mardi 31 mars 2009

INTERNET - En Chine, Google « légalise » le piratage de musique

Les Echos, no. 20395 - Communication, mercredi, 1 avril 2009, p. 36

Les majors du disque vont offrir gratuitement, via Google, la quasi-intégralité de leurs catalogues aux internautes chinois. Elles espèrent toucher une partie des revenus publicitaires générés par ce service.

Les pirates chinois ont gagné. Google et son partenaire www.top100.cn viennent de lancer, en Chine, et pour la première fois dans le monde, un service de téléchargement de musique entièrement gratuit destiné aux internautes locaux. Admettant après plusieurs années de procès et de négociations avec le gouvernement chinois qu'elles ne parviendraient jamais à faire payer leur musique dans un pays où le piratage et la contrefaçon sont considérés comme légitimes, les grandes majors du disque se sont finalement résolues à offrir, par le biais du portail chinois du moteur de recherche américain, l'essentiel de leur catalogue.

Hier, les 300 millions d'internautes du pays ont ainsi pu télécharger en toute légalité quelques-uns des 350.000 titres d'artistes chinois et étrangers, en contrat avec plus de 140 maisons de production chinoises et étrangères, parmi lesquelles Sony Music, Warner, EMI et Universal Music réunies au sein de l'Ifpi (Fédération internationale de l'industrie phonographique). « C'est la première tentative sérieuse de monétisation du marché en ligne chinois », a insisté Lachie Rutherford, président de Warner Music Asia Pacific et de la branche régionale de l'Ifpi.

Rattraper le retard

Pour s'associer à ce projet qui va bouleverser le modèle de développement de l'industrie de la musique et probablement inspirer d'autres marchés, les maisons de production se sont vu promettre des revenus financiers substantiels. Selon Gary Chen, le directeur du site chinois Top100.cn, qui gérera le service avec Google, la nouvelle plate-forme pourrait rapidement générer chaque année, grâce aux annonces publicitaires placées sur ses pages, des revenus de plus de 100 millions de yuans (14,6 millions de dollars) qui seront redistribués, pour moitié, aux maisons de disques. Les concepteurs du service gratuit assurent que les annonceurs devraient plébisciter le nouveau site car il leur permettra de mieux identifier le comportement des consommateurs et d'étudier, grâce aux statistiques de téléchargement, la popularité des artistes et les grandes tendances du marché.

Avec cette nouvelle offre, Google espère, lui, rattraper une partie de son retard sur le très populaire « Baidu » qui contrôle encore 62 % du marché de la recherche chinois et propose, depuis des années, comme des dizaines de sites du pays, le téléchargement illégal de musique gratuite. Ne revendiquant que 28 % du marché de la recherche en Chine, Google est convaincu que c'est l'absence d'offre musicale intégrée à son moteur qui a freiné jusqu'ici son développement. « Ce site va nous permettre de compléter le puzzle et d'offrir enfin un paquet de services complet », a commenté lundi Kai-Fu Lee, le président de Google dans le pays. Il a affirmé que son groupe n'envisageait pas pour le moment d'offre similaire dans d'autres pays.

YANN ROUSSEAU DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.

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Le laboratoire Vétoquinol s'implante en Chine - Laurence Bollack

Les Echos, no. 20395 - Industrie, mercredi, 1 avril 2009, p. 31

Pas moins de 14 dossiers d'acquisition potentielle occupent actuellement le bureau de Matthieu Frechin, le directeur du laboratoire vétérinaire Vétoquinol responsable de la stratégie et du développement et fils du PDG. L'opération la plus avancée est l'achat d'une société chinoise spécialisée dans les antibiotiques pour les porcs. Basée près de Shanghai, elle réalise un peu plus de 5 millions d'euros de ventes et emploie quelque 200 personnes. Cette acquisition, d'environ 6 millions d'euros, correspond aux critères du groupe de Lure (Haute-Saône), qui veut continuer à se développer par croissance externe en payant ses achats entre une et deux fois le chiffre d'affaires.

Toujours en Asie, Vétoquinol s'intéresse à des entreprises indiennes actives dans les médicaments destinés aux volailles et aux bovins laitiers. Le laboratoire pourrait aussi se renforcer dans le secteur des animaux de compagnie aux Etats-Unis, premier marché mondial avec un montant estimé à 2,5 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros).

Vétoquinol, créé en 1933, n'a cessé de croître par achats successifs. Sur le seul exercice écoulé, le 11e laboratoire mondial a repris trois entreprises, le danois Viavet, le canadien Vetcom et, surtout, l'italien Ascor Chimici (20,1 millions d'euros de ventes).

Les acquisitions de ces trois dernières années vont contribuer pour plus de 15 % à son chiffre d'affaires, qui a atteint 234,4 millions d'euros l'an dernier, en hausse de seulement 0,4 % sur 2007 en raison de la baisse d'activité au second semestre. Ce ralentissement s'est traduit par une baisse de 10 % du résultat opérationnel courant, à 27,6 millions d'euros. Quant au résultat net, il s'est maintenu à 18,6 millions grâce notamment à la baisse du taux d'imposition.

Produits en développement

Le groupe ne compte toutefois pas investir tous azimuts. « Nous nous concentrons sur la cardiologie-néphrologie, le traitement de la douleur et de l'inflammation et les anti-infectieux », explique Matthieu Frechin, le petit-fils du fondateur. Des secteurs dans lesquels Vétoquinol a procédé à des lancements l'an dernier, comme le Rubenal en néphrologie (pour chiens et chats), l'anti-inflammatoire Vetprofen aux Etats-Unis et l'extension de sa gamme Marbocyl. Cet antibiotique destiné aux bovins est le premier produit du groupe avec un peu plus de 30 millions d'euros de ventes. Vétoquinol dispose d'une quinzaine de produits en développement. Il prévoit de lancer, cet été au Japon, un anti-infectieux destiné aux bovins avant de commercialiser, à la rentrée, un médicament pour chiens et chats. Enfin, il déposera au début du second semestre un dossier d'enregistrement d'un anti-inflammatoire pour animaux de compagnie qui pourrait arriver sur le marché en 2011.

LAURENCE BOLLACK

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DERNIÈRE IMAGE DE CHINE - Barack Obama est à Pékin

Le président américain, Barack Obama, le premier ministre anglais, Gordon Brown rencontrent leur homologue chinois, Hu Jintao, ou plutôt leurs portraits puisqu'il s'agit d'une exposition réunissant les peintures représentant les dirigeants du G20, au Beijing Bridge Art Center. Ces photos ont été prises le 31 mars 2009. / Getty Images




Selon l'OCDE, la Chine se redresse, mais les économies industrialisées plongent

Le Monde - mercredi 31 mars 2009

Serait-ce le signe annonciateur d'un début d'accalmie dans la tourmente qui balaie l'économie mondiale ? La Chine résiste à la crise. Le rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publié mardi 31 mars, souligne que, "depuis le début de 2009, certains signes donnent à penser que le pire a peut-être été atteint et que la reprise est en vue" en Chine, à laquelle l'OCDE prédit une croissance de +6,3 % en 2009.

Ces "signes" sont nombreux : sa demande a réussi à compenser en partie la forte baisse des exportations; sa production industrielle est repartie, et la Chine achète à nouveau des matières premières; les prêts bancaires s'y accélèrent; les Bourses sont en hausse de +26 % depuis le mois de novembre 2008 selon l'indice composite chinois.

Les raisons de cette résilience ? "La prospérité des ménages n'a été que modestement affectée par la chute du cours des actions, dans la mesure où plus des deux tiers de la valeur totale des titres sont entre les mains d'entités contrôlées par l'Etat", souligne le rapport. La valeur des logements a continué de croître. Le secteur bancaire local n'est pas exposé, comme son homologue occidental, aux actifs à haut risque, grâce à son contrôle des capitaux.

PESSIMISME

Cette lueur d'espoir n'empêche pas l'OCDE de demeurer pessimiste, car l'économie mondiale ne cesse de plonger, et l'économie des pays développés plus encore. Ses statistiques font apparaître une véritable dépression au quatrième trimestre 2008 (–7,1 %) et au premier trimestre 2009 (–7 %) chez les trente membres de l'Organisation.

Le ralentissement de la dégradation au cours des trois prochains trimestres (respectivement – 4 %, – 2,1 % et – 0,6 %) ne permettra pas à la zone OCDE de faire mieux qu'un recul de 4,3 % sur l'année entière, ce qui provoquera dans l'ensemble du monde un retrait de 2,75 %. "L'économie mondiale est en proie à sa récession la plus profonde et la plus synchronisée depuis des décennies", constate Klaus Schmidt-Hebbel, économiste en chef de l'OCDE, qui ne prévoit qu'une reprise lente à partir de 2010 (–0,1 % pour la seule OCDE en 2009 et +1,75 % pour l'économie mondiale), mais avec une marge d'incertitude très élevée.

Ces perspectives beaucoup plus sombres qu'en novembre 2008 s'expliquent par la concomitance de deux phénomènes. "Nous pensions que la crise financière s'apaiserait début 2009, or elle persiste, explique Jean-Luc Schneider, directeur adjoint des affaires économiques de l'OCDE. En effet, après la crise déclenchée par les subprimes, le secteur financier est affecté par un deuxième choc dû au ralentissement de l'économie. D'autre part, le commerce mondial s'est effondré depuis la fin 2008, et nous prévoyons son recul de 13,2 % pour l'ensemble de 2009."

L'OCDE applaudit les plans de relance mis en place presque partout pour amortir les effets dépressifs de la crise et créer des filets sociaux. Elle décerne un bon point aux Etats-Unis, dont le plan est à la fois le plus important et le mieux balancé entre baisses d'impôts et dépenses budgétaires.

L'Allemagne, le Canada, l'Australie, les Pays-Bas, la Suisse, la Corée ont les moyens de mieux faire, tout comme la France, mais "il faudra que ces efforts soient assortis d'indications claires sur la façon de rétablir les finances publiques après la crise, commente M. Schneider. Sinon, une épargne de précaution se constituera dans la perspective d'une hausse des impôts… et la reprise s'en trouvera compromise."

Alain Faujas

PHOTO - Fabrique de jeans, Guangzhou / REUTERS

INTERNET - Google lance un service de musique en Chine

Le Figaro, no. 20114 - Le Figaro Économie, mardi, 31 mars 2009, p. 26

Le moteur de recherche américain, associé à un partenaire chinois Top100.cn, a lancé, hier, un service gratuit d'écoute de la musique pour les internautes chinois. Ce site permet d'écouter et de télécharger des musiques des quatre grands labels : Warner, Universal Music, EMI et Sony.

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Hongkong plonge mais ne craint pas la noyade - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20114 - Le Figaro, mardi, 31 mars 2009, p. 2

Sévèrement frappée, l'ex-colonie britannique peut compter sur la Chine et ses dirigeants, bien décidés à ne pas la « laisser tomber ».

On trouve dans l'art tous les symboles. La vente aux enchères qui vient de se tenir à Hongkong ne fait pas mentir le propos en illustrant à merveille les turbulences de la grande crise internationale. Étaient proposées les oeuvres d'art saisies à de malheureux propriétaires californiens emportés par la tourmente financière. Au catalogue, notamment, quelques pièces signées Picasso ou Andy Warhol. Les organisateurs avaient fait le pari que les prix seraient plus élevés au coeur d'une Asie moins touchée par la crise qu'aux États-Unis. Cruelle désillusion. Nombre d'objets sont partis bien au-dessous du prix escompté et une gravure de Picasso est même restée orpheline. La grande place financière asiatique est sévèrement frappée par la crise. L'ex-colonie britannique est entrée en récession au troisième trimestre de l'année dernière et tous les indicateurs, ou presque, sont au rouge.

En haut de la pyramide, les 40 « tycoons » les plus riches de Hongkong auraient perdu plus de la moitié de leur fortune en quelques semaines, selon le magazine Forbes. Le célèbre magnat Li Ka-shing aurait vu son pactole fondre de 32 à 16,2 milliards de dollars. À la grande vente de chevaux organisée par l'institution de Hongkong qu'est le Jockey Club, les prix ont aussi chuté. En bas de l'échelle, le chômage se répand comme une vilaine grippe. Alors qu'il restait jusque-là cantonné à moins de 3,5 %, il ne cesse de grimper. Les autorités pensent qu'il montera jusqu'à 6,5 %, certains analystes allant jusqu'à prédire 8 %. La Bourse, elle, a plongé de 62 %. L'immobilier a glissé de plus de 25 % et la correction - nécessaire - est loin d'être terminée. Les hôtels, qui flirtaient d'ordinaire avec des taux d'occupation de rêve - souvent au-dessus de 90 % - ne sont plus aujourd'hui remplis qu'à 60 %. Les prévisions de contraction de l'économie en 2009 s'étagent entre - 2 % et - 5 %. Faut-il pour autant redouter un envasement économique mortel pour le célèbre « port aux parfums » ?

Pékin, « un grand prêteur de dernier recours »

Employant une métaphore qui parle dans la région, le chef de l'exécutif Donald Tsang a parlé d'un « tsunami financier ». Hongkong est à l'évidence très vulnérable à une crise comme celle qui secoue aujourd'hui la planète. « Si l'on regarde la structure de l'économie, avec une telle dépendance sur les flux de biens et services et les exportations, on se dit que la catastrophe est inévitable, confie Luca Silipo, chef économiste pour l'Asie-Pacifique chez Natixis, mais si l'on regarde l'intérêt de la Chine à préserver Hongkong, on peut être plus optimiste. » La machine chinoise lancée à pleine vapeur a déjà sorti la « région administrative spéciale » du marasme après 2003. Et Pékin s'y retrouve bien. Forte de son indépendance fiscale, monétaire et douanière, et de son expertise dans tous ces domaines, Hongkong reste une plate-forme essentielle des échanges commerciaux et financiers de la Chine.

Chez les jeunes loups de la finance, et pas seulement dans les banques d'investissement américaines, il y a eu des pertes. « Mais il faut relativiser, la situation est moins sévère ici qu'à New York et ou Londres, poursuit Luca Silipo. Hongkong, c'est un peu la City, mais avec un grand prêteur de dernier recours derrière... » Ce prêteur sauveur, bien sûr, c'est toujours la grande Chine dont les dirigeants ont annoncé qu'ils ne « laisseraient pas tomber Hongkong ». Côté industries, le choc est également sévère. « Les 60 000 usines situées en Chine, dans le Guangdong, souffrent de la chute des exportations, explique Dennis Yau, patron de la Fédération des industries de Hongkong, mais la crise nous oblige à prendre du recul. Elle pourrait favoriser une évolution vers la forte valeur ajoutée technologique. Et les petites entreprises chinoises peu soucieuses de qualité qui faisaient peser une concurrence malsaine vont en grande partie disparaître. »

Et le moral, dans tout cela ? À en croire un récent sondage mondial effectué par TNS et Gallup International, il ne serait vraiment pas bon. Les Hongkongais seraient - avec les Islandais - les citoyens les plus pessimistes au monde sur les perspectives pour 2009. Le même sondage montre, en revanche, que les Chinois « continentaux » sont les plus optimistes, juste après les Kosovars qui viennent en tête. Le contraste est grand avec l'étude effectuée dans les mêmes conditions un an plus tôt, qui donnait les Hongkongais comme les plus optimistes d'Asie.

Mais ici on témoigne d'une étonnante capacité de résilience. En peu de temps, Hongkong a égrené un joli chapelet de crises et s'en est toujours remis plutôt rapidement, comme en 1997-1998 avec la terrible crise financière asiatique et plus récemment en 2003 avec le choc de l'épidémie du Sras (syndrome respiratoire sévère). « Il y a bien sûr un coup de blues mais rien de dramatique, commente Andrew Korner, de Asian Capital Partners. Avec le recul, les Hongkongais voient qu'à chaque fois qu'ils ont paniqué, ils l'ont regretté ensuite car tout est reparti assez vite. Et tant qu'au Nord l'économie chinoise continuera à grossir, même avec des à-coups, il n'y a pas de raison d'avoir de grands effrois. »

Des congés sabbatiques pour les banquiers

Signe de confiance, le même tycoon Li Ka-shing privé de la moitié de sa fortune a mis 250 millions d'euros dans la recapitalisation de la banque HSBC. Rassurante, la presse de Hongkong fait aussi remarquer que, pour l'heure, il y a eu très peu de suicides, à la différence de crises précédentes... Hongkong reste sûr de son expertise unique dans la région, du professionnalisme de ses banques et de ses services. Quant à la concurrence de Shanghaï, place financière montante, elle n'inquiète pas vraiment car elle restera encore longtemps à vocation domestique.

Hongkong compte sur sa souplesse. « J'ai vu qu'en France vous faisiez la grève contre la crise, vu d'ici cela semble étrange, s'amuse Phil Cheung, jeune employé d'une compagnie d'assurances. Ici les gens souffrent mais font le gros dos. Ils sont prêts à accepter de grosses réductions de salaires pour garder leur emploi et attendre des jours meilleurs. C'est parfois rude, avec peu de filets de sécurité mais c'est souple et quand cela reprend, ça repart vite. » La crise n'est par ailleurs pas sans conséquences politiques. Pour se focaliser sur la riposte économique, le gouvernement de Hongkong a ainsi décidé de repousser à la fin de l'année les consultations qui devaient avoir lieu pour introduire plus de démocratie dans les élections de 2012. Le camp « démocrate » a hurlé au fallacieux prétexte.

Les dernières statistiques de l'immigration montrent que Hongkong continue d'attirer les expatriés, que les arrivées sont plus nombreuses que les départs. La tendance est confirmée dans la communauté française, où l'on note toujours environ 150 arrivées tous les mois. Tout juste observe-t-on un phénomène étonnant, chez les Anglo-Saxons essentiellement. Jetés sur le carreau par la crise, nombre d'entre eux ne choisissent ni de rentrer aux États-Unis ou en Europe ni de rester à Hongkong à attendre l'embellie, mais de se mettre au vert dans la région. Mark est l'un d'eux. Jeune banquier britannique de 33 ans, il gagnait plus de 10 000 euros par mois avant Noël, date à laquelle il a été licencié. Père de deux très jeunes enfants, il a décidé avec sa femme de mettre le cap sur le Vietnam puis le Cambodge pour quelques mois. « On va d'abord se reposer un peu, puis ma femme veut s'investir dans une ONG, explique-t-il, cela ne sert à rien de se griller en énergie négative à Hongkong, autant s'oxygéner, et revenir à fond quand cela reprendra. C'est peut-être davantage dans la mentalité anglo-saxonne que française... » Ces quelques mois sabbatiques offrent l'immense avantage d'éviter les coûteux loyers de Hongkong. « Une seule condition pour la villégiature temporaire, poursuit Mark, une connexion Internet pour consulter les offres d'emploi et un aéroport pas trop loin s'il y a des entretiens à passer. » Les grandes entreprises de déménagement de Hongkong, qui s'attendaient à voir les dossiers de retour s'accumuler, constatent surtout une augmentation de 100 % de la demande de garde-meubles...

À Hongkong, que l'on soit chinois ou étranger, dans les banques de « Central » ou les usines de la Rivière des Perles, le message général est que l'on prépare déjà le coup d'après. Et que tout dépendra de la Chine.

« Ici, les gens souffrent mais font le gros dos. Ils sont prêts à accepter de grosses réductions de salaires. C'est parfois rude, mais quand cela reprend, ça repart très vite »

PHOTO - Le "lion" de HSBC, Hong Kong / REUTERS

À LIRE AUSSI - Hongkong espère sortir en premier du marasme - Bruno Philip

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lundi 30 mars 2009

La Chine en position de force - Brice Pedroletti

Le Monde - Economie, mardi, 31 mars 2009, p. MDE2

La première rencontre Hu Jintao-Barack Obama sera l'un des points forts du G20. Le chef de l'Etat chinois, qui incarne aux yeux de ses compatriotes la montée en puissance de leur pays, ne peut qu'y marquer des points. Il est en position de force, en tant que bailleur de fonds des Etats-Unis mais aussi comme " bon élève " de la relance. La Chine, jusqu'alors montrée du doigt en raison de la faiblesse de sa monnaie, compte saisir l'occasion : Zhou Xiaochuan, gouverneur de la banque centrale, a lancé l'idée de la création d'une nouvelle unité de réserve internationale pour remplacer le dollar. Rien de moins...

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CITATION - " Il reste à convaincre la Chine " - Jean-Pierre Jouyet

Le Monde - Economie, mardi, 31 mars 2009, p. MDE2

" Ce G20 doit énoncer des principes forts pour renforcer la réglementation internationale. Je suis confiant. Il y a une plus grande convergence entre l'Europe et les Etats-Unis qu'on ne le dit. Il reste à convaincre la Chine et l'Inde. La priorité est de lutter contre la propension de certains acteurs à accentuer la chute des marchés, et les risques systémiques. Pour cela, il faut mieux réguler les agences de notation, les hedge funds, revoir le système comptable et mettre sous surveillance les marchés de gré à gré comme ceux de la dette. Plus cette régulation sera internationale, plus elle sera efficace. "

Jean-Pierre Jouyet, Président de l'Autorité des marchés financiers

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INTERVIEW - " Une question géostratégique et monétaire " - Adam Posen

Le Monde - Economie, mardi, 31 mars 2009, p. 16

Rôle du dollar : " Une question géostratégique et monétaire "

Ancien économiste à la division new-yorkaise de la Réserve fédérale américaine (Fed), Adam Posen, spécialiste des questions monétaires, est directeur adjoint du Peterson Institute for International Economics, à Washington. Il revient sur la proposition chinoise d'instaurer une devise unique pour le commerce international, fondée sur un panier de devises-clés.

Pourquoi cette proposition chinoise d'une devise unique à la veille du G20 ?

Les Chinois ont voulu exprimer une vraie préoccupation sur le risque de déstabilisation des cours de change, qui les préoccupe beaucoup. Par ailleurs, faire cette proposition est un moyen de manifester leur impatience pour une réforme sérieuse du Fonds monétaire international (FMI), qui est l'un de leurs principaux objectifs au G20. Ils ont voulu faire passer un message : voilà ce qui pourrait advenir au dollar si les Etats-Unis ne tiennent pas suffisamment compte de nos exigences.

C'est une menace ?

Le terme est trop fort. Ce n'est pas une menace, parce que la proposition n'est pas crédible : personne ne considère sérieusement l'instauration d'une devise commune au commerce international comme une perspective réaliste. Mais c'est un signal, une façon de dire à Washington : " A l'issue du G20, vous ne pourrez pas dire "tout va bien", si vous ne nous avez pas écoutés, nous et les autres économies émergentes. "

Le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, a jugé que la proposition chinoise " méritait considération ", puis il s'est ravisé : le dollar " restera encore très longtemps la devise de référence mondiale ". Entre-temps, le président Obama avait vigoureusement réagi par la négative. Pourquoi Washington refuse-t-il même de discuter la proposition chinoise ?

Le gouvernement américain a toutes les raisons de croire que le dollar doit rester la devise de référence du commerce international. C'est une question géostratégique autant que monétaire. Il offre la meilleure sécurité possible aux Etats-Unis dans l'économie mondiale. La réaction américaine tient au fait que l'administration a perçu l'idée chinoise comme une attaque contre le dollar. Je regrette la forme qu'elle a prise.

Pourquoi ?

Il y a aussi des aspects positifs dans cette proposition. Dans une période de baisse de la demande mondiale, se préoccuper de limiter les fluctuations monétaires est légitime, surtout lorsqu'on prétend que Pékin " manipule " sa devise et doit la réévaluer. Que la Chine pousse à la réforme du FMI devrait être perçu comme positif. Cela signifie que les Chinois sont disposés à jouer un rôle accru dans la stabilisation de l'économie mondiale. C'est constructif.

Bien entendu, la contrepartie consiste à leur donner plus de pouvoir au FMI. Avec la crise, et les réserves en dollars dont dispose Pékin, Américains et Européens ont tort de ne pas comprendre qu'une montée en puissance de la Chine y est inéluctable et qu'il faut lui donner sa place. Modifier les règles du FMI est dans l'intérêt de l'économie mondiale, donc de l'économie américaine.

Beaucoup d'économistes américains jugent qu'un " Bretton Woods-III ", une refonte du système monétaire international, est devenu une urgence. Or ce sujet est exclu de l'ordre du jour du G20. Pourquoi ?

Avec tout le respect que j'ai pour Joseph Stiglitz - Prix Nobel d'économie, partisan d'une refonte du système monétaire - , ni lui ni personne ne présente une alternative claire au système actuel. Pour débattre, il faudrait un projet réaliste. Il y a une autre raison, plus prosaïque : ni les Américains ni les Européens ne sont disposés à abandonner une part quelconque du contrôle qu'ils ont sur les institutions financières internationales.

Propos recueillis par Sylvain Cypel

PHOTO - US Federal Reserve / Getty Images

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Les domaines Barons de Rothschild veulent un grand cru en Chine

Le Monde - Economie, mardi, 31 mars 2009, p. 15

Les domaines Barons de Rothschild (DBR), propriétaires notamment du château Lafite, veulent produire un grand cru en Chine dans la péninsule du Shandong (est), a annoncé le groupe bordelais, dimanche 29 mars. Le vignoble de 25 hectares en coteaux sera développé avec le groupe public chinois CITIC. - (AFP.)

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ARCHIVES - Pékin dissout le gouvernement tibétain

Le Monde - Analyses, mardi, 31 mars 2009, p. 2

Il y a 50 ans dans le Monde

DANS une ordonnance, diffusée samedi par l'agence Chine nouvelle, le gouvernement chinois indique que des membres du gouvernement local tibétain et des milieux réactionnaires " en collusion avec l'impérialisme " ont rassemblé des bandes, provoqué une insurrection, pillé le peuple et se sont emparés du dalaï-lama. Dans la nuit du 20 mars, ces éléments ont poussé l'armée tibétaine locale et des bandes rebelles à attaquer les unités de la garnison chinoise à Lhassa.

Le document déclare que ces actes illégaux constituent " une trahison à l'égard de la mère patrie " et une " rupture " des mesures d'unification. " Afin de sauvegarder l'unification du Tibet et l'unité nationale et pour permettre au commandement de la région militaire du Tibet de liquider la rébellion ", le gouvernement chinois a décidé de dissoudre, à dater du 20 mars, le gouvernement local tibétain. Désormais ses fonctions seront exercées par le comité préparatoire pour la région autonome du Tibet (organisme sino-tibétain créé en 1956, mais qui n'a pratiquement pas fonctionné).

Pendant l'absence forcée du dalaï-lama, président du comité préparatoire, le panchen-lama exercera les fonctions de président de cet organisme. En même temps, divers remaniements sont opérés dans le comité préparatoire et 18 " traîtres " sont relevés de leurs postes de membres et de toutes les autres fonctions qu'ils occupaient. Ils seront punis conformément à la loi.

L'ordonnance conclut en formulant l'espoir que le nouveau comité préparatoire guidera désormais les destinées civiles et religieuses du peuple tibétain vers l'union totale et que les Tibétains mettront tout en oeuvre pour aider l'armée chinoise à écraser l'insurrection.

(31 mars 1959.)

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Tibet rouvert aux touristes

Le Soir - 1E - MONDE, mardi, 31 mars 2009, p. 10

Tibet. La Chine va rouvrir le Tibet aux touristes étrangers à partir du 5 avril, après avoir fermé cette région en mars pour la période sensible du cinquantième anniversaire d'une rébellion contre la présence chinoise, a-t-on appris lundi auprès du gouvernement régional. (afp)

© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2009

TOURISME - Urbn Hôtel à Shanghai - Caroline Sallé

Le Figaro, no. 20115 - Le Figaro - Spéciaux, mercredi, 1 avril 2009, p. 4

VILLE. Situé dans un ancien centre postal de l'ex-concession française de Shanghaï, l'Urbn est le premier hôtel en Chine labellisé carbone neutre. Sa particularité ? Il a été conçu à partir de matériaux anciens de récupération, ses peintures sont « naturelles » et le bâtiment dispose d'un équipement énergétique écologique. L'hôtel offre en outre à chaque client la possibilité d'acheter un crédit carbone afin de compenser son trajet en avion. On y pratique le yoga et le tai-chi et on peut même y louer des vélos.

À partir de 161 eur la nuit pour 2 personnes.

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Le statut du dollar menacé par la Chine - Cécile Prudhomme

Le Monde - Economie, lundi, 30 mars 2009, p. 11

La dépendance du monde entier vis-à-vis du dollar a-t-elle atteint ses limites ? La Chine, premier créancier des Etats-Unis, avec 696,2 milliards de dollars (525 milliards d'euros) en bons du Trésor en décembre 2008, a fait monter d'un cran ses inquiétudes sur la chute du billet vert en les portant sur la scène internationale.

Après que le premier ministre chinois, Wen Jiabao, se fut déclaré, le 13 mars, " inquiet de la sûreté " des actifs chinois, la Banque centrale chinoise a publié, le 23 mars, sur son site Internet une déclaration visant à remettre en cause la suprématie du billet vert. Son gouverneur, Zhou Xiaochuan, explique que la crise a mis en évidence " les faiblesses inhérentes du système monétaire international actuel ", reflété la nécessité d'avoir une monnaie de réserve internationale " déconnectée des nations individuelles ", de leurs enjeux intérieurs, et " capable de rester stable sur le long terme ".

Il est vrai que le dollar a été soumis dernièrement à de fortes pressions. Il avait perdu quasiment 6 % la semaine passée, lorsque la Réserve fédérale américaine (Fed) avait annoncé son intention de racheter pour 300 milliards de dollars de bons du Trésor. Il a repris près de 2,5 % cette semaine, à 1,3290 dollar pour un euro. Les analystes de Crédit suisse déclarent qu'ils ne seraient pas surpris s'il " chutait " jusqu'à 1,45 dollar pour 1 euro.

Selon les analystes de la Commerzbank, " les points que la Chine met en avant sont justes. Les tentatives de la Fed pour stimuler l'inflation (ou au moins combattre la déflation) sont uniquement motivées par des considérations domestiques. Elles sont en opposition avec les intérêts des détenteurs étrangers de dollars ".

Les achats de bons du Trésor par la Fed, qui ont d'ailleurs débuté cette semaine, sont " irresponsables " car ils peuvent affaiblir le dollar, a jugé Li Xiangyang, professeur à la Chinese Academy of Social Sciences, dans le giron de l'Etat.

Pékin a suggéré que les droits de tirage spéciaux (DTS ou SDR en anglais) puissent jouer ce rôle " de monnaie de réserve supra- souveraine ". Créés en 1969, les DTS - leur valeur est liée à un panier de monnaie, incluant le dollar, l'euro, le yen et la livre - servent d'unité de compte au Fonds monétaire international (FMI). Son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a jugé mercredi que " la discussion sur la nouvelle monnaie est absolument légitime ; elle aura probablement lieu dans les mois qui viennent ".

Investisseurs fébriles

Si l'idée peut paraître séduisante sur le papier, encore faudrait-il que l'impulsion politique soit suffisamment forte pour que cette nouvelle monnaie puisse prendre une autre dimension. Car si elle ne repose sur aucun actif financier, elle ne sera pas échangée par les acteurs des marchés, et ne restera qu'un miroir des évolutions monétaires mondiales.

" Le problème est que les grands pays ne trouveront pas leur intérêt à émettre massivement de la dette dans une autre devise, compte tenu des risques auxquels ils s'exposeraient avec la variation de taux de change, étant donné que dépenses de gouvernement et recettes fiscales resteront libellées dans la devise locale ", expliquent les experts d'UBS. En la matière, on peut se référer à l'écu, pendant vingt-trois ans l'ancêtre de l'euro. Comme les DTS, il s'agissait d'une monnaie d'unité de compte reposant sur un panier de devises. Il n'a jamais détrôné le dollar, malgré des émissions obligataires d'Etat et son utilisation pour des contrats de paiement transfrontières entre banques.

Par ailleurs, sur le marché des obligations d'Etat, les investisseurs restent fébriles, guettant le moindre signe qui montrerait que les pays pourraient avoir des difficultés à se financer. Ils ont ainsi été inquiets après que l'émission d'obligations du Trésor américain à cinq ans a reçu un accueil mitigé, mercredi. Ils ont été rassurés lorsque, le lendemain, celle des emprunts d'Etat à 7 ans a connu une forte demande.

De même au Royaume-Uni, l'Etat a raté une levée de capitaux à 40 ans, ne parvenant à placer que 93 % des titres. Les investisseurs ont été freinés par la publication d'une hausse surprise de l'inflation qui a mis en difficulté la Banque d'Angleterre, alors que celle-ci a basé sa politique monétaire sur un risque de déflation.

Cécile Prudhomme

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La Chine, siège d'un cyberespionnage massif - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20113 - Le Figaro, lundi, 30 mars 2009, p. 6

L'un des plus vastes réseaux de piratage informatique vient d'être découvert. Ces animateurs seraient basés en Chine.

NOM de code « GhostNet ». Des chercheurs canadiens ont annoncé ce week-end avoir découvert un vaste réseau de cyberespionnage international basé en Chine. Et ce « réseau fantôme » serait l'un des plus étendus jamais mis en lumière, puisqu'il s'est introduit dans les ordinateurs de gouvernements et d'organisations privées de 103 pays, dont ceux du dalaï-lama. Au moins 1 295 « machines » auraient ainsi été piratées. « GhostNet » continuerait de prendre le contrôle d'une douzaine d'ordinateurs par semaine.

L'Information Warfare Monitor (IWM), un groupe de recherches sur Internet, a enquêté entre juin 2008 et mars 2009. Au départ, il s'agissait de travailler sur l'espionnage informatique visant la communauté tibétaine en exil, mais les recherches ont montré un réseau beaucoup plus vaste d'ordinateurs infiltrés par des logiciels malveillants (« malware »).

« GhostNet » est tout particulièrement tourné vers les pays d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est. Parmi les cibles, les bureaux du dalaï-lama en Inde, à Bruxelles, Londres et New York. Mais aussi de nombreuses ambassades (Inde, Corée du Sud, Taïwan, Allemagne...), plusieurs ministères des Affaires étrangères (Iran, Indonésie, Philippines...), le secrétariat de l'Asean (Association des pays d'Asie du Sud-Est), des organes de presse et un ordinateur du siège de l'Otan. Deux chercheurs de l'université britannique de Cambridge, qui ont participé à l'enquête, ont aussi publié leurs conclusions hier. Ils s'inquiètent de la masse « d'informations sensibles » volées et de l'usage qui pourrait en être fait par la Chine.

« Cybernationalistes »

Selon les chercheurs, le système est contrôlé par des ordinateurs basés pour l'essentiel en Chine. Trois des quatre serveurs identifiés se trouvent dans des provinces chinoises (Hainan, Guangdong et Sichuan), le quatrième ayant été localisé chez un hébergeur situé en Californie. Le rapport prend la précaution de dire que cela ne signifie pas forcément une implication officielle chinoise, les attaques pouvant venir de « cybernationalistes » chinois par exemple.

En 2003, les fameuses attaques « Titan Rain » contre des services américains avaient permis à Washington de remonter jusqu'à la province chinoise du Guangdong. Et le Pentagone avait encore mis en cause des Chinois lors des attaques dont il avait été la cible à l'été 2007, tout comme le ministère français de la Défense à la même époque. Des associations qui regroupent des milliers de membres - comme la Red Hacker's Alliance ou la China Eagle Union - sont suspectées d'être utilisées par l'armée chinoise.

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INTERVIEW - Retour au dialogue dans le détroit de Taïwan

l'Humanité - Monde, lundi, 30 mars 2009, p. 13

Entretien réalisé par Dominique Bari

Pékin-Taipei . Depuis un an, le fil des négociations s'est renoué entre les deux rives.

Les relations dans le détroit de Taïwan sont clairement à la détente. Lu Ching-long, représentant du Bureau de représentation de Taipei en France, analyse la situation.

Qu'est-ce qui a permis une reprise de dialogue entre Pékin et Taipei ?

L'élection, l'an passé, à Taïwan, à la présidence de la République de Ma Ying-jeou, l'artisan de la renaissance du parti Kuomintang (KMT) a mis un terme à huit ans de relations houleuses sous l'ère de l'ancien président Chen Shui-bian. En tant que candidat, Ma Ying-jeou avait élaboré les grandes lignes de sa politique avec le continent, laquelle a recueilli l'adhésion d'une majorité de Taïwanais. C'est une approche réaliste. On est conscients de la nécessité de travailler avec la Chine, malgré des accords et désaccords. Certains persistent, d'autres peuvent être surmontés. Les liens sont si étroits que notre sort est lié. La nouvelle administration applique une stratégie très pragmatique, prône une reprise du dialogue et le rétablissement de la confiance.

Lors de son discours à la session annuelle du Parlement, en mars, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, reprenant les termes d'une proposition de Hu Jintao du 31 décembre 2008, réaffirmait la disponibilité de la Chine de « créer les conditions pour négocier la fin des hostilités et la signature d'un traité de paix ». Quelle a été votre réponse ?

Le président Ma a proposé d'écarter les divergences et les dossiers les plus délicats. Pour la signature d'un accord de paix, on peut encore patienter. Ma a dit que pour négocier et signer cet accord, il faut que Pékin retire ses missiles balistiques. On note cependant qu'il n'y a plus de tensions politiques, ni militaires. Pékin et Taipei appliquent une philosophie de pragmatisme. Personne ne veut retourner à la période des huit années précédentes faite de tensions. Pour le moment, notre position est le retour au statu quo, nous pensons que c'est le meilleur choix. Il faut laisser le temps faire son chemin, sachant que nous ne voulons pas la guerre et que nous souhaitons que le continent continue de se développer économiquement. Notre priorité est de normaliser nos relations économiques et de continuer à travailler ensemble d'égal à égal, sans se renier réciproquement. Un accord-cadre normalisant les relations économiques et commerciales est d'ailleurs en discussion. Il pourrait être concrétisé lors du prochain sommet - le troisième en moins d'un an - qui se tiendra en mai ou juin à Pékin.

Concrètement, où en est-on ?

2008 aura été marquée par le rétablissement, le 15 décembre, des « trois liens entre le continent et l'île, à savoir des liaisons directes - maritimes, aériennes et postales -, interrompues depuis 1949. 118 vols hebdomadaires sans escale existent déjà et plus de 60 ports chinois et 21 taïwanais sont également ouverts à la navigation directe.

Qu'en est-il également du volet diplomatique ?

Le président Ma a demandé « l'amnistie diplomatique ». Et, là aussi, il y a des signes intéressants de la part de Pékin, qui ne met plus systématiquement son veto à la participation de Taïwan à des rencontres internationales. Nous trouvons injuste d'être écartés du système onusien, y compris l'OMS, et nous demandons une participation significative à l'assemblée annuelle qui aura lieu le 18 mai. On verra ce que décide la Chine. À cet égard, la plupart des observateurs anticipent que Pékin autoriserait bientôt l'accession de Taïwan à l'Organisation mondiale de la santé, sous le nom de « Chinese Taipei ».

Peut-on être lucidement optimiste ?

C'est une période très encourageante, mais rien n'est définitivement acquis. Si la politique du président Ma n'apporte pas les changements souhaités, l'opposition à Taïwan pourrait en profiter au détriment du dialogue.

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L'Australie rejette une offre chinoise sur Oz Minerals - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20393 - Marchés, lundi, 30 mars 2009, p. 34

Le gouvernement australien a refusé, vendredi, de valider, pour des raisons de sécurité nationale, l'un des ambitieux projets d'acquisitions lancés ces derniers mois sur son territoire par des groupes publics miniers chinois. Wayne Swan, le ministre des Finances, a indiqué que son gouvernement ne pourrait pas autoriser le rachat pour 1,8 milliard de dollars d'Oz Minerals, le troisième groupe minier diversifié australien, par Minmetals, le géant chinois du négoce de métaux, tant que l'accord, signé à la mi-février entre les deux groupes, prévoirait la prise de contrôle d'une immense mine de cuivre et d'or située près d'un site de tests militaires jugé stratégique par Canberra. « Nous avons décidé que l'offre de Minmetals ne pouvait pas être approuvée si elle comprend le site de Prominent Hill », a expliqué le ministre, avant d'indiquer que son gouvernement se tenait toutefois prêt à étudier une proposition alternative de la partie chinoise.

Visiblement surpris par la sentence, Minmetals et Oz Minerals ont tous les deux indiqué que des négociations portant sur d'autres actifs moins sensibles se poursuivaient. « L'acquisition perd de son sens si le meilleur des actifs s'en trouve exclu », a pourtant pointé, dès vendredi soir, Le Yukun, un analyste de BOC international, basé à Shanghai. Lancée le mois dernier, la production de la mine de Prominent Hill devrait atteindre sa pleine capacité d'ici à la fin de l'année et pourrait générer, d'ici à la fin 2009, entre 85 000 et 100 000 tonnes de cuivre ainsi que près de 70 000 onces d'or.

Le veto de Canberra laisse Oz Minerals dans une impasse inquiétante. Miné par la baisse des prix de ses métaux phares, le groupe espérait que l'investissement de Minmetals lui permettrait de se défaire, à temps, d'une dette de 780 millions de dollars et de mieux résister à une nouvelle dépréciations de ses actifs. Sans le site de Prominent Hill, le groupe australien se retrouve bien moins attractif, notamment aux yeux des entreprises publiques chinoises qui, soutenues par Pékin, semblent être actuellement les seules à pouvoir se lancer dans des acquisitions d'envergure.

Réaction protectionniste

Si le gouvernement chinois n'a pas réagi publiquement ce week-end au veto australien, il ne va pas manquer de scruter, avec angoisse, l'évolution des autres opérations tentées par ses sociétés d'Etat et va guetter tout signe d'une réaction protectionniste de Canberra. Pékin, qui a refusé, pour des raisons confuses, il y a dix jours, le rachat par Coca-Cola de Huiyuan, un producteur de jus de fruits chinois, non lié à l'Etat, redoute de voir, à son tour, ses ambitions limitées, notamment en Australie, par des cadres politiques très sensibles aux réticences de l'opinion publique. Tout au long du week end, les autorités australiennes ont pourtant assuré qu'elles étudieraient au cas par cas les différents projets chinois. Elles doivent ainsi prochainement se prononcer sur l'investissement de 19,5 milliards de dollars tenté par Chinalco dans l'anglo-australien Rio Tinto.

YANN ROUSSEAU

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Le chinois Sinopec voit ses bénéfices s'effondrer de 47 % en 2008

Les Echos, no. 20393 - Industrie, lundi, 30 mars 2009, p. 24

Le plus gros raffineur asiatique, le chinois Sinopec, a enregistré une chute de son résultat net de 47 % en 2008, à 4,36 milliards de dollars (3,28 milliards d'euros). Le groupe, qui fournit 80 % des carburants utilisés en Chine, a été pénalisé par le gel des prix à la pompe imposé par le gouvernement chinois et n'a pu répercuter la hausse du prix du baril de pétrole sur ses ventes au détail. Son chiffre d'affaires a progressé de 21 %, à 207,7 milliards de dollars. Près de 80 % des revenus du groupe proviennent des activités de raffinage.

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Coup de fouet de la Chine au solaire - Yves Hulmann

Le Temps - Economie, samedi, 28 mars 2009

Le nouveau plan de soutien à l'énergie solaire annoncé jeudi par la Chine a pris les marchés de court.

Le nouveau plan de soutien à l'énergie solaire annoncé jeudi par la Chine a pris les marchés de court. La plupart des valeurs du secteur ont bondi en début de séance vendredi. En Suisse, les actions de 3S Industries et Meyer Burger ont regagné près de 10% en matinée. Helvea a révisé à la hausse son objectif de cours sur le second titre à 150 francs (60 francs auparavant).

Retour à un optimisme exagéré? L'euphorie est en partie retombée en cours de séance. Outre-Rhin, les titres de Solar­world et Q-Cells ont même clôturé dans le rouge, mais affichent des gains élevés sur une semaine. Si le plan chinois ne profitera que peu aux entreprises occidentales, il réduira indirectement les surcapacités existantes au sein de l'industrie. Aussi bien les sociétés vaudoise Flexcell que bernoises Meyer Burger et 3S recourent au chômage partiel. Bien placé pour suivre l'évolution de la branche, Rolf Wägli, président de New Value, qui contrôle 11% de 3S et détient une participation résiduelle dans Meyer Burger, observe que les analystes sont redevenus plus positifs envers le secteur depuis une semaine. «La Chine veut réduire sa dépendance envers l'étranger. Les sous-traitants suisses, tels que les fabricants d'équipements, peuvent profiter du plan chinois s'ils contribuent à améliorer l'efficacité de l'industrie.» D'une situation d'excès, l'industrie pourrait retomber plus vite que prévu à celle d'une insuffisance de capacités, anticipe-t-il.

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THEATRE - Marx sur les planches en Chine - Eléonore Sulser

Le Temps - En couverture, samedi, 28 mars 2009

«Le Capital» va faire l'objet d'une adaptation style Broadway à Shanghai. Tandis que la capitale du capitalisme à la chinoise promeut le père de la lutte des classes, les autorités pékinoises financent, pour leur part, un film sur le très harmonieux Confucius.

«Hegel note quelque part que tous les grands événements et personnages historiques surviennent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter: une fois comme tragédie, la fois d'après comme farce», écrivait Karl Marx dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte. La Chine contemporaine semble vouloir lui donner raison. Plus fou, elle propose même de substituer à la «farce», une comédie... musicale.

Des producteurs shanghaiens ont annoncé cette semaine qu'ils préparaient pour l'an prochain une comédie musicale inspirée par les théories de Karl Marx. La production aura pour titre Le Capital.

Rien à voir, cependant, avec les opéras révolutionnaires façon Jiang Qing qui assommaient les masses populaires durant la Révolution culturelle. On a complètement changé d'époque. Il s'agit, expliquent les producteurs, d'être «branchés, intéressants et éducatifs». Il faut que le public «ait du plaisir». Le spectacle sera donc inspiré de grands shows façon Broadway ou Las Vegas, promet le metteur en scène He Nian.

Plus fort encore, l'idée n'a pas été puisée dans les vieux fonds de littérature rouge qui servaient jadis à édifier les masses. Elle arrive en Chine populaire en droite ligne du Japon, via un manga, lui aussi baptisé Le Capital, paru en décembre dernier dans l'Archipel et qui s'est écoulé comme des petits pains à la vapeur. L'intrigue illustre les théories marxistes en les incarnant, paraît-il, au sein d'une fabrique de fromages. Le Centre d'art dramatique de Shanghai, qui est encore en train de travailler sur le scénario, veut lui aussi placer le marxisme en situation. La scène se déroulera ainsi au sein d'une entreprise où les employés découvriront qu'ils sont exploités. Les uns choisiront la soumission, les autres la rébellion, les troisièmes, enfin, s'organiseront pour obtenir des avantages. Il ne s'agit pas, promettent les producteurs, de dénaturer la pensée marxiste, mais de la rendre accessible à l'homme de la rue, afin qu'il comprenne - explique-t-on - les fondements de la crise économique mondiale. Dans cet esprit, les auteurs se sont placés sous l'autorité d'un professeur d'économie - M. Zhang Jun, formé en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis - qui sera le garant de la cohérence «marxiste» de l'ensemble. Mais de quel Marx parlera-t-on? Du penseur allemand dont une relecture attentive pourrait s'avérer explosive au pays du capitalisme sauvage? Ou du néo-Marx que les autorités chinoises tentent de promouvoir pour contrer l'influence du capitalisme étranger? Ce dernier est probablement le favori. Reste que, au moment où Shanghai s'apprête à chanter et à danser Karl Marx, l'Etat chinois, héritier de Mao, annonce qu'il va promouvoir un film dédié à l'harmonieuse personne de Confucius, penseur jadis conspué par les gardes rouges.

PHOTO - Musée Madame Tussaud en Allemagne/Getty Images

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IMAGES - Guiya, E-dépotoir de la planète - Jim Xu

Dans le sud de la Chine, Guiya est un site qui reçoit des tonnes d'ordinateurs venus des pays d'Occident pour les trier, des démanteler, les recycler. Un miracle économique pour les quelques patrons d'ateliers. Pour les employés, c'est un drame qui ruine leur santé. Pour la région, c'est une catastrophe écologique, une pollution énorme. PHOTOS - Jim Xu / Getty Images


Une plaque électronique est fondue sur une table en acier, chauffée au charbon.

Une travailleuse tente de faire détacher les éléments en les chauffant.

Des travailleurs trient des morceaux de téléphones portables.

Toutes les composantes d'un téléphone portable.

Des habitants lavent leurs habits dans la rivière polluée de la ville.

Ma Jun est un environnementaliste qui met en garde contre les dérives de la croissance chinoise.

Des boîtiers de téléphones sont transportés par vélos.

Une rue de déchets.

Une jeune fille défait un lecteur de CD.

Un sac de déchets électroniques.

dimanche 29 mars 2009

VIDÉO - Le dessous des cartes - Chine, au lendemain de la croissance


VIDÉO - Le dessous des cartes - Chine-Russie


VIDÉO - Chine : le réveil des Ouïghours - Arte Reportage

Eric Darbré Jacques Garnier et Vladimir Berkhman ARTE GEIE / Agence Capa – France 2008 / 01.11.2008




La Chine est inquiète. L’une de ses provinces, la plus grande et l’une des plus stratégiques notamment à cause de son pétrole, est en ébullition. Le Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine, juste aux frontières avec l’Asie centrale, vient de passer un mois d’août sanglant.

Une série d’attentats ont tué une vingtaine de soldats. Leurs auteurs : des Ouïghours, c’est-à-dire des turcophones musulmans. Comme leurs voisins Tibétains, ils rejettent la colonisation chinoise de leur territoire.

Car le Xinjiang, grand comme trois fois la France, est avant tout le pays des Ouïghours. Encore aujourd’hui, les Chinois y sont minoritaires. Mais l’arrivée massive de travailleurs venus d’autres provinces chinoises est en train de changer la donne.
Et petit à petit, les cités millénaires ouïghoures, celles qui, comme Kashgar, bordent la mythique Route de la Soie, sont transformées en villes typiquement chinoises.

Résultat : les meilleures terres sont exploitées par des fermiers soldats aux ordres de Pékin et les mosquées ferment les unes après les autres. ARTE Reportage a enquêté sur place, dans un far-ouest chinois au bord de l’implosion.

VIDÉO - Interview de Jia Zhang-Ke sur 24 City - Mediapart


VIDÉO - Le développement militaire chinois inquiète les Etats-Unis - CNN (anglais)

VIDÉO - La Chine s'éteint pendant une heure pour la planète

VIDÉO - Youtube et les vidéos des agressions tibétaines - France 24

Les vidéos de la police chinoise torturante les tibétains font réagit la toile.

VIDÉO - Exposition sur le Tibet en Chine - France 2




La Presse - Monde, dimanche, 29 mars 2009, p. A17

Tibet - Pékin expose sa version de l'histoire

De Bourbon, Tristan
Collaboration spéciale


Pékin - En réponse au 50e anniversaire du soulèvement tibétain, commémoré en grande pompe il y a deux semaines par les fidèles du dalaï-lama, les autorités chinoises ont décidé de fêter hier le "jour de la libération de milliers de serfs" tibétains par le régime communiste. Leur version de l'histoire fait plus d'un sceptique, et pas seulement dans les rangs tibétains.

Toute la façade du palais culturel des minorités, à Pékin, a été recouverte de la photographie du palais du Potala, l'ancienne résidence principale des dalaï-lamas à Lhasa, devenu musée sous le régime chinois. Le visiteur doit comprendre qu'il met les pieds au Tibet pour y voir enfin la "vérité" de ses propres yeux.

L'entrée donne le ton de l'exposition, organisée par le Bureau de l'information pour souligner le "jour de la libération de milliers de serfs". Cette fête, soulignée hier, a commémoré pour la première fois cette année la signature, le 28 mars 1959, du décret de dissolution du gouvernement tibétain.

Dans la première pièce, les visiteurs voient deux imposantes photos des deux derniers dirigeants chinois, Jiang Zemin et Hu Jintao, au milieu de Tibétains souriants, une écharpe blanche en soie ou en tulle autour du cou, comme le veut la tradition tibétaine d'accueil des hôtes de marque.

Un peu plus loin, des tampons et des écrits des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles supposés prouver l'intégration du Tibet à l'empire chinois. Des fouets et des menottes de bois ou de fer sont censés exposer les atrocités qu'ont fait subir aux civils les dirigeants religieux tibétains avant la libération.

Incrédulité

Mais ces objets exposés, tout comme la répétition à l'infini des mots "serf" et "libération pacifique", semblent vite semer le doute chez les visiteurs chinois, venus parfois individuellement mais souvent avec leur comité de quartier, leur entreprise ou leur école pour les plus jeunes. "Libération pacifique? Pour qui nous prennent-ils?" murmure un sexagénaire à son voisin, tout en haussant les épaules.

Dans les deux premières parties de l'exposition, les commentaires se font rares. Chacun, le front plissé, regarde les panneaux d'explication. Certains montrent du doigt les dizaines de représentations de serfs enchaînés, affamés et meurtris.

La troisième partie de l'exposition sur "les réformes démocratiques du Tibet" provoque des réactions bien plus franches, exprimées par des rires gênés ou de la colère. Devant les photos de fermiers tibétains souriants tenant à la main leur nouveau titre de propriété, ou d'une paysanne tenant des épis de blé et une faucille, difficile pour les Pékinois de ne pas faire le rapprochement avec la propagande déployée pendant la révolution culturelle sur le bonheur et le bien-être de la population chinoise, qui vivait pourtant alors l'une des périodes les plus sombres de son histoire.

"Avec mon expérience dans le cinéma, je peux te dire que tous ceux-là ne sont que des figurants", assure à voix basse un septuagénaire à sa femme. "Regarde, cela se voit. Ils pensent qu'on a tout oublié ou quoi?" "Chut, tais-toi, pas si fort," lui assène-t-elle en regardant autour d'elle, inquiète.

Les plus jeunes semblent en revanche plus partagés. L'amoncellement de "preuves" sur les bienfaits de la "libération pacifique" du Tibet provoque la confusion. L'un d'entre eux finit par dire à ses camarades: "Ce serait quand même bien que le Tibet fasse de nouveau partie de la Chine!"

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vendredi 27 mars 2009

JO - La torche olympique ne fera plus le tour du monde

Le Monde - Sports, samedi, 28 mars 2009, p. 25

Le comité international olympique (CIO) a annoncé jeudi 26 mars la suppression des relais internationaux de la torche olympique qui se dérouleront désormais seulement à l'intérieur du pays organisateur. En 2008, avant les Jeux de Pékin, le relais de la torche olympique avait donné lieu à de nombreuses manifestations, notamment à Paris, pour protester contre la politique menée par la Chine au Tibet.

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DERNIÈRE IMAGE DE CHINE - Le Panchen Lama

Le numéro quatre du Parti Communiste chinois, Jia Qinglin, a rencontré le 11e Panchen Lama - celui désigné par Pékin - à l'occasion du "50e anniversaire de la fin de la féodalité au Tibet", le 27 mars 2009. PHOTO - Getty Images

DERNIERE IMAGE DE CHINE - Billet de propagande

A l'heure où la Chine propose de remplacer le dollar comme monnaie dans le commerce international, certains dissidents utilisent la monnaie chinoise pour faire passer des messages. Ainsi, des billets de 10 yuans servent de support où sont inscrits des slogans anti-communistes avec des numéros de téléphone localisés aux États-Unis. PHOTO - REUTERS

jeudi 26 mars 2009

«The Economist» traque l'histoire - Ram Etwareea

Le Temps - Zooms, jeudi, 26 mars 2009

Comment les Etats-Unis voyaient le monde en 1999 et comment la Chine le voit dix ans plus tard

L'hebdomadaire The Economist de cette semaine consacre sa une à l'essor de l'Empire du Milieu. Après trois décennies de réformes, de libéralisme et de croissance économique, la Chine est devenue la troisième puissance commerciale mondiale, derrière le Japon et les Etats-Unis. Et sa voix ne passe plus inaperçue sur la scène internationale. Grâce à ses réserves financières, c'est elle aussi qui est désormais le premier créancier des Etats-Unis.

Par comparaison, il est intéressant de retourner à une autre couverture de The Economist, celle du 23 octobre 1999. Il y a dix ans, le magazine avait fait le portrait des Etats-Unis, alors superpuissance incontestée qui s'apprêtait à imposer son unilatéralisme au reste de la planète. Le monde a beaucoup changé... Après huit ans de présidence conservatrice, les Etats-Unis sont entrés dans une nouvelle ère.

Le regard que porte la Chine sur le monde fait l'objet d'un dessin sobre, mais très évocateur. Gratte-ciel, place Tiananmen, Palais impérial et pagode font face aux terres lointaines. Au-delà du Pacifique, les Chinois aperçoivent les Amériques: statue de la Liberté, sébile à la main, Wall Street craquelé comme par un tremblement de terre et immeubles saisis et liquidés en soldes. Le Canada est insignifiant. L'Amérique du Sud retient l'attention par ses matières premières. Plus loin, au-delà de l'Atlantique, les Chinois voient l'Europe comme un lieu de shopping de luxe et une Afrique riche en pétrole. Et, plus près d'eux, The Economist imagine un Japon tout petit, l'île de Taïwan où flotte un drapeau rouge aux étoiles dorées et une Australie sous influence asiatique.

Une telle perspective devrait réjouir la frange nationaliste chinoise! La superpuissance américaine est à genoux; et l'Europe et le Japon ne sont pas des rivaux sérieux, écrit l'éditorialiste de l'hebdomadaire britannique. Il fait remarquer que le premier ministre chinois Wen Jiabao ne dit plus que son pays est un «humble joueur» sur l'échiquier mondial, mais parle désormais de «grande puissance». Le journal note que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton «repentie» s'est rendue récemment à Pékin où elle a affirmé que les questions des droits de l'homme ne devraient pas intervenir dans les relations bilatérales. Quant au Vieux Continent, la Chine vient d'annuler un sommet sino-européen, mesure de rétorsion contre la rencontre entre le dalaï-lama et Nicolas Sarkozy, alors que celui-ci était président de la Commission.

The Economist rappelle toutefois que la Chine pèche par de nombreuses faiblesses. Elle n'est pas épargnée par la crise: l'atelier du monde vient de supprimer 20 millions d'emplois. Sa croissance pour 2009 est estimée à 6,5% par la Banque mondiale. La démocratie ne progresse pas, et le pays connaît de plus en plus de contestation. Sur le plan international, sa présence au Soudan et ses liens avec l'Iran sont très critiquables. La Chine est considérée comme un pays qui protège ces régimes des sanctions internationales. Elle est le pays qui a plus profité de la mondialisation et peut encore se racheter une vertu en renflouant les caisses du FMI.

Dix ans plus tôt, donc, The Economist accordait le même traitement aux Etats-Unis. En couverture, une carte du monde où ils occupaient une place éminente, réduisant les autres continents à des proportions minimales. Nous sommes en 1999. La deuxième présidence Clinton arrive péniblement à sa fin. Les républicains imposent leur politique, et Washington est déjà lancé sur la voie de l'unilatéralisme. «Les Etats-Unis enjambent le monde tel un colosse. Ils dominent les affaires, le commerce et les communications; leur économie est la plus dynamique; leurs militaires incomparables. Mais, malgré cela, leur avenir est incertain. Devraient-ils agir seuls et sans consulter les autres sur la scène mondiale? Devraient-ils diluer leur puissance dans la coopération internationale?» se demande le magazine.

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts...

Durant deux mandats successifs du président George Bush, les conservateurs américains ont imposé l'unilatéralisme au monde. Ils ont commencé deux guerres et provoqué la pire crise depuis la Grande Dépression. Mais l'économie américaine est à genoux. Retournement de situation après une période de dix ans: Washington doit plaider auprès de Pékin et d'autres pays bien garnis en pétrodollars pour que ces derniers continuent à financer la dette américaine. Bref, The Economist de cette semaine, même s'il caricature la puissance chinoise, montre bien le changement de paradigme!

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Les US estiment que le développement militaire de Pékin menace l'équilibre régional

Le Monde - International, vendredi, 27 mars 2009, p. 7

WASHINGTON. Le développement militaire de la Chine dans les domaines nucléaire, spatial et cybernétique menace l'équilibre régional en Asie, selon un rapport annuel du département américain de la défense, qui a souhaité, mercredi 25 mars, " plus de dialogue " sur les questions de défense entre Washington et Pékin. " Les forces armées - chinoises - continuent de concevoir des technologies "perturbatrices", qui changent les équilibres militaires régionaux ", indique le rapport, qui confirme pour la première fois que la Chine a construit une nouvelle base navale sur l'île de Hainan. - (AFP, Reuters.)

VOIR AUSSI :

ARMÉE - « La Chine n'est pas une menace pour le monde »
Le soldat idéal de l'Armée du peuple bivouaque avec les philosophes

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Nicolas bientôt en Chine ?

Le Monde - Economie, vendredi, 27 mars 2009, p. 13

Castel, numéro un pour le vin français et troisième mondial, n'exclut pas d'ouvrir des magasins Nicolas en Chine, où il est présent depuis dix ans, selon son directeur général, Alain Castel.

PHOTO - Le Beaujolais nouveau à Carrefour, 2008 / Getty Images

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Forte baisse du bénéfice de PetroChina en 2008

Le Monde - Economie, vendredi, 27 mars 2009, p. 15

Le premier groupe énergétique de Chine, PetroChina (pétrole et gaz), a annoncé, mercredi 25 mars, un bénéfice net en baisse de 22 % sur un an en 2008 à 114, 4 milliards de yuan (12,3 milliards d'euros), plombé par une chute de la demande, une baisse des prix du pétrole et l'interdiction par le gouvernement de répercuter les coûts d'approvisionnement sur les prix de détail. En revanche, le chiffre d'affaires a progressé de 5,7 % en 2008. PetroChina est la deuxième capitalisation boursière mondiale, derrière ExxonMobil.

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POLLUTION - Attention aux dégâts collatéraux !

Courrier international, no. 960 - Dossier, jeudi, 26 mars 2009, p. 34

Ariana Eunjung Cha
The Washington Post (Washington)

La production du polysilicium nécessaire aux cellules photovoltaïques est très polluante. La Chine en fait l'expérience.

La première fois que Li Gengxuan a vu les camions-bennes de l'usine voisine entrer dans son village, il n'en a pas cru ses yeux : s'arrêtant devant les champs de maïs et la cour de l'école, les ouvriers ont déversé sur le sol des seaux d'un liquide blanc bouillonnant, après quoi ils ont fait demi-tour et sont repartis sans un mot là d'où ils venaient. Et, depuis neuf mois, affirment M. Li et d'autres villageois, ce rituel se répète quasiment tous les jours.

Comme la Chine est engagée dans une course effrénée à la croissance industrielle, les cas de pollution de l'environnement n'y sont pas rares. Mais l'entreprise Luoyang Zhonggui High Technology, installée dans les plaines centrales de la province du Henan, non loin du fleuve Jaune, se distingue des autres pollueurs sur un point : son coeur de métier est lié à l'environnement. Elle fabrique en effet du polysilicium pour les panneaux solaires du monde entier ; ce faisant, elle produit du tétrachlorure de silicium, une substance très toxique. "La terre sur laquelle vous déversez ce produit devient stérile. Ni l'herbe ni les arbres ne repoussent. [...] C'est de la dynamite ! Toxique, polluant ! Il ne faut surtout pas le toucher", souligne Ren Bingyan, professeur à l'Ecole de science des matériaux de l'Université industrielle du Hebei.

Avec l'envolée des prix du pétrole et du charbon, le recours à d'immenses fermes solaires pour réchauffer l'eau et produire de l'électricité est à nouveau tentant. Mais, depuis quatre ans, une pénurie de polysilicium - le composant de base des cellules photovoltaïques, qui captent les rayons solaires et les transforment en électricité - accroît le coût de la technologie solaire et nuit à son développement. Le cours du polysilicium ayant lui-même grimpé de 20 dollars le kilo à 300 dollars en l'espace de cinq ans [avec la crise économique, il est retombé à environ 150 dollars début 2009], les entreprises chinoises se sont jetées sur le créneau. Les usines de polysilicium vivent la même situation que les start-up du web voici peu. Bénéficiant d'une abondance de capital-risque et de généreux dons et prêts bonifiés provenant d'un gouvernement clamant son intérêt pour l'énergie propre, plus de vingt entreprises chinoises se sont lancées dans la production de polysilicium. Leur capacité de production prévue est de l'ordre de 80 000 à 100 000 tonnes, soit plus du double de la production mondiale actuelle, qui s'élève à 40 000 tonnes.

Les méthodes des entreprises chinoises pour traiter les déchets n'ont pas été améliorées dans le même temps. Dans les pays développés, les fabricants de polysilicium remédient aux risques environnementaux liés à ce composé en le recyclant lors du processus de production. Mais les importants coûts d'investissement ont découragé de nombreuses usines chinoises d'en faire autant.

L'an dernier, l'usine Luoyang Zhonggui a produit moins de 300 tonnes de polysilicium, mais elle prévoit d'en fabriquer dix fois plus cette année, ce qui en fera la plus grande usine chinoise du secteur.

La production d'une tonne de polysilicium génère au moins quatre tonnes de tétrachlorure de silicium, un déchet liquide. Exposé à l'air humide, ce composé dégage du chlorure d'hydrogène, qui peut provoquer des troubles respiratoires en cas d'inhalation.

Alors qu'il faut généralement deux ans pour construire une usine de polysilicium et faire en sorte qu'elle fonctionne correctement, de nombreuses entreprises chinoises tentent d'y parvenir en moitié moins de temps, souligne Richard Winegarner, président de Sage Concepts, un cabinet de conseil basé en Californie. Pour ce faire, certaines stockent les substances dangereuses en espérant pouvoir un jour trouver le moyen de les éliminer. Mais d'autres entreprises, comme Luoyang Zhonggui, préfèrent déverser leurs déchets là où elles peuvent.

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