La Chine est aujourd'hui un marché prometteur pour le TGV. En 2014, elle ne sera plus qu'un concurrent. Telle est la conclusion d'une étude du cabinet Sia Conseil sur les perspectives du marché ferroviaire de la grande vitesse. Selon celle-ci, les transferts de technologie consentis par les constructeurs, au premier rang desquels l'allemand Siemens et le japonais Kawasaki, vont peu à peu permettre à l'industrie chinoise de produire elle-même ses propres TGV. À terme, les constructeurs occidentaux, Alstom, Siemens et Bombardier vont se heurter à un marché fermé et ne représenter que 10 % du marché chinois de la grande vitesse.
Le cabinet Sia cite l'exemple du Velaro, le train à grande vitesse construit par Siemens. Soixante rames ont été commandées en 2004. Les 3 premières ont été construites en Allemagne et les 57 suivantes en Chine par le chinois CNR. Résultat : en 2008, l'État chinois a commandé 240 nouvelles rames au constructeur CNR, Siemens se contentant de fournir les composants. « Après 2012-2013, les Chinois n'auront plus besoin de personne, estime Arnaud Aymé, directeur associé de Sia Conseil. Les constructeurs occidentaux auront vendu 500 rames mais tout le reste du parc sera produit par les Chinois, soit environ 4 000 rames. »
25 000 kilomètres de ligne à grande vitesse
Le plan de relance chinois face à la crise a avancé à 2014 des projets qui auraient dû sortir des cartons en 2017. Et dans dix ans, la Chine représentera 25 000 kilomètres de ligne à grande vitesse. C'est trois fois plus que l'Europe et ses 5 800 kilomètres.
L'an dernier, Philippe Mellier, le patron d'Alstom Transports, dénonçait déjà la fermeture progressive du marché chinois aux fournisseurs étrangers. Mais à l'inverse, la Chine s'ouvrira vers l'international en concurrençant, vraisemblablement vers 2020, les TGV occidentaux sur les autres marchés qui s'engagent dans la grande vitesse : États-Unis, Amérique latine et Moyen-Orient. « Les constructeurs occidentaux, après avoir inventé et promu la grande vitesse pendant trente ans, risquent aujourd'hui d'être coiffés au poteau sur les nouveaux marchés prometteurs, explique l'étude. La saturation du marché chinois vers 2016 incite dès maintenant les constructeurs chinois à se positionner à l'export. » La Chine peut d'ores et déjà vendre la qualité de son matériel roulant ainsi que plusieurs records dont celui de la plus grande vitesse commerciale en 2009 (312 km/h en moyenne entre Wuhan et Canton).
Fabrice Amedeo
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