur modèle. Les conséquences sociales d’une telle expansion keynésiennes qui sont classiques en théorie économique ne sont peut-être pas bien perçus chez les uns et chez les autres.
Commencer à donner la priorité aux consommateurs et aux individus, n’est-ce pas franchir la première étape de la démocratisation de la Chine qui pose d’immenses problèmes ?
Le Premier ministre Wen Jiabao qui est un modéré connu, a déjà dit que la Chine faisait des efforts dans la démocratie, qu’elle n’y est pas parvenue encore et qu’il faut l’y aider. C’est une façon comme une autre de porter la critique dans une direction que l’hypercroissance avait rendu jusqu’ici monolithique. Espérons que les Européens sauront parler encore une fois d’une seule voix et habilement, pour effectivement provoquer dans cette Asie relativement préservée, mais qui doit bouger très vite les réflexes qu’elle n’a pas acquis jusqu’alors.
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Il y a 1 an
3 commentaires:
En ce funeste anniversaire du Jeudi Noir de 1929. Le jour où la panique gagna les bourses de New York. Je préfère me rappeler de l'homme de la situation, Franklin Delano Roosevelt avec son New Deal puis son Bretton Woods.
Aujourd'hui, une fois encore, nous avons pu s'apercevoir que la crise n'est pas derrière nous. Nous sommes en plein dedans. La destruction de l'économie réelle s'accélère. Et avec les plans fous de renflouement du système, le risque d'une crise d'HYPERINFLATION augmente chaque jour! L’existence même des nations est mise en cause !
Hier, devant un parterre de dirigeants de Hedge Fund, Nouriel Roubini déclare que le pire est à venir.
La solution aujourd'hui! Dire stop à la folie de la tyrannie financière avec un VRAI Nouveau Bretton Woods!
Une bataille s'est engagée entre les dirigeants politiques autour du contenu du sommet sur la crise financière qui se tiendra le 15 novembre 2008 à Washington.
La population doit s'accaparer le débat! A toi la Parole!
David C.
david.cabas.over-blog.fr
Salut à toi David !
tu nous parles de FDR et Alexandre Adler nous évoque Keynes. Pas mal pour des références historiques. Il manque l'avenir. Démocratie en Chine ? La question est soulevée par Adler. Et toi ?
Je ne suis pas keynésien! Et je pense que les peuples sont souverain pour choisir leur gouvernement.
Aimerais qu'un pays viennent t'imposer un ordre, une institutions?
Pas moi!
David C.
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