vendredi 26 décembre 2008

Un tribunal chinois a condamné le sud-coréen Samsung

Les Echos, no. 20329 - Technologies de l'information, vendredi, 26 décembre 2008, p. 15

Un tribunal chinois a condamné le sud-coréen à verser des indemnités de 50 millions de yuans (7,3 millions de dollars) à un fabricant chinois de téléphones portables, Holley Communications, pour violation de brevet, selon l'agence Chine nouvelle. Le tribunal de Hangzhou a aussi ordonné à Samsung d'arrêter de vendre des téléphones intégrant une technologie développée par Holley.

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Le yuan, monnaie d'échanges en Asie

Les Echos, no. 20329 - International, vendredi, 26 décembre 2008, p. 5

Selon le « China Daily » d'hier, la Chine va commencer à utiliser sa monnaie - le yuan - pour échanger avec ses voisins. Certaines régions industrielles le feront avec Hong Kong et Macau, et les provinces du Guangxi et du Yunnan (Sud) avec des pays de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean). Le commerce extérieur chinois est aujourd'hui réglé en euros ou en dollars.

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CINÉMA - Batman non grata en Chine

Libération, no. 8597 - Culture, vendredi, 26 décembre 2008, p. 26

«Vu les conditions de sortie requises et des sensibilités d'ordre culturel, nous n'exploiterons pas Batman, le chevalier noir en Chine», communique la Warner Bros. Dans une des séquences du film, se passant à Hong Kong, Batman, dépressif (joué par Christian Bale face au Joker Heath Ledger), rapte un escroc capitaliste chinois expert du blanchiment d'argent d'Etat à grande échelle rouge, pour le remettre aux autorités. Voilà les «sensibilités culturelles» invoquées. Batman, le chevalier noir, film américain de l'année, est le deuxième score de tous les temps, avec près d'un milliard de dollars de bénéfices.

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mercredi 24 décembre 2008

DOCUMENTAIRE - Les enfants de Yingzhou

Les enfants de Yingzhou, réalisé par Ruby Yang, a obtenu en 2007 l'Oscar du meilleur court métrage documentaire. Bouleversant.





JOYEUX NOËL À TOUS !

CHINE-TAIWAN - La diplomatie du panda

Le Soir - MONDE, mercredi, 24 décembre 2008, p. 10

Tuan Tuan et Yuan Yuan, un couple de pandas de quatre ans, ont quitté mardi à l'aube leur réserve de Ya'an dans le Sichuan (sud-ouest de la Chine), pour être conduits au zoo de Taipei, sur l'île de Taïwan, et entamer leur nouvelle vie d'ambassadeurs de bonne volonté. Prévu dès 2006, l'envoi du couple d'animaux - accompagnés d'une vingtaine d'experts et de leurs deux gardiens -, n'a finalement été possible qu'après l'arrivée au pouvoir du nouveau président taïwanais Ma Ying-jeou cette année. Son prédécesseur indépendantiste, Chen Shui-bian, refusait cette « diplomatie du panda » destinée selon lui, à attirer les bonnes grâces des Taïwanais alors que les relations étaient fort tendues. (afp)

© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2008

La Chine réaffirme l'indépendance de son Eglise catholique

La Croix, no. 38242 - Monde, mercredi, 24 décembre 2008, p. 11

Cinquante ans après les premières ordinations épiscopales illicites, le gouvernement a rappelé les principes régissant l'Église en Chine.

«Le Vatican ne doit pas s'ingérer dans les affaires politiques intérieures de la Chine, y compris en utilisant la religion pour le faire. » Vendredi, Du Qhuinglin, directeur du Front uni, qui chapeaute les organismes de la société chinoise non directement affiliés au Parti communiste, a rappelé la ligne officielle du gouvernement devant l'Assemblée nationale populaire. Face à 45 évêques « officiels » et 200 membres de la communauté catholique chinoise convoqués à l'occasion du 50e anniversaire des premières ordinations épiscopales illicites (non autorisées par Rome), il a insisté sur les conditions pour rétablir le dialogue entre l'Église catholique de Chine et l'Église universelle : la rupture des relations diplomatiques avec Taïwan et la non-ingérence dans les affaires intérieures de la Chine, en particulier sur l'épineuse question de la nomination des évêques, rapporte l'agence Églises d'Asie.

Si cette position n'est pas nouvelle, elle intervient alors que le Saint-Siège appelle, depuis plusieurs mois, à l'unité de l'Église. En juin 2007, dans sa lettre aux catholiques chinois, Benoît XVI rappelait que « les principes d'indépendance et d'autonomie, d'autogestion et d'administration démocratique de l'Église » (mis en avant par les statuts de l'Association patriotique des catholiques chinois créée en 1957 pour mettre en oeuvre la politique d'indépendance de l'Église de Chine) sont « inconciliables avec la doctrine catholique ».

En avril, le cardinal Tarcisio Bertone a écrit à son tour aux évêques légitimes - « clandestins » ou « officiels » mais reconnus par le pape - les invitant à « agir ensemble » pour obtenir le droit de se réunir en tant que collège épiscopal. Une lettre non publiée par Rome mais abondamment commentée et reprise sur des sites Internet et des blogs catholiques en Chine, souligne Églises d'Asie, qui fait état de la réaction d'un des destinataires, un évêque désireux de rester anonyme et qui dit « apprécier l'appel du cardinal Bertone à voir les évêques demander la liberté de se réunir sans surveillance de la part des autorités », mais qui ajoute « qu'il est peu probable que cet appel se concrétise ». L'agence d'information des Missions étrangères de Paris conclut : « Lui-même, dans son diocèse, rencontre de grandes difficultés à obtenir que ses prêtres se réunissent ; une réunion au plan national des évêques catholiques lui paraît encore plus difficile à obtenir. »

LEBRUN Sophie

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Rice réserve à la Chine son dernier voyage

Le Soir - EUROPE, mardi, 23 décembre 2008, p. 10

ÉTATS-UNIS

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a annoncé lundi qu'elle se rendrait en tout début d'année en Chine pour son dernier voyage à l'étranger avant la fin du mandat de l'administration Bush. « Je vais me rendre après le 1er de l'an en Chine à l'occasion du 30e anniversaire de l'ouverture des relations diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis », a précisé la cheffe de la diplomatie américaine. « Ce sera mon dernier voyage en tant que secrétaire d'Etat », a-t-elle ajouté. (afp)

Pékin craint la désastreuse théorie du " 8 "

Le Monde - Economie, jeudi, 25 décembre 2008, p. 12

LE " 8 " est un chiffre important en Chine où il est associé à la bonne fortune. Ce n'est pas un hasard si les Jeux olympiques de Pékin se sont ouverts le huitième jour du huitième mois de 2008. Mais il a une autre signification : la croyance commune veut que si la croissance du produit intérieur brut (PIB) passe sous la barre des 8 %, la colère des masses populaires mettra le pays à feu et à sang. Or, selon HSBC, la croissance chinoise ne sera que de + 7,8 % en 2009 (contre près de + 12 % en 2007).

Le nombre d'incidents recensés a presque été multiplié par huit entre 1994 et 2005. Depuis, Pékin ne publie plus ces statistiques... En 1989, lorsque la croissance était passée de 11 % à 4 %, de violentes manifestations avaient éclaté.

Heureusement, cette théorie du " 8 " n'a probablement pas de fondement. Ce qui importe, ce n'est pas le nombre de points de croissance que la Chine va perdre, mais la façon dont va évoluer le chômage. Les deux indicateurs ne sont pas parfaitement corrélés. Un effondrement des secteurs à forte composante capitalistique produira sur l'emploi des effets moindres qu'un déclin modéré des secteurs à faible valeur ajoutée, plus gourmands en main-d'oeuvre. Un fait est certain : le chômage augmente. Parallèlement, l'instabilité économique grandit ce qui pourrait avoir plus d'impact sur la vie des Chinois que n'importe quel chiffre mythique.

Pékin n'est pas sans réagir et compte dépenser 4 000 milliards de yuans (420 milliards d'euros) pour soutenir son économie. Si 40 % de cette somme correspond à de l'argent frais, la croissance du PIB s'en trouvera augmentée d'environ 3 points en 2008 et en 2009. Cela a toutefois déjà été pris en compte dans la prévision de croissance de 7,8 %.

Le vrai sujet d'inquiétude, c'est ce qui se passera après cette intervention. Au mieux, la Chine pourra s'en servir pour apaiser le mécontentement tout en organisant la transition vers une économie dépendant plus de la consommation nationale et où l'emploi serait assuré et stable, grâce à une maîtrise du risque d'agitation sociale. Au pire, elle n'aura servi qu'à gagner du temps, en attendant que la demande américaine reprenne. L'année 2009 sera celle des choix décisifs pour la Chine, et la superstition ne lui sera d'aucun secours pour relever ce défi.

John Foley

(Traduction de Christine Lahuec)

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Les ratés du made in China - Georges Dupuy

L'Express, no. 2999 - News;Économie L'Événement, jeudi, 25 décembre 2008, p. 26-27

Fauteuils qui démangent, jouets qui intoxiquent, médicaments qui tuent... La liste des produits chinois non conformes ou carrément dangereux ne cesse de s'allonger. Le nouvel atelier du monde doit apprendre à concilier quantité, prix bas et qualité.

Simple coïncidence ou discret avertissement à la suite des menaces de Pékin de boycottage des produits français ? Le 5 décembre, les Douanes et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) se sont abattues sur Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

L'opération « Dragon » - cela ne s'invente pas ! - visait à contrôler la qualité de certains produits chinois importés - jouets, guirlandes électriques, articles de puériculture et vêtements. Le raid était destiné à rassurer les Français à la veille des fêtes. Ces derniers temps, entre le lait qui tue, les fauteuils qui irritent, les chaussures qui grattent et les joujoux qui étouffent, les consommateurs ont appris à se méfier du made in China.

Difficile d'y échapper. En une décennie, l'empire du Milieu est devenu un atelier mondial incontournable. En 2007, il a assuré environ 16 % des importations européennes et 6,3 % des achats français. Un chiffre trompeur : les fabricants chinois dominent, de la taille et des épaules, certains secteurs, comme les jouets (63 % des ventes hexagonales) ou le petit matériel électroménager.

Dès lors, pas étonnant que des produits frelatés se glissent dans les millions de conteneurs que la Chine déverse chaque année sur les quais des ports occidentaux. Sur les 1 605 notifications de retrait ou de destruction publiées en 2007 par le système européen d'alerte rapide (Rapex), 1 sur 2 concernait un objet fabriqué en Chine.

Paris ne veut pas affoler les populations. La Chine serait, pourtant, à l'origine de la moitié des alertes concernant les produits manufacturés et de 15 % des alarmes alimentaires. Tout le monde reconnaît la rigueur des contrôleurs. Mais leur système, très pointu, de recoupement des données (provenance, pedigree des importateurs et des fabricants, etc.) n'empêche pas certaines pièces douteuses de leur échapper. « Tant qu'on laissera de tout petits importateurs travailler en funambules, il y aura des problèmes », affirme un expert. Pensez donc ! Même les poids lourds de l'importation savent qu'il ne faut jamais baisser la garde. D'évidence, les poids plume, eux, n'ont pas les moyens d'aller sur place ou de se payer les services de sociétés spécialisées dans le contrôle, comme AsiaInspection. Réduits, dès lors, à faire confiance - exercice très périlleux, compte tenu du tissu industriel chinois.

« Si vous ne vous montrez pas, tout peut partir très vite à vau-l'eau », commente Sébastien Breteau, fondateur d'AsiaInspection. De fait, le respect intégral des normes n'est pas encore inscrit dans la mentalité chinoise : « Il y a toute une éducation à faire en amont. Si les Chinois respectent 95 % du cahier des charges, ils ne voient pas, naturellement, pourquoi ils dépenseraient davantage pour monter à 100 % », pointe un spécialiste. Et nul n'est à l'abri d'une défaillance - innocente ou due à la cupidité - du sous-traitant du sous-traitant.

Les acheteurs les plus fragiles sont d'autant plus vulnérables qu'ils sont, comme les autres, légalement responsables de la mise sur le marché. En cas de pépin, ils courent donc le risque de rester avec une marchandise - payée d'avance mais invendable - sur les bras. Certains tentent donc leur chance. A ce titre, les ports du nord de l'Europe, comme Anvers ou Rotterdam, seraient moins regardants que Le Havre et, d'un coup de camion, la marchandise non conforme peut se retrouver dans une solderie en France, sans parler de pays plus accueillants, dit-on, comme l'Espagne, la Grèce ou ceux du Maghreb.

Quoi qu'il en soit, Pékin paraît désireux de restaurer son image de marque. Le 17 novembre dernier, à Bruxelles, la Chine s'est entendue avec les Etats-Unis et l'Union européenne pour développer la conformité et la sécurité du made in China.Il est vrai que, pour la première fois depuis 2001, les exportations chinoises accusent le coup.

Temps de cochon pour l'héparine

80 décès en avril 2008 aux Etats-Unis : en mai, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a bloqué les médicaments anticoagulants à base de fausse héparine chinoise. L'héparine de bonne qualité est extraite des muqueuses intestinales du cochon. Mais, à la suite d'épidémies dans les porcheries, la production chinoise avait fortement chuté en 2007. Pour compenser, certains producteurs ont donc employé des extraits de trachée et de cartilage d'autres animaux, qu'ils ont assaisonnés d'acide sulfurique. Ce qui donnait à ces composants les mêmes pouvoirs que l'héparine, mais au prix d'effets secondaires meurtriers.

Au regard de cette tricherie mortelle, le retrait, en 2007, de pâtes dentifrices - contenant de l'antigel ! - est de la petite bière.

Mélamine : le scandale permanent

Heureusement, rien n'est comparable au scandale, en Chine, du lait infantile plombé à la mélamine, une résine toxique utilisée dans les plastiques, qui peut également renforcer artificiellement la teneur d'un aliment en protéines. La récente découverte, en France, de 293 tonnes de tourteaux de soja frelatés prouve, cependant, que le trafic mafieux continue. Pour le reste, l'augmentation des importations alimentaires - asperges, fraises, surgelés, coulis de tomates ou bases de confitures - amène son lot d'alertes et de retraits. Plus inquiétant : alors que le Grenelle de l'environnement s'est engagé à diminuer de moitié les pesticides (nuisibles à la santé), les paysans chinois en utiliseraient cinq fois plus que les français.

La panoplie du petit chimiste

La vache rose marrante avec ses cornes vertes qui servait de sac à dos a été priée d'aller brouter ailleurs : une de ses poches, en plastique, contenait infiniment plus de phtalates, nuisibles à la croissance, qu'il n'était permis. Depuis trois mois, la DGCCRF a déjà obtenu le retrait d'une vingtaine de jouetsmade in China. Certes, après les rappels massifs, en 2007, de produits non conformes, les industriels (Mattel, Hasbro et Disney en tête) ont sécurisé leurs usines chinoises. Mais il reste toujours possible de trouver des brèches en démarchant sur Internet un petit fabricant pas cher qui souhaite, lui aussi, gagner sa vie.

Meubles, lunettes, chaussures : la petite boutique des horreurs

Adieu les fauteuils qui grattent « grave » chez Conforama ou les chaussures qui filent des boutons chez Etam ! Bonne nouvelle : le diméthyle fumarate (DMF), à la base de ces sérieux ennuis de santé, est désormais interdit. D'autres fronts sont ouverts : la DGCCRF a ainsi retiré cette guirlande et ses 40 fleurs multicolores qui vous électrocutent et vous brûlent. Elle a aussi arrêté la vente du lecteur de DVD qui vous fait vivrePiège de feu en direct. Mais les malfaçons chinoises concernent aussi bien les fourches de bicyclette en carbone qui cassent que les machines de massage transformées en chaises électriques ou les colles à base de chloroforme qui scotchent les poumons. Il y a aussi ces lunettes de soleil qui mélangent les couleurs. Sauf le jaune d'or ?

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Un tribunal chinois condamne les " justiciers " de l'Internet - Bruno Philip

Le Monde - International, mercredi, 24 décembre 2008, p. 9

" Un phénomène alarmant ! " : en condamnant à une amende un site Internet et un blogueur pour avoir utilisé la Toile dans le but de déclencher une cabale contre un mari volage, les trois juges d'une cour pékinoise viennent de rendre un verdict sans précédent en Chine.

La volonté de punir ces " nouveaux justiciers de l'Internet " constitue la toute première véritable réaction à l'inquiétante dérive de la vogue du " renrou sousuo yinqing ", les " moteurs de recherche à chair humaine "...

L'étrange terminologie recouvre une réalité simple : des internautes qui " chassent " en meute ont recours à la vindicte populaire pour fustiger les comportements jugés immoraux ou répréhensibles qui ont pu être dénoncés çà et là sur la Toile et provoquent une curée en ligne contre les coupables. Des appels à la justice populaire qui évoquent de bien mauvais souvenirs à ceux qui, en Chine, ont connu les verdicts expéditifs des gardes rouges au temps de la révolution culturelle.

Le cas jugé en fin de semaine dernière remonte à décembre 2007 : après le suicide de Jiang Yan, 31 ans, femme trompée par son mari Wang Fei, 28 ans, un ami de la jeune femme publie le blog intime de cette dernière, joliment intitulé " l'oiseau migrateur qui vole vers le nord ". Dans son journal, Mme Jiang s'épanchait sur sa tristesse de femme délaissée. Indignation immédiate sur la Toile. Le site daqi.com est aussitôt utilisé pour lancer la chasse promise par les pères-la-pudeur de l'Internet.

Des milliers de personnes se mobilisent. Le mari et sa maîtresse sont rapidement localisés. Menaces de mort, appels téléphoniques incessants au travail, les amants, qui sont collègues de bureaux, vont vivre le cauchemar de leur vie. Ils finiront par démissionner de la prestigieuse agence de publicité où ils travaillent.

Le rendu du verdict de la cour de Chaoyang a mentionné en termes clairs la " cyberviolence " dont ont été victimes les plaignants. Le mari trompeur avait demandé 18 000 euros de dommages et intérêts. Le site daqi.com et l'ami de sa femme qui avait posté sur le Net les plaintes de cette dernière ont été condamnés à lui en verser 800.

La cour en a profité pour demander au ministère de l'industrie de l'information de définir de nouvelles règles de conduite sur le Net afin de garantir un minimum de protection de la vie privée.

Un professeur de sociologie de l'université shanghaïenne de Fudan, Yu Han, redoute qu'un " nombre croissant de moteurs de recherche à chair humaine débouche sur des phénomènes de lynchage ". " Il est temps, dit-il, d'appliquer de nouvelles réglementations : chacun a le droit de juger mais tout le monde ne peut pas jouer au policier ! "

Dans un récent sondage publié par le Quotidien de la jeunesse, 80 % des personnes interrogées se sont prononcées en faveur d'un plus grand contrôle de la Toile et 20 % ont affirmé redouter d'être un jour les victimes des nouvelles brigades de vertu en ligne.

L'affaire de Wang Fei et de sa maîtresse a des précédents : en avril, une étudiante chinoise qui réside aux Etats-Unis avait été la cible d'une dénonciation de masse après avoir tenté de s'interposer entre des camarades de l'université de Duke (Caroline du Nord) et des étudiants tibétains après les violentes émeutes qui venaient de secouer Lhassa. " Si tu reviens en Chine, ton corps sera découpé en 10 000 morceaux ", l'avait-on prévenue.

L'année 2006 avait marqué un tournant avec l'affaire désormais célèbre de l'infirmière sadique que l'on avait vue sur le Net écraser la tête d'un chaton avant de lui plonger un stylo dans l'oeil.

Fétichiste et familière d'un site qui promettait de montrer aux voyeurs le spectacle " de petits animaux écrasés sous le talon de femmes agressives ", la tueuse de chat dut faire publiquement amende honorable devant le tollé des internautes. La même année, un mari trompé signant sous le pseudo de " Lame tranchante " dénonçait sur le Web la liaison supposée de sa femme " Lune calme " avec " Moustache de bronze ", un collègue étudiant.

L'affaire fit tant de bruit que la " Lame ", qui n'était plus bien sûr de ses accusations, dut supplier afin que l'on mette fin au lynchage en ligne de " Moustache ".

Bruno Philip

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Une Maison européenne des universités à Pékin

Les stratégies, mercredi, 24 décembre 2008, p. 6

Les grandes écoles ne sont plus les seules à se tourner vers le grand large, et notamment vers la Chine. L'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) s'apprête à ouvrir à Pékin, en janvier, une Maison européenne des universités. Une initiative prise dans le cadre de la structure Paris-Universitas, qui associe 5 institutions parisiennes : outre l'UPMC, Paris-II-Panthéon-Assas, Paris-III-Sorbonne-Nouvelle, Paris-IV-Sorbonne et Dauphine. L'objectif est d'abord de détecter et recruter les meilleurs étudiants chinois, mais aussi de développer les échanges et la coopération en matière de recherche entre la France et la Chine. Et, plus largement, de « vendre la marque européenne » dans l'empire du Milieu, comme l'indique Gilbert Béréziat, vice-président des relations internationales de l'UPMC.

Les institutions françaises ne sont pas les seules impliquées dans la démarche : 13 universités européennes de renom y participent également. Ensemble, elles disposeront ainsi d'une antenne et de locaux communs dans la capitale chinoise. L'initiative sera ainsi, accessoirement, un moyen de resserrer les liens entre les universités européennes. De son côté, l'UPMC compte mettre à profit la « maison commune » pour faciliter l'accueil de ses propres étudiants expatriés.

JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI

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Sato envisageait une frappe contre la Chine

Le Soir - MONDE, mardi, 23 décembre 2008, p. 9

L'ex-Premier ministre japonais Eisaku Sato, prix Nobel de la Paix en 1974 pour son engagement antinucléaire, avait demandé neuf ans plus tôt aux Etats-Unis de lancer une bombe atomique contre la Chine en cas de guerre sino-japonaise, révèlent lundi des documents déclassifiés du ministère nippon des Affaires étrangères. Selon ces documents, M. Sato, Premier ministre de 1964 à 1972, a demandé en 1965 au secrétaire américain à la Défense, Robert McNamara, lors d'une réunion à Washington, évoquant l'hypothèse d'une guerre sino-japonaise : « Nous attendons des Etats-Unis qu'ils répliquent immédiatement en utilisant des armes nucléaires ». A l'époque, ni le Japon, ni les Etats-Unis n'avaient de relations diplomatiques avec la Chine communiste de Mao Zedong. (afp)

Chine : chute surprise des réserves de changes - Arnaud Rodier

Le Figaro, no. 20030 - Le Figaro Économie, mardi, 23 décembre 2008, p. 17

- C'est un signe évident de la dégradation de l'économie du pays. Les réserves de changes de la Chine, les plus importantes du monde, ont, pour la première fois depuis décembre 2003, diminué en octobre à moins de 1 890 milliards de dollars, alors qu'elles représentaient encore 1 906 milliards de dollars fin septembre. Les plus optimistes veulent y voir l'effet d'une hausse des investissements chinois à l'étranger. Mais les États-Unis, dont la Chine finance la dette extérieure, ont toutes les raisons de s'inquiéter au moment où ils mettent en place leur vaste plan de relance.

Hier, Pékin, qui veut alléger la charge de ses entreprises pour faciliter son propre plan de redressement, a annoncé la cinquième baisse depuis septembre de ses taux directeurs. Effective dès aujourd'hui, cette mesure réduit de 0,27 point de pourcentage le loyer de l'argent, ramenant à 5,31 % le taux d'intérêt sur les prêts à un an et à 2,25 % le taux sur les dépôts.

La banque centrale a également décidé de diminuer le taux des réserves obligatoires des banques d'un demi-point à partir de jeudi prochain, ce qui devrait libérer 30 milliards d'euros permettant d'assouplir la politique de crédit du pays et de soutenir l'économie chinoise.

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La troublante éclipse de Kim Jong-il - Philippe Pons

Le Monde - Analyses, mardi, 23 décembre 2008, p. 2

Quel que soit l'état de santé de Kim Jong-il, 66 ans, son absence ces derniers mois aux cérémonies officielles rappelle une réalité : comme tout homme, il est mortel. Son éventuelle incapacité à gouverner ou sa disparition sont des sujets forclos en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Aucune information n'a filtré sur sa santé, mais l'agence de presse officielle KCNA a diffusé, le 16 décembre, des photos du leader pour démentir les rumeurs sur sa maladie. Les experts de la RPDC à Séoul, qui explorent les arcanes du régime, admettent qu'ils savent peu de chose sur l'état de santé de « Soleil du XXIe siècle » et sur la formule de transfert de pouvoir en cas d'incapacité de sa part à gouverner.

« Les Chinois connaissent son état de santé mais même eux n'ont qu'une vague i dée du processus de succession s'il disparaissait », commente Andreï Lankov, professeur associé à l'université Kookmin à Séoul et spécialiste de la RPDC. Une incertitude d'autant plus pesante que la Corée du Nord dispose d'armes de destruction massive et qu'une éventuelle instabilité intérieure pourrait accroître les risques de prolifération horizontale. Une préoccupation qui explique que Séoul et Washington se sont efforcés de dédramatiser la question de l'état de santé de M. Kim.

Le raidissement de Pyongyang à l'égard de la Corée du Sud depuis la mi-novembre, après le bras de fer avec les Etats-Unis au cours de l'été, incite à penser qu'il n'y a pas de vacance du pouvoir. « Il est peu vraisemblable que le régime se soit lancé dans cette nouvelle phase de tension sans Kim Jong-il aux commandes », fait valoir Paik Haksoon, chercheur à l'Institut Sejong. Ces « mouli nets », ajoute-t-il, montrent indirectement que M. Kim « est toujours en état de décider ». « Une implosion du régime n'est pas à l'ordre du jour », estime le politologue Moon Chung-in de l'université Yonsei. « Même affaibli, Kim Jong-il peut continuer à gouverner comme Mao à la fin de sa vie », commente Jeong Se-hyun, ancien ministre (centre gauche) de l'unification. « Eventuelle ment, poursuit-il, un de ses fils peut deven ir le sym bole de la continuité, mais il n'aura pas l'autorité du père. »

Les analystes à Séoul jugent peu probable qu'une succession dynastique, comme celle de Kim Il-sung par Kim Jong-il, se reproduise. Aucun de ses trois fils (de deux femmes différentes) ne semble présenter les capacités requises. Deux sont trop jeunes et tous ont été éduqués à l'étranger : « Ils n'ont pas l'ascendant suffisant dans le parti et dans l'armée pour prendre les rênes du pouvoir », juge Ryoo Kihl-jae, politologue à l'Université des études nord-coréennes à Séoul. Comme la plupart des experts de la RPDC, il pense qu'en cas d'incapacité ou de décès de M. Kim, se mettra en place une direction collégiale. La Commission nationale de défense, organe suprême de l'Etat dans la Constitution de 1998, « continuera à exerce r le pou voir avec une figure symbolique représentant l'Etat », prévoit-il. Dans un second temps, une direction formée de civils et de militaires se mettra en place. Peu de changements sont à attendre dans les orientations politiques.

Parmi les personnalités qui pourraient exercer une influence, les experts sud-coréens écartent l'idée que la compagne actuelle de Kim Jong-il, Kim Ok (45 ans), qui fut sa secrétaire, pèse d'un grand poids. Son « influence tient à sa relation personnelle avec Kim Jong-il », avance Koh Yu-hwan, spécialiste de la RPDC à l'université Dongguk à Séoul : « En cas de disparition de celui-ci, el le risque de la perdre. » D'autres experts voient en elle une figure disposant d'un pouvoir réel autour de laquelle se cristalliserait une faction.

LES ATOUTS DE CHANG SUNG-TAEK

Les avis sont moins partagés sur le beau-frère de M. Kim, Chang Sung-taek (63 ans). « Il a trois atouts, estime Ryoo Kihl-jae, sa parenté avec la famille Kim, son ascendant sur le Parti du travail et ses liens avec l'armée : son frère est général, commandant de la garnison de Pyongyang. » « C'est l'homme qui peut le mieux concilier les intérêts de l'armée et du parti et il paraît vraisemblable que Kim Jong-il affaibli a recours à lui », ajoute Koh Yu-hwan. Technocrate, ayant étudié à Moscou, au fait de l'étranger (il est allé en Corée du Sud), Chang Sung-taek a retrouvé des fonctions importantes - la haute main sur les services de sécurité - après son limogeage en 2003. Depuis son retour, en 2006, il veut éradiquer la corruption.

Le développement d'une économie parallèle sur les cendres de l'économie planifiée a favorisé la corruption et entamé le contrôle du régime. Par cette tentative de reprise en main, celui-ci veut éviter que le pays ne sombre dans l'« illégalisme » de la Russie de Boris Eltsine au début des années 1990. Chang Sung-taek paraît devenu, de fait, le « numéro deux » du régime, en relayant les décisions validées par Kim Jong-il. Ses fonctions officielles sont moins déterminantes que ses liens avec le dirigeant. Le régime est dictatorial mais il n'a jamais été celui d'un homme seul : Kim Jong-il délègue au sein du cercle rapproché de ses collaborateurs. Dans ce cercle rapproché, Chang Sung-taek a une place privilégiée en raison de sa parenté avec M. Kim et il serait vraisemblablement la figure prépondérante d'une direction collégiale.

Ces scénarios comportent des inconnues. En dépit des évolutions sociales entraînées par l'émergence d'une économie de marché « par défaut », le régime tient toujours solidement en main le pays. Mais, « à la disparition de Kim Jong-il, la population pourrait être moins disposée à accepter les sacrifices qu'elle endure actuelle ment », estime Lee Young-il, président de l'Association culturelle Chine-Corée qui mène des activités humanitaires en RPDC. Un flottement du pouvoir pourrait aussi réveiller des appétits au sein de l'élite.

La communauté internationale n'est guère préparée à l'éventualité d'une instabilité en RPDC et elle s'en remettrait vraisemblablement à la Chine pour y faire face. Bien que Pékin soutienne le régime nord-coréen, les rapports entre les deux « pays frères » sont loin d'êtres amènes. Il existe en RPDC un ressentiment diffus à l'égard des Chinois qui profitent de ses faiblesses pour accaparer ses richesses. Pour M. Lankov, « une intervention de la Chine, sous une forme ou une autre, susc itera de fortes réactions nationalistes en RPDC ». « Quelle que soit la succession, si l'équipe au pouvoir contrôle le pays, la Chine s'en satisfera, ajoute-t-il. Si c'est le chaos, avec un afflux de réfugié s à ses por tes, elle a les moyens d'intervenir. » La Chine a quelque 100 000 hommes aux frontières.

Note(s) :

Courriel :
pons@lemonde.fr
Correspondant à Tokyo

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DISPARITION - Françoise Grenot-Wang, la sinologue

Le Monde - Carnet, mardi, 23 décembre 2008, p. 20

Françoise Grenot-Wang, 58 ans, une sinologue française installée en pays Miao depuis dix ans, et connue à travers les collines de rizières du nord du Guangxi (sud de la Chine) sous son surnom amical de « Fang-Fang », a péri dans l'incendie de sa maison en Chine, mardi 9 décembre au soir.

Elle avait consacré son énergie à la protection de la culture du peuple Miao et à l'éducation des filles de ce peuple. Par le biais de son association Couleurs de Chine, lancée en 1998, des milliers d'enfants Miao, des filles pour la plupart, ont pu être scolarisés. Françoise Grenot-Wang était fascinée par cette culture ancestrale qui a survécu aux persécutions et avait su se perpétuer sans écriture.

Par le biais de « Pays Miao », une structure séparée de l'association de parrainage, elle accueillait dans sa maison des visiteurs qu'elle initiait à cette culture, au gré de longues excursions sur les sentiers escarpés de forêts de pins ou à travers les rizières. Car nombre de ces villages ne sont encore accessibles qu'à pied.

Diplômée d'une maîtrise de chinois de l'Ecole des langues orientales, disant avoir été proche, dans sa jeunesse, du militantisme d'extrême gauche, elle avait d'abord eu de la Chine une image idéalisée. Elle a ensuite arpenté le pays en long et en large, comme guide interprète. C'est d'ailleurs comme interprète pour une équipe de Médecins sans frontières qu'elle est arrivée dans le Guangxi.

Malgré un caractère bien trempé et un franc-parler qui ne s'embarrassait pas de diplomatie, Françoise Grenot-Wang était devenue extrêmement populaire et très respectée pour son engagement en faveur des Miao, même auprès des autorités locales chinoises, avec qui elle avait pourtant eu maille à partir. « Les Miao sont deux fois plus nombreux que les Tibétains, mais il leur manque un dalaï-lama pour que l'on s'intéresse à eux », affirmait-elle volontiers.

Quand l'occasion se présentait, elle n'hésitait pas non plus à s'en prendre à certaines associations qui jouissent, selon elle, d'une couverture médiatique « démesurée » pour quelques dizaines d'enfants. Couleurs de Chine, en revanche, qui porte actuellement la charge de la scolarité de 5 500 enfants, n'est somme toute pas très connue.

Elle a publié Chine du Sud : la mosaïque des minorités (éditions Les Indes savantes, 2005) et Au coeur de la Chine, une Française en pays Miao (Albin Michel, 2007) et travaillait à un projet de film. Elle avait été nommée citoyenne d'honneur de Luzhou, deuxième ville de la province du Guangxi, et a été promue chevalier de l'ordre national du Mérite.

Depuis la nouvelle de son décès, des centaines de villageois affluent des montagnes vers les cendres de sa maison pour lui rendre hommage.

Note(s) :

17 décembre 1949 Naissance à Paris
1998 Monte l'association Couleurs de Chine
9 décembre 2008 Mort à Danian, région autonome Zhuang du Guangxi (Chine)

Florence de Changy

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« Les empereurs chinois ont tous les mains sales » - Brice Pedroletti

Le Monde - Economie, mardi, 23 décembre 2008, p. 13

(Shanghaï, correspondant) - Mettre en examen un da heng (« magnat », en chinois) est toujours bon en période de débâcle économique. Surtout si c'est pour délit d'initié et que les indices des Bourses de Shanghaï et de Shenzhen ont perdu près de 65 % de leur valeur depuis le début de l'année.

Depuis fin novembre et l'arrestation de Huang Guangyu, le fondateur du leader de la distribution Gome, les internautes chinois, dont beaucoup sont des boursicoteurs déplumés, s'en donnent à coeur joie : « Les empereurs chinois ont tous les mains sales », réagit ainsi l'un d'entre eux après l'interpellation de l'entrepreneur de 39 ans, longtemps l'homme le plus riche du pays et aujourd'hui numéro deux au classement du magazine Forbes. « Je ne l'ai jamais aimé, il a toujours été arrogant », écrit un autre. « Il a été sacrifié sur l'autel de la politique », nuance toutefois un troisième internaute.

Monté de Shantou, dans le Guangdong, à Pékin à l'âge de 17 ans pour y écouler tout un bric-à-brac électronique qu'on ne trouvait alors pas dans la capitale, Huang Guangyu reprend un magasin de vêtements d'Etat appelé Guo Mei (« Le joli pays »). Il y brade des produits électroménagers négociés à bas prix et accroît très vite ses ventes.

L'ascension de Huang Guangyu est typique de cette Chine qui fête aujourd'hui ses trente ans d'« ouverture ». Les succès actuels sont souvent le fruit d'une collusion entre pouvoirs publics et intérêts privés.

Le dossier contre Huang Guangyu ne contiendrait pas moins de sept chefs d'accusation et implique une demi-douzaine de sociétés aux liens complexes. Le magazine d'investigation économique Caijing, qui a consacré sa dernière couverture à la disgrâce de l'entrepreneur, a fourni quelques éléments sur ses possibles faux pas.

« C'est comme quand vous arrêtez un conducteur pour un alcootest et qu'il s'avère être un fugitif », a déclaré à Caijing l'un des enquêteurs. Car Huang Guangyu avait senti le vent du boulet, en 2006, quand, en pleine période de nettoyage du système bancaire, il a été épinglé pour un prêt de 1,3 milliard de yuans (135 millions d'euros) qu'il aurait contracté avec son frère auprès de la Bank of China dans les premières années de Gome, mais jamais complètement remboursé.

A plusieurs reprises, il a même tenté de faire racheter par des proches, au rabais, le reste de sa dette, soit 400 millions de yuans, qui avait été récupéré par une structure de défaisance. La tactique, peu glorieuse pour l'homme le plus riche de Chine, échoue, mais l'enquête n'aura pas de suites.

Le magnat, soupçonne le magazine Caijing, s'est alors mis en tête de redorer son image auprès des autorités tout en accumulant des terrains pour des projets immobiliers : il se porte acquéreur de la société Centek, qui gère le parc high-tech de Zhongguancun à Pékin et dont la filiale de construction Cencons a remporté - ce qu'omettent de mentionner les médias - le marché du centre olympique de Wukesong. Huang Guangyu, qui doit éponger une dette importante, bénéficie alors de la multiplication par six du prix de l'action de la société, ce qui alerte les autorités de régulation...

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DERNIER CHIFFRE DE CHINE - La Chine relève son seuil de pauvreté

Le Figaro, no. 20031 - Le Figaro Économie, mercredi, 24 décembre 2008, p. 19

SOCIAL. Le gouvernement, face au ralentissement de la croissance, a relevé le seuil à partir duquel les Chinois peuvent bénéficier des programmes d'aide officiels de 785 yuans (82 euros) à 1 100 yuans (115 euros) par an. Mais il reste très inférieur aux critères de la Banque mondiale qui fixe le seuil de pauvreté à 327 euros par an.

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Les jouets « made in China » - Liu Kaiming, un pionnier dans l'audit social

La Croix, no. 38241 - Evénement, mardi, 23 décembre 2008, p. 2

Un chapeau de paille à la main, un paysan, au visage terreux et buriné par le soleil, s'approche de Liu Kaiming. Ce dernier est sensiblement mieux habillé que son interlocuteur, dont la chemise de toile et le pantalon de jute beige sont couverts de griffures vertes infligées par les cannes à sucre qui recouvrent les champs alentour. Mais son large sourire et ses remarques innocentes le mettent immédiatement à l'aise. Après avoir parlé de la pluie qui tombe depuis quelques jours et des nuages qui obscurcissent le ciel, il demande combien de paysans vivent dans le village, les quantités récoltées ces dernières semaines, s'ils sont parvenus à écouler leurs récoltes, à quel prix et auprès de quelle entreprise. Le paysan l'accompagne ensuite dans une maison voisine où il pourra discuter avec d'autres villageois.

Liu Kaiming a fondé en 2001 l'Institut d'observation contemporaine (IOC), dont il est aujourd'hui le directeur. C'est la seule organisation non gouvernementale chinoise à travailler dans l'audit social. « Je suis contacté par des entreprises pour inspecter d'autres sociétés avec qui elles désirent coopérer, explique ce quadragénaire. Mon objectif n'est pas de savoir si leurs comptes sont équilibrés. Je dois découvrir si les conditions de travail des employés sont conformes à la législation, s'ils sont payés en temps et en heure, s'ils ne sont pas forcés de réaliser des heures supplémentaires non ou mal payées, si les cotisations sociales sont bien versées par les employeurs, etc. »

Basée à Shenzhen, l'IOC opère principalement dans le « delta des perles », la région qui s'étend autour de Canton et Shenzhen, où se situe la plus grande concentration mondiale d'industries à faible valeur ajoutée. La main-d'oeuvre, composée de migrants, ces ruraux montés en ville afin de gagner de l'argent pour leurs familles, est particulièrement vulnérable en raison de sa méconnaissance des droits du travail. « Je me suis spécifiquement intéressé à eux car de nombreux habitants du village où je suis né sont partis travailler en ville, explique Liu Kaiming. J'ai donc appris de façon directe ce qu'ils enduraient. Cette expérience m'a resservi lorsque je suis devenu journaliste à Shenzhen, et que j'ai commencé à longuement travailler sur ces dossiers à partir de 1998. »

Aujourd'hui, les clients d'IOC portent les noms de Nike, Adidas, Reebok, Burberry, Timberland ou... l'agence française Promotion et participation pour la coopération économique. « Les entreprises chinoises ne possèdent pas de charte sur les conditions de travail comme leurs homologues étrangères, explique-t-il, un regret dans la voix. Quasiment toutes sont d'anciennes sociétés d'État. Elles n'ont jamais respecté la législation et ne voient pas pourquoi elles devraient le faire aujourd'hui. L'autre raison de leur manque d'intérêt réside dans l'inaccessibilité des critères mis en place par le gouvernement. Pour faire bonne figure, il a édicté des législations très strictes, parfois bien plus strictes qu'en Occident. Du coup, le fossé entre la réalité et la loi démoralise les entrepreneurs chinois. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les groupes étrangers me demandent souvent que soient respectées les normes internationales, qui représentent un premier pas vers l'amélioration des pratiques actuelles. »

Les conséquences des rapports d'audit pouvant être capitales pour les sociétés inspectées, celles-ci facilitent rarement la tâche des 28 employés d'IOC, dont 16 à temps partiel. « Généralement, elles nous cachent leurs vrais chiffres, compliquent notre travail et nos rencontres avec leurs travailleurs », assure avec un petit sourire Liu Kaiming. Cela ne l'empêche pas de poursuivre sa mission, allant de Yuanyang à Shanghaï, en passant par Djakarta et Mexico pour apprendre d'expériences similaires.

Tristan de BOURBON

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Pékin s'apprête enfin à attribuer ses licences mobiles 3G

Les Echos, no. 20327 - Technologies de l'information, mardi, 23 décembre 2008, p. 18

Le gouvernement chinois estime que les trois opérateurs devraient dépenser 30 milliards d'euros dans leurs réseaux. Ce sont les fabricants locaux comme Huawei et ZTE qui sont les mieux placés pour en profiter.

Après des années d'atermoiements, Pékin s'apprête enfin à attribuer les fameuses licences de téléphonie mobile de troisième génération (3G). Permettant de proposer des services plus rapides et plus complets, elles devraient être distribuées aux opérateurs dès le début de l'année prochaine, ont indiqué les autorités locales. Avec l'Inde, la Chine est l'un des derniers grands marchés à sauter le pas de la 3G.

Cette information fait suite à la grande réorganisation du secteur lancée en mai dernier par le gouvernement. Pékin avait alors décidé de fusionner ses six grands opérateurs pour faire émerger trois champions proposant à la fois de la téléphonie fixe et mobile. Ainsi, China Mobile, le leader du mobile, devait prendre le contrôle d'un petit opérateur de ligne fixe, tandis que China Telecom, qui n'a pas de réseau mobile, devait racheter une partie de celui de China Unicom. Ce dernier devait être démembré pour se rapprocher de China Netcom.

Réponse à la crise

En attribuant ces licences 3G, Pékin entend aussi apporter un début de réponse à la crise économique. Car les opérateurs télécoms devraient multiplier les investissements. Le ministre de l'Industrie et des Technologies de l'information, Li Yizhong, estime que les trois acteurs devraient dépenser pas moins de 280 milliards de yuans (30 milliards d'euros) dans la 3G au cours des deux prochaines années, selon des propos rapportés hier dans le « Wall Street Journal ». L'été dernier, China Telecom avait dit vouloir investir plus de 80 milliards de yuans (8 milliards d'euros) dans son réseau mobile en trois ans, tandis que China Unicom avait évoqué des investissements de 100 milliards de yuans (10 milliards d'euros) en trois ans.

Evidemment, les équipementiers télécoms occidentaux comme Ericsson, Nokia Siemens Network et Alcatel-Lucent espèrent mettre la main sur une partie de ce juteux marché. Depuis des années, ils multiplient les investissements en Chine pour profiter du dynamisme du marché mobile et être au mieux avec les opérateurs en vue du lancement de la 3G. Mais les équipementiers qui tireront les marrons du feu seront probablement les chinois, au premier rang desquels Huawei et ZTE. Selon le cabinet de consultant BDA, basé à Pékin, la part belle leur sera faite dans les contrats d'infrastructures, notamment pour ceux répondant au standard chinois TD-SCDMA. Les fabricants occidentaux devraient, eux, capter moins de la moitié des investissements consentis par les opérateurs chinois.

FREDERIC SCHAEFFER

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lundi 22 décembre 2008

EN IMAGES - 30 photos du Xinjiang - Aric Mayer

Les 30 plus belles photos de Aric Mayer au Xinjiang, prises en 2004.
PHOTO : A 59 feet tall statue of Chairman Mao dominates the square in the center of Kashgar. Development in Kashgar has been the same as in much of the rest of rural China. Much of the town has been torn down to make way for broad boulevards and big squares in the fascist tradition of architecture. The poorest sections of town are left alone. What is left of the original culture is often turned into theme park like tourist attractions.



































PHOTO : Aric Mayer / 2004