Le secrétaire d'Etat aux Transports est en Chine et en Corée pour convaincre les investisseurs asiatiques et les grandes sociétés de transport maritime de la région de ne plus bouder les ports français.
La démonstration de Dominique Bussereau, le secrétaire d'Etat français chargé des Transports, est terminée. L'auditoire, composé des grands acteurs du commerce maritime, reste silencieux, presque dubitatif. Après une longue hésitation, un cadre du groupe danois Maersk à Hong Kong ose enfin : « Ici, en Asie, beaucoup pensent que la grève est un sport national français. Pouvez-vous nous assurer que votre réforme portuaire va maintenant nous protéger contre ces interruptions de travail ? » Le ministre sourit. C'est la question à laquelle il va devoir répondre tout au long de sa tournée asiatique de promotion de la récente réforme des grands ports français. A Hong Kong, hier, puis à Séoul et Shanghai, en fin de semaine, Dominique Bussereau est venu tenter de convaincre les principaux armateurs ainsi que les grandes sociétés asiatiques de manutention de ne plus bouder les ports français et de venir enfin investir au Havre ou à Marseille. « Les choses changent », martèle-t-il. Longtemps handicapés par une gouvernance publique confuse laissant peu de place aux entrepreneurs privés, les grands ports maritimes français n'ont, contrairement à leurs concurrents, pas profité ces dernières années de l'explosion des échanges maritimes avec l'Asie constatée avant l'éclatement de la crise économique. « Nos ports sont les derniers d'Europe en termes de progression de trafic », constate froidement Dominique Bussereau. « On a quinze ans de retard sur les autres », regrette Henri Delannoy, vice-président de l'armateur français CMA CGM.
« Modèle libéral mondial »
Redoutant de voir leurs opérations retardées en France par une organisation du travail jugée trop rigide ou de fréquents mouvements sociaux, les géants du transport maritime et leurs clients préfèrent souvent aller débarquer leurs marchandises destinées au marché européen à Rotterdam, Hambourg ou Felixstowe plutôt que de risquer de voir leurs navires souffrir financièrement d'une immobilisation plus longue sur les côtes françaises - l'affrètement d'un porte-conteneurs coûte près de 50.000 dollars par jour.
« Le problème est tel que les ports français ne traitent plus qu'un peu plus de la moitié des conteneurs destinés à la France. Les autres arrivent par les pays voisins », résume Laurent Castaing, président du directoire du port du Havre. L'an dernier, son port, qui bénéficie pourtant d'un emplacement stratégique en Europe, n'a traité que 2,5 millions de conteneurs. Hambourg en a géré 11 millions, et Rotterdam près de 13 millions, avec l'aide des grands groupes de manutention asiatiques qui ont tous massivement investi sur ces sites mais ont limité leurs projets en France.
Conscient de ces handicaps qui pénalisent l'emploi dans les ports mais également l'ensemble des industries de la filière logistique française, le gouvernement français a fait voter, en juillet 2008, une loi qui prévoit le transfert de la totalité des activités de manutention portuaire (personnels grutiers et outils) vers des opérateurs privés, comme cela avait déjà été le cas pour les dockers en 1992. « Je suis venu expliquer aux Chinois et aux Coréens que cette réforme est en marche et que les terminaux français vont être désormais gérés par des entreprises sur le modèle libéral mondial. Désormais, ils sont les bienvenus », insiste Dominique Bussereau, qui doit rencontrer l'essentiel des groupes privés asiatiques susceptibles d'investir sur les ports français. Les derniers contacts avec le géant hongkongais Hutchison auraient été « cordiaux ».
YANN ROUSSEAU
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1 commentaires:
bussereau a juste vendu les ports francais pour rien aux potes de sarko ......PAH.......
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