Plus de 45 000 acheteurs de 120 nationalités sont attendus en cinq jours à Vinexpo, Salon international du vin. Les vins de Bordeaux espèrent retrouver des couleurs, après une chute des ventes de 8 % en volume en 2014.
« La demande à l'export est moins forte aujourd'hui pour les vins de Bordeaux », se désole Franck Autard, directeur de la société Grands Vins de Gironde (GVG), qui réalise 60 millions d'euros de chiffre d'affaires avec son activité de négoce. Même si l'année 2014 a été difficile, avec un recul des ventes à l'export de 8 % en volume et 13 % en valeur, les vins de Bordeaux restent leaders des exportations françaises de vins d'appellation d'origine protégée (39 % du volume et 49 % de la valeur) avec 1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires.
Les raisons du recul sont connues : la récolte 2013 a été faible en quantité, mais aussi en qualité. En outre, la Chine, son premier marché à l'export depuis 2011, a fléchi de 19 % en volume, en raison notamment de la lutte du gouvernement contre la corruption et la politique de cadeaux menée par des entreprises pour obtenir des marchés.
Mais cette baisse est à relativiser. « Elle était attendue par l'interprofession, après une croissance exponentielle depuis dix ans », rappelle Bernard Farges, président du CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux). D'ailleurs, sur les trois derniers mois, le marché repart à la hausse avec une croissance des ventes de 4 % dans l'empire du Milieu, et autant aux États-Unis.
« Le marché en Asie a mûri et s'est assaini, juge Bernard Farges, qui se veut optimiste pour l'avenir. Les importateurs se sont professionnalisés. » Et, le millésime 2014, de grande qualité, devrait renforcer l'attractivité des bordeaux à l'export.
Sauf, que, ces dernières années, « les vins de Bordeaux ont perdu en compétitivité face aux vins chiliens, australiens, espagnols et italiens, qui nous ont pris des marchés », souligne Franck Autard. Car, depuis l'excellent millésime 2010, les prix n'ont cessé d'augmenter, alors que la qualité n'était pas toujours au rendez-vous, à l'image du cru 2013, décevant en raison de mauvaises conditions climatiques. Ainsi, le prix du tonneau de rouge en vrac a grimpé à 1 297 euros sur le millésime 2013, contre 1 000 euros pour le 2011. Un choix de la filière, qui a tenté d'accroître les revenus des viticulteurs en baissant les rendements pour faire monter les prix, après plusieurs années de surproduction. Une stratégie qui se retourne désormais contre eux.
L'engouement des Asiatiques pour « le luxe à la française » a fait tourner les têtes. « Les premiers grands crus classés ont proposé des bouteilles comme des produits de luxe, sauf que la qualité du vin varie tous les ans », souligne François Lévêque, courtier en vins de Bordeaux. Les prix en primeurs - précommercialisation - des vins de Bordeaux ont encore progressé de 8 % sur le millésime 2014.
Autre problème : les droits de douane. Les vins français sont taxés à près de 50 % en Chine, quand ceux du Chili n'ont plus la moindre taxe depuis le 1er janvier, à la suite d'accords bilatéraux. « Nous en sommes conscients, répond Matthias Fekl, secrétaire d'État au commerce extérieur. Des négociations sont en cours à l'échelle de l'Union européenne. »
La Croix, no. 40211 - Economie, lundi 15 juin 2015, p. 17
Nicolas César
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