Sud Ouest - Vendredi 26 août 2011, p. Périgueux-C1_5
Et par là même de faire oublier le soutien sans faille apporté jusqu'alors par la Chine à Kadhafi.
En route vers Nouméa,
Nicolas Sarkozy faisait hier escale à Pékin pour inviter à Paris Xi Jinping, futur numéro un chinois après octobre 2012, et faire avancer un des grands chantiers de sa fin de mandat - la réforme financière mondiale, au sommet du G20 de Cannes en novembre. Mais, hasard de l'actualité, la Libye occupa un terrain plus important. Depuis le début de la guerre, en février, la Chine a misé sur Kadhafi. À présent mal aimée en Libye, elle veut redorer son image et surtout avoir sa part de la reconstruction du pays ruiné - peut-être avec l'aide de la France, son alliée, qui, elle, jouit en Libye de l'aura du libérateur.
Réconciliation
À l'issue de son entretien et d'un dîner avec Hu Jintao, son homologue, Sarkozy a expliqué à « Sud Ouest » la manière dont il espère aider la Chine : en l'invitant à la conférence de Paris du 1er septembre pour la reconstruction. « La parenthèse de l'intervention militaire sous contrôle de l'ONU est refermée, ajoutait-il. À présent, il faut préparer l'avenir d'une Libye libre de demain; dans ce processus, la Chine a naturellement sa place. » Présentée hier par Jean-David Levitte, conseiller spécial, la conférence des nations ouvrira des chantiers, un plan de reconstruction : avec sa main-d'oeuvre à bas prix et ses réserves monétaires, la Chine pourra, si elle le veut, faire au nouveau régime des conditions de nature à ramener le sourire...
La réconciliation Chine-Libye est impensable sans la reconnaissance par Pékin du CNT, gouvernement des forces rebelles. Mais, martèle Sarkozy, elle est « inéluctable », vu le pragmatisme d'une Chine toujours rapide à reconnaître où est son intérêt.
Une autre question probablement discutée, n'a pas été évoquée par le président, du fait de son caractère sensible : le monde devrait-il laisser la nouvelle Libye juger seule Kadhafi, ou bien arracher celui-ci à une justice expéditive pour le présenter au Tribunal international de La Haye, qui l'attend avec un mandat d'inculpation ?
Quid de la Syrie ?
Enfin, de l'échec de sa gestion de la crise libyenne, Pékin va-t-elle profiter de la leçon et l'appliquer au conflit en cours en Syrie, où elle soutient toujours al-Assad, l'autre dictateur aux mains sanglantes ? « Le partenaire chinois, répond Sarkozy, nous a paru partager davantage notre préoccupation par rapport à une évolution que nous avons de notre côté condamnée, la non-tenue des engagements de réforme. » Ici, le président suggère sa stratégie : d'abord, « terminer la Libye », consolider sa renaissance démocratique, puis s'attaquer au tableau syrien. Mais, précise-t-il, « avec la disparition de Kadhafi, la pression psychologique sur Damas est immense » - et la Chine, à l'en croire, s'en détache à petits pas...
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