Des officiels japonais sont au Vietnam pour établir des coentreprises d'exploitation de terres rares dans le pays.
Un sentiment d'urgence commence à gagner les autorités japonaises. Peu convaincues par les démentis flous du gouvernement chinois, qui continue d'affirmer qu'il n'organise pas d'embargo sur les exportations de terres rares vers le Japon, les équipes du Premier ministre Naoto Kan multiplient les contacts avec d'autres capitales pour tenter de trouver rapidement des alternatives aux livraisons chinoises de terbium, de lanthane ou encore de néodyme, qui se sont taries depuis la mi-septembre et la détérioration d'un différend frontalier entre les deux pays. Ces minerais, que le Japon source à 96 % en Chine, sont vitaux pour les industriels nippons fabriquant des voitures hybrides, des écrans plasma ou des éoliennes. D'après les calculs du ministère japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, le pays pourrait, si l'embargo chinois se poursuivait, voir ses stocks actuels s'épuiser au premier trimestre 2011. « Avec le recyclage, les importations de sources non chinoises et les échanges entre les entreprises japonaises, nos stocks peuvent tenir jusqu'en mars ou avril », a expliqué Yoshikatsu Nakayama, le vice-ministre de l'Economie.
Une étude de faisabilité
Pour tenter de casser au plus vite cette dépendance aux livraisons chinoises, Yukio Hatoyama, l'ancien chef du gouvernement japonais, a entamé samedi dernier, avec d'autres parlementaires, une mission de reconnaissance au Vietnam. Il cherche à mettre sur pied, avant l'arrivée en fin de semaine à Hanoi de Naoto Kan, un accord de développement conjoint de nouvelles mines de terres rares dans le pays. « Le Vietnam est une zone très prometteuse et nous espérons avoir des projets sur place », a déclaré Akihiro Ohata, le ministre du Commerce, qui espère pouvoir annoncer officiellement le 31 octobre prochain la création d'un joint-venture dans le secteur.
Au début du mois, l'exécutif japonais avait annoncé un accord similaire avec le gouvernement mongol. Relayant les efforts du gouvernement, les groupes japonais qui ont concentré dès les années 1990 leurs achats de terres rares en Chine, pour profiter des bas coûts d'exploitation et de la « souplesse » des normes environnementales locales, ont récemment repris leurs contacts avec plusieurs pays producteurs de terres rares pour réactiver des projets d'exploitation qui nécessitent souvent plusieurs années de développement avant d'être effectivement productifs. Le journal « Nikkei » a assuré qu'une maison de négoce japonaise Sumitomo Corporation venait de lancer une étude de faisabilité sur une mine du nord du Vietnam dans l'espoir d'importer des terres rares dans le pays dès 2013. Toyota Tsusho Corp., une filiale du constructeur automobile, a également activé des projets au Vietnam et en Inde, quand Toshiba lançait un joint-venture au Kazakhstan.
YANN ROUSSEAU
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