Les deux avionneurs joignent leur force pour mieux défier Airbus et Boeing sur le terrain des moyen-courriers.
Beaucoup d'experts aéronautiques prédisaient des alliances entre constructeurs. Mais peu avaient anticipé l'accord stratégique signé hier à Shanghaï entre le canadien Bombardier et le chinois Comac. Il établit les bases « d'une relation à long terme dans les avions commerciaux à travers plusieurs projets », explique une porte-parole du canadien à Montréal.
Premier volet de l'alliance, le CSeries de Bombardier et le C-919 de Comac. Ces deux avions moyen-courriers ambitionnent de casser le duopole d'Airbus et de Boeing. «Nous allons partager nos idées et techniques en matière de marketing, de service à la clientèle, de fabrication afin de bâtir une stratégie commune qui permette à chacun des deux avionneurs de se développer tout à la fois sur les marchés matures et émergents», explique le canadien.
Bombardier apportera à Comac son expertise en matière de développement de stations de services et de maintenance dans le monde. Un réseau qui manque à Comac, nouveau venu sur la scène aéronautique, alors que Bombardier est coleader mondial des avions régionaux aux côtés du brésilien Embraer et occupe de fortes positions dans l'aviation d'affaires. Autre champ de coopération, la sous-traitance et les achats de composants.
Programmes rivaux
Les deux groupes ne craignent pas de se gêner, car leurs deux avions qui bénéficient de nouveaux moteurs moins gourmands en carburant sont « complémentaires ». Le CSeries, qui doit entrer en service en 2013, occupe le segment des avions de 100 à 149 sièges, tandis que le C-919, prévu en 2016, offre entre 150 et 180 sièges. En outre, Bombardier revendique des liens anciens en Chine. C'est par exemple Shenyang, filiale d'Avic, qui fournit le fuselage de son CSeries.
Plus largement, Bombardier et Comac évoquent des échanges de technologies, des accords en matière de fabrication et le lancement de nouveaux programmes permettant de renforcer leur gamme d'avions de ligne respective. Ni Airbus ni Boeing n'a commenté l'annonce hier. L'univers des deux leaders mondiaux est en train de basculer. Pas moins de quatre programmes rivaux des A 320 et B 737 sont en cours de développement. Il « sera difficile de justifier cinq à six constructeurs sur le même type d'appareil et sur les mêmes marchés. Ce ne sera pas viable », estimait en début d'année Louis Gallois, président exécutif d'EADS qui anticipait par conséquent des alliances. Les faits viennent de lui donner raison.
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