lundi 31 mai 2010

INTERVIEW - Xu Bo : « Arrêter le gaspillage est aujourd'hui une nécessité impérative »

l'Humanité - Cuisine, mardi, 1 juin 2010

Xu Bo, adjoint au commissaire de l'Exposition universelle, souligne les défis de l'urbanisation chinoise et nous éclaire sur le contenu de la Déclaration de Shanghai.

Comment s'est imposé le thème de l'Expo 2010, « Meilleure Ville pour une meilleure vie » ?

Xu Bo. D'après l'ONU, plus de la moitié de l'humanité vit en ville et l'urbanisation pose des problèmes d'environnement. En Chine, nous avons construit près de 250 villes depuis 1990. Quatre cents autres devraient voir le jour dans les prochaines décennies. L'urbanisation actuelle, de 48 %, devrait atteindre 68 % dans vingt ans. Autant dire que nous avons conscience de la destruction des campagnes, des enjeux écologiques et de l'impérative nécessité d'arrêter le gaspillage. C'est un défi pour la Chine et pour la planète. Cette Expo va aider à faire le bilan du mouvement d'urbanisation mondial et pousser à une grande prise de conscience collective. Nous sommes tous concernés.

Quel est le sens de la Déclaration de Shanghai que vous proposez ?

Xu Bo. Elle ira dans le sens du message de cette Expo : il faut modifier notre façon de construire la ville, éduquer nos consommateurs en leur disant que nos ressources planétaires ne sont pas prêtes à soutenir tant de monde en ville... Dans cette démarche, nous mettons l'accent sur l'universalité de l'Expo. C'est une plate-forme de coopération internationale, ouvrant la voie à un dialogue où tous les participants sont sur un pied d'égalité. Nous avons aidé les pays les plus pauvres à être présents en allouant un fonds de 100 millions de dollars parce que nous avons estimé qu'il ne devait pas y avoir d'exclusion. 189 pays sont donc présents. La Déclaration de Shanghai sera le fruit de ce dialogue qui dure le temps de la manifestation, dans un état d'esprit d'apprentissage mutuel. Ses rédacteurs en sont le comité d'organisation de l'Exposition, les Nations unies et le Bureau international de l'Exposition universelle. Elle sera non contraignante mais je pense significative des aspirations mondiales à protéger notre planète.

Qu'apporte une telle manifestation aux Chinois ?

Xu Bo. Avec les JO de Pékin, nous avons montré la Chine au monde. Avec l'Exposition universelle, c'est le monde qui se montre aux Chinois. 50 millions de Chinois sont partis à l'étranger en 2009, ce qui est à la fois beaucoup et peu. À l'échelle de notre population, un tout petit pourcentage. En faisant découvrir le monde à un plus grand nombre, nous espérons faire changer les mentalités.

Que deviendra globalement le site après l'exposition ?

Xu Bo. L'espace des Meilleures Pratiques urbaines, notamment, restera en place et sera un centre de référence pour les représentants des municipalités chinoises et les cadres de gouvernements locaux, pour aller plus loin dans l'économie circulaire que nous privilégions dans nos grandes villes.

PHOTO - Australian Foreign Minister Stephen Smith (L) visits the Australian pavilion during its official inauguration at the site of the World Expo 2010 in Shanghai on Mai 18, 2010. Smith said during the event his country's relationship with China was remaining strong despite differences surrounding the trial of Australian Rio Tinto employee Stern Hu.

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EBay rêve de son grand retour dans l'empire du Milieu - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20688 - Services, mardi, 1 juin 2010, p. 25

Après s'être fait damer le pion en Chine en 2006 par les champions locaux Alibaba et Taobao, le géant américain tente de séduire les PME chinoises.

Le géant américain de l'Internet marchand ne peut se résoudre à délaisser totalement le marché chinois et ses 404 millions d'internautes. Quatre ans après avoir décrété un humiliant repli stratégique et confié l'essentiel de ses maigres activités dans le pays au portail Tom Online, le groupe cherche à se repositionner afin de grappiller quelques parts de marchés au leader local Alibaba Group qui gère la plate-forme d'échange entre professionnels Alibaba.com et surtout le puissant Taobao.com qui contrôle 77 % des ventes en ligne aux particuliers chinois. Comme il l'a fait avec la version chinoise de son service de paiement en ligne Paypal, eBay cherche à conquérir les PME chinoises en quête d'une clientèle susceptible d'acheter leurs produits sur des sites internationaux.

Une alliance stratégique

Le groupe de San Jose (Californie) - qui opère toujours le petit site Ebay.cn en mandarin pour les professionnels chinois -a annoncé, vendredi dernier, qu'il venait de nouer un partenariat avec China Post et USPS, le service postal américain. Cette alliance doit permettre de faciliter les échanges de petites marchandises entre les vendeurs chinois et les consommateurs américains via un système pointu de suivi des commandes en ligne. Les particuliers américains pourront ainsi suivre au jour le jour le parcours de tel accessoire pour téléphone portable ou tel gadget électronique commandé sur eBay.com à un vendeur chinois.

Avec cette alliance, le site américain entend compléter sa panoplie de services aux entreprises. Le groupe propose des aides à la traduction, un système de surveillance anti-contrefaçon ou encore une équipe de conseillers en marketing et croit pouvoir séduire les PME chinoises prêtes à rémunérer un service haut de gamme. Taobao, de son côté, ne réclame toujours aucune commission aux vendeurs opérant sur son site et se concentre, malgré une première alliance avec Yahoo! au Japon, sur les échanges domestiques.

PHOTO - CEO of eBay Greater China and APAC Cross-border-trade, Jeff Liao, addresses a signing ceremony in Shanghai on May 28, 2010. US auction site eBay announced a partnership with China Post and the US Postal Service in a new bid to re-establish itself in China, where the market is dominated by homegrown rival Taobao.com. Under the plan, eBay hopes to woo Chinese merchants by developing shipping programmes that make it easier for them to sell to US consumers, eBay officials said.

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L'Europe critique le manque de transparence commerciale en Chine

Les Echos, no. 20688 - International, mardi, 1 juin 2010, p. 7

L'Union européenne a critiqué, hier, l'opacité des politiques commerciales de la Chine qui sont actuellement à l'étude au sein de l'OMC. « Il reste des lacunes importantes [_] », a indiqué le représentant européen à l'OMC, John Clarke, soulignant que « certains aspects du régime commercial de la Chine demeurent complexes et opaques ». « Bien que la Chine réitère son engagement ferme à poursuivre son ouverture et les réformes, nous croyons que cela ne caractérise pas dûment la situation actuelle en Chine », a-t-il ajouté. Il a ainsi expliqué que les entreprises européennes présentes en Chine faisaient même état « d'une aggravation du climat des affaires ».

RICHARD HIAULT

PHOTO - European Union Commissioner for Trade Karel De Gucht and China's Commerce Minister Chen Deming (L) hold a joint news conference after their meeting at the EU Commission headquarters in Brussels May 21, 2010.

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SANTÉ - Quand la Chine s'arrêtera de fumer

Les Echos, no. 20688 - Idées, mardi, 1 juin 2010, p. 14


Après les Etats-Unis, les pays européens, la Chine se met à son tour aux campagnes antitabac. A l'occasion de la 23e Journée mondiale sans tabac du 31 mai, qui est consacrée largement à la lutte contre le tabagisme chez les femmes, un groupe de 59 experts chinois, raconte « China Daily », a avancé l'idée d'une nouvelle loi visant à interdire de fumer dans les lieux publics en Chine. Une révolution dans un pays où les ventes et la production de cigarettes ne cessent de croître. Ce qui, selon le quotidien chinois, suggère que le nombre de fumeurs qui étaient estimés à plus de 350 millions il y a deux ans, n'a lui pas diminué. La Chine a néanmoins ratifié en 2005 la convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac. « Dans juste six mois le gouvernement doit appliquer sa promesse de limiter la cigarette dans les lieux publics. » Ce qui, aux yeux du journal, semble une tâche difficile. Mais le quotidien prend le parti en tout cas d'une interdiction de fumer dans les lieux publics. « Les législations nationales et locales doivent être modifiées pour que les fumeurs respectent le droit des non-fumeurs et ne fument que dans les lieux prévus à cet effet. » L'objectif notamment est de prévenir les effets du tabagisme passif. La proposition du groupe d'experts est « un rayon d'espoir tant espéré pour les non-fumeurs qui ont souffert pendant longtemps de l'inhalation de fumées toxiques ». Un autre article d'un journal proche du gouvernement de Pékin suggère qu'il s'agit là d'un tournant de la République populaire en matière de santé publique.

PHOTO - FUZHOU, CHINA - MAY 11: Migrant workers smoke in the crevice between shipping container houses at the south bank of the Minjiang River on May 11, 2010 in Fuzhou of Fujian Province, southeastern China. Workers are using shipping containers converted for use as their home and work place at the construction site of a high-end residential project in Fuzhou in southeast China's Fujian province. 13 shipping containers are used as housing and work space for the site's migrant workers and family.

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DERNIÈRES IMAGES - Wen Jiabao au Japon

Chinese Premier Wen Jiabao practices tai chi with local residents at Yoyogi Park in Tokyo May 31, 2010. Wen went for a jog in Japan's capital on Monday morning on a visit the two nations hope will boost ties that have weakened despite the ambitions of Japanese Prime Minister Yukio Hatoyama.

Chinese Premier Wen Jiabao jogs with local residents in Tokyo May 31, 2010. Wen went for a jog in Japan's capital on Monday morning on a visit the two nations hope will boost ties that have weakened despite the ambitions of Japanese Prime Minister Yukio Hatoyama.

Chinese Premier Wen Jiabao joins in a baseball practice with students at Sophia University in Tokyo May 31, 2010.

Chinese Premier Wen Jiabao waves to children during a welcoming ceremony at Japanese Prime Minister Yukio Hatoyama's official residence in Tokyo May 31, 2010.

Chinese Premier Wen Jiabao inspects Japanese honour guards during a welcoming ceremony at Japanese Prime Minister Yukio Hatoyama's official residence in Tokyo May 31, 2010.

TOKYO, JAPAN - MAY 31: Japanese Prime Minister Yukio Hatoyama (R) and Chinese Premier Wen Jiabao arrive for a dinner at Akasaka Palac eState Guesthouse on May 31, 2010 in Tokyo, Japan. Wen is on a three-day visit to Japan.

Chinese Premier Wen Jiabao (2nd L) is welcomed by Imperial Household Agency Grand Master of the Ceremonies Takekazu Kawamura (2nd R) upon his arrival at the Imperial Palace for a meeting with Japanese Emperor Akihito (not in picture) in Tokyo June 1, 2010.

Chinese Premier Wen Jiabao waves to the media upon his arrival at Haneda Airport in Tokyo on May 30, 2010. Wen is on a three-day visit to Japan to hold talks with his Japanese counterpart Yukio Hatoyama and business leaders.
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ANALYSE - La Chine ambivalente face à la crise coréenne - Jean-Pierre Cabestan

Le Figaro, no. 20474 - Le Figaro, lundi, 31 mai 2010, p. 18

Le professeur à l'Université baptiste de Hongkong explique pourquoi Pékin veut maintenir le régime de Kim Jong-il.

La Chine, deuxième puissance mondiale, donne une fois de plus l'impression d'une grande impuissance face à la crise en cours dans la péninsule coréenne. Mais est-elle vraiment impotente? La République populaire montre surtout qu'à ses yeux le maintien à bout de bras du régime de Kim Jong-il passe avant toute coopération pleine et entière avec la communauté internationale, au risque de porter atteinte non seulement à son image, mais aussi à ses relations avec la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis.

À l'évidence, le gouvernement chinois sait parfaitement que c'est la Corée du Nord et très probablement Kim Jong-il lui-même qui sont responsables du torpillage en mars dernier de la corvette Choenan, provoquant la mort de 46 marins sud-coréens. Alors pourquoi ce refus de reconnaître la réalité et pourquoi cet immobilisme?

Premier partenaire économique de Pyongyang, loin devant Séoul, Pékin est la seule capitale qui possède les moyens d'exercer des pressions qui font mal sur le régime nord-coréen. Parallèlement, en dépit d'un fossé idéologique béant avec le Parti du travail nord-coréen, le PC chinois jouit d'un accès direct à Kim Jong-il, comme l'a encore montré il y a peu la visite semi-secrète de ce dernier en Chine, visite au cours de laquelle l'incident du Choenan n'a pu qu'être évoqué.

Évidemment, l'on peut imaginer que cette affaire ne sert pas les intérêts du président Hu Jintao ni de son premier ministre, Wen Jiabao, alors que ce dernier s'apprêtait à se rendre à Séoul puis à Tokyo. Certaines sources font également état de divergences, notamment entre les diplomates et les militaires chinois, les premiers disposés à s'associer à des sanctions internationales supplémentaires contre la Corée du Nord, les seconds plus inquiets de la montée de la tension dans la péninsule et surtout plus préoccupés par l'avantage que le grand rival américain et le petit (ou moins grand) rival japonais pourraient tirer de cette nouvelle crise.

Toutefois, les récentes gesticulations de la marine chinoise autour d'Okinawa ont bien montré que l'objectif numéro un non seulement de l'Armée populaire de libération mais aussi de la direction du PC chinois demeure l'affirmation de la puissance chinoise en Asie orientale et, de plus en plus, par-delà la première chaîne d'îles que constituent justement Okinawa et Taïwan.

Il est clair que cette crise a contribué à resserrer les liens de solidarité stratégiques entre la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis, acculant la Chine à faire un choix qu'elle ne veut justement pas faire. Mais par-delà ses hésitations, le gouvernement chinois est et restera probablement ambivalent à l'égard des agissements de la Corée du Nord et rétif à toute sanction véritable parce que cette ambivalence sert ses intérêts stratégiques et politiques.

Le danger suprême pour Pékin demeure et demeurera un effondrement du régime de Pyongyang car celui-ci pourrait précipiter un changement à son détriment de la donne stratégique dans la zone. Il rapprocherait un allié de Washington de sa frontière et renforcerait à son désavantage l'influence économique de Séoul au nord de la péninsule. Bien que cette éventualité soit par définition imprévisible, les autorités chinoises font tout leur possible pour stabiliser, voire consolider le régime nord-coréen, édulcorant l'application des sanctions passées auxquelles elles se sont pourtant associées, notamment après l'essai nucléaire de 2009 et fournissant à ce régime toute l'aide économique nécessaire pour survivre et pouvoir défier les pressions internationales.

Cette ambivalence, que certains qualifieront de duplicité, n'est pas limitée à la Corée du Nord; l'on pense évidemment à l'Iran où là aussi la Chine pourrait finalement approuver des sanctions molles et qui n'auront aucune chance de contrarier les agissements du pays visé.

Cette politique présente un coût notamment en matière d'image internationale de la Chine ou même pour ce qui concerne les relations entre ce pays et ses principaux partenaires économiques et diplomatiques. Mais le prix à payer par Pékin paraît bien faible, tant ces partenaires sont aujourd'hui tributaires du fournisseur, du client... et du banquier chinois, que ce soit la Corée du Sud, le Japon ou les États-Unis. On peut même aller plus loin : la politique complaisante de Pékin à l'égard de Pyongyang, de Téhéran ou de Khartoum ne lui coûte rien. Alors pourquoi changerait-elle de politique?

Auteur de « La politique internationale de la Chine : Entre intégration et volonté de puissance », Presses de Sciences Po.

PHOTO - North Korean leader Kim Jong-il (L) and China's President Hu Jintao pose during their meeting at the Great Hall of the People in Beijing May 5, 2010, in this picture released by North Korea's KCNA news agency in Pyongyang May 9, 2010.

© 2010 Le Figaro. Tous droits réservés.

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Naufrage de la corvette sud-coréenne : Pékin ne condamne pas Pyongyang

Le Monde - Supplément Terres d'Europe, mardi, 1 juin 2010, p. 12

Pressée par la Corée du Sud et le Japon d'adopter une position plus ferme vis-à-vis de la Corée du Nord, accusée d'avoir torpillé un navire sud-coréen, la Chine n'a pas durci sa position, dimanche 30 mai, au cours du sommet entre les trois pays qui s'est tenu à Seogwipo (sur l'île sud-coréenne de Jeju) appelant, en revanche, à apaiser des tensions. A son arrivée en Corée du Sud, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, avait déclaré que la Chine n'entendait " en rien défendre les responsables de ce naufrage " qui, le 26 mars, a coûté la vie à quarante-six marins. Au cours du sommet avec le président sud-coréen, Lee Myung-bak, et le premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, M. Wen ne s'est pas associé à la condamnation de la Corée du Nord : " Il est urgent de dissiper l'impact de l'incident du Cheonan, d'apaiser progressivement les tensions et surtout d'éviter l'affrontement, a-t-il déclaré. Sans paix ni stabilité dans la péninsule coréenne, le développement de l'Asie de l'Est est impossible. " Tout en présentant ses condoléances aux familles des marins, le premier ministre s'est refusé à citer nommément la Corée du Nord.

Philippe Pons

PHOTO - Chinese Premier Wen Jiabao (2nd L) holds a girl's hand as he is greeted by children upon his arrival at the Chinese Culture Center in Seoul May 29, 2010.

© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.

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ENQUÊTE - La Chine victime, elle aussi, des délocalisations - Arnaud Rodier

Le Figaro, no. 20474 - Le Figaro Économie, lundi, 31 mai 2010, p. 22

Trop chère, trop compliquée, corrompue et trop souvent versatile, en matière de commerce international, la Chine n'est plus l'atelier du monde le plus convoité. Les entreprises chinoises et les étrangers sont de plus en plus tentés par le Maghreb et par les pays d'Asie du Sud-Est.

Le mouvement n'est pas nouveau. Dès le milieu de l'année 2008, Adidas décidait de réduire sa production en Chine pour délocaliser certaines usines au Laos et au Cambodge, ainsi que dans des pays de l'Europe de l'Est. À l'époque, le groupe invoquait une simple hausse de 10 % des coûts salariaux sur la zone côtière, mais rejetait l'idée qu'il puisse s'agir d'une tendance qui allait se développer. Il se trompait. Un an plus tard, un groupe chinois, rebaptisé pour l'occasion Nile Textile Group, choisissait de fabriquer ses chemises dans la zone franche de Port-Saïd, en Égypte, où il décidait de construire une usine de 600 personnes avec 80 % de capitaux égyptiens et 20 % de capitaux chinois.

Mais il ne s'agissait pas tant, cette fois-ci, de diminuer ses coûts que de profiter de la possibilité qui lui était offerte d'importer ses matières premières sans taxes ni impôts dès lors qu'il réexportait ses produits finis. Et il ne s'agissait que d'un début qui ne concerne pas seulement le bas de gamme. La même année, le géant de l'informatique China Great Wall Computer abandonnait Shenzhen pour l'Algérie pour fabriquer ses cartes mères pour ordinateurs portables avec l'opérateur local de services Internet Eepad.

Une étude réalisée en mars dernier par la Chambre américaine de commerce à Shanghaï et le cabinet de conseil Booz and Company montre que 28 % des entreprises américaines implantées en Chine trouvent la côte beaucoup trop chère et que 8 % d'entre elles envisagent de s'installer au Vietnam, en Inde, en Thaïlande ou en Indonésie.

Incitations fiscales

Car ces pays, plus proches des Chinois que le Maghreb, proposent aussi, en plus de salaires très compétitifs, des incitations fiscales alléchantes pour les étrangers, tarifications douanières privilégiées, facilités de transferts financiers...

Ils en font tous un argument commercial en même temps qu'ils se spécialisent dans des domaines de plus en plus précis et offrent une main-d'oeuvre de plus en plus qualifiée. C'est par exemple le cas des logiciels informatiques en Inde. Du coup, les délocalisations chinoises concernent non seulement les chaînes de production mais encore les ingénieurs et les techniciens de haut niveau. On les retrouve en Corée du Sud et à Taïwan, tout comme on trouve des chercheurs et des médecins chinois en Thaïlande.

La chute progressive des barrières douanières entre les dix pays de l'Asie du Sud-Est (Asean), la Chine, le Japon et la Corée (Asean + 4) facilite l'intégration des économies de la zone au sein d'un espace régional qui accélère les délocalisations. La Chine veut en profiter. Mais, revers de la médaille, c'est aussi le prix qu'elle doit payer pour une mondialisation dont elle est désormais le moteur principal.

PHOTO - BEIJING, CHINA - APRIL 13: A Chinese national flag is dried at the Beijing Jinggong Red Flag Factory on April 13, 2008 in Beijing, China. Beijing Jinggong Red Flag Factory is designated for official flag manufacturings for the Beijing Organizing Committee of the 2008 Olympic Games (BOCOG) and 205 member countries and regions of the International Olympic Committee (IOC).

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La révolte sociale gronde dans l'atelier du monde - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20474 - Le Figaro Économie, lundi, 31 mai 2010, p. 22

Après une vague de suicides, Foxconn relève les salaires de 20 %. Les usines Honda sont toujours en grève.

De façon dramatique ou presque cocasse, la question des salaires dans l'« atelier du monde » a occupé le devant de la scène chinoise ces jours derniers. Le versant tragique, ce sont les suicides à la chaîne - au moins 10 morts en peu de temps - dans la gigantesque usine aux 400 000 ouvriers de Foxconn à Shenzhen. Les causes de ces tragédies sont complexes, mais les rythmes de travail intensifs et les maigres salaires ont été mis en cause. Paniquée pour son image, l'entreprise vient d'annoncer une hausse de 20 % des salaires.

L'autre actualité moins noire sur le sujet, ce sont les grèves qui ont conduit les quatre usines Honda de Chine à cesser toute activité la semaine dernière. La grève est un phénomène peu courant en Chine, plutôt considéré comme un mal de pays occidental décadent.

L'affaire Foxconn a fait grand bruit, parce que l'entreprise est un monstre de l'électronique, avec 800 000 employés en Chine, qu'elle assemble l'iPhone pour Apple et travaille aussi pour Nokia, Sony ou HP. Les salaires moyens tournent autour de 900 yuans (107 euros). La compagnie a confirmé une prochaine augmentation des salaires, en prenant soin d'affirmer que ce n'était pas une réponse à l'épidémie de suicides. « Nous avons discuté de cette augmentation depuis le début de l'année alors que les affaires ont repris, et fixé une base de 20 % », a déclaré un porte-parole de Foxconn à Taïpeh. De fait, cette augmentation correspond à ce qu'a préconisé le patron de la province cet hiver. L'usine Foxconn est en effet située dans le Guangdong, l'un des fiefs des exportateurs chinois, où il manquait officiellement 900 000 ouvriers dans les usines de la région fin février. Du coup, Wang Yang, le réformiste patron du Parti du Guangdong, avait déclaré que la province étudiait une augmentation du salaire minimum, de 15 à 20 %.

Revendications soutenues par le gouvernement

L'autre événement saillant, donc, c'est la grève des ouvriers des usines chinoises de Honda, qui gère trois coentreprises dans le pays avec Dongfeng Motors et Guangzhou Automobile. Selon le National Business Daily, les grévistes, qui gagnent en moyenne moins de 1 500 yuans par mois (179 euros), réclament des augmentations substantielles. Un porte-parole de Honda en Chine a déclaré que « la compagnie est en négociation avec les travailleurs, en coordination avec le gouvernement local ».

Aujourd'hui, un grand nombre d'entreprises étrangères ou assimilées implantées dans le pays font face à une montée des revendications des salariés et plus particulièrement des travailleurs migrants. Symptomatiquement, le Hong Kong Trade Development Council (HKTDC) doit présenter cette semaine un rapport intitulé « La hausse des coûts sur le continent touche de plein fouet les entreprises hongkongaises ». Or, avec les entreprises taïwanaises, elles sont les grands employeurs du Sud chinois. À côté de la hausse du coût des matières premières et de l'inflation, la pression pour l'augmentation des salaires - pourtant bien minces - est considérée comme un problème.

D'autant que ces revendications de hausse des salaires semblent soutenues, jusque dans une certaine mesure, par les dirigeants chinois. Avec deux objectifs : limiter les tensions sociales et muscler la consommation intérieure pour compenser la baisse des exportations vers l'Occident.

La meilleure preuve en est le rôle joué par la très officielle Fédération nationale des Syndicats de Chine (FNSC). Dans le Guangdong par exemple, elle a préconisé que le salaire minimum soit au moins égal à 40 % du salaire moyen de la province. Selon Zhang Jianguo, de la FNSC, la part des salaires dans le PIB n'a cessé de baisser depuis 1983, passant de 56,5 % à 36,7 % aujourd'hui.

Cette hausse des salaires est aussi un grand argument des industries exportatrices contre toute appréciation du yuan, le secteur ne pouvant supporter en même temps ces deux facteurs de hausse de leurs produits destinés au marché extérieur. À moins d'accepter une réduction leur marge de profit, ce qui n'est pas d'actualité.

PHOTO - Honda interim workers and workers confront a group of people which claimed to be representatives of the workers union but were unrecognized by the workers after workers walked out for a strike from their plant manufacturing auto parts in Foshan at the southern Chinese Guangdong province May 31, 2010. Honda Motor earlier expected its parts plant in south China to resume production on Monday morning after it agreed to a pay rise for its employees, a company spokesman said on Monday. Production at all of Honda's four China car plants was halted for most of last week after a walkout at the parts factory in a labour dispute.

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DERNIER CHIFFRE - 20 % d'augmentation pour les ouvriers de Foxconn

Le Monde - Economie, mardi, 1 juin 2010, p. 16

Hon Hai Precision Industry, la maison mère du taïwanais Foxconn, frappé par une série de suicides (Le Monde du 28 et du 29 mai), a annoncé, le 28 mai, qu'elle allait augmenter de 20 % le salaire d'au moins 200 000 de ses 800 000 ouvriers en Chine. " La tristesse est contagieuse, la joie aussi, a dit un dirigeant. Nous espérons que les ouvriers auront un regard plus positif sur leur vie. "

PHOTO - Policemen stand guard outside the Hong Hai headquarters during a protest by labour unions in Tucheng, Taipei, May 28, 2010. Taiwan's Hon Hai Precision Industry plans to raise salaries for workers at its Foxconn unit in China by about 20 percent, it said on Friday, a move that follows a spate of apparent suicides at some of its production bases.

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DERNIER CHIFFRE - 1 milliard d'euros : prêt de la Chine à la mairie de Téhéran

Le Monde - Mardi, 1 juin 2010, p. 2

Signe de la participation croissante de Pékin à l'économie iranienne, la Chine a accordé un prêt de 1 milliard d'euros pour financer plusieurs projets de la mairie de Téhéran, notamment un important tunnel de plusieurs kilomètres. Profitant du durcissement de l'embargo économique et financier occidental, la Chine a renforcé sa présence en Iran, dont elle est devenue, en 2009, le premier partenaire économique.

PHOTO - Iranian President Mahmoud Ahmadinejad waves to the media prior to a meeting at the presidency in Tehran, on May 18, 2010. Iranian officials said that they expect a swift response from world powers on an accord to ship much of its low enriched uranium to Turkey, as UN Security Council member China backed the swap deal.

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INTERVIEW - Jean Ping : " L'Asie est un modèle de réussite. Nous devons nous en inspirer "

Le Monde - Mardi, 1 juin 2010, p. 11

En 2010, l'indépendance des Etats africains reste-t-elle à conquérir ?

Jean Ping : Il est vrai que la plupart de nos pays ont obtenu l'indépendance en pleine guerre froide. Pour assurer leur sécurité, il leur a fallu s'aligner. Les espoirs d'autonomie économique ont été déçus. Dans les années 1990, alors que les pays du Nord renforçaient leurs Etats pour assurer leur sécurité, ils ont affaibli les nôtres. Place aux marchés, aux ONG, à la décentralisation ! Les conséquences de cette marche arrière ont été terribles. Des Etats faillis comme la Somalie sont même apparus, et il faut aujourd'hui les reconstruire.

Aujourd'hui, les pays émergents se ruent sur l'Afrique. Est-ce un contexte favorable à une nouvelle émancipation ?

L'évolution vers un monde multipolaire, la montée de la Chine et d'autres puissances modifient l'organisation de la planète. Nous devons en tenir compte, nous adapter. L'Asie est un modèle de réussite. Nous ne devons pas le copier mais nous en inspirer.

L'Afrique a été récemment secouée par une série de coups d'Etat. Partagez-vous le constat d'une régression démocratique du continent ?

Avec quatre coups d'Etat en sept mois, il semble naturel de parler de régression, et c'est terrible. Mais, en même temps, on constate une avancée du processus démocratique dans une vingtaine de pays. Regardez le Ghana ou le Botswana ! La tendance générale est à l'approfondissement de la démocratie, même si elle connaît des fluctuations. Le rôle de l'Union africaine consiste à ramener l'ordre constitutionnel. Nous avons cherché à le faire systématiquement. Il nous reste à régler le cas de Madagascar.

Considérez-vous le maintien de bases militaires françaises comme des entraves à la souveraineté des Etats ?

Oui, ce sont des survivances qui doivent faire l'objet d'un réexamen. Mais des bases militaires américaines existent en Europe et en Asie. Les Etats africains et la France ont une volonté commune de renégocier, et la tendance est à la fermeture.

Et le franc CFA, est-ce une survivance coloniale ?

Un système comparable fonctionne en Amérique latine, où certaines monnaies sont alignées sur le dollar. En Afrique même, plusieurs systèmes coexistent : au Liberia, les dollars circulent, tandis que les pays anglophones possèdent des monnaies indépendantes. L'avenir est aux monnaies communes correspondant à des marchés communs régionaux, voire au marché continental. Nous en discutons actuellement. A l'Union africaine, nous étudions la perspective d'une banque centrale et d'un fonds monétaire africains.

Mais n'est-ce pas un voeu pieux, étant donné les divisions au sein de l'UA, qui ressemble à un syndicat de chefs d'Etat ?

L'Union africaine, c'est vrai, n'est pas encore une organisation supranationale. Pas plus que l'Union européenne d'ailleurs. Mais votre critique n'est plus fondée : nous avons condamné un Etat comme le Niger - lorsque l'ancien président Tandja a manipulé la Constitution pour rester au pouvoir - . Faites-vous cela en Europe ? Nous sommes intervenus pour rétablir la démocratie aux Comores, nos soldats sont présents au Darfour et en Somalie.

Mais vous vous opposez au mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant le président soudanais Omar Al-Bachir pour " crimes contre l'humanité " au Darfour.

C'est un autre problème : nous ne voulons pas d'une justice à deux vitesses. Les Etats africains sont souverains et certains n'acceptent pas cette démarche de la CPI. Après tout, les Etats-Unis et la Chine n'y adhèrent pas ! Nous pensons aussi que, au Darfour, la justice est indissociable de la paix et de la réconciliation.

Qu'attendez-vous du sommet Afrique-France qui s'est ouvert à Nice ?

Il concerne les Etats. En tant que représentant de l'Union africaine, je n'y suis qu'observateur.

Vous avez tout de même un avis sur les relations franco-africaines !

Le monde change, l'Afrique et la France aussi. Je ne parlerai pas de rupture, mais d'adaptation.

Quelle place revendiquez-vous pour l'Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies ?

L'Afrique revendique deux sièges de membre permanent, l'Europe, qui en a déjà deux, en souhaite un supplémentaire. Pour disposer d'un siège, il faut obtenir 129 voix sur 192 Etats. L'Europe représente 27 voix et doit en trouver ailleurs. L'Afrique dispose de 53 voix. Nous sommes prêts à discuter d'un soutien réciproque.

Mais de nombreux pays comme l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Egypte et le Sénégal prétendent représenter l'Afrique. Comment trancherez-vous ?

Que les Africains s'entendent entre eux ou non, l'Assemblée générale des Nations unies les départagera.

Propos recueillis par Philippe Bernard

PHOTO - Newly-elected African Union chairman Jean Ping addresses the media in Nairobi February 22, 2008. Africa's top diplomat pushed Kenya's feuding parties on Friday to reach a speedy deal after the government agreed in principle to create a prime minister's post to help end a deadly post-election crisis.

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Les insectes, bifteck de l'avenir - Gaëlle Dupont

Le Monde - Page Trois, mardi, 1 juin 2010, p. 3 Brochettes de sauterelles, criquets sauce piquante, purée de punaises d'eau géantes, larves frites, scorpions au chocolat... Le menu n'est a priori pas très ragoûtant, mais il faudra peut-être vite s'y habituer. Le développement de la consommation d'insectes comme substitut de la viande ou du poisson fait partie des pistes étudiées très sérieusement par plusieurs experts, dont ceux de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), pour assurer la sécurité alimentaire mondiale dans les décennies à venir. La FAO est en train d'élaborer des recommandations, et devrait, avant la fin 2010, encourager officiellement ses Etats membres à " maintenir et développer " leur consommation.

L'entomophagie présente, selon ses promoteurs, de multiples avantages. Les qualités nutritionnelles des insectes sont grandes. Ils contiennent des protéines, des lipides, des minéraux (zinc, fer), des vitamines, parfois plus que la viande ou le poisson. Et ils ont un bien meilleur rendement que le bétail traditionnel. " Il faut 10 kg de nourriture végétale pour produire 1 kg de boeuf, explique Arnold Van Huis, entomologiste à l'université de Wageningen (Pays-Bas). Alors qu'il en faut seulement un ou deux pour les insectes comestibles. " Ils ont également besoin de beaucoup moins d'eau. Or 70 % des terres arables et 9 % de l'eau douce sont aujourd'hui consacrées à l'élevage, qui est en outre responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre, selon la FAO. Quant aux poissons sauvages, ils sont souvent surexploités. Et les poissons d'élevage sont nourris avec... du poisson sauvage. Comment nourrir, dans ces conditions, les 9 milliards d'habitants de la planète en 2050 ?

" Nous avons besoin de sources de protéines alternatives, et les insectes en sont une ", estime Paul Vantomme, du département forêt de la FAO. Disponibles en grande quantité à l'état sauvage, ils sont aussi faciles à élever, car ils peuvent se reproduire rapidement dans des espaces fermés (le confinement permet de prévenir d'éventuelles pollutions). Les espèces les plus productives pourraient donc devenir une sorte de " mini-bétail ".

Reste à lever l'obstacle du dégoût irrépressible qui s'empare du mangeur à la perspective de croquer une tarentule, même frite. " Il existe un rejet dans l'inconscient collectif, constate Romain Garrouste, entomologiste au Muséum national d'histoire naturelle. Insectes et araignées sont perçus comme sales, grouillants, vecteurs de maladies, destructeurs de récoltes. " Cela bien que beaucoup soient utiles (pour la pollinisation ou la fertilisation des sols) et constituent un élément-clé de notre écosystème.

Cette répulsion est d'ailleurs loin d'être universellement partagée. Quelque 1 400 espèces sont consommées en Afrique, en Asie, et en Amérique latine : larves de coléoptères, fourmis, chenilles, criquets, chrysalides des vers à soie, punaises, cigales, grillons, araignées, scorpions... (Avis aux amateurs, cependant, comme pour les champignons ou les végétaux, tous les insectes ne sont pas comestibles.) La Chine, le Japon, la Thaïlande, l'Afrique du Sud, le Mexique figurent parmi les plus importants consommateurs.

" Dans certains cas, il s'agit de plats de fête ou d'amuse-gueules très appréciés, dans d'autres les insectes sont nécessaires à la survie, souligne Nicolas Césard, ethnologue, spécialiste des relations entre hommes et insectes. Parfois, comme à Bali, les gens qui ont les moyens d'acheter autre chose s'en détournent, mais ce n'est pas toujours le cas. "

D'autres ne peuvent plus les consommer. " En cas de grosse attaque de criquets pèlerins, les Africains ne peuvent pas récupérer ces protéines abondantes à cause des traitements insecticides massifs, qui sont de toute façon appliqués trop tard pour empêcher la destruction des récoltes ", observe Elisabeth Motte-Florac, ethno-pharmacologue à l'université Montpellier-I.

Une décrue contre laquelle les Etats concernés devraient lutter, selon M. Vantomme. " L'élevage d'insectes pourrait fournir des aliments, mais aussi du travail dans les sociétés rurales ", estime M. Vantomme, qui cite l'exemple du Laos, où cette activité se développe.

Les spécialistes espèrent aussi progresser dans les pays occidentaux. Tout est selon eux une question de " psychologie ". " Il suffit de goûter pour recommencer ", disent les amateurs. Pourquoi délaisser les insectes quand on consomme du miel, des escargots, des grenouilles ou des huîtres ? Leur saveur est souvent comparée à celle des fruits de mer ou des noisettes. Dans l'Antiquité, les Romains appréciaient les chenilles. D'ailleurs, nous consommons déjà involontairement 500 g en moyenne de résidus d'insectes par an, dans le pain, les jus de fruit...

Mais le tabou est grand, et les petites entreprises qui tentent d'investir ce créneau cherchent à le contourner. En Grande-Bretagne, Edible (www.edible.com) joue sur l'aspect ludique, rare et haut de gamme de ses produits (toffee au scorpion, fourmis géantes toastées...). Aux Pays-Bas, la petite société Bugs Organic Food commercialise des barres de müesli aux vers de farine (larves de coléoptère), ainsi que des boulettes et des nuggets au poulet et aux vers, dans lesquels l'insecte " disparaît ". Les produits respectent les normes sanitaires du pays.

" Je crois beaucoup aux insectes comme nourriture durable, dit Marian Peters, chef de projet de la société. Le gouvernement nous soutient financièrement, car nous avons une grosse industrie agroalimentaire, et le pays veut rester en avance. " La production reste marginale. D'autres sociétés néerlandaises travaillent sur l'extraction des protéines des insectes, qui pourraient être intégrées à des aliments plus acceptables par les non-entomophages.

Autre potentiel considérable : utiliser le " mini-bétail " pour alimenter le gros. " Les insectes pourraient par exemple remplacer les huiles et farines de poissons sauvages dans l'alimentation des poissons d'élevage ", affirme M. Vantomme. Bien que peu connue, la pratique existait en France jusqu'aux années 1980, sur les bords de la Saône, où les éphémères, de petits insectes volants, étaient récoltés et utilisés dans les rations animales. Des essais très concluants ont en outre déjà eu lieu dans des élevages porcins.

S'il sait que beaucoup reste à faire, M. Van Huis demeure très optimiste sur l'avenir de la consommation " directe ou indirecte " d'insectes. " Nous avons déjà beaucoup progressé en termes de sensibilisation depuis dix ans ", affirme le chercheur. Un premier congrès international consacré à l'entomophagie pourrait avoir lieu en 2012.

Gaëlle Dupont

PHOTO - Foreign tourists look at insects and sea creatures which are displayed for sale in front of the Royal Palace in Phnom Penh, 20 June 2007. Cambodia's donors pledged 689 million USD to the impoverished country on 20 June, including tens of millions from China, which attended the annual aid meeting for the first time

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Guy Savoy sur la muraille de Chine - Jacques Pessis

Le Figaro, no. 20474 - Le Figaro et vous, lundi, 31 mai 2010, p. 43

Samedi 24 mai, Guy Savoy a réalisé une première : il a préparé un dîner en plein air, sur la muraille de Chine. Soixante-quinze privilégiés, principalement venus de toute l'Asie, ont été conviés à cette soirée d'exception, organisée par un groupe américain. Entre deux plats, les convives, tous amateurs et acheteurs de grands crus, ont goûté quinze millésimes de Château Margaux. Arrivé la veille en compagnie de quatre de ses collaborateurs, le chef s'est rendu à deux heures de Pékin, sur un espace, au sommet d'un escalier, où la muraille mesure 10 mètres de large. Installé sous une minuscule tente blanche, il a mitonné quelques-unes de ses spécialités. Entre 20 heures et 1 heure du matin, elles ont été servies par quarante maîtres d'hôtel sur des tables aménagées, faute de place, sur une seule rangée.

Avant de repartir, chacun des invités a tenu à être photographié aux côtés de Guy Savoy. Un souvenir qui s'ajoute à ceux que le cuisinier conservera en mémoire. « En repartant, j'ai essuyé une larme, et appelé ma famille pour dire combien je venais de passer un moment unique. »

PHOTO - French chef Guy Savoy attends the Gras Savoye Grand Steeple-Chase of Paris horse racing on May 30, 2010 at the Auteuil racetrack in Paris. French jockey Jerome Zuliani on horse Polar Rochelais won the race.

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LITTÉRATURE - "I love dollars" de Zhu Wen


I love dollars : Et autres nouvelles de la Chine profonde

Recueil de nouvelles, I love dollars nous immerge dans la vie d'un jeune homme insouciant et cynique. Jamais le même mais toujours semblable. Kafkaïens, les protagonistes paranoïaques se perdent dans une destinée qu'ils ne contrôlent pas, chahutés par des rencontres le plus souvent à risques. Zhu Wen traite de manière discrète des troubles dont souffre son pays : recherche du profit à tout prix, corruption, perte des valeurs, insécurité... Des préoccupations pas si éloignées de notre société occidentale, et c'est peut-être cela qui déçoit le lecteur, le manque de dépaysement que nous promet pourtant la couverture haute en couleur, néanmoins l'histoire est plaisante et le mot amusant. Une lucarne sur la Chine d'aujourd'hui, oscillant entre idéologie communiste et diktat d'une croissance toujours plus palpable.

(Source : Valeurs Actuelles, no. 3823)

Albin Michel, 357 pages, 20 €.

LITTÉRATURE - Le Temps des chimères - Hubert Védrine

Le Monde - Analyses, vendredi, 19 février 2010, p. 2

Hubert Védrine veut en finir avec le droit-de- l'hommisme européen. Sur TV5, l'ancien ministre des affaires étrangères a lancé, le 14 février, un appel : " Il faut arrêter cette évolution qui a dominé depuis vingt/vingt-cinq ans " en Europe. Elle accréditait l'idée que la politique étrangère, c'est la défense des droits fondamentaux - prioritairement.

Dans la préface de son dernier livre (Le Temps des chimères, Fayard), M. Védrine interpelle les droits-de-l'hommistes : quel bilan après un quart de siècle de prosélytisme ? La question, légitime, est adressée aux ONG, à la presse, à ceux qui ont milité pour que les droits de l'homme soient au coeur de la politique étrangère.

Le temps des chimères : Articles, préfaces et conférences (2003-2009)

Hubert Védrine observe que les Occidentaux pèsent moins dans le monde d'aujourd'hui. Ils ont perdu le monopole de la puissance économique, mais aussi celui de dire la norme du droit et de la morale. La planète se soucie de moins en moins de ce que les Américains et les Européens peuvent bien penser. Or la mise en avant des droits de l'homme, écrit-il, " découle d'une vision séculaire selon laquelle tout s'organise à partir de l'Occident ". Avec la montée de la Chine, de l'Inde, du Brésil et de quelques autres, tout ne " s'organise plus autour de l'Occident ".

M. Védrine pense juste, souvent. Il a l'expérience de l'action, mais il est aussi un homme de réflexion. Il n'est pas contre la défense des droits de l'homme, il s'oppose à ce qu'elle devienne le principal déterminant des relations que l'Europe ou les Etats-Unis ont avec le reste du monde. Là, il se trompe. Il y a beau temps que les droits de l'homme ne pèsent plus guère dans la diplomatie des Etats-Unis ou des Européens. Le droit-de-l'hommisme est mort, enterré au cimetière des illusions nées de la fin de la guerre froide.

L'administration Obama dit que la relation que les Etats-Unis entretiennent avec la Chine est trop importante pour être altérée par la question des droits de l'homme. La Chine peut tout se permettre, ou à peu près. Sous patronage onusien, il y a une commission Goldstone pour juger le comportement d'Israël à Gaza; il n'y en a pas pour juger celui des forces de l'ordre chinoises au Tibet ou au Xinjiang.

Il a fallu attendre dix jours de manifestations pour que Barack Obama ait un mot de sympathie à l'adresse des Iraniens qui défient le régime de M. Ahmadinejad. Les Européens n'ont pas jugé bon de diminuer le niveau de leur représentation diplomatique à Téhéran. Pour les meilleures raisons économiques, Berlin et Paris font les yeux doux à Moscou.

Derrière la Chine, les puissances émergentes développent une conception fondamentaliste de la souveraineté nationale : pas question de s'immiscer dans leurs affaires intérieures. La nouvelle doctrine, c'est non à l'ingérence, surtout au nom des valeurs. Le relativisme culturel progresse. On prend le pari : dans ce monde-là, M. Védrine en viendra vite à regretter les droits-de-l'hommistes.

Alain Frachon


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dimanche 30 mai 2010

La Corée du Nord renforce les divisions entre voisins - Michel de Grandi

Les Echos, no. 20687 - International, lundi, 31 mai 2010, p. 8

Réunis pour jeter les bases d'une coopération économique plus intense, les trois voisins d'Asie de l'Est n'ont guère progressé dans leur dialogue.

Sans surprise, la question de la Corée du Nord s'est invitée tout au long des deux jours de débats entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Pour sa troisième édition, le sommet trilatéral organisé en Corée du Sud durant le week-end devait jeter les bases d'une coopération économique plus intense entre les trois puissances d'Asie de l'Est. Un texte-cadre intitulé « Vision 2020 » a bien été paraphé, dans lequel figurent une série de propositions destinées à renforcer la cohésion régionale. Les enjeux sont réels puisque c'est effectivement en Asie de l'Est que se trouvent les deuxième et troisième économies mondiales et les plus grosses réserves de change au monde. Cette zone est également l'un des moteurs de la croissance mondiale grâce, essentiellement, à la Chine. Enfin, le Japon et la Corée du Sud figurent en tête des puissances mondiales pour la recherche et le développement.

En théorie, une plus grande coopération suppose d'accroître les flux d'échanges et d'investissement et de jeter les bases à un futur accord de libre-échange à trois. Le document pousse même le détail jusqu'à mentionner les énergies vertes ou la définition de standards environnementaux régionaux comme premières bases de discussion. Dans la pratique, la réalité apparaît bien différente.

Préalables

Les trois partenaires ont d'emblée posé un certain nombre de préalables sur la nature des secteurs commerciaux à inclure dans l'accord global. Or ces prénégociations risquent de durer, tant les spécialisations industrielles des trois voisins tendent à se chevaucher. Ils se retrouvent de plus en plus en concurrence directe dans l'électronique grand public, les semi-conducteurs, le photovoltaïque, l'automobile ou la construction navale. En outre, il est difficile d'envisager une segmentation des marchés où la Chine se contenterait de l'entrée de gamme, la Corée du milieu et le Japon du haut de gamme. Ensuite, ces trois puissances sont des rivaux régionaux aux relations historiquement chaotiques. Sur ce point, la Corée du Nord n'a fait qu'accroître encore leurs divergences.

Reconnue coupable par une commission d'enquête d'avoir coulé, en mars, un bâtiment de guerre sud-coréen, Pyongyang a mis depuis plusieurs jours son armée en alerte maximale face aux demandes de sanctions de Séoul et Tokyo.

Une fois n'est pas coutume, Séoul et Tokyo font front commun contre Pyongyang, alors que Pékin se range aux côtés de son voisin dont il est le premier partenaire commercial et surtout un allié politique indéfectible. « Le plus urgent est de faire baisser progressivement les tensions et tout tenter pour éviter un conflit », a déclaré le Premier ministre chinois Wen Jiabao à l'issue du sommet. Cet acte de guerre contre le bateau sud-coréen « pose un défi qu'il faut régler correctement. J'attends du Japon et de la Chine une totale et large coopération sur ce point », a dit, pour sa part, le président sud-coréen Lee Myung-bak. « Ce n'est pas parce que nous n'avons pas peur de la guerre que nous la voulons pour autant », a poursuivi le responsable coréen. Le Japon pour sa part a estimé qu'« un règlement approprié » de ce sujet doit pouvoir maintenir la sécurité dans la zone.

Sans attendre de nouveaux développements, le président de la Corée du Sud va adresser cette semaine une lettre au président du Conseil de sécurité des Nations unies pour faire part, officiellement, de ses réclamations.

PHOTO - JEJU, SOUTH KOREA - MAY 30: (L-R) Japanese Prime Minister Yukio Hatoyama, South Korean President Lee Myung-Bak and Chinese Premier Wen Jiabao attend the press conference of the East Asian 3 Nations Summit on May 30, 2010 in Jeju, South Korea. China came under intensified pressure from South Korea and Japan today to join global efforts to punish North Korea over its alleged sinking of a South Korean warship in March.

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Embarrassé par une vague de suicides, Foxconn met en scène une hausse de salaires

Les Echos, no. 20687 - Technologies de l'information, lundi, 31 mai 2010, p. 22

YANN ROUSSEAU

Depuis des mois, le groupe taïwanais Foxconn, qui assemble dans ses usines chinoises les appareils d'Apple, de Sony, de Nokia ou encore de Dell, étudiait la possibilité d'enclencher une hausse des salaires dans certains de ses ateliers. L'augmentation devait alors permettre au groupe de maintenir ses effectifs colossaux au sein de ses usines du sud-est du pays, souffrant d'un début de pénurie de main-d'oeuvre. La vague de suicides qui a déjà fait 11 victimes depuis le début de l'année dans ses effectifs aura finalement contraint la direction du groupe a précipiter son plan de hausse des salaires.

Samedi, Hon Hai Precision Industry Co, la maison mère de Foxconn, a reconnu, depuis Taipeh, qu'elle allait augmenter en moyenne de 20 % le salaire d'au moins 200.000 des 800.000 ouvriers qu'elle emploie sur tous ses sites de production de Chine. « La tristesse est un sentiment contagieux. Mais la joie est aussi contagieuse », a justifié un cadre taïwanais du groupe, qui compte, avec cette mise en scène, doper le moral de ses troupes. « Nous espérons que les ouvriers auront un regard plus positif sur leur vie. »

Le plus grand sous-traitant électronique du monde a jusqu'ici toujours défendu ses modes de production, ses politiques de rémunération et sa gestion des ressources humaines. Ses managers assurent que la dizaine de suicides qui ont particulièrement frappé ses ateliers de Shenzhen, ces derniers jours, seraient plus liés à des histoires personnelles qu'à des drames professionnels. « Nous ne gérons pas des usines à sueur et à sang », avait martelé, la semaine dernière Terry Gou, le PDG de Hon Hai, avant d'annoncer finalement une série de mesures destinées à prévenir de nouveaux drames.

Grands clients « inquiets »

Très embarrassés, tous les grands clients de Foxconn sont sortis de leur silence en fin de semaine dernière pour dire leur « inquiétude » et demander l'organisation d'enquêtes indépendantes sur les conditions de travail et de stress dans les ateliers du groupe. Ils savent toutefois que leur capacité de pression est limitée. Hon Hai, qui domine l'industrie de la sous-traitance mondiale, est un partenaire incontournable des grandes marques occidentales et japonaises, qui peuvent difficilement redéployer leur production. Ne pouvant non plus se permettre de braquer un groupe qui emploie près d'un million de personnes sur son territoire, le gouvernement chinois a, lui aussi, évité jusqu'ici les critiques acerbes contre le géant taïwanais.

YANN ROUSSEAU

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samedi 29 mai 2010

CLASH - Zemmour et Georges-Marc Benamou








« On n'est pas couchés » de Laurent Ruquier ce samedi soir : un clash entre deux géants, Georges-Marc Benamou et Eric Zemmour, le premier plaçant le second « à la droite de Pétain » et le second répliquant en parlant de « procès stalinien ». C'est bien sûr, hors-sujet avec le thème de ce blog, mais ce post est adressé à tous les expats de l'Empire du Milieu ! (ci-dessous, le dossier préparé par Le Point de la semaine dernière)

Georges-Marc Benamou : « Il fallait être fêlé »

Le Point, no. 1966 - France, jeudi, 20 mai 2010, p. 46,47,48

C'est une époque qui le hante. On connaît le Benamou spécialiste du Vichy mitterrandien. Chroniqueur du Munich et de ses fantômes de 1938. Mais il y a aussi le Benamou passionné par le côté moins obscur de la force française, la Résistance, Londres et le grand réveil de juin 1940. Onze ans après « C'était un temps déraisonnable », qui donnait déjà la parole à quatorze résistants de la première heure, ses «Les rebelles de l'An 40 : Les premiers Français libres racontent» (Robert Laffont) exhument seize autres longs témoignages de cette génération sacrée, de ces croisés magnifiques, qui, au mois de juin 1940, prirent un aller improbable pour un Londres brumeux.

Extraits

Ces fous furieux de la France. Les « fêlés »... En effet, il fallait être « fêlé », libre, rebelle, incapable de médiocrité, ou de calculs carriéristes, pour dire non le 17 juin, aussitôt après le discours de Pétain. Il fallait être « fêlé » pour rompre avec les siens, pour oser se soulever contre les familles, les conforts, les carrières, l'immense majorité des Français, la raison maréchaliste et d'autres gloires républicaines. Il fallait être « fêlé » pour sentir, mieux qu'Edouard Herriot qui hésitait encore le 10 juillet à Vichy, où se trouvaient l'honneur, le devoir, le camp du bien, et aussi la victoire dans cette affaire.

Il fallait être « fêlé », comme Cordier ou ses camarades, en cette fin juin 1940, pour partir à l'aveuglette, sans feuille de route, sans point de chute, pour la brumeuse et perfide Albion.

Seuls contre tous

Il y a un mystère de la première Résistance française. Depuis toujours, ce mystère m'a fasciné, et ce livre est une tentative de résoudre cette énigme sacrée.

Mystère de cette première Résistance; mystère de ce refus fondateur, de son origine, de ses motivations, parfois ses contradictions; mystère dans les circonstances qui l'entourent chez chacun de ces rebelles, ceux que je vais rencontrer, ou découvrir. (...)

Mystère de leur volonté, de la persistance de leur volonté, malgré le danger, les entraves, un pays avachi et sceptique.

Mystère dans la rencontre entre ces premiers résistants aux profils atypiques, aux itinéraires contrastés et venus de mondes contraires, qui en disant non font ensemble ce pari fou, illogique à première vue, totalement « déraisonnable », et au bout du compte miraculeux.

Mystère dans la réussite de cette entreprise insensée, vue d'aujourd'hui comme d'hier, d'ailleurs. En juin 1940, de Gaulle et cette poignée de « déraisonnables » accourus à Londres osèrent, en effet, proprement défier les lois de la nature et de la raison politique.

C'est pourtant cette folie, cette « France imaginée » par de Gaulle, que l'on verra triompher aux côtés des Alliés, cinq ans plus tard. Qui l'aurait dit, qui l'aurait cru ? Certes, on peut vanter le caractère visionnaire de De Gaulle qui, dès juin 1940, « voyait » la guerre devenir mondiale, et « savait » que les Américains allaient intervenir et déverser leur colossale industrie de guerre. Evidemment, il ne « savait » pas, il ne « voyait » pas, bien sûr; il en faisait simplement le pari, le pari fou.

On parle de 100 000 résistants à la Libération. Ce ne sont pas ces 100 000-là qui retiennent mon attention. Ce sont les autres, cette poignée miraculeuse, cette minorité - dans cette minorité que sera toujours la Résistance au sein de la Nation -, les tout premiers hérétiques qui, un jour de l'été 1940, diront non. Seuls contre tous. Certains auteurs estiment que cette première Résistance représente 0,35 % des hommes français disponibles, et après avoir retranché de ce décompte les 2 millions de prisonniers en Allemagne, les hommes âgés ou en charge de famille. 0,35 % de la France !... Autant dire rien. Ou tout. Le sel de la Nation.

Non à Pétain

Leur refus est d'abord instinctif, pas immédiatement idéologique, assez peu politique; il faut dire qu'à l'été 1940 les partis politiques républicains sont assommés, absents, muets, knock-out comme la plupart des Français. Faute de nouvelles des leurs, d'informations politiques fiables ou de consignes des corps intermédiaires, des partis, des syndicats et des associations, les Français de l'an 40 sont dans un terrible désert.

Le paradoxe - on le verra - est que ces premiers rebelles répondent plus à l'appel du 17 juin, celui de Pétain, certes à leur manière, qu'à celui du 18 juin, celui de De Gaulle, que la plupart d'entre eux n'entendront pas. Pour ceux qui deviendront les premiers rebelles, le discours de Pétain du 17 juin est un détonateur. Le maréchal vient d'être appelé à la présidence du Conseil, où il fait « don de [sa] personne à la France » et demande l'armistice.

Pour chacun d'eux, c'est un choc violent, intime, un mouvement tellurique profond. Pour l'une, c'est un dégoût physique; pour l'autre, c'est une colère qui l'oblige à barbouiller de graffitis les murs de Carcassonne; pour d'autres encore, c'est le départ immédiat, à pied ou à vélo, pour le port le plus proche, avec le coeur au ventre, le sentiment d'être orphelin de l'empire, d'un Etat, d'une armée. L'insupportable sentiment de l'effondrement d'un monde.

Une « armée de vaincus »

Un chiffre donne une idée assez précise de la qualité de l'engagement des premiers « Londoniens ». Au moment de l'appel du 18 juin, il y avait sur le territoire britannique 30 000 soldats et marins français : les repliés de l'expédition de Narvik, le reste des rescapés de Dunkerque, le personnel des marines de guerre ou de commerce à bord des navires français réfugiés dans les ports britanniques. Un mois plus tard, il n'en restait guère qu'un peu plus de 6 000 seulement en Grande-Bretagne. Les autres avaient préféré retourner en territoire français, en dépit de l'appel de De Gaulle, ou de la possibilité de combattre au côté de l'Angleterre. Des militaires mobilisés, des officiers supérieurs comme le chef de l'expédition de Narvik, le général Antoine Béthouart qui, bien qu'acquis à la cause alliée, refusa de se joindre à de Gaulle, son camarade de promotion à Saint-Cyr, mais fit en sorte que le Général puisse venir s'adresser directement à une partie du corps expéditionnaire au camp de Trentham; Béthouart ne franchira le Rubicon que plus tard, et sera néanmoins accueilli par de Gaulle et fait compagnon.

Au total, à la mi-juin, 13 500 marins, 10 % de la flotte de combat et 8 % de la marine marchande, étaient regroupés dans les ports de Southampton, Portsmouth, Plymouth, Falmouth. Quinze mille soldats de l'armée de terre étaient internés dans des camps de fortune, à Aintree, à Arrowe Park, à Haydock, à Trentham Park. Ils eurent connaissance, avant les autres, de l'appel du 18 juin. De quoi parlait-on en Angleterre, entre Français, à ce moment-là ? Peu d'entre eux s'engagèrent pourtant. Sur les navires, l'atmosphère était maussade, la confusion des esprits était grande. Les rumeurs les plus invraisemblables circulaient; on prétendait que l'engagement auprès de De Gaulle entraînerait la perte de la nationalité française. Après l'incertitude et le traumatisme de la défaite, la préoccupation dominante était de rentrer en France, et le plus tôt possible. Le discours de Pétain du 17 juin avait fait forte impression. La plupart des hommes pensaient que la guerre était finie. Inquiets pour leur famille, ils ne songeaient qu'à regagner leur foyer. On leur proposa, les Britanniques autant que les quelques Français libres, de rester en Angleterre.

Les Anglais leur distribuèrent des papiers leur offrant le choix entre le rapatriement en France, l'engagement dans les forces britanniques, l'embauche dans l'industrie de guerre anglaise ou l'enrôlement au sein d'un corps de volontaires français. Mais le choix devait être collectif, ce qui donnait beaucoup d'influence aux officiers français défaitistes. Les hommes s'inquiétaient des statuts proposés, craignaient les représailles en France pour leur famille.

En réalité, les Anglais, obsédés par la cinquième colonne, peu convaincus des capacités combatives de cette armée en déroute, n'ont pas fait grand-chose pour inciter au recrutement de soldats rebelles à leur gouvernement. Les rares premiers Français libres ont dû mener une véritable campagne, parfois contre la volonté des cadres français, afin de faire connaître leurs intentions. Des tournées de propagande furent organisées; elles ne furent pas toujours bien reçues. Etienne Schlumberger raconte qu'il a été accueilli par des insultes et des coups lors de sa venue parce qu'il voulait enrôler des soldats dans les FFL.

Seules quelques visites de De Gaulle parvinrent à motiver, à galvaniser cette « armée de vaincus ». A la suite de son allocution au camp de Trentham, la majorité des hommes de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère et une poignée de chasseurs alpins décidèrent de rester. Cet apport fut décisif. La petite cohorte d'officiers ralliés comprendra des hommes aux destinées exceptionnelles : André Dewavrin dit le colonel Passy, mais aussi Pierre Koenig, futur maréchal de France, Pierre-Olivier Lapie, futur ministre, et des futurs généraux : Monclar, de Bollardière, Saint-Hillier. A ces militaires s'ajoutèrent quelques rares civils membres de la colonie française de Grande-Bretagne, comme René Pleven, second de Jean Monnet au comité de coordination franco-britannique.

Pendant ce temps, depuis la mi-juin 1940, 4 000 Français tentèrent de rejoindre l'Angleterre pour s'engager dans la France libre : environ 500 pêcheurs bretons (dont les 127 hommes de l'île de Sein), des centaines de jeunes lycéens ou étudiants, une poignée d'aviateurs (parmi eux les 108 moniteurs et élèves de l'école de pilotage n°23 du Mans) et de militaires (comme le lieutenant Jean Simon, saint-cyrien, et son camarade réserviste, le sous-lieutenant Pierre Messmer, qui quittèrent Clermont-Ferrand dès le 17 juin, bien décidés à poursuivre le combat hors métropole).

Le chassé-croisé de deux France

Une double migration. Près de 30 000 soldats français fourbus, défaits, revenant en France occupée : piteux spectacle. Et, en sens inverse, glorieux spectacle, quelques fous, quelques dizaines de « déraisonnables », des marins ou des enfants à peine grandis, dont la guerre n'est pas le métier, qui accourent, cherchent un port, un bateau, une lueur d'espérance dans la nuit française.

Ce chassé-croisé de deux France, en ces jours de juin 1940, en dit long. Une France défaite, éteinte et résignée, s'en retourne, alors qu'une autre France s'élance, rebelle, insensée, idéale

Ecran noir

« Un taxi pour Tobrouk » et quelques scènes avec la 2e DB dans « Paris brûle-t-il ? » : voilà à quoi se résume, dans le cinéma français, l'épopée des FFL. Hormis la survie dans le désert d'un commando de quatre hommes, où l'on retrouve Ventura et Aznavour, c'est donc l'indifférence, l'absence d'images qui dominent. Réalisé en 1961, le film de Denys de La Patellière avait pourtant été un triomphe et aurait dû convaincre les producteurs de prendre le relais. Il n'en fut rien. La Résistance, en revanche, a tout raflé. Dès 1945, « La bataille du rail » et « Le père tranquille » instaurent la suprématie sur les écrans de l'« armée des ombres ». Pourquoi ce déséquilibre flagrant et injuste ? Le septième art français n'a jamais su vraiment filmer le militaire. Ses cinéastes, à la différence de leurs collègues américains, n'avaient pas fait la guerre. A noter, le projet de film d'Eric Heumann, «Un capitaine», sur l'odyssée du maréchal Leclerc depuis mai 1940 jusqu'au serment de Koufra, tenu en 1941.

La mort en cas de capture

Pour la plupart déjà condamnés à mort par Vichy, les « Free French » n'avaient guère de chances de survivre en cas de capture : Hitler avait donné l'ordre de les exécuter. Si Rommel, en Afrique du Nord, refuse d'appliquer cette consigne, ce ne sera pas le cas en Russie, où certains pilotes du Normandie-Niemen seront abattus, ni lors de la bataille de Normandie, durant laquelle de nombreux commandos du Special Air Service (SAS) parachutés en Bretagne lors du D-Day seront passés par les armes.


«Les rebelles de l'An 40 : Les premiers Français libres racontent», de Georges-Marc Benamou (Robert Laffont, 374 pages, 21 E). En librairie le 27 mai.

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Les rebelles de la France libre

Le Point, no. 1966
- France, jeudi, 20 mai 2010, p. 40,41,42,43

Dossier réalisé par François-Guillaume Lorrain et François Malye

Soixante-dix ans après l'appel du 18 juin, « Le Point » revient sur ces résistants de l'extérieur.

Ils furent les premiers héros de l'histoire de France à tracer leur chemin de gloire et de sang en se rebellant contre leur patrie. Qui étaient ces hommes et ces femmes qui refusèrent la défaite et pourquoi firent-ils ce choix de « fêlés », comme l'écrit Georges-Marc Benamou dans son livre « Les rebelles de l'an 40 », dont Le Point publie de larges extraits (voir pages 46 à 48) ?« L'exact négatif de la France de Vichy, terrienne et repliée sur elle-même. La majorité d'entre eux proviennent du littoral ou encore de l'empire », répond l'historien Jean-François Muracciole, auteur d'un passionnant ouvrage traçant, à partir d'un échantillon de 4 500 dossiers, le visage méconnu de cette Résistance de l'extérieur.

Même leur nombre fait encore débat, en raison de l'incertitude sur le chiffre des volontaires issus des colonies : ils seraient environ 30 000 sur les 73 100 Français libres. Jean-François Muracciole a choisi de les exclure de son étude, par manque d'archives et de témoignages, mais aussi parce que les raisons de leur engagement diffèrent. Ces authentiques Français libres, soldats de l'armée française - même si la plupart n'en possédaient pas la nationalité -, suivirent l'encadrement « blanc » quand celui-ci choisit de se rebeller contre Vichy.

Les traits de cette France libre, d'origine européenne, se précisent avec le lieu de résidence de ces volontaires au moment de leur engagement. Trois régions vont fournir le gros des bataillons : la Bretagne, l'Ile-de-France et l'outre-mer.« Quand on était en Bretagne, l'Angleterre était le choix évident, en raison de la proximité et des échanges fréquents avec les Britanniques »,explique André Quelen (voir page 54). La petite ville de Douarnenez offre ainsi autant de Français libres (700 hommes) que Toulouse, Marseille et Lyon réunis...

Esprit de revanche. En réalité, 42 % de ces volontaires vivaient avant la guerre sur le littoral, des Pyrénées à la Manche, d'où il leur était plus facile de fuir. L'autre grand réservoir, c'est l'empire, qui fournit 15 % des effectifs. Leurs origines sociales ? Avec peu de ruraux ou d'ouvriers et une surreprésentation des classes dirigeantes, du milieu militaire et de l'aristocratie, les Français libres sont logiquement deux fois plus nombreux à être issus d'un milieu de droite que de gauche. On y trouve également une forte proportion d'étudiants et de juifs, de protestants et d'étrangers. Les Parisiens furent bien surpris en accueillant les premiers soldats de la 2e DB qui entrent dans la capitale. Ce sont des républicains espagnols de la 9e compagnie du 3e bataillon du régiment de marche du Tchad, la Nueve, dont les chars portent les noms de bataille de la guerre d'Espagne, « Guadalajara » ou « Madrid. » Autre donnée essentielle, près d'un quart des Français libres sont orphelins, pourcentage considérable, le plus souvent de père, tué durant la Première Guerre mondiale.« J'avais le souvenir de 1914, j'ai grandi au milieu des veuves, dans une France en noir, c'était effrayant », témoigne Daniel Cordier, radio et secrétaire de Jean Moulin (voir page 57). Ce qui explique leur esprit de revanche, mais aussi cet amour qui les lie à leur chef, le général de Gaulle, chez qui ils retrouvent une figure paternelle.

Cette tour de Babel militaire qui se forme à partir de juin 1940 est d'abord constituée d'une petite partie des 30 000 militaires français présents en Grande-Bretagne au moment de l'armistice : légionnaires et chasseurs alpins revenant de la campagne de Norvège, rescapés de Dunkerque, marins stationnés sur leurs bâtiments dans les ports anglais. Mais seuls 6 000 d'entre eux choisissent de continuer le combat, les autres retournant en France ou au Maroc. Premier déchirement, même si les effectifs se gonflent de 4 000 volontaires venus de France, puis de ceux de l'empire avec les ralliements successifs de l'Afrique équatoriale française (AEF), de la Polynésie et des établissements de l'Inde.

Evadés. Mais ceux-ci ne doivent pas faire illusion. Le premier revers des Free French préfigure deux années noires : c'est l'échec cinglant de l'opération de Dakar fin septembre 1940, quand de Gaulle, espérant enlever ce point névralgique, se fait canonner à vue; d'autres combats fratricides ont lieu au Gabon, puis en Syrie à l'été 1941. Mais la France libre persiste : Leclerc à travers l'Afrique, les hommes du BCRA (les services de renseignement et d'espionnage de la France libre) parachutés en France, structurant peu à peu les réseaux de résistance, d'autres Free French guerroyant contre les troupes du « Renard du désert », le maréchal Rommel. Heureusement, il y a Bir Hakeim. Fin mai 1942, cet ancien point d'eau est âprement défendu par le général Koenig, permettant ensuite aux Britanniques d'infliger, à El-Alamein, une sévère défaite aux troupes de l'Axe : « Au début, les Anglais nous prenaient pour des rigolos, des mercenaires. Après ça, on a senti leur regard changer », explique l'aviateur René Gatissou (voir page 53). Mais côté ralliement, c'est toujours la traversée du désert.

La deuxième grande vague de volontaires rejoint la première après le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942. C'est la « bissectrice » de la guerre, selon l'expression de l'historien de la Seconde Guerre mondiale Henri Michel, ce moment où, un peu partout dans le monde, les Alliés reprennent l'avantage. Les effectifs des FFL se renforcent d'une poignée de « déserteurs » de l'armée d'Afrique, de ceux qu'on appellera plus tard les pieds-noirs, mais aussi d'évadés, par l'Espagne, de la France désormais totalement occupée. Le 31 juillet 1943, les Français libres cessent d'exister en tant que seule force luttant contre l'occupant. Ils fusionnent avec l'armée d'Afrique.

Il faudra bien des combats menés côte à côte pour que cesse l'hostilité entre ces hommes auréolés de gloire et ceux qui ont choisi de rester l'arme au pied. En 1944, au Maroc, les hommes de la 2e DB font encore le coup de poing avec les « Africains » du 12e cuirassier, qu'ils surnomment aimablement le « Royal Nazi ».« Nous traversions l'Algérie pour rejoindre la 2e DB au Maroc, raconte François Jacob, chancelier de l'ordre de la Libération (voir page 62). On est tombés dans un restaurant sur un groupe d'officiers de l'armée de Giraud. "Mort aux cons", a dit l'un d'entre nous. On a repris en choeur : "Mort aux cons !" Ils sont partis, après avoir hésité à se jeter sur nous. »

Après, ce sera la campagne d'Italie et ses terribles combats contre des troupes allemandes d'élite, puis, moment inoubliable, le débarquement en France, en Normandie pour la 2e DB ou dans le Midi.« Quand j'ai sauté dans l'eau, raconte Hubert Germain (voir page 56),tout s'est cassé. Je ne tenais plus sur mes jambes, j'ai senti l'odeur des pins, le chant des cigales et j'ai ramassé une poignée de sable. » « On a chanté "Maréchal, nous voilà" », dit Jean Tranape en riant. Venu de Nouméa, ancien du bataillon du Pacifique décimé à Bir Hakeim, ses yeux brillent encore de son émerveillement en voyant la mère patrie pour la première fois (voir page 60).

Suivent les mois meurtriers des campagnes d'Alsace et d'Allemagne. Des pertes de la même ampleur que les pires combats de la Première Guerre mondiale.« L'escadrille Alsace, composée d'une vingtaine de pilotes, a été renouvelée entièrement trois ou quatre fois », explique l'aviateur Claude Raoul-Duval (voir page 58). Au total, 3 200 de ces « fêlés » mourront au combat et plus de 10 000 seront blessés. Pour avoir été libres de penser - et de prouver - que si la France avait perdu une bataille elle n'avait pas perdu la guerre

Encadré(s) :

Etre Français libre

Sont considérés comme Français libres ceux qui ont rejoint les FFL (Forces françaises libres) entre le 18 juin 1940 et le 31 juillet 1943, date à laquelle elles fusionnent avec l'armée d'Afrique pour devenir les Forces françaises combattantes, c'est-à-dire l'armée du CFLN (Comité français de libération nationale). S'ajoutent à ces volontaires les membres des réseaux de résistance affiliés au CNF (Comité national français), instance politique de la France libre, ainsi que les évadés de France ayant rejoint une unité ex-FFL « même après le 31 juillet 1943 pour des cas de force majeure tels que l'incarcération consécutive à leur évasion ». Enfin, y appartiennent également ceux qui ont été blessés ou tués en tentant de les rejoindre avant la fusion de l'été 1943.

Bibligraphie

« Les Français libres. L'autre résistance », de Jean-François Murraciole (Tallandier, ).

« 1 061 Compagnons. Histoire des Compagnons de la Libération », de Jean-Christophe Notin (Perrin).

« La France pendant la Seconde Guerre mondiale », atlas historique, de Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien (Fayard).

« Le dictionnaire des Compagnons de la Libération»

de Vladimir Trouplin (Elytis)

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