Mesurée à 9 %, la croissance chinoise a enregistré en 2008 sa pire performance des six dernières années. L'année 2009 s'annonce pire encore. Très inquiet, le gouvernement espère que son massif plan de relance va permettre un rebond dans la seconde partie de l'année.
Friand de métaphores, comme la plupart des dirigeants et chansonniers chinois, le directeur du Bureau national des statistiques (BNS) a assuré, hier, que son pays devrait bientôt « quitter la pénombre pour retrouver l'aube ». Ma Jiantang venait de présenter à la presse les dernières données confirmant le très brutal ralentissement de l'économie chinoise en 2008 et ses prédictions « optimistes » pour 2009.
Après avoir bondi de 13 % en 2007, la croissance du PIB chinois est tombée l'an dernier, pour la première fois en six ans, sous la barre des 10 %, pour se limiter à 9 %. Selon les données du gouvernement déjà remises en question par nombre d'experts étrangers - elles ne semblent pas tenir compte des dernières révisions à la hausse du PIB 2007 -, le pays aurait connu une croissance de seulement 6,8 % au dernier semestre de l'année. « La crise financière internationale s'aggrave et se répand avec un impact négatif continu sur l'économie nationale », a commenté Ma Jiantang. Ce dernier a reconnu que le refroidissement, qui avait touché dès octobre les PME de la côte est du pays, spécialisée dans l'exportation de marchandises vers l'Europe et les Etats-Unis, s'était, depuis, propagé à la plupart des secteurs économiques et à l'ensemble du territoire. Les autorités de la province du Guangdong, baptisée « l'atelier du monde », ont récemment affirmé que plus de 600.000 travailleurs migrants avaient quitté, ces derniers mois, leur région faute d'emplois.
« Tiédeur au milieu de l'hiver »
S'il ne nie pas la gravité de la crise, Ma Jiantang a insisté, hier, sur les signes de « tiédeur au milieu de l'hiver » qui laisseraient, selon lui, espérer une sortie de crise courant 2009. La croissance des investissements en capital fixe et les ventes de détail ont ralenti moins brutalement que ne l'avaient anticipé les analystes. L'indice des prix à la consommation, qui, l'an dernier à la même époque, terrorisait les autorités, a été mesuré à seulement 1,2 % sur un an. « Il y a des éléments permettant d'envisager une légère reprise », admet Stephen Green, l'économiste de la Standard Chartered Bank, tout en doutant de la capacité de Pékin à générer, comme il l'a promis, une croissance de 8 % sur l'ensemble de 2009.
Comme nombre de ses collègues étrangers, il ne parie plus que sur une hausse du PIB chinois limitée... à 6,8 % cette année, soit peut-être la pire performance enregistrée par le pays au cours de ces vingt dernières années. « La croissance sera même inférieure à 6 % sur le premier semestre », prévient Tao Wang d'UBS, avant de pointer l'impact décisif du massif plan de relance de 4.000 milliards de yuans (455 milliards euros) promis par Pékin.
Craignant que l'explosion du chômage n'entraîne une poussée de la contestation sociale et une remise en cause du pouvoir absolu du Parti communiste, les autorités dévoilent régulièrement des bribes de leurs programmes d'investissements publics et d'aides fiscales qui doivent permettre de faire rebondir l'économie du pays en 2009 et 2010 (voir ci-contre). « Elles sont prêtes à tout » pour maintenir un certain niveau d'expansion, prévient Huang Yiping, un analyste de Citigroup, qui, comme d'autres, envisage même l'annonce prochaine d'un nouveau plan de relance centré, cette fois, sur le soutien à la consommation (voir ci-dessous).
YANN ROUSSEAU
Encadré(s) : Les mesures de relance se multiplient
22 octobre 2008. Baisse des taxes sur les premiers achats d'appartements.
20 octobre. L'Etat annonce aux paysans qu'il va leur acheter plus de céréales et de coton pour remplir les réserves nationales.
9 novembre. Annonce d'un plan de relance budgétaire de 4.000 milliards de yuans (455 milliards d'euros) étalé jusqu'à la fin 2010.
Novembre. Plusieurs hausses de rabais fiscaux à l'export sont offertes aux producteurs d'acier, de céréales, de meubles, de chaussures ou encore de vêtements.
14 janvier 2009. Pékin réduit les taxes sur les achats de véhicules de cylindrée inférieure à 1,6 litre et débloque 732 millions de dollars pour aider les ruraux à acheter des petites voitures « propres ». Les sidérurgistes sont incités à fermer leurs usines les plus polluantes et à accepter une restructuration du secteur.
21 janvier. Le gouvernement annonce qu'il prépare un plan de soutien à son industrie textile et au secteur de la pétrochimie.
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