jeudi 29 novembre 2007

Sarkozy en Chine - Erik Izraelewicz

Les Echos - Blog - L'analyse d'Erik Izraelewicz, mercredi, 28 novembre 2007

Après une visite d’Etat de trois jours et un programme bien rempli, Nicolas Sarkozy est revenu cette nuit de Chine. Bilan de ce voyage.
Une belle moisson, une superbe récolte. 20 milliards de grands contrats. Areva, Airbus, Alstom, chacun ravi. Un triple A. Bilan donc à priori magnifique. Quelques bémols pourtant. Ces grands contrats sont, pour certains, de vieilles affaires, des dossiers en négociation depuis des années. Ils ont enfin abouti. Une manière, côté chinois, de faire plaisir au nouvel empereur français !

Pour les décrocher, les industriels tricolores ont dû faire néanmoins des cadeaux qui risquent, à terme, de leur coûter cher. Des ristournes sur les prix. Des transferts massifs de technologie. Pour les centrales nucléaires comme pour les avions. Et puis, surtout, ces grands contrats, c’est un peu un rideau de fumée. Ils cachent une réalité un peu moins heureuse. Sur les véritables contentieux, la sous-évaluation du yuan, la copie des marques et brevets, la contrefaçon, le respect des contrats, voire Schneider et Danone, Paris n’a rien obtenu de substantiel sinon quelques belles paroles verbales - qui n’engagent à rien et, bien sûr, de courtois sourires.

Le président français a pourtant tout fait pour ne pas froisser ses interlocuteurs, c’en est même spectaculaire ! Nicolas Sarkozy a, dans ce voyage, revêtu les habits de son prédécesseur, Jacques Chirac. Sur le Tibet, Taïwan, la levée de l’embargo sur les armes, voire les droits de l’homme, sur tous ces sujets sensibles, il a pris le parti de Pékin. La realpolitik, dira-t-on. Les communistes chinois avaient quelques appréhensions sur le nouveau président français : ils ont découvert, ravis, un enfant de Chirac ! La presse chinoise s’en réjouit, ce matin. Nicolas Sarkozy, le candidat, n’avait pourtant pas manqué, à l’époque, de critiquer cette attitude. A juste titre. L’Allemagne, les Etats-Unis ou le Japon n’hésitent pas à dire aux Chinois leur quatre vérités, à leur faire part de désaccords profonds, ils font bien plus de commerce avec la Chine que nous ! En fait, la Chine, grande puissance, ne respecte que les grandes puissances. Ce n’est pas la France, seule, qui peut la faire bouger, c’est, pour nous, l’Europe. Quand il était en campagne, Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs suggéré que son premier voyage en Chine, il le ferait avec deux grands dirigeants européens, la chancelière allemande et le premier ministre britannique, manière de bien montrer à Pékin que l’Europe existe, qu’elle est une véritable puissance, qu’elle parle d’une même voix. Dommage qu’il ait renoncé à cette belle idée !

mercredi 28 novembre 2007

Avec Pékin, Paris tente de poser les jalons d'une diplomatie du donnant-donnant - Natalie Nougayrède

Le Monde - International, jeudi, 29 novembre 2007, p. 5

Lors de son premier voyage présidentiel en Chine, du 25 au 27 novembre, Nicolas Sarkozy a tenté de poser les jalons d'une diplomatie du donnant-donnant avec Pékin. L'un des principes de sa politique, a-t-il répété, sera la " réciprocité ". SUITE

20 clés pour comprendre l'économie du Québec en 2008 - Aude Perron

20 Adieu, G7 ? (extrait Chine)
Après les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), voici les N-11 (pour Next Eleven). Selon la société d'investissement Goldman Sachs, le Bangladesh, la Corée du Sud, l'Égypte, l'Indonésie, l'Iran, le Mexique, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la Turquie et le Vietnam seront les prochaines économies qui émergeront d'ici 2050. La maison de courtage américaine soutient même que les économies de la Corée (13e), du Nigeria (12e) et de l'Indonésie (11e) dépasseront celle du Canada (15e) ! LIRE TOUT L'ARTICLE

Le pape Benoît XVI renonce à recevoir le dalaï-lama

Le Monde - International, mercredi, 28 novembre 2007, p. 6
Le dalaï-lama ne sera pas reçu en audience par Benoît XVI au cours de la visite que le chef des Tibétains en exil devrait effectuer en Italie à la mi-décembre. Une rencontre avait été - officieusement - annoncée le 31 octobre. Depuis, le Vatican y a renoncé en raison des pressions chinoises, à un moment où le pape cherche à renouer des relations avec Pékin et à améliorer la situation des catholiques de Chine. Les autorités chinoises avaient aussitôt réagi en souhaitant que le Vatican ne fasse " rien qui puisse blesser les sentiments de la population chinoise ", mais, au contraire, montre " de la sincérité dans l'amélioration des rapports avec la Chine ". Le dalaï-lama avait déjà rencontré Benoît XVI au Vatican, le 13 octobre 2006.

lundi 26 novembre 2007

DIPLOMATIE - Paris souhaite rééquilibrer les échanges commerciaux sans trop flatter Pékin

Le Monde - A la Une, mardi, 27 novembre 2007, p. 1

A l'occasion de sa première visite en Chine depuis son élection, Nicolas Sarkozy a semblé vouloir changer la tonalité des relations avec Pékin, lundi 26 novembre, tournant la page du soutien ostentatoire qu'exprimait habituellement Jacques Chirac à l'égard de la puissance émergente chinoise. Les impératifs commerciaux continuent néanmoins de marquer cette relation franco-chinoise, comme l'illustre la signature pour près de 20 milliards d'euros de contrats, dont une grosse commande d'Airbus (160 appareils), et la vente par la France de deux réacteurs nucléaires de type EPR.

Les notions de " monde multipolaire " et de " partenariat stratégique et global entre la France et la Chine ", socles de l'approche de M. Chirac saluant l'avènement d'un potentiel contrepoids chinois à la puissance américaine, étaient absentes du propos de M. Sarkozy. Ce dernier a en revanche fixé les principes d'une relation " harmonieuse " avec la Chine, selon l'épithète employée par l'Elysée.

A l'issue de ses premiers entretiens avec le président Hu Jintao, le chef de l'Etat s'est exprimé devant la presse dans l'enceinte du Palais du peuple, au côté de son homologue. Il a demandé avec insistance que la Chine assume les responsabilités qui lui incombent dans le traitement des grands dossiers internationaux, comme le réchauffement climatique, les tensions monétaires, l'Iran, le Darfour, l'aide au développement de l'Afrique, la Birmanie.

A propos des droits de l'homme, tout en prenant note de " progrès " dans ce domaine depuis une trentaine d'années, M. Sarkozy a exprimé " l'attachement de la France à des progrès supplémentaires " en la matière.

La veille, devant des chefs d'entreprise français, il avait évoqué le " rôle essentiel de la Chine sur la scène économique mondiale ". Selon lui, le statut d'un pays qui " modifie par sa seule existence les équilibres du monde (...) implique des droits, mais aussi des responsabilités, c'est-à-dire des devoirs ". M. Sarkozy a par ailleurs fait état de potentiels désaccords avec Pékin, notamment à propos de l'" extraordinaire défi " représenté par la voracité chinoise en matière d'approvisionnement énergétique. Un " défi qui peut nous opposer comme il peut nous unir ", a-t-il prévenu.

Lors d'un dîner restreint en compagnie de son hôte, le président Hu Jintao, le chef de l'Etat a plaidé pour une appréciation de la monnaie chinoise, la faible valeur du yuan ne cessant de creuser les déficits commerciaux. C'est à ce sujet que les divergences ont été les plus marquées entre les deux hommes, lors d'un dialogue qualifié, de source française, de " chaleureux et naturel ".

Le président français a, durant son discours devant les hommes d'affaires, prévenu la Chine qu'elle avait " tout intérêt au respect des règles du jeu du commerce mondial ". Il a mis en avant le " principe de réciprocité " que devrait respecter Pékin à propos des investissements étrangers. Nicolas Sarkozy a fait de l'environnement un thème fort de son voyage, alors que la Chine est en passe de devenir le plus grand émetteur de gaz carbonique dans le monde, devant les Etats-Unis. " La croissance chinoise ne doit pas et ne peut pas se faire au prix d'une dégradation de l'environnement mondial ", a-t-il remarqué.

Le nouveau dialogue avec Pékin se veut incisif, mais sans verser dans la confrontation et reprend des éléments de l'héritage chiraquien. M. Sarkozy a ainsi assuré son interlocuteur que la France restait partisane d'une levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes à la Chine, imposé au lendemain du massacre de Tiananmen, en 1989. Sur Taïwan, M. Sarkozy est aussi resté dans la continuité chiraquienne en dénonçant comme un " initiative unilatérale injustifiée " le projet de référendum sur le retour de l'île à l'ONU que le président Chen Shui-bian veut organiser en 2008. Quant au Tibet qui, a réitéré M. Sarkozy, " fait partie de la Chine ", le président français s'est contenté d'encourager le "dialogue entre les émissaires du dalaï-lama et les autorités chinoises ".

Le voyage de trois jours de M. Sarkozy a commencé, dimanche, par une visite, à X'ian, à " l'armée enterrée " du premier empereur Qin Shihuangdi. Le changement de ton à l'égard de Pékin avait filtré, fin août, lors d'un discours du président Sarkozy devant des ambassadeurs réunis à Paris. La Chine " transforme sa quête insatiable de matières premières en stratégie de contrôle, notamment en Afrique ", avait-il déclaré. Constatant que " le monde est devenu multipolaire ", il avait regretté que " cette multipolarité dérive plutôt vers le choc de politiques de puissance ".

Natalie Nougayrède et Bruno Philip

Sarkozy en Chine, le retour de la diplomatie des contrats - Pierre Haski

Rue 89 - dimanche, 25 novembre 2007
Anne Lauvergeon et/ou Rama Yade? Ainsi peut-on, en caricaturant à peine, résumer l'enjeu de la visite que Nicolas Sarkozy entame dimanche en Chine. Anne Lauvergeon est la patronne d'Areva, qui devrait signer au cours de ce voyage un important contrat nucléaire en Chine; Rama Yade est la Secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, privée de déplacement en Chine alors qu'elle avait voyagé avec le Président à Washington! SUITE


vendredi 23 novembre 2007

RETRANSCRIPTION AUDIO - La Chine est notre problème - Alexandre Adler

France Culture - Chronique internationale, vendredi, 23 novembre 2007

Lorsque la Chine ouvre une centrale nucléaire et ferme une centrale à charbon, ce n’est pas seulement à elle qu’elle rend service, mais à l’humanité toute entière. La Cina è vicina, comme disait Marco Bellocchio dans la belle époque des années 68, la Chine est notre voisine. Elle l’est aujourd’hui beaucoup plus qu’elle ne l’était à l’époque.

Ne parlons pas de l’avion, seul George Pompidou avait eu le privilège de survoler la Sibérie pour se rendre à Pékin. Aujourd’hui, c’est tous les jours et cela raccourcit tellement l’écart temporel entre Pékin et Paris – si vous prenez un avion de Pékin à 13h20, vous êtes à 15h à Paris, bien sûr, il y a les fuseaux horaires – mais cela donne le sentiment de proximité. Or, cette proximité nous touche directement sur le plan de l’environnement. C’est simple, si la Chine continue dans la politique qui est la sienne, avec la croissance qui est la sienne et la productivité qui est la sienne, nous allons êtres enfumés à l’échelle mondiale. Et, d’un autre côté, pour ceux qui vont conseiller aux Chinois d’adopter un mode de vie austère qui les rapproche de l’idéal confucéen et les (?) de l’industrie, comme dirait le général de Gaulle « on leur souhaite bien du plaisir ».

En fait, la situation est toute simple. La Chine doit à la fois avancer sur le plan de la productivité, sur le plan de la propreté et sur le plan de la diversification. Et ce n’est pas un problème qui est chinois maintenant, mais mondial.
Propreté : il y a énormément à faire, notamment pour produire à partir du charbon qui est devenu la principale ressource chinoise de l’énergie, dans des conditions un peu meilleures. Ce n’est pas impossible que la Chine absorbe, dans les années qui viennent, des brevets en ce genre qui changeront les perspectives.
Diversification : la Chine doit acheter du pétrole et du gaz un peu partout. Il est souhaitable qu’elle arrête d’avoir cette politique qui ressemble à celle de l’Aramco américaine des débuts des années 50, de rentrer dans un pays et de chercher à en acheter 80% de la production. C’est à la fois déstabilisant et enfantin. Petit à petit, les Chinois verront la lumière. Si on laissait leurs entreprises investir dans des sociétés occidentales, ce que l’on ne fait pas aujourd’hui, ça irait peut-être mieux.

Mais, l’essentiel, c’est d’arriver à une production d’énergie propre immédiate, et au risque de choquer beaucoup de nos auditeurs vert – alors que je parle de l’Empire jaune et d’un pouvoir rouge – la principale énergie propre est le nucléaire. Or, dans ce domaine, la France qui marque le pas dans les exportations vers la Chine a un avantage qui est installé depuis les années 70, avec la grande centrale de Taipa, à côté de Canton, que EDF a construite. Et la France maintient son avantage technologique grâce à Areva. C’est la raison pour laquelle le point d’orgue de la visite de Nicolas Sarkozy à Pékin devrait être la vente de 2 centrales nucléaires supplémentaires, avec des réacteurs EPR. On sait que le débat avec les Chinois a été sur le transfert des technologies, car on sait bien que le gouvernement chinois voudrait faire des one shot : acheter un exemplaire chaque fois d’un élément technologique avancé en Occident et le reproduire chez lui. C’est inévitable, mais il faut savoir où tombe le curseur.

Cela dit, il est évident qu’une attitude responsable qui se projette un peu dans le futur vers la Chine est d’aider les Chinois et de leur faciliter l’accès à toutes les technologies énergétiques qui sont à des coûts raisonnables et il faut abaisser encore ces coûts, car lorsque la Chine ouvre une centrale nucléaire et ferme une centrale à charbon, ce n’est pas seulement à elle qu’elle rend service, mais à l’humanité toute entière.

Alexandre Adler

Les entreprises françaises espèrent signer près de 10 milliards d'euros de contrats - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20053 - International, vendredi, 23 novembre 2007, p. 7
Si aucun contrat n'est emporté par les chefs d'Etat lors de leur passage à Pékin, les visites présidentielles sont l'occasion de redonner du rythme à certaines négociations menées par les industriels. Les groupes français implantés en Chine ont ainsi profité de l'annonce de l'arrivée, dimanche en Chine, de Nicolas Sarkozy pour presser leurs partenaires de finaliser plusieurs accords. Si certaines négociations vont, comme c'est la coutume en Chine, se poursuivre jusqu'à la veille de la cérémonie de signature, programmée lundi prochain, le chef de l'Etat français pourrait déjà espérer signer près de 10 milliards d'euros de contrats. SUITE

jeudi 22 novembre 2007

Le "Viagra aux fourmis" ruine des milliers de Chinois - Pierre Haski

Rue 89 - jeudi, 22 novembre 2007
Voilà une histoire malheureuse qui fait partie des aléas du capitalisme sauvage à la chinoise: des dizaines de milliers de Chinois se sont saignés pour élever des fourmis afin de produire un aphrodisiaque qui devait les enrichir. Jusqu'à ce que tout s'écroûle et les laisse sans le sou. SUITE

RETRANSCRIPTION AUDIO - Une menace bien cachée en Chine - Alexandre Adler

France culture - Chronique internationale, jeudi, 22 novembre 2007

-Bonjour Alexandre!
-Bonjour Ali!
-Ce matin, une menace bien cachée en Chine…
-Oui. Étant donné que l’actualité internationale nous laisse un petit répit, j’en profite pour faire ma chronique sur un de ces points obscurs que les aléas de l’actualité quotidienne nous empêchent de voir, alors qu’ils sont fort intéressants.

À Pékin, en ce moment, le chantier des Jeux Olympiques est en train de s’achever sur un véritable triomphe architectural. On peut aimer ou moins aimer ces tours absolument monstrueuses, cet urbanisme qui fait penser aux romans de science-fiction du début du XXe siècle. Il n’empêche que la Chine a gagné son pari sur le plan de l’architecture, de l’aménagement urbain et qu’elle se prépare à remporter une très grande victoire de propagande avec les Jeux Olympiques cet été. Seulement, en même temps, des nouvelles un peu contradictoires nous parviennent de Chine qui euh qui craquèlent un peu ce beau miroir que nous tend la capitale de la République populaire. Et en particulier, un phénomène social tout à fait nouveau et relativement peu connu : la rébellion militaire.
En effet, précisément parce que la Chine devient une puissance militaire, elle diminue ses effectifs considérablement. On sait que le service militaire a été supprimé, à peu près officiellement, une vingtaine d’années et cette armée de volontaires est encore beaucoup trop nombreuse, avec des unités d’infanterie qui n’ont aucun caractère opérationnel. Donc, petit à petit, chaque année, le ministère de la défense décide d’une compression des effectifs au profit du matériel.
Le résultat est qu’il existe en suspension dans la société chinoise pas moins de 20 millions, je dis 20 millions, évidemment avec 1'300'000'000 de personnes, cela n’est pas si important que cela, d’anciens militaires.
Alors, ceux qui sont d’origine urbaine sont plus ou moins recasés. On oblige les entreprises d’État qui ont licencié beaucoup de personnel à prendre ces militaires en semi-retraite. Elles le font plus ou moins bien, mais elles le font.
En revanche, le problème, c’est celui des nombreux soldats d’origine paysanne (la troupe, les sous-officiers). Et ceux-là reviennent à la campagne où il n’y a plus rien à faire pour eux. Où les progrès de productivité, les transformations de la campagne ont depuis longtemps laissé pour compte les emplois qu’exerçaient leurs parents. Voici donc des gens qui sont souvent au chômage, élevés dans une idée patriotique très forte, avec le sentiment que la Chine doit être grande et qu’elle doit lutter contre la corruption. Des groupes, des syndicats d’anciens soldats naissent un peu partout. Des manifestations ont eu lieu. Et surtout, ce que craint le plus le Parti communiste chinois, naît lui-même d’un grand mouvement militaire – « le parti commande au fusil » enfin le fusil compte beaucoup dans l’idéologie de la Chine révolutionnaire – c’est que ces anciens militaires représentent les cadres pour toutes ces petites insurrections, ces petites jacqueries qui parsèment aujourd’hui la campagne chinoise dans un bouleversement que le pays n’a jamais connu (11% de croissance en moyenne), ces huit dernières années.
Donc, en fait, nous ne sommes pas encore, heureusement, à une insurrection généralisée, nous ne sommes même pas à un type du genre Tian’An Men. Mais, ce phénomène fait partie des inquiétudes très nombreuses, qui derrière la façade très brillante continue à assaillir les dirigeants communistes chinois et qui n’ont rien à voir avec les affres de la mondialisation, ou plutôt en sont le contrecoup.

Le dalaï-lama songe à assurer sa succession, de son vivant - Bruno Philip

Le Monde - vendredi, 23 novembre 2007
En visite au Japon, le dalaï-lama a déclaré qu'il envisageait de trouver de son vivant les moyens de se nommer un remplaçant. Cette éventualité risque de provoquer la controverse : elle remettrait en cause le principe pluricentenaire du processus de succession de la principale autorité tibétaine, depuis que le premier titre de dalaï-lama fut décerné à Seunam Gyamtso, en 1578, par le roi mongol Altan Khan. SUITE

Les paravents chinois - Françoise Crouïgneau

Les Échos - Idées et débats, jeudi, 22 novembre 2007
De plus en plus chatoyants, les paravents chinois semblent désormais nous préserver des vents mauvais venus du ralentissement de l'économie américaine, limiter les dérives de la Corée du Nord ou de la Birmanie. Ils masquent aussi une bonne part d'ombres, anciennes ou nouvelles.

Le prochain Mozart sera chinois... Si l'on en croit les calculs de probabilités, il est de fait possible que le prochain génie de la musique nous vienne de l'empire du Milieu et de ses 1,3 milliard d'habitants. Et pourquoi pas le prochain Einstein ? L'hypothèse d'une révolution musicale ou scientifique venue d'Asie tient encore de l'irréel statistique. Elle conforte pourtant les fantasmes nés d'une cascade bien tangible de chiffres plus impressionnants les uns que les autres : PetroChina détrônant Exxon en tête des capitalisations mondiales, une croissance de plus de 11 % que rien ne semble devoir arrêter, un réservoir de main-d'oeuvre et de consommateurs sans égal, une force de frappe monétaire de 1.400 milliards de dollars suffisante pour s'offrir les plus beaux fleurons de la terre... De plus en plus chatoyants, les paravents chinois semblent désormais nous préserver des vents mauvais venus du ralentissement de l'économie américaine, limiter les dérives de la Corée du Nord ou de la Birmanie. Ils masquent aussi une bonne part d'ombres, anciennes ou nouvelles.

La scène politique en donne un exemple sans pareil. Le 17e congrès du Parti communiste était censé, fin octobre, consacrer le président Hu Jintao, imposer un dauphin et ouvrir les portes du pouvoir aux « quinquas » anglophones ouverts au grand large du capitalisme mondial. Pari à demi gagné ou perdu, au choix. Car, si Hu Jintao s'est débarrassé des affidés les plus encombrants de son prédécesseur, Jian Zemin, il n'a pu faire admettre Li Keqiang comme successeur désigné, et, surtout, il devra compter avec les « princes régionaux » qui lui mèneront la vie dure si des réformes mettaient à mal des intérêts parfois très personnels. En revanche, comme l'a souligné Willy Lam, un fin connaisseur des arcanes politiques chinois, si 29 hommes d'affaires sont entrés au comité central, « pas un ouvrier, pas un paysan » n'en a franchi les portes. Les promesses du président Hu de mettre « le peuple au premier rang » de ses priorités seraient-elles aussi fallacieuses que son ode à la démocratie, citée... 60 fois durant son discours d'ouverture du congrès ?

Lors du symposium sur le monde chinois réunissant à Hong Kong tout ce que la France compte d'acteurs impliqués dans la région, ministres, ambassadeurs, chefs de missions économiques, chambres de commerce, conseillers du commerce extérieur, tous les participants l'ont confirmé. S'il évolue, le parti peine à suivre le chambardement qu'implique l'essor économique chinois. Certes, les 10 millions de chefs d'entreprises privées ont, dans leur majorité, accepté de rejoindre les rangs du parti. Un mariage de convenance si l'on en juge par leur unique représentant au comité central alors que la nouvelle aristocratie du PC réunit le gotha du secteur public, de PetroChina à China Telecom. Les mauvaises langues ne manquent pas de rappeler qu'à elles seules 160 grandes entreprises, où se pratique un népotisme croissant, représentent des avoirs évalués à 1.600milliards de dollars. Leurs bénéfices ont représenté plus de 93 milliards de dollars l'an dernier. Certes, ces chiffres valent ce que valent leurs comptes opaques. Mais ils donnent une idée de l'importance des jeux de pouvoir et d'argent qui passent par leurs réseaux.

Il serait pourtant faux d'en conclure que la modernisation de la Chine n'est qu'un théâtre d'ombres. A l'abri de paravents indéchiffrables pour nombre d'Occidentaux, le débat politique est bel et bien ouvert. Sur la façon de gérer les inégalités nées de la prospérité des provinces côtières et qui gagnent, de proche en proche, les immenses villes champignons. Sur la corruption aussi, impossible à masquer en ces temps d'Internet, sur la santé, l'éducation. Et bien sûr, en cette veille de JO de 2008, sur la sauvegarde de l'environnement, un mot d'ordre qui résonne désormais dans tout le pays.

Les excellents experts dont dispose la Chine testent, au sein de « think tank » réputés, des hypothèses longtemps incongrues. Ainsi de l'urgence de la mise en place d'un filet de sécurité sociale pour calmer l'amertume des oubliés de la croissance. Et redonner confiance à des consommateurs contraints de surépargner pour assurer leur santé, l'éducation des enfants, leurs retraites. Cette approche pourrait constituer une réponse aux deux casse-tête de Pékin : mettre en place une société plus « harmonieuse », moins déséquilibrée et moins lourde de menaces sociales et politiques ; dépasser la polémique sur la réévaluation du yuan en cherchant une voie dépendant moins des exportations et plus de la consommation interne.

Las. En cette période d'accélération des horloges économiques, les temps restent lents entre la réflexion et l'action au sein de ce pays multimillénaire. Si un gourou de Hong Kong a pu en faire frémir plus d'un en appelant à jouer un yuan qui « doublera, voire triplera dans les années à venir face au dollar », des financiers commencent à s'inquiéter de voir Pékin régler à sa façon le ballet des introductions en Bourse pour favoriser un rééquilibrage en faveur de Shanghai ou de Shengzen. A l'encontre du laisser-faire qui a fait la célébrité de l'ancienne colonie britannique.

Se concentrer sur les seuls maux que cachent les paravents chinois serait pourtant de courte vue. Un retour sur image tend à le prouver. Comme le rappelait le président du comité national des conseillers du commerce extérieur Bruno Durieux, le premier « Monde chinois » organisé il y a quinze ans faisait la part belle aux « Dragons » qu'étaient alors Singapour et Taïwan, la croissance d'une Chine qui s'éveillait grâce à Deng Xiaoping étant jugée alors « artificielle ». Les participants au symposium suivant prédisaient une « explosion sociale ». Il y a quatre ans, la tendance était à l'inquiétude sur la façon dont l'ogre chinois allait dévorer le monde. Cette fois, le maître mot a plutôt été d'apprendre à « jouer avec la Chine ». Tout un programme.

Car, comme l'a souligné l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, tout dépendra des choix de Pékin pour s'insérer sur la scène internationale comme une puissance « dure » ou « douce », de sa volonté ou de sa capacité à intégrer ses nouveaux droits et ses nouvelles responsabilités. Mais aussi de l'idée que se font les autres de son avènement. Menace ou opportunité ? Client ou concurrent, partenaire à part entière ou allié occasionnel ? Une seule chose est sûre. La fin du monopole occidental a sonné. Une nouvelle aventure commence où chacun doit se faire respecter de l'autre. A commencer par les Européens, encore bien discrets et désarçonnés pour y parvenir.

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Françoise Crouïgneau est rédactrice en chef international des "Échos"

INTERVIEW - L’essor des relations économiques Inde-Chine - Françoise Lemoine

France Culture - Les enjeux internationaux, mardi, 20 nevembre 2007
Chine et Inde se sont régulièrement regardé comme des adversaires potentiels, l’Inde ayant même précisé en 1998, lors de la reprise de ses essais nucléaires, qu’elle ne pouvait exclure un éventuel affrontement avec Pékin.
Pourtant, depuis quelques années, on assiste non seulement à un rapprochement diplomatique – on parle communément de réchauffement –, mais aussi à une lente montée en puissance des échanges économiques, qui partent de peu il est vrai. Bref, quelle signification économique donner à ces nouvelles relations. SUITE

Françoise Lemoine est chercheur au CEPII et spécialiste de l'économie chinoise.

Diplomatie, une nouvelle stratégie allemande - Daniel Vernet

Le Monde - International, jeudi, 22 novembre 2007, p. 7
Berlin veut cesser de donner la priorité à la Chine dans ses relations avec l'Asie. La chancelière allemande, Angela Merkel, prépare un infléchissement de la politique asiatique de l'Allemagne. La tension entre Berlin et Pékin n'en est pas la cause mais plutôt la conséquence. Les autorités chinoises ont annulé plusieurs manifestations bilatérales prévues pour cet automne à la suite de la réception par Mme Merkel, à la chancellerie fédérale, du dalaï-lama. SUITE


TÉLÉVISION - Pourquoi l'Asie fait-elle peur?

France 3 - Ce soir ou jamais, Frédéric Taddéï (VIDÉO)
Invités :

François Jullien, philosophe et sinologue
Philosophe et sinologue, il est considéré comme l’un des principaux spécialistes de la Chine. Normalien et agrégé, il s’intéresse tôt à la culture chinoise. Il étudie notamment à l’université chinoise de Pékin. Il est actuellement professeur à l’Université Paris VII et directeur de l’Institut de la pensée contemporaine. Il dirige une collection aux Presses Universitaires de France et a été directeur entre 1995 et 1998 du Collège international de philosophie. Le travail de François Jullien trouve son unité dans le thème de l’altérité de la pensée chinoise. Son actu : "La Pensée chinoise dans le miroir de la philosophie", Seuil, 2007. "Oser construire, Pour François Jullien", Les Empêcheurs de penser en rond, 2007.

Jean-Marie Bouissou, Politologue et spécialiste du Japon
Il est agrégé d’histoire et maoïste. En 1975, l’armée l’envoie au Japon comme volontaire du service national actif. Parti pour 24 mois dans un pays dont il ignorait tout et dont il considérait avec méfiance l’immobilisme conservateur, il y restera 15 ans. D’abord centrés sur l’histoire politique et sociale du Japon depuis 1945, ses travaux se sont élargis, pour s’étendre aujourd’hui aussi bien à l’économie politique de l’Archipel et à ses relations internationales qu’au crime organisé (yakuza) ou au manga (auquel il se propose de consacrer son prochain ouvrage). Son actu : "Le Japon contemporain", Fayard, 2007

Françoise Lemoine, économiste spécialiste de la Chine et de l’Inde
Elle est économiste senior au CEPII, au Centre d’études prospectives et d’informations internationales. Elle est aussi chercheur associé au Centre d’études sur la Chine contemporaine (EHESS). Ses travaux portent sur les grandes économies émergentes (Chine, Inde) et leur intégration dans l’économie mondiale. Elle étudie l’impact de la Chine sur l’économie mondiale. Elle relativise le poids de la Chine et plus encore de l’Asie. Son actu : "L’économie de la Chine", Collection Repère, 2006

Stéphane Marchand, Ecrivain et journaliste, directeur adjoint de la rédaction du Figaro
Pour lui, la Chine, grande puissance économique et commerciale, a décidé de mener une guerre asymétrique contre les Etats-Unis. Ce document raconte comment elle envisage sa politique militaire au service de ses ambitions politiques, diplomatiques et énergétiques. La Chine est engagée dans la campagne de communication la plus élaborée de son histoire. Son actu : "Quand La Chine veut vaincre", Fayard, 2007

Pierre Haski, journaliste, directeur adjoint de la rédaction de Libération pendant vingt six ans.
En 2000 le journal l’envoie à Pékin comme correspondant, il y restera 5 ans et y tiendra un blog « Mon journal de Chine ». L’accès à ce blog sera bloqué par les autorités chinoises en raison de la liberté de ton qu’il adopte. En 2007, il est cofondateur de Rue 89, site sur lequel il donne chaque jour le pouls de la Chine. En 2004, Il est notamment le coauteur du "Journal de Ma Yan" (Ramsay), traduit dans 19 langues, dont la publication a permis de scolariser des milliers d’écoliers. En 2005, "Sang de la Chine", le livre-réquisitoire de Pierre Haski ou comment des transfusions ont propagé le sida en Chine. Le prix Joseph-Kessel lui a été décerné. En 2006, il publie "Cinq ans en Chine", l’un des premiers livres en France tiré d’un blog, avec la possibilité de poursuivre cette interactivité en dialoguant avec l’auteur sur www.cinqansenchine.net

Jean-Philippe Béja, Sinologue, directeur du centre d’étude français sur la Chine contemporaine à Hong Kong
Il est membre du comité de rédaction de China Perspectives et Perspectives chinoises. Il est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP), de l’université Paris VII (chinois), de l’université du Liaoning (littérature chinoise) et a obtenu un doctorat en études asiatiques à l’université Paris VII. Il fut directeur scientifique du Centre d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine (à Hong Kong) de 1993 à 1997 et directeur de la rédaction de China Perspectives et Perspectives chinoises. Dernier ouvrage : "A la recherche d’une ombre chinoise", Seuil, 2004

Ling Xi , romancière chinoise
Après avoir fait des études à l’université de Wuhan puis à l’université des Etudes internationales de Shanghai où elle obtient en 1997 un DEA ès lettres françaises, elle trouve un emploi à Shenzhen. L’année suivante, elle participe à un concours organisé par les écoles de commerce françaises. Admise à l’Ecole supérieure de commerce de Paris en 1998, elle part pour la France où elle travaille désormais en tant qu’analyste financier dans une grande entreprise internationale. Son actu : "Eté Strident", Actes Sud, 2006.

Abha Dawesar , écrivain
Abha est née en Inde.A 17 ans, elle part étudier à New York, elle est diplômée de philosophie à Harvard. Elle a travaillé dans la finance à New York, elle s’ennuie et commence à raconter des histoires. Aujourd’hui, elle consacre sa vie à l’écriture et vit entre Delhi, Paris et New York. En 2005, elle publie « Babyji », un roman initiatique aux accents érotiques et subversifs. Babyji témoigne de l’émergence d’une nouvelle vague indienne. Le livre est devenu culte en Inde et a connu un succès énorme en Inde et aux Etats-Unis. À ce jour, « Babyji » est traduit en 5 langues. Elle vient d’être élue par « India Today », le premier magazine du pays, comme l’une des 25 personnalités de l’année. Elle parle de la force asiatique de mélanger les cultures et d’assimiler la mondialisation.


VOYAGE - Pékin, l'Orient Extrême - Gaudry François-Régis et Quilleriet Anne-Laure

L'Express, no. 2942 - Styles;Voyages, jeudi, 22 novembre 2007, p. 128-131
A la veille des Jeux olympiques, la ville impériale bombe le torse entre exploits architecturaux, fougue artistique et tentations nocturnes.

PATRIMOINE : de la Cité interdite à la City pékinoise

L'homme au casque jaune. S'il ne fallait retenir qu'un seul emblème du patrimoine pékinois, ce serait lui, l'ouvrier du bâtiment. Il est gardien du temple lorsqu'il ravale les pagodes à tuiles jaunes vernissées de la Cité interdite, juste avant les JO. Plastiqueur du passé dès qu'il appose le caractère rouge chai (à démolir) sur les façades des maisons en brique traditionnelles. Bâtisseur de rêves dans les hauteurs de ces folies architecturales qui fleurissent aux quatre coins de la ville. Tel est Pékin : fonçant droit vers l'avenir, sans trop regarder dans le rétroviseur. Du coup, si les prouesses de maçonnerie, du Grand Théâtre national signé Paul Andreu au tout nouveau stade olympique, s'exhibent bravement au visiteur, les hutong, ces venelles séculaires sans cesse menacées de destruction, sont des secrets bien cachés à découvrir d'urgence. Dongsi Batiao, ruelle datant de la dynastie Ming, et Mao'er Hutong, où naquit et grandit Wang Jung, une des épouses du dernier empereur, comptent parmi les derniers trésors du Vieux Pékin.

Cité interdite, Tiananmen Dong, derrière la porte de la Paix-Céleste, tél. 6513-2255. Grand Théâtre national, ouest de la place Tiananmen, Olympic Green, tél. 6669-9185. Dongsi Batiao, au sud de Dongsishitiao Lu. Mao'er Hutong, à l'ouest de Nanluoguxiang.

GASTRONOMIE : la Chine sur un plateau

Le canard laqué : le graal pékinois, la spécialité capitale. Loin du caoutchouc débité dans les cantines de Belleville, le kaoya est ici un festin d'empereur, à déguster sous la forme de morceaux de peau croustillante et de chair fondante, agrémentés de légumes émincés et de fines crêpes de blé. Da Dong est l'adresse la plus cotée : décor contemporain et serveurs tranchant les bestioles avec une minutie chirurgicale. Pékin vous sert aussi sur un plateau le meilleur des provinces. Attablez-vous chez Jin Ding Xuan, pagode cantonaise expédiant sur trois étages d'intraitables dim sum, petites bouchées à la vapeur. Ou chez Lao Han Zi, chalet de la communauté Hakka au bord du lac Houhai, rien que pour l'exotisme inédit de ses crevettes cuites dans le sel. Pour goûter à la création gastronomique, tentez les « fusionneries » du Quai, restaurant franco-chinois, mêlant design et boiseries sculptées ; dévorez le décor (à défaut de la cuisine indigente) du pharaonique Lan, 10 000 mètres carrés de design rococo made by Philippe Starck ; savourez les assiettes millimétrées du Pré Lenôtre, premier vrai restaurant de haute cuisine française, au septième étage du nouvel hôtel Sofitel. Il vous reste encore quelques poignées de yuans ? Dépensez-les en brochettes de calamars et beignets à la banane au marché nocturne de Donghuamen.

Da Dong, 22A Dongsishitiao, tél. 5169-0329. 15 environ. Jin Ding Xuan, 77 Hepinggli Xijie, tél. 6429-6888 et cinq autres adresses. Moins de 10 . Lao Han Zi, porte Nord du Beihai Park, tél. 6404-2259. 10 environ. Le Quai, Workers Stadium, porte Est, Gongti Beilu, tél. 6551-1636. 25 environ. Le Lan, Twin Towers LG, 12 Jianguomenwai Dajie, tél. 5109-6012. 30-40 environ. Le Pré Lenôtre, 93 Jianguo Road, Tower C, Wanda Plaza, tél. 8599 6666, 100 environ. Marché de Donghuamen, Wangfujing Jie.

SHOPPING : de Prada aux Puces

Shin Kong Place, 120 000 mètres carrés de marbre, de verre et d'Inox, 938 marques de luxe, 19 restaurants sur cinq étages... Ce mall, inauguré en avril dernier en plein quartier d'affaires, est le plus grand et le plus luxueux jamais construit en Chine à ce jour. L'endroit vaut le coup d'oeil, ne serait-ce que pour observer la nouvelle bourgeoisie pékinoise pratiquant son sport favori : le shopping marathon de Gucci à Prada, avec une étape incontournable dans la première épicerie Fauchon de l'empire du Milieu. Pour un lèche-vitrines plus intimiste, direction Nanluoguxiang, le fameux hutong(ruelle) du quartier de Dongcheng, dont les maisonnettes traditionnelles ont été converties en charmantes échoppes. Au numéro 61, Plastered T-Shirts détourne les emblèmes du Pékin moderne pour les jeunes branchés et les voyageurs lassés par le logo officiel des JO. Pour vous frotter à un autre artisanat au goût de l'époque, faites une halte chez Spin, une boutique où vous dénicherez de splendides céramiques contemporaines. Enfin, le week-end, ne manquez pas les puces de Panjiayuan, un gigantesque bric-à-brac de 4 hectares fourmillant de vraies antiquités et de... toc. Ouvrez l'oeil et négociez sec !

Shin Kong Place, Xi Dawang Lu, tél. 6530-5880. Plastered T-Shirts, 61 Nanluoguxiang, tél. 8884-8855. Spin, 6 Fangyuan West Road Chaoyang, tél. 6437-8649. Puces de Panjiayuan, Panjiayuan Lu.

ART CONTEMPORAIN : l'avant-garde s'affiche

C'était une friche postindustrielle aux murs recouverts de slogans prolétaires. C'est désormais la terre promise des artistes chinois d'avant-garde. Avec ses galeries, ses ateliers et ses cafés branchés, Dashanzi, dans le nord-est de Pékin, connaît une effervescence créative sans pareille. A ne pas manquer, le 798 Space, le coeur battant du quartier, centre d'expositions logé dans une monumentale usine d'architecture Bauhaus, et l'UCCA (Ullens Center for Contemporary Art), enfin, lancé par le collectionneur belge Guy Ullens et inauguré début novembre. Une ambitieuse vitrine pour les artistes contemporains, déjà surnommée le « MoMA chinois ». Profitez-en pour faire un crochet par Caochangdi, un autre village d'artistes situé juste à côté. Rongrong, l'un des plus importants photographes chinois, y a implanté, l'été dernier, son foisonnant centre de la photographie Three Shadows.

Quartier Dashanzi, 4 Jiuxianqiao Lu. 798 Space, tél. 6437-6248, www.798space.com UCCA, tél. 8459-9269, www.ucca.org.cn Three Shadows, 155 Caochangdi, tél. 8456-6147.

NUITS : une capitale insomniaque

Est-ce l'excitation pré-Jeux olympiques ? La fièvre des générations post-Mao ? Toujours est-il que le Pékin bonnet de nuit a laissé place à la capitale des nuits blanches. Vous les voulez bohèmes ? Ralliez directement les abords des lacs Houhai et Qianhai, pour une sangria mémorable au Passby, le café intimiste des voyageurs cool, et une bière bon marché au No Name Bar, rade de charme aux meubles patinés. Underground ? Filez au Yugong Yishan, l'immanquable live club cogéré par un duo français, où se produisent rockeurs chinois, DJ internationaux et groupes de hip-hop. Couleur locale ? Une virée à l'entrée ouest du Stade des travailleurs s'impose, pour un bowling dans la plus grande salle de la ville (100 pistes !) et un karaoké endiablé au Tango. Finissez bling-bling au Bloc 8, la nouvelle adresse huppée de la jeunesse dorée, avec ambiance bar de plage sur le toit terrasse... Vous chalouperez entre Shanghai et... Ibiza !

Passby, 108 Nanluoguxiang, tél. 8403-8004. No Name Bar, 3 Qianhai Dongyan, tél. 6401-8541. Yugong Yishan, 3 Zhangzi Zhonglu, tél. 6404-2711. Bowling Gongti, Gongrentiyuchang Xilu, tél. 6552-1446. Tango, même adresse, tél. 6551-9988. Block 8, 8, Chaoyang Park West Road, tél. 6508-8585, www.block8.cn

ESCAPADE : la Grande Muraille autrement

Si vous n'avez jamais vu la Grande Muraille, alors vous n'êtes pas un homme », a déclaré Mao. Pour combler cette lacune, sans pour autant pâtir des flots de touristes déferlant sur Badaling, le principal point d'entrée, nous avons la solution : une nouvelle résidence de charme proposant dans sa prestation un accès privilégié au monument. Ce n'était au départ qu'une collection privée de villas spectaculaires bâtie par 12 architectes asiatiques en 2002, au creux des collines sauvages de Shuiguan, à une heure quinze du centre de Pékin en voiture. Le succès de ce musée architectural à ciel ouvert fut tel (un prix spécial lui fut décerné à la Biennale de Venise) que les maisons contemporaines ont été dupliquées sur 8 kilomètres carrés et transformées en hôtels-boutiques. Aujourd'hui, ce sont 42 « folies », 236 chambres et suites qui s'offrent aux voyageurs, avec spa, restaurant et prestations de luxe.

Commune by The Great Wall, sortie à Shuiguan, Badalin Highway, 8118-1888, www.communebythegreatwall.com, à partir de 125 la nuit.

Pratique

Comment y aller ?

Air France :vol direct Paris-Pékin A/R à partir de 730 , 0-820-820-820.

Air China :vol direct Paris-Pékin A/R à partir de 720 , 01-42-66-16-58.

Forfaits

Escapade à Pékin, 5 jours/3 nuits minimum, à partir de 490 . Le prix comprend : les vols directs Air France, les nuits en chambre double ou individuelle avec petit déjeuner (hôtel mentionné). Offre valable du 1er novembre au 30 décembre 2007 et du 2 janvier au 25 mars 2008 (dernier départ).

Pékin en solo,8 jours à partir de 790 . Le prix comprend : les vols internationaux directs Air France, hébergement en hôtel de charme 2 étoiles avec petit déjeuner, les transferts et une excursion à la Grande Muraille.

La Maison de la Chine, 76, rue Bonaparte, place Saint-Sulpice, Paris (VIe), 01-40-51-95-00,

www.maisondelachine.fr

Où dormir ?

Lu Song Yuan Hotel

Etablissement de 56 chambres aménagé dans la demeure d'un général de la dynastie Qing, où le charme du mobilier traditionnel côtoie le confort moderne. A partir de 80 la nuit.

22 Banchang Hutong, Kuanjie, tél.6404 04 36.

Red Capital Residence

Une ancienne résidence des élites chinoises avec cinq suites version kitsch communiste et un jardin de rocaille où sont projetés des films de propagande de la Longue Marche. Surréaliste ! Environ 20 .

9 Dongsi Liutiao, tél. 8403 5308, www.redcapitalclub.com.cn

A lire

Pékin,collection Citiz, Lonely Planet, 12 .

Pékin, Wallpaper City Guide,Phaidon, 9 .


VOYAGE - Shanghai, le grand bond vers l'avenir - Gaudry François-Régis et Quilleriet Anne-Laure

L'Express, no. 2942 - Styles;Voyages, jeudi, 22 novembre 2007, p. 132-134,136
Tours vertigineuses, profils de verre et d'acier... La cité la plus cosmopolite de Chine se laisse porter par ses contrastes. Résultat : un laboratoire d'expériences à ciel ouvert.

C'est une mégapole dont le pouls bat en accéléré. Sur la rive de Pudong, convoitée par les grands noms de l'architecture, Shanghai poursuit sa course à l'altitude, avec, à l'horizon de 2008, une tour de 492 mètres, annoncée comme la plus haute de Chine continentale. En face, c'est le capitalisme triomphant d'une autre époque qui parade sur le Bund et ses immeubles aux accents new-yorkais. En attendant la réouverture du mythique Peace Hotel, en 2009, les photos d'Albert Einstein ou de Charlie Chaplin accrochées dans le hall de l'Astor nous adressent un clin d'oeil. Pour s'échapper des artères saturées, cap sur la concession française, ses jardins et ses demeures Art déco, et la concession japonaise, plus populaire, avec son ancien cinéma et ses rues bordées de platanes près du parc Lu Xun, où le karaoké en plein air est un peu la pétanque locale... Le jardin du mandarin Yu et la maison de thé de 1855 sont les incontournables de la vieille ville de Nanshi. Moins touristiques, les marchés restent un bon moyen d'appréhender la Chine au quotidien, comme celui de Xizang Lu, où l'on achète sauterelles porte-bonheur et grillons dont les combats sont prisés.

De ruelles en gratte-ciel, une journée à la découverte des différentes facettes de Shanghai à 104 . www.asia.fr

GASTRONOMIE : saveurs du monde

A Shanghai, c'est toute la cuisine du monde qui sort sur son trente et un. Et les chefs de jouer des coudes sur le Bund et dans les tours de Pudong pour placer leurs étoiles. Dans l'assiette, cela donne des mix d'influences souvent réussis, comme les expérimentations détonantes du Français Paul Pairet au Jade on 36, qu'on découvre perché à 150 mètres au-dessus de la ville. La french touch a la cote sur les rives du fleuve Huangpu, avec Jean Georges (annexe de ce chef alsaco-new-yorkais), le Sens & Bund des frères Pourcel ou - version bistrot - Franck, qui sert tarte aux cèpes du Yunnan et coquelet fermier de Mandchourie dans un décor Amélie Poulain. Pour un tour d'horizon des cuisines asiatiques et surtout des exceptionnelles bâtisses des années 1930 qui les abritent, on recommande une escale chez Face et YongFoo Elite. Ou, dans un registre plus minimaliste, le japonais Shintori, au décor de béton brut.

Sens & Bund. Bund 18. 6 F, 18 Zhongshan Dong Yi Lu, 6323-998. Face. 118 Ruijin Erlu, 6466-4328. YongFoo Elite. 200 Yongfu lu, 5466-2727. Shintori. 803 Julu Lu, 5404-5252. Franck. 376 Wukang Lu (Ferguson Lane), 6437-6465. Jade on 36. Pudong Shangri-La, 6882-8888.

SHOPPING : esprit bohême et branché

Côté mode et déco, Shanghai sort ses griffes avec une pléthore de jeunes talents, soucieux de montrer que la Chine n'est pas seulement l'usine du monde. En allant voir Cha Gang, l'un des pionniers, on en profite pour faire un tour au centre Y + Yoga où officie Duncan Wong, mentor de Sting et de Madonna. Rien de tel pour s'imprégner de cet esprit bohème et branché qu'une virée dans Fuxing Lu, Julu Lu ou Taikang Lu, avec coffee shops et petites boutiques (Cachemire Lover ou Qin Hao, plus expérimental). Dévolue à une mode street, Changle Lu semble la cousine chinoise du quartier tokyoïte d'Hara-juku : tee-shirts réalisés par des graphistes, baskets en séries limitées, etc. Pour les fameuses qipao - robes tuniques échancrées en soie - on file dans les échoppes de Maoming Lu. Et, à voir les photos sépia des années 1920 sur le marché de Dongtai Lu, le style In the Mood for Love reste d'actualité.

Qin Hao. 158 JinXian Lu. Cha Gang. House 1. Lane 299, Fuxing Lu. Cachemire Lover. 31, lane 248, Taikang Lu. Dans Changle Lu : Shirtflag, ACU Store, Eno. Source. 158 Xinle Lu.

ART CONTEMPORAIN : le big bang artistique

Rendez-vous underground de l'avant-garde artistique, le quartier de Moganshan a évolué au rythme de l'extraordinaire spéculation autour de l'art contemporain chinois. D'où une cohabitation du pire et du meilleur dans ces anciens entrepôts reconvertis en galeries. Parmi les pionniers, ShanghART, ou BizArt exposent les stars du moment qui surfent souvent sur l'imagerie communiste détournée. Isolé sur un terrain vague en bordure de la rivière Suzhou Creek, Island 6 affiche une démarche de puriste et accueille en résidence artistes chinois et étrangers, en mettant à leur disposition tous les outils de production. La galerie réalise notamment des oeuvres pour le Moca, musée d'art contemporain inauguré à la fin de 2005, encore en quête d'identité, mais qui vaut le détour pour son architecture de verre inscrite sur le lac artificiel, fleuri de nénuphars, du parc du Peuple. Parmi les derniers sites, le Shanghai Sculpture Space abrite, dans une ancienne aciérie monumentale, sculptures et expositions temporaires.

Island 6. 120 Moganshan Lu. www.island6.com M50. 50 Moganshan Lu. www.m50.com.cn ShanghART, www.shanghartgallery.com Shanghai Sculpture Space. 570 Huahai Xilu. Moca. Parc du Peuple. 231 Nanjing Xilu.

Nuits : une ville magnétique

Une chose est sûre : Shanghai vit aussi la nuit. Un mélange de Chine Art déco et de design seventies, de minimalisme et de baroque compose son cocktail gagnant : lumières tamisées à la Wong Kar-wai, velours rouge, sièges plastiques à la Verner Panton, luminaires en cristal... Au rythme effréné des ouvertures (et fermetures) de lieux, on ne peut que recommander de consulter avant son départ le site Smartshanghai. com, qui recense tous les spots tendance. L'idéal étant de commencer la soirée sur les terrasses du Bund, pour le coucher de soleil sur le fleuve et une vue qui donne la mesure des contrastes urbains. Parmi les incontournables, le Glamour Bar, le Bar rouge (repaire d'expat' épinglé de photos d'actrices des années 1930) ou le Sun with Aqua, plus tranquille avec ses murs en aquariums, au-dessus de la boutique Dolce & Gabbana. Autres adresses en vue, le club tape-à-l'oeil Volar, avec des lampes kalachnikov or signées Starck (qui vient d'ailleurs de terminer l'hôtel Jia), l'Attica ou le tout nouveau MAO, comprenez Music Art Oasis...

MAO. 46 Yueyang Lu, près de Dongping Lu. Attica. 11 F, 15 Zhongshan Dong Er Lu. Glamour Bar. 6 F, 5 Bund (à l'angle de Guangdong Lu), 63-29-37-51. Sun with Aqua. 2 F, 6 Bund, Zhongshang Dong Yi Lu, 63-39-27-79. Volar. 99 Yangdang Lu, près de Nanchang Lu.

ESCAPADES : du Shuixiang à la pagode des Six Harmonies

Quand on enchaîne les périphériques et les barres d'immeubles à perte de vue, on se demande si on apercevra un jour l'esquisse d'une Chine traditionnelle. C'est compter sans les villages du Shuixiang (la « campagne de l'eau »). Entre Wuzhen et ses batiks indigo accrochés devant les maisons de bois, Tongli ou Xitang, on oublie le temps en déambulant dans les venelles qui bordent les canaux. Pour les paysages d'aquarelle et les couleurs lavées par la brume, cap sur Hangzhou, à 200 kilomètres au sud-ouest de Shanghai (l'idéal étant de prendre le train de la nouvelle gare du Sud). On s'y presse de toute la Chine pour admirer la floraison des lotus ou le coucher du soleil sur le lac de l'Ouest, voir la pagode des Six Harmonies ou se promener sur quelques-uns des 4 500 ponts. Et, devant ces étapes contemplatives, on comprend que la cité-jardin abrite l'académie des Beaux-Arts la plus célèbre du pays.

Voyage Rêveuses Venises, 4 jours/3 nuits, à Wuzhen, à Hangzhou, avec nuits au Fuchun Resort, visites, guide et véhicule particulier à 944 par personne. Tél. 01-44-41-50-10, www.asia.fr.

Pratique

Y aller

A/R avec Air France,à partir de 745 TTC. 0-820-820-820.

Escapades Shanghai :A/R avec Lufthansa à partir de 541,26 TTC avec nuit et petit déjeuner au Pudong Shangri-La, à partir de 200 par personne.

Vols directs A/R avec Air France et 4 nuits en hôtel 3 étoiles, avec petit déjeuner, à partir de 829 .

Renseignements Asia : 01-44-41-50-10, www.asia.fr

Où dormir ?

Pudong Shangri-La

Avec sa nouvelle tour, cet hôtel dispose de 375 chambres et suites ouvertes sur le fleuve Huangpu et les lumières du Bund. A partir de 188 la chambre double.

33 Fu Cheng Lu. 6882-8888. www.shangri-la.com

Mansion Hotel

Un poil kitsch mais une situation idéale au coeur de la concession française. 30 chambres et une terrasse qui domine cette belle villa de 1932. A partir de 230 .

82, Xin Le Lu. www.chinamansionhotel.com, 5403-9888.

Fuchun Resort

Près de Hangzhou. Une vue à couper le souffle sur un lac bordé de plantations de thé en terrasses, avec en prime un parcours de golf. A partir de 310 .

6346-1111, www.fuchunresort.com

Spas et massages

Chi

Ce spa pur luxe invite à un délassement total et offre une impressionnante palette de soins, du bain de lait au lotus au massage himalayen aux pierres chaudes. A partir de 91 pour un massage. 6882-8888.

Dragonfly

Ces instituts de quartier (on en dénombre une dizaine) sont parfaits pour s'extirper un moment du rythme infernal de la ville. A partir de 25 le massage. www.dragonfly.net.cn

A lire

Shanghai. Wallpaper City Guide, Phaidon, 9 .

Pékin-Shanghai Guides bleus Evasion, Hachette Tourisme, 14,50 .

SHANGHAI TOUR - Shanghai lance la construction de sa plus haute tour


mardi 20 novembre 2007

La Chine entrouvre la porte aux banques étrangères - Brice Pedroletti et Bruno Philip

Le Monde - Economie, lundi, 20 novembre 2006, p. 12
Pékin a rendu publiques, jeudi 16 novembre, les règles du jeu selon lesquelles les banques étrangères pourront prétendre accéder au milliard d'épargnants chinois potentiels et à l'ensemble des services financiers aux particuliers et aux entreprises du pays, un marché estimé à 5 000 milliards de dollars (3 900 milliards d'euros).

La Chine s'était engagée, lors de son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, à accorder au bout de cinq ans, c'est-à-dire à partir du 11 décembre, une égalité de traitement entre établissements de crédit chinois et étrangers.

Depuis cinq ans, les banques étrangères ont occupé le terrain en vue de cette nouvelle phase d'expansion : les quelque 70 établissements présents ont créé près de 200 succursales dans des villes désignées pour les accueillir, et peuvent offrir leurs services en devises à des particuliers chinois, et en yuans, ou en devises, à des entreprises, selon certaines conditions. Leur présence en Chine, en termes de chiffre d'affaires et de nombre de succursales, ne représente toutefois qu'une fraction de celle des banques chinoises : ainsi, à elles seules, les quatre grandes banques d'Etat chinoises comptent 70 000 succursales dans le pays.

L'ouverture totale du marché bancaire promise par Pékin en 2001 doit s'effectuer en termes de territorialité, de clientèle et de devises : bon élève, la Chine s'est donc exécutée. « On peut dire que formellement, la Chine ouvre bien son marché. Mais le diable est dans les détails. En l'occurrence, dans les normes prudentielles. Quelque part, c'est un marché de dupes », résume un expert du secteur bancaire chinois.

Plusieurs de ces normes apparaissent d'entrée de jeu comme contraignantes, et surtout, coûteuses : ainsi, pour prétendre accéder aux épargnants chinois, les établissements bancaires étrangers devront se filialiser, c'est-à-dire adosser leurs opérations, non pas au capital mondial du groupe comme c'est le cas dans la plupart des pays, mais au capital disponible en Chine. Celui-ci devra être d'un minimum de 1 milliard de yuan (100 millions d'euros) pour le quartier général chinois, et de 100 millions de yuans (10 millions d'euros) pour chacune des succursales.

« Cela fait des mois que l'on discute de ces règles, elles ne sont pas tombées du ciel et les banques étrangères ont été en partie consultées, l'élément nouveau étant la filialisation », explique Jean-Michel Piveteau, qui conseille BNP Paribas en Chine. Pour le législateur chinois, il s'agit, selon la presse locale, de protéger les déposants chinois en cas de crise bancaire à l'étranger, ou de faillite d'un établissement dans son propre pays - l'intérêt des « nationaux » passant souvent avant celui des clients à l'étranger.

Quant à l'accès tant convoité aux détenteurs de yuans, la barre a été placée... très haut : les particuliers ne pourront ouvrir un compte dans une banque étrangère qu'à condition d'y déposer un minimum de 1 million de yuans (100 000 euros).

Une autre norme exige, pour une banque étrangère, de ne pas prêter au-delà de 25 % de ses fonds propres - et en corollaire, de ne pas être exposé auprès du même client à plus de 10 % de son capital, une barrière pour les prêts aux très grandes entreprises.

Pour les candidats à la banque de détail en yuans, la frustration vient du fait que de lourds investissements seront nécessaires pour accéder au marché chinois - alors que les banques étrangères auraient espéré pouvoir déroger à ces règles grâce à la taille de leur bilan mondial, et à leur expertise et leur savoir-faire en matière de gestion des risques.

« Certes, il y a un coût, dont la prise en compte dépendra des stratégies respectives de chaque banque. Mais ce ne sont pas non plus des montants monstrueux. Les gros établissements vont suivre, les autres attendront de voir. Il faut du temps pour assimiler des réglementations nouvelles », précise encore M. Piveteau.

Plusieurs très grands groupes ont déjà exprimé leur intention de filialiser leurs opérations locales : c'est le cas des banques Hang Seng, Bank of East Asia, Standard & Chartered, HSBC et Citigroup, qui sont parmi les plus présentes en Chine. Même si elles ne s'en vantent pas publiquement, les banques étrangères savent aussi que leur pouvoir de négociation vis-à-vis du gouvernement chinois augmente avec leur degré d'implication en Chine.

L'ouverture du système bancaire chinois répond d'abord à un objectif : mettre aux normes internationales les banques locales, en important du savoir-faire étranger et en stimulant la concurrence. Les règles annoncées jeudi semblent impliquer une « taille critique » avant que les coûteuses opérations en yuans deviennent rentables. D'où l'intérêt pour les banques étrangères de se positionner dans le capital des banques locales : « A y regarder de plus près, on a l'impression que tout est fait pour favoriser un modèle économique qui est celui d'être partenaire d'une banque chinoise », résume l'expert du secteur chinois préalablement cité.

Illustration(s) :

Pessin - "Tu crois qu'ils nous laisseront modifier le hall d'entrée ?"

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lundi 19 novembre 2007

LITTÉRATURE - Capitalisme et capitalistes en Chine de Marie-Claire Bergère

Les Echos - Idées, la chronique de Favilla, mercredi, 24 octobre 2007, p. 16
Comment un pays au régime totalitaire peut-il enregistrer une croissance annuelle à deux chiffres sans que les structures et les circuits craquent ? Marie-Claire Bergère, spécialiste de la Chine, retrace l'histoire de cet essor, analyse le rôle de l'État et brosse le portrait des grands capitalistes chinois. Une fresque historique et contemporaine, une synthèse sur la Chine économique du XXIème siècle.

La Chine est en train de devenir la troisième puissance économique du globe. Sa part dans la production mondiale, mesurée en parité de pouvoir d'achat, est passée de 5 % au début des années 1990 à quelque 18 % aujourd'hui. Pour la première fois en 2007, elle aura été la première contributrice à la croissance du PIB planétaire : de plus en plus, ses innovations et ses crises, la santé de son économie, feront partie des facteurs qui conditionnent notre propre mode de vie. Or le pays demeure, pour la plupart des Occidentaux, un univers exotique et opaque. Si notre vulgate culturelle comporte quelques notions sur son passé politique et artistique, nous ignorons largement l'histoire de son économie. Un peu comme si nous entrions en contact avec les Etats-Unis à l'époque de Microsoft et de Google sans savoir ce que représentent les noms de Rockefeller, Carnegie ou Ford. Une excellente spécialiste de l'empire du Milieu, Marie-Claire Bergère, vient combler cette lacune en publiant aux éditions Perrin « Capitalismes et capitalistes en Chine ».

Une première erreur serait de voir dans le développement actuel du pays une nouveauté radicale, la conversion soudaine à l'entreprise privée d'une nation tenue depuis la nuit des temps sous la férule étatique. En réalité, la Chine a connu à partir du XVe siècle un début de développement capitaliste qui n'a rien à envier à celui de l'Europe, fondé sur « la commercialisation de la production agricole, la spécialisation des activités artisanales, la sophistication des moyens de paiement ». Pourquoi cet élan n'a-t-il pas débouché, comme en Occident, sur une révolution industrielle ? Notre sinologue en fournit les explications, mais rappelle qu'une vigoureuse résurgence du capitalisme a eu lieu dans les années 1910-1920, et que cette tradition interrompue a laissé un héritage que l'on retrouve aujourd'hui dans le développement des petites entreprises : importance des réseaux familiaux, pratique des relations mercantiles, éthique du travail et de l'épargne...

Une deuxième erreur, symétrique de la première, serait de croire à la montée d'une « bourgeoisie conquérante », d'un pouvoir économique destiné à affronter, tôt ou tard, celui des hiérarques de Pékin.

En Chine, le rôle prédominant revient au « capitalisme politique », mis au service d'une ambition nationale. Non seulement le secteur public occupe toujours une place importante, mais les grands groupes privés restent très dépendants de l'administration. Leurs dirigeants sont honorés, souvent intégrés à des instances officielles sans grandes prérogatives : l'autorité politique réussit à merveille la « fusion des élites », entre les nouveaux riches et la continuité mandarinale. De sorte qu'il ne faut, prévoit l'auteur, ni espérer une évolution démocratique (les objectifs de la bourgeoisie, prospérité et stabilité, convergent avec ceux du pouvoir), ni craindre une révolution sociale (les gouvernants ont toujours su doser fermeté et flexibilité). Bref, si voulez savoir d'où vient, et où va, ce super grand du XXIe siècle, lisez ce livre.


LITTÉRATURE - Le grand bluff chinois de Thierry Wolton

Le Monde - Le livre du jour, Sophie Gherardi, mardi, 26 juin 2007

Combien d'Occidentaux naïfs se sont-ils laissé prendre au mirage du communisme chinois ? Ils le croyaient moins bureaucratique, plus probe, moins féroce et plus imaginatif que son modèle soviétique. Ils admiraient ses performances stupéfiantes : les médecins aux pieds nus, un haut fourneau dans chaque village, l'autocritique au lieu du goulag. Et puis, en 1971, parurent Les Habits neufs du président Mao. Comme dans le conte d'Andersen où seul un enfant ose constater que l'empereur est nu, Simon Leys, sinologue belge pratiquement inconnu, révélait sur la Chine maoïste des vérités de bon sens. Il y eut un avant et un après-Leys, lequel marqua la fin de l'innocence pour une génération de dévots. Thierry Wolton s'inscrit délibérément dans la même lignée. SUITE

LITTÉRATURE - Chine-Inde, la grande compétition de Gilbert Étienne Dunod

Les Échos - Livres, Gabriel Gresillon, jeudi, 25 octobre 2007

On pourrait dire de ce livre qu'il est une bonne introduction aux deux géants émergents de l'économie mondiale. Ce serait vrai, l'auteur passant en revue les grandes caractéristiques des deux pays (économiques, politiques, sociales). Mais ce serait un peu réducteur. Car Gilbert Etienne, spécialiste de l'Inde qui y a passé de nombreuses années depuis 1952, a eu le mérite, avec cet ouvrage, de remonter dans le temps. Il remet en perspective le réveil de la Chine et de l'Inde, au regard, à la fois, de leurs histoires millénaires, et du dernier demi-siècle. Ce qui permet de corriger quelques idées reçues. SUITE

LITTÉRATURE - Les origines de la révolution chinoise de Lucien Bianco

Le Monde - Le Monde des livres, Thomas Wieder, vendredi, 11 mai 2007

C'est devenu une habitude : tous les dix ans, Lucien Bianco remet sur le métier Les Origines de la révolution chinoise, qui reste, quarante ans après sa sortie, la meilleure introduction à l'histoire des décennies qui précédèrent l'avènement, le 1er octobre 1949, de la République populaire de Chine. Aujourd'hui âgé de 77 ans, l'historien aurait pu se contenter, pour cette réédition, de retouches de détail. Il a préféré y adjoindre une centaine de pages, passionnantes, dans lesquelles il réévalue l'ensemble des thèses développées au fil de ses recherches à l'aune des acquis historiographiques les plus récents. Avec le recul, sur quoi insiste-t-il ?

D'abord, sur le fait que la révolution a commencé vers 1900 plutôt que vers 1915, qu'elle ne fut pas seulement intellectuelle mais s'accompagna d'une transformation profonde des moeurs et des mentalités, rendant possible une « pluralité de voies d'accès à la modernité », et pas uniquement celle proposée par les communistes. Cette remontée dans le temps conduit l'historien à mettre davantage l'accent sur la dimension nationaliste d'une révolution qui, selon lui, avait pour visée « la grandeur de la nation, et non le bien-être des masses ».

L'image presque romantique d'une « révolution agraire spontanément déclenchée par les paysans eux-mêmes » s'en trouve donc écornée. « J'ai passé ma vie à vérifier, puis infirmer cette hypothèse », confie le spécialiste des « jacqueries », pour qui c'est moins la « misère » que « l'humiliation nationale » qui a poussé nombre d'intellectuels vers la révolution. C'est ce même nationalisme, longtemps dissimulé sous un « internationalisme prolétarien de façade », qui resurgirait aujourd'hui sans complexe, comme l'analyse le sinologue au terme de ce récit lumineux dont la lecture est indispensable à quiconque s'intéresse à la Chine contemporaine.


Les Origines de la révolution chinoise (1915-1949)
de Lucien Bianco
Gallimard, « Folio Histoire », 526 p.



Un documentaire de Radio-Canada dévoile la persécution du Falun Gong en Chine

La Grande Époque - mardi, 6 novembre 2007

Résumé du documentaire Beyond the Red Wall: The Persecution of Falun Gong, déprogrammé puis reprogrammée pour le 20 novembre 2007. Extrait «[Avec le qigong], plusieurs dirigeants chinois croyaient sincèrement qu’ils étaient tombés sur une nouvelle science chinoise révolutionnaire qui allait changer le monde», explique David Ownby dans le documentaire présenté à RDI. M. Ownby a écrit un livre sur la question et il est actuellement professeur et directeur du Centre d’Études Est-asiatiques (CETASE) de l’Université de Montréal.

«La vie là-bas, c’était comme être dans une caverne de monstres, mais la torture ne pouvait nous transformer.»

C’est ainsi que Zhang Kunlun, artiste canadien d’origine chinoise, décrit le temps qu’il a passé dans un camp de travail forcé en Chine. Son histoire est racontée dans le documentaire La persécution du Falun Gong, diffusé le 31 octobre à l’émission Les grands reportages du Réseau de l’information (RDI) et sur CBC Newsworld les 6 et 10 novembre (le titre original anglais est Beyond the Red Wall: The Persecution of Falun Gong).

Le documentaire relate comment M. Zhang, un pratiquant de Falun Gong, a été arrêté alors qu’il visitait la Chine en 2002. Il a été condamné sans procès à passer trois ans dans un camp de travail forcé, où il a été sévèrement battu, électrocuté à multiples reprises avec des matraques électriques et on a tenté de lui faire subir un lavage de cerveau dans le but de lui faire renoncer à ses croyances.

Le député fédéral Irwin Cotler, qui est par la suite devenu ministre de la Justice, a fait équipe avec des avocats défenseurs des droits de l’Homme et Amnesty International pour secourir M. Zhang, un citoyen canadien et professeur ayant déjà enseigné à l’Université McGill. Le cas de Zhang Kunlun est devenu une cause célèbre et en peu de temps il était rapatrié au Canada.

Toutefois, des milliers de pratiquants de Falun Gong en Chine n’ont pas été aussi chanceux. Constamment emprisonnés sans procès, ils font face à la même brutalité que M. Zhang, simplement en raison de leur pratique du Falun Gong, une discipline spirituelle et une méthode de méditation.

Avant le début de la persécution en 1999, des estimations du ministère du Sport chinois évaluaient le nombre de pratiquants entre 50 et 70 millions. Des centaines de personnes se regroupaient dans les parcs du pays chaque matin pour pratiquer les exercices avant d’aller travailler.

La «grande Loi de l’Univers», telle qu’enseignée par le fondateur du Falun Gong, Li Hongzhi, semblait avoir touché une corde sensible chez les Chinois. Authenticité, compassion et tolérance, les principes directeurs de la pratique, se répandaient dans la société.

À cette époque, le régime chinois autorisait le Falun Gong, et plusieurs cadres du Parti communiste le pratiquaient. Les gens remarquaient le pouvoir curatif d’une pratique assidue. Alors que le système de santé publique commençait à s’effondrer au début des années 1990, plusieurs personnes se sont tournées vers le Falun Gong et autres formes de qigong pour s’occuper de leurs problèmes de santé.

«[Avec le qigong], plusieurs dirigeants chinois croyaient sincèrement qu’ils étaient tombés sur une nouvelle science chinoise révolutionnaire qui allait changer le monde», explique David Ownby dans le documentaire présenté à RDI. M. Ownby a écrit un livre sur la question et il est actuellement professeur et directeur du Centre d’Études Est-asiatiques (CETASE) de l’Université de Montréal.

Mais après qu’environ 10 000 adeptes se sont rassemblés paisiblement autour du quartier général du Parti communiste à Pékin le 25 avril 1999 pour protester contre le harcèlement dont le groupe était victime, le Parti a été bouleversé.

Qu’une telle foule puisse se mobiliser sans que l’omniprésent Bureau de la sécurité publique en ait eu connaissance préalablement a apeuré le dirigeant chinois de l’époque, Jiang Zemin, mentionne le journaliste canadien Ian Johnson, du Wall Street Journal, qui est présent dans le documentaire.

«Le Parti était irrité et il a réagi en bannissant le Falun Gong avec une vengeance que je n’avais jamais vue contre quelconque groupe depuis les sept années que j’étais en Chine.»

Avec la directive de Jiang Zemin d’«éradiquer» le groupe, la persécution officielle du Falun Gong a débuté le 20 juillet 1999.

Ont suivi des séries d’arrestations massives et une intense campagne de propagande qui vilipendait le Falun Gong autant en Chine qu’à l’étranger. En peu de temps, des rapports ont commencé à émerger, racontant la persécution systématique, la torture et l’exécution des pratiquants.

Le Torontois Peter Rowe – qui a écrit, produit et réalisé Beyond the Red Wall – raconte qu’il a été incité à enquêter sur le Falun Gong après avoir vu des adeptes protester contre la persécution à l’extérieur du consulat chinois de Vancouver en 2003.

«Cela m’a frappé comme étant une histoire incroyable que les gens ne connaissent pas. C’est une histoire cachée mystérieuse et il y a beaucoup de gens qui ne savent pas ce qu’est le Falun Gong, et qui sont encore moins au courant de la persécution.»


M. Rowe, qui produit l’émission Angry Planet sur le Outdoor Life Network, mentionne que Beyond the Red Wall a été réalisé en trois ans. Il fait l’éloge de Radio-Canada d’avoir décidé de parler d’un sujet si controversé, particulièrement si l’on considère que le réseau a les droits de diffusion canadiens pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008.

«Le fait qu’ils aient la volonté de présenter un film dans lequel des gens demandent un boycott des Olympiques pour lesquels ils seront le diffuseur au Canada est remarquable», estime M. Rowe.

M. Rowe se réfère à un segment de son film qui documente les prélèvements d’organes sur des pratiquants de Falun Gong pour fournir le marché très lucratif des transplantations, une pratique autorisée par l’État chinois.

Certains, qui sont inquiets des prélèvements d’organes, se demandent si Pékin devrait avoir le droit de recevoir les Jeux. Dans le documentaire, Clive Ansley, un avocat canadien qui a pratiqué le droit en Chine, compare Pékin 2008 aux Olympiques de 1936 dans l’Allemagne nazie, qui ont servi à glorifier et légitimer le régime d’Adolf Hitler.

L’ex-député fédéral David Kilgour est coauteur de Prélèvements meurtriers, un rapport sur le vol des organes des pratiquants de Falun Gong. Dans Beyond the Red Wall, il discute de son enquête et de quelle manière les fournisseurs d’organes admettaient librement dans des conversations téléphoniques qu’ils avaient des «sources Falun Gong» prêtes immédiatement à fournir des organes.

Le temps moyen d’attente pour une transplantation de rein apparaît silencieusement à l’écran, les données parlent d’elles-mêmes : Canada : 2555 jours; Royaume-Uni : 1095 jours; États-Unis : 1825 jours; Chine : 15 jours.

Beyond the Red Wall relate comment les pratiquants partout dans le monde sont devenus une voix pour leurs pairs en Chine, faisant pression auprès des politiciens et dénonçant la persécution, leur seul but étant en quelque sorte d’y mettre fin.

Zheng Weidong, de l’ambassade de Chine au Canada, nie dans le documentaire que les pratiquants sont torturés. Il déclare catégoriquement qu’en Chine, le Falun Gong s’est «effondré».

Telle est la nouvelle ligne du parti. En Chine, les médias d’État sont passés de constamment vilipender le Falun Gong à ne plus en parler, comme si le groupe n’existait plus.

Mais derrière cette façade, les rapports démontrent que le Falun Gong perdure en Chine, tout comme la persécution, qui est toujours aussi sévère.

Le deux tiers des allégations de torture en Chine sont des cas reliés au Falun Gong, selon le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Manfred Nowak. Les groupes de défense des droits de l’Homme ont documenté plus de 3000 cas de pratiquants de Falun Gong tués par la torture en Chine.

Loin d’avoir été éliminé, le Falun Gong continue même de croître silencieusement dans les régions rurales et les petites villes, selon Guo Guoting, un avocat chinois exilé ayant défendu les pratiquants en Chine avant que les autorités ne ferment son cabinet. Il a fui au Canada en 2005.

«Selon ma compréhension, le Falun Gong n’est pas seulement une pratique pour la santé physique; il s’agit en fait d’un type de croyance, d’une foi, et personne ne peut détruire la croyance personnelle», explique M. Guo. «C’est pourquoi c’est impossible pour le régime communiste de détruire le Falun Gong.»

Ian Johnson, qui a remporté le prix Pulitzer pour une série de reportages sur le Falun Gong, souligne dans le documentaire que la persécution «demeure une des cicatrices sur le corps politique de la Chine» et le temps est venu pour le régime d’«admettre et d’en finir avec cela et dire qu’il y a eu une terrible répression et que ces gens ont été systématiquement persécutés.»

«Pour que la Chine puisse aller de l’avant, il doit y avoir ce genre d’honnêteté.»

Comme l’affirme Kilgour, «la tuerie doit cesser».

Beyond the Red Wall est diffusé sur CBC Newsworld le mardi 6 novembre à 22 h et en reprise le samedi 10 novembre à 23 h.

NB : Diffusion déprogrammée et reprogrammée pour le mardi 20 novembre 2007.

Joan Delaney