vendredi 4 février 2011

ENQUÊTE - Bars-tabac, PMU : les commerces chinois sous surveillance


Le Figaro, no. 20686 - Le Figaro, vendredi, 4 février 2011, p. 2

Cécilia Gabizon avec Mickael Dos Santos

Après avoir conquis la restauration ou la confection, la diaspora avait repris ces dernières années des bars-tabac et des PMU. Avant que la police ne s'intéresse à ces investissements...

Rien ne semblait résister au dynamisme commercial de la diaspora chinoise en France. Les quelque 500 000 immigrés et leurs descendants ont évolué des fast-foods asiatiques des débuts, vers la confection, où ils rivalisent avec le Sentier. Ils dominent aussi la maroquinerie populaire, la bijouterie fantaisie et les magasins d'informatique. Et se sont lancés récemment dans l'acquisition de bars-tabac en région parisienne et de PMU. Mais, depuis novembre, les rachats de points de jeux ont brutalement cessé. Depuis que le Service central courses et jeux (SCCJ) de la Direction de la police judiciaire a démantelé un réseau qui utilisait de faux actes notariés rédigés en mandarin pour justifier l'origine de leurs fonds. Comme si l'enquête et l'interpellation de 22 personnes avaient, selon les policiers, « envoyé un signal ». Et mis fin, peut-être, à une martingale.

En quelques années, la progression des Chinois derrière les comptoirs a été fulgurante. Les Bougnats ont laissé place aux Asiatiques dans la capitale et sa banlieue. Des faubourgs cosmopolites du XIIIe arrondissement ou de Belleville, ils ont gagné ces derniers mois les quartiers huppés. « Quelque 50 % des rachats de bars-tabac dans la région sont opérés par la communauté chinoise », assure Yves-Marie Le Norgoll, PDG d'Axxis, l'une des agences les plus importantes du secteur. « Ils ciblent des établissements entre 300 000 et 1,2 million d'euros » et se montrent « larges » sur les prix. « Dans un contexte morose, ils ont soutenu la demande et même conduit à une hausse de 20 % des prix », explique encore l'agent.

Labeur et détermination

Traditionnellement, les immigrés chinois venus de la région du Zhejiang (au sud de Shanghaï) se financent par la tontine, sorte de caisse commune où chacun dépose de l'argent. Un heureux bénéficiaire est désigné chaque année par tirage au sort. Avec l'argent, il ouvre un commerce. Puis il rembourse sa dette, au prix de grands sacrifices, avant de prospérer. Cette organisation permet de réunir facilement des liquidités et soutient l'expansion commerciale des migrants. Cet afflux d'argent a longtemps satisfait bistrotiers en désir de retraite, agents immobiliers, notaires et nouveaux propriétaires.

Mais l'incroyable réussite des Chinois et de leurs descendants suscite maintenant jalousies et interrogations. « Ils rachètent tout », râle un buraliste de Levallois. Pendant une semaine, des « Chinois » sont venus chaque jour lui proposer 600 000 euros pour son affaire par ailleurs évaluée à 550 000. Il a refusé. « Comment font-ils pour avoir autant de liquide? » lance-t-il encore, relayant des histoires de rachats rapides, presque comptant, que les buralistes se racontent à la réserve, où ils se dépannent lorsque les commandes de cigarettes sont en retard. Chacun livre son anecdote... et ses interrogations sur la réussite d'une communauté qui force par ailleurs le respect par son labeur et sa détermination.

Ils ne sont pas les seuls à surveiller l'implantation des Chinois en Ile-de-France. Les renseignements généraux s'intéressent depuis des années à cette communauté, et notamment aux filières d'immigration. Des vagues de Wenzhou (migrants originaires du Zhejiang) sont arrivés depuis les années 1980. Certains légalement, d'autres clandestinement. Dans la confection, les policiers ont observé le rassemblement dans des quartiers, comme le triangle Sedaine-Popincourt à Paris, où les boutiques ont été rachetées une par une, pour se dédier à la vente de vêtements en gros. Ils « se regroupent pour se protéger. Cela facilite aussi la sous-traitance », notaient les enquêteurs il y a quelques années. Plusieurs ateliers de confection clandestins ont été démantelés depuis, révélant le sort malheureux de dizaines de sans-papiers exploités pour rembourser leur voyage. Désormais, ces ateliers sont plus disséminés, notamment en banlieue. Et, si le négoce de gros se poursuit, une partie de la grande distribution se fournit directement en Chine. Les descendants de Wenzhous se sont alors dirigés vers d'autres secteurs, jugés plus porteurs, comme les bars-tabac PMU. Les emplacements sont réglementés par l'État. Aucun concurrent ne peut surgir à l'improviste.

Parmi les repreneurs, beaucoup sont des entrepreneurs d'origine asiatique au-dessus de tout soupçon. « On bataille pour réussir et on nous renvoie toujours au péril jaune ou aux triades. C'est insupportable », se plaint Xi, 23 ans, qui a repris un bar-tabac dans le XIe arrondissement. « Je ne voulais pas faire des nems comme mes parents », explique-t-elle. Sa famille l'a encouragée à ouvrir son commerce, plus qu'à continuer de longues études. « De fait, les parents, avant même le choix d'une profession, désirent pour leurs enfants l'enrichissement économique », souligne la sociologue Estelle Auguin dans une enquête de la revue Hommes et migrations. Xi jure que son financement « est parfaitement en ordre » et rappelle que les Douanes ont validé sa candidature. Jusqu'à récemment, pour racheter un bar-tabac, il fallait être français et présenter un apport minimum de 33 % du coût. Les Douanes se contentaient souvent d'une enquête de moralité, sans tracer l'origine des sommes. Depuis cet été, pour soutenir le secteur des bars-tabac, il n'est même plus nécessaire de disposer de fonds propres.

La situation est bien différente pour les PMU, secteur en plein boom avec un chiffre d'affaires de 9,54 milliards d'euros. La communauté chinoise était à l'origine de 20 % des rachats l'an passé. Jusqu'à ce dossier, arrivé sur la table d'un enquêteur du Service central courses et jeux de la police judiciaire, qui donne son aval avant toute reprise de PMU. Un frère et une soeur, la vingtaine, Chinois d'origine et Français de nationalité, entendaient racheter un point de jeux, après avoir acquis un bar-tabac à Levallois. « Ils étaient bien jeunes pour disposer de 100 000 euros de fonds propres », relève le policier, qui exige de connaître l'origine des fonds. Les deux suspects évoquent alors un « legs » d'un parent habitant la province du Zhejiang. Un don déclaré dans les règles de l'art aux impôts français, comme héritage anticipé. Et prouvé par un acte notarié en mandarin, signalant la vente d'une propriété en Chine. Le système de notariat n'existe là-bas que depuis 2007. Auparavant, chacun obtenait une sorte de certificat par le comité des villageois. Mais les enquêteurs restent méfiants. « Une propriété à 100 000 euros, c'est assez rare, là-bas. En regardant de plus près, nous avons réalisé que ce même notaire chinois apparaissait dans plusieurs rachats de PMU », raconte-t-on au Service des courses. Les actes étaient faux. Dans la foulée, vingt personnes membres de la communauté chinoise parisienne sont interpellées à Paris et en banlieue, soupçonnées de faux et usage de faux. « Depuis, nous n'avons plus aucune demande de rachat de PMU par des personnes d'origine chinoise », assurent les policiers.

Soupçons de blanchiment

Chargée du dossier, la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris tente de mettre au jour le circuit de financement, sous l'oeil attentif des autorités chinoises. Les juges ont épluché onze dossiers reposant sur des actes notariés falsifiés. Les premiers éléments alimentent les soupçons de blanchiment et d'évasion fiscale. L'argent, présenté comme un héritage, arrive par virement depuis la Bank of China. Parfois, les enquêteurs ont pu établir « un circuit complet : les sommes provenaient de France, circulaient en Chine, puis revenaient sous forme de dons »... et servaient alors à racheter un commerce. Mais l'origine réelle des fonds ne sera éclaircie que par des investigations dans la région du Zhejiang. Les juges préparent une commission rogatoire internationale. « À ce jour, nous n'avons pas prouvé de liens avec des mafias. Nous sommes plutôt sur des hypothèses d'évasion fiscale, en France ou en Chine », explique-t-on.

Les juges évoquent également un système de « prêts communautaires, venus de Chine, avec des taux très élevés. Les personnes que nous avons interrogées étaient pour certaines très apeurées. » Si le silence prévaut parmi les Chinois, les langues se sont déliées dans les cuisines. Certains employés de ces bars-tabac évoquent des établissements vides, mais des tiroirs-caisses pleins en fin de journée, « qui conforte les soupçons de blanchiment », selon les juges. Leurs regards se tournent vers le 93, où des intermédiaires fournissent, semble-t-il, les faux documents dont certains commerçants ont besoin pour justifier leurs comptes ou encore les fameux actes notariés en mandarin. « Ces personnes sont extrêmement bien conseillées. Des avocats d'affaires, des agents immobiliers, des sociétés qui font leur comptabilité : ces commerçants-là ne sont pas des dilettantes », insistent policiers et juges.

Après cette alerte, le reste de la communauté regarde vers de nouveaux secteurs. Les véritables entrepreneurs entendent préserver leur image et s'écartent des PMU et de leur halo de financement obscur. On évoque désormais des investissements dans les hôtels, mais aussi le marché des fleurs. Certains auraient acheté des terres autour de l'Ile-de-France pour les cultiver.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

De toute les façons cette communauté est dangereuse par son mode opératoire pour notre économie et ceci sans manifester une once de volonté d'intégration,c'est à vomir,et il va falloir réagir fermement concernant leur importation de produits majoritairement de basse qualité et "cercler" leurs agissements sur le sol si nous voulons conserver nos emplois et assurer un avenir pour nos enfants.

Anonyme a dit…

Moi les chinois comment a me gaver le ccul, ces bridés se permettent absolument tout, ils ne parlent meme pas le Français correctement moi ca me saoule sale race de merde continuez plutôt a dépensez votre pognon en photo plutôt que de venir foutre votre lanqgue de merde dans nos tabcs bande de gniackoui de merde