220 millions d'euros 20 % La part de marché
Officiellement, la maladie n'existe pas en Chine. Elle a pourtant son numéro - « 5 » - dans la nomenclature du ministère de l'Agriculture. La maladie numéro « 5 » ? La fièvre aphteuse, en fait, est extrêmement fréquente parmi les cheptels de bovins et de porcins du pays. L'administration centrale n'arrive pas à la juguler pour de sombres motifs de protectionnisme. « Il existe sept laboratoires en Chine qui ont des vaccins, mais ils ne sont guère efficaces » , commente, sous le couvert de l'anonymat, un scientifique, bon connaisseur du dossier, qui constate que cette situation a des répercussions économiques négatives pour le pays : « cela surenchérit le prix des protéines animales, dont la demande est en forte hausse » .
Tentatives infructueuses
L'un des laboratoires occidentaux, en particulier, est très concerné. Il s'agit de Merial, filiale de Sanofi, le leader du traitement de la fièvre aphteuse. Depuis plusieurs années déjà, celui-ci est tenu à l'écart de ce marché. Obligé de fonder une coentreprise avec un partenaire chinois à choisir parmi une liste de sept sociétés, il a préféré proposer un partenaire de son choix.
Après plusieurs tentatives infructueuses auprès des autorités pour tenter d'autoriser la commercialisation de son vaccin, le laboratoire a décidé de passer par la case politique : en visite à Pékin pour deux jours à partir de vendredi, Laurent Fabius va remettre une lettre à ses homologues pour essayer d'obtenir un assouplissement de la posture officielle - d'autant que la Chine s'est engagée auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à ouvrir son marché. A l'heure où le pouvoir chinois se dit déterminé à casser les monopoles et à laisser les règles du marché jouer un rôle plus important dans l'économie, sa réaction dans ce dossier aura valeur de test.
Le ministre français des Affaires étrangères disposera, entre autres éléments de langage, de l'exemple d'un laboratoire argentin qui a obtenu son précieux sésame dans la foulée d'une visite de Wen Jiabao, l'ancien Premier ministre, à Buenos Aires.
Pour Merial, l'enjeu est important, car le marché de la fièvre aphteuse est estimé à près de 220 millions d'euros en Chine. Et il devrait doubler d'ici à 2020. Si la filiale de Sanofi parvient à obtenir le feu vert des autorités de Pékin pour commercialiser son vaccin, elle espère obtenir au moins 20 % de part de marché à terme.
Gabriel Grésillon
Les Echos, no. 21938 - Industrie & Services, vendredi 15 mai 2015, p. 16
Objectif, obtenir le feu vert pour vendre son vaccin contre la fièvre aphteuse dans le pays.
Les chiffres clefs
220 millions d'euros
Le montant estimé du marché des traitements contre la fièvre aphteuse en Chine.
20 % La part de marché que la filiale de Sanofi espère obtenir à terme si Pékin autorise la commercialisation de son vaccin.
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