vendredi 27 février 2009

Pékin tance Washington sur les droits de l'homme - Brice Pedroletti

Le Monde - International, samedi, 28 février 2009, p. 5

Pékin a vivement réagi, jeudi 26 février, au rapport du département d'Etat américain affirmant que la situation des droits de l'homme a empiré en 2008 en Chine, notamment au Tibet et dans la province à forte minorité musulmane du Xinjiang.

" Nous demandons de la manière la plus ferme aux Etats-Unis de réfléchir à leurs propres problèmes en matière de droits de l'homme, d'arrêter de se prendre pour le garant des droits de l'homme et de s'ingérer dans les affaires des autres ", a déclaré un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Ma Zhaoxu.

Le département d'Etat avait également affirmé que non content de donner un tour de vis dans les provinces sensibles, le régime chinois avait restreint la marge de manoeuvre des dissidents, limité la liberté religieuse tout en continuant d'imposer une censure stricte à la presse.

Ce rapport a été publié quelques jours après la visite à Pékin de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui avait choisi de mettre l'accent sur les nécessités d'une coopération globale entre Etats-Unis et Chine en affirmant que les querelles sur les droits de l'homme ne devraient pas " occulter " les dossiers importants de la sécurité, du changement climatique et de la gestion de la crise financière mondiale.

Le rapport annuel du département d'Etat épingle régulièrement la Chine depuis dix ans. Il constitue une initiative attendue qui ne doit pas être perçue comme un " recadrage " voulu par l'administration Obama après que Mme Clinton eut été critiquée par diverses associations internationales de défense des libertés pour avoir relégué au second plan la question des droits de l'homme durant son passage en Chine.

Secrétaire d'Etat adjointe chargée des questions de démocratie, des droits de l'homme et du travail, Karen Stewart a affirmé, mercredi, que ce rapport, publié sous sa direction, n'est pas " déconnecté " des remarques faites par Hillary Clinton à Pékin. " Le sujet des droits de l'homme reste un aspect fondamental de notre politique étrangère ", selon Mme Stewart.

Pékin, pour se défendre, a choisi un argumentaire classique : " Durant les trois dernières décennies, la Chine a joui d'une croissance économique continue et a fait des progrès constants en matière démocratique ", a proclamé Ma Zhaoxu. La presse officielle a affirmé que les conclusions du rapport américain étaient " irresponsables et sans fondement ". Le Conseil d'Etat - le gouvernement - chinois a publié, jeudi, son propre rapport dénonçant la violence aux Etats-Unis, qui pose " de sérieuses menaces sur la vie des gens ", et affirmant que la discrimination raciale subsiste outre-Atlantique " dans chaque aspect de la vie sociale ".

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Christie's " regrette " l'annonce de " représailles " par Pékin

Le Monde - Culture, samedi, 28 février 2009, p. 23

La maison Christie's, a déclaré, le 26 février, " regretter " l'annonce par la Chine de " mesures de représailles " après la vente aux enchères, le 25, à Paris, de deux bronzes chinois, provenant du Palais d'été à Pékin et faisant partie de dispersion de la collection d'Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Chacune des pièces a été adjugée 15,7 millions d'euros. Pékin accuse Christie's d'avoir vendu à plusieurs reprises des biens culturels chinois pillés, et annonce un renforcement des contrôles sur les achats de cette maison en Chine. " Nous respectons toutes les lois ", a répondu Christie's, qui appartient à l'homme d'affaires François Pinault. - (AFP.)

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Démantèlement au Tadjikistan d'un trafic d'armes organisé entre la Russie et la Chine

Le Monde - International, samedi, 28 février 2009, p. 5

Le parquet militaire russe a annoncé, mercredi 25 février, la saisie d'un lot de missiles anti-sous-marins et de bombes de contrebande destiné à la Chine. " Une enquête pénale est en cours contre des responsables de la marine et des hommes d'affaires soupçonnés d'avoir acheminé en contrebande 30 missiles anti-sous-marins et 200 bombes d'aviation au Tadjikistan en vue de leur vente en Chine ", a indiqué le procureur militaire, Sergueï Fridinski.

Le lot, d'une valeur de 18 millions de dollars (14,5 millions d'euros), a été saisi au Tadjikistan, une république de l'Asie centrale ex-soviétique, voisine de l'Afghanistan et de la Chine. Les frontières poreuses de cet Etat, l'un des plus pauvres de l'Asie centrale, voient passer de nombreuses cargaisons de contrebande. La saisie d'un chargement d'armes est une première.

Selon une source proche de l'enquête, citée par l'agence Interfax, " la complicité de hauts gradés de la marine, notamment des vice et contre-amiraux est envisagée ". L'identité des responsables de cette opération et celle des destinataires n'ont pas été révélées. Pékin est l'un des trois principaux clients de la Russie pour les ventes d'armes.

" PLAN CONTRE LA CORRUPTION "

En 2006, une affaire de contrebande massive au sein de la douane, rattachée aux services de sécurité, avait conduit à l'éviction de plusieurs généraux par Vladimir Poutine, alors président. Aucun des responsables n'avait été jugé et, six mois après l'annonce de leur éviction, la plupart des généraux cités étaient encore en fonction.

Dans cette dernière affaire, l'enquête révèle que les missiles et les bombes avaient été déclarés obsolètes et devaient être démantelés. Des crédits avaient été affectés par l'Etat pour la liquidation du stock.

L'annonce de cette saisie a été faite mercredi lors d'une réunion du parquet russe. Exceptionnellement, le président Dmitri Medvedev y assistait. Il a exhorté les procureurs à mettre toutes leurs forces au service du " plan national contre la corruption ". Juriste de formation, le numéro un russe a lancé en 2008 un plan de lutte contre la corruption, " une maladie grave qui ronge l'économie et affecte toute la société ". Mais la série de lois préparée par le Kremlin n'a toujours pas été adoptée par le Parlement.

Présente à tous les niveaux de la société, la corruption a atteint des niveaux vertigineux en Russie, ces dernières années. En 2008, l'ONG Transparency International a placé la Russie à la 147e place - sur 180 pays -, à égalité avec le Bangladesh et le Kenya, soit une chute de quatre places par rapport au classement 2007.

" La corruption est implantée depuis longtemps en Russie, il s'agit d'un marché très lucratif de près de 300 milliards de dollars. Ses représentants savent défendre leurs intérêts ", a expliqué, mercredi, Kirill Kabanov, président du Comité national anticorruption, une structure indépendante, lors d'une émission de radio.

Selon le député communiste Viktor Ilioukhine, les lois anticorruption élaborées par le Kremlin sont insuffisantes : " Les organes du maintien de l'ordre, les tribunaux sont corrompus. Et les cadres qui sont au pouvoir ont été mis en place il y a dix ans, au moment où la corruption a commencé à prendre de l'ampleur. Sans une révolution des cadres, rien ne changera. "

Marie Jégo

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Volkswagen veut doubler ses ventes en Chine d'ici à 2018

Le Soir - 1E - ECONOMIE, vendredi, 27 février 2009, p. 22

Volkswagen a annoncé jeudi vouloir doubler ses ventes en Chine à plus de deux millions de véhicules par an d'ici à 2018, afin de renforcer sa position de leader sur cet immense marché. Volkswagen a expliqué pouvoir réaliser cet objectif en ajoutant ou modernisant au moins quatre modèles par an au cours des dix prochaines années, en doublant le nombre de concessionnaires dans le pays. Volkswagen et ses deux coentreprises en Chine ont vendu 1,02 million de véhicules dans le pays en 2008.

© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2009

AIG cherche des acquéreurs chinois pour ses activités asiatiques

Les Echos, no. 20373 - Finance, vendredi, 27 février 2009, p. 29

AIG serait à la recherche de repreneurs chinois pour ses activités asiatiques, selon le numéro deux de la commission de régulation du secteur des assurances en Chine.
En effet, les autorités centrales chinoises se sont montrées prudentes depuis la crise. Parmi les sociétés approchées pour reprendre American International Assurance (AIA) figure China Life Insurance, a indiqué à la presse Li Kemu. Par ailleurs, selon l'agence Bloomberg, Zurich Financial Services aurait retiré son offre de rachat de 21st Century Insurance, la filiale d'assurances auto d'AIG. Les deux parties n'auraient pas réussi à tomber d'accord sur le prix.

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14 milliards de dollars de contrats signés avec la Chine

Le Temps - Jeudi, 26 février 2009

Après son étape allemande, la délégation d'achats de 200 représentants envoyés de Pékin est arrivée hier soir à Zurich. La Chine profite de la crise pour faire ses emplettes.

«La crise est également une période d'occasions!» Depuis des mois, les médias chinois ne cessent de répéter cette maxime que le ministère du commerce a finalement décidé d'appliquer. La semaine dernière, le porte-parole du ministère avait annoncé l'envoi d'une «mission d'achat fin février en Allemagne, Suisse, Espagne et Angleterre». Mardi, la presse chinoise a prévenu du départ de la délégation pour le jour même.

Si les autorités chinoises présentaient cette visite comme visant à «ouvrir nos marchés l'un à l'autre, à approfondir notre coopération pour nous attaquer aux défis ensemble et contribuer à la renaissance de l'économie mondiale», l'objectif réel s'avère bien plus tangible: «réaliser des achats dans les technologies, l'équipement et des entreprises clés dans les biens et services.» Le développement international des entreprises chinoises est en effet aujourd'hui largement contrarié par leur manque de technologie et la faiblesse de leurs réseaux de distribution.

Dès mercredi soir, les emplettes chinoises avaient largement débuté: 37 contrats ont été signés pour un montant de 14 milliards de dollars, parmi lesquels 37'000 voitures BMW et Mini d'une valeur de 2,2 milliards et 27'000 Mercedes. Un véritable coup de pouce aux relations commerciales bilatérales, qui s'étaient élevées à 115 milliards de dollars en 2008.

Une délégation de 200 hommes d'affaires accompagnait le ministre du commerce Chen Deming. Ils ont tous participé à un forum commercial avec autant de représentants allemands. Chen Deming a assuré que d'autres entrepreneurs y seraient envoyés dans un futur proche afin d'accroître les investissements entre les deux pays. Dès la cérémonie de signature achevée, la délégation s'est envolée mercredi soir vers Zurich pour une journée du même acabit. Reste à voir si les dépenses chinoises en Suisse atteindront un tel niveau.

Tristan de Bourbon

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Le démenti sur le Tibet

La Croix, no. 38296 - Vendredi, 27 février 2009

La Chine dément vouloir fermer la région. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a démenti hier vouloir fermer le Tibet aux touristes étrangers avant le 10 mars, jour du 50e anniversaire de l'insurrection tibétaine. Des voyagistes avaient indiqué mardi que les touristes étrangers allaient être « persona non grata » au Tibet.

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La chute des exportations asiatiques ne présage rien de bon - Martin Hutchinson

Le Monde - Economie, samedi, 28 février 2009, p. 13

On pourrait être tenté d'expliquer les résultats commerciaux asiatiques de janvier par la pénurie de crédit, indispensable au financement des échanges commerciaux. Pourtant, les derniers chiffres sont bien plus mauvais que ceux de décembre, alors qu'entre-temps, les circuits financiers mondiaux se sont légèrement détendus. Il semble donc que la faiblesse persistante des exportations asiatiques ait une cause plus fondamentale.

Il y a au moins deux analyses possibles du phénomène.

La première consiste à penser que des surplus de marchandises se sont formés dans la chaîne qui approvisionne les consommateurs américains, entraînant ainsi en amont des excédents de stocks chez les fournisseurs chinois et, au-delà, dans les pays qui procurent à la Chine les composants élémentaires qu'elle se charge d'assembler. Les exportations japonaises vers la Chine ont elles-mêmes diminué de 45,1 % en janvier. Ainsi, il s'agirait de la répercussion en chaîne de l'augmentation des stocks aux Etats-Unis et il reviendrait à l'Asie, qui dispose de beaucoup plus de liquidités, de financer ces excédents de marchandises.

L'autre analyse verrait dans le déclin des exportations asiatiques la première étape d'une régression majeure du commerce international, éventuellement aussi grave que dans les années 1930, où les échanges internationaux s'étaient réduits des deux tiers. Voilà qui serait de très mauvais augure pour l'économie mondiale.

Les statistiques des exportations asiatiques des deux prochains mois viendront peut-être clarifier les choses. S'il se confirme que c'est un problème de stocks excessifs, la tension s'apaisera dès que la demande américaine se sera stabilisée. Mais si ces statistiques continuent de se dégrader, il faudra retenir l'explication la plus inquiétante.

Sur breakingviews.com
Martin Hutchinson
(Traduction de Christine Lahuec)

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DERNIER CHIFFRE DE CHINE - Le sida

Le Monde - Environnement & Sciences, samedi, 28 février 2009, p. 4

Contamination " 450 000 porteurs du VIH en Chine ignorent leur situation ", a annoncé, le 26 novembre 2008, un officiel du ministère de la santé. Selon le directeur adjoint du Centre pour la prévention et le contrôle des maladies (CDC) chinois, plus de 140 personnes sont contaminées par le virus chaque jour en Chine (plus de 50 000 porteurs de virus supplémentaires par an).

Dépistage - Pékin offre depuis deux mois des tests de salive gratuits, au lieu des tests sanguins habituels, a annoncé un responsable chargé de la lutte contre le sida. Des études cliniques sur ce test, menées en 2007 par le CDC, l'hôpital militaire n° 302 et l'hôpital Ditan, ont montré un taux de fiabilité de 99,3 % parmi les 3 276 participants.

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Yan Pei-ming, vive la France de l'art - Valérie Duponchelle

Le Figaro, no. 20087 - Le Figaro, vendredi, 27 février 2009, p. 13

Égal à lui-même, modeste dans son simple pull camionneur chiné, jovial avec ses joues rondes de bébé et ses longs cheveux d'artiste, Yan Pei-ming, 47 ans, a révolutionné l'art de recevoir la Légion d'honneur, mardi soir dans les bureaux de «son ami» François Pinault. Collectionneur de longue date du peintre du portrait monumental qui a les honneurs du Louvre avec Les Funérailles de Monna Lisa dans la salle Denon, le propriétaire de Christie's a pris le temps d'honorer « le plus français des artistes chinois »... au moment même où commençait le deuxième acte de la vente YSL-Pierre Bergé sous la verrière du Grand Palais.

Petit comité, mais comité fervent, dans les salons au chic contemporain de l'hôtel de Clermont-Tonnerre autour de Yan Pei-ming, ce fils de Shanghaï la maoïste, né en 1960, ce rêveur de la France et de ses beaux-arts depuis la Chine la plus populaire, cet exilé très volontaire au coeur de notre République. Le président du Louvre, Henry Loyrette, dépassait d'une bonne tête tous les autres convives, le président du musée-château de Versailles, Jean-Jacques Aillagon, et Serge Lemoine, ancien directeur du Musée d'Orsay. Tous souriaient. Les amis de toujours, comme Béatrice Parent, fidèle du Musée d'art moderne de la Ville de Paris et de sa muse, Suzanne Pagé, ou le graphiste Philippe Apeloig. Les amis de Dijon, des beaux-arts et du Consortium qui s'enorgueillissaient d'avoir pareil ambassadeur sous les ors de la capitale.

Les larmes aux yeux

L'homme d'affaires breton, commandeur de la Légion d'honneur, fit son éloge avec coeur, saluant le courage et la force de conviction d'un artiste qui débarqua en France sans un sou et sans parler un mot de français au début des années 1980, bien avant la mode des artistes chinois. Très vite, Yan Pei-ming a fait tomber les conventions de cet exercice de style qui mêle vie privée et vie publique. Prenant à bras-le-corps l'art du discours de remerciements, l'artiste a fait passer l'audience des larmes au rire avec une santé de ténor. François Pinault avait insisté sur la dure loi de la vie qui nourrit toute création, sur le bégaiement qui avait rendu l'enfance du jeune Pei-ming souvent cruelle, sur l'exil et sur la fierté qui découle d'une pareille réussite, impensable et romanesque.

«Depuis mon plus jeune âge, je n'ai jamais parlé en public. Cette Légion d'honneur, je la porterai avec fierté et gratitude », répondit dans un sanglot le peintre, bouleversé par «cet honneur que lui faisait la République française». Surmontant ses larmes et son bégaiement, il a fait monter les larmes aux yeux des plus coriaces, surpris par une attaque aussi directe des sentiments.

«Quand j'avais onze ans, ma mère m'a emmené acheter des pinceaux de calligraphie. Elle a été capable de dépenser pour cela un an de salaire...» Au premier rang, une toute petite dame chinoise née en 1934, Chen Guo Mei, voyait son fils ému sans comprendre un mot des discours. En stratège des efforts, Ming a ensuite raconté la vie d'un émigré chinois avant la gloire, transformant la dureté en burlesque qui fit pleurer de rire le même public. « Peut-être un jour, je vais avoir une avenue à mon nom, ou une impasse. Avec le panneau, »Yan Pei-ming, né à Shanghaï, mort en France» ». L'art aussi de la chute.

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jeudi 26 février 2009

La nomination de Gary Locke par Barack Obama bien accueillie à Pékin

Les Echos, no. 20372 - International, jeudi, 26 février 2009, p. 5

Après les défections de Bill Richardson et de Judd Gregg, la désignation du premier gouverneur sino-américain au Commerce a été très bien accueillie par Pékin.

Il avait porté la flamme olympique dans la province du Sichuan, lors de l'ouverture des JO de Pékin en août 2008. C'est peu dire que la désignation de Gary Locke, fils d'immigrés chinois et premier Sino-Américain élu gouverneur dans l'histoire des Etats-Unis, par le premier président afro-américain a été bien accueillie par Pékin. Quelques semaines après les « malencontreuses » déclarations du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, accusant la Chine de manipuler les cours du yuan, la désignation de Gary Locke, cinquante-neuf ans, devrait contribuer à fluidifier les relations commerciales entre Washington et Pékin, dans une période de tensions potentielles entre les deux grandes puissances.

Descendant d'immigrés chinois

« Il est très bien considéré en Chine et je pense qu'il sera écouté », estime John Frisbie, président de l'US-China Business Council. Pour Barack Obama, qui a vainement tenté la carte de l'ouverture « bipartisane » avec la nomination avortée du républicain Gregg Judd au Commerce, c'est une nouvelle forme d'ouverture en direction de la Chine. Très remonté contre les appels au « buy american » associés au plan de relance américain, Pékin redoutait de voir l'arrivée à ce poste clef de l'administration américaine d'un partisan d'une politique plus protectionniste. Hier, déjà, plusieurs titres de la presse officielle se félicitaient de la nomination d'un vieil « ami de la Chine ».

Descendant d'immigrés chinois installés à Seattle, Gary Locke a cultivé tout au long de sa carrière de fortes relations avec le pays de ses ancêtres, même s'il maîtrise mal le mandarin. Gouverneur de l'Etat de Washington de 1996 à 2004, il a mené, chaque année, d'importantes missions commerciales en Chine et a ainsi rencontré, à plusieurs reprises, l'ancien président Jiang Zemin ainsi que les actuels dirigeants, Hu Jintao et Wen Jiabao. Revenu dans le « civil » au sein du cabinet d'avocats Davis, Wright, Tremaine, il a continué d'utiliser son réseau pour faire progresser la cause de grands industriels américains sur le marché chinois. Il a ainsi aidé à l'expansion de Starbucks dans le pays et a souvent plaidé les causes de Boeing et de Microsoft au cours d'entretiens privés avec le Premier ministre chinois. C'est aussi lui qui organisa, en 2006, la très médiatique visite du président Hu Jintao chez Boeing et le dîner chez Bill Gates. C'est pourquoi Gary Locke, considéré à Pékin comme l'une des rares personnalités capables d'apaiser les tensions commerciales avec Washington, avait obtenu le privilège de porter la flamme olympique en 2008.

YANN ROUSSEAU (À PÉKIN) ET PIERRE DE GASQUET (À NEW YORK)

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Hillary Clinton : " Nous allons nous en sortir ou tomber ensemble "

L'Express, no. 3008 - News;Monde, jeudi, 26 février 2009, p. 51

Hillary fait la leçon à Pékin - Epstein Marc

Quand la secrétaire d'Etat exhorte le géant asiatique à racheter des bons du Trésor américains... Une bonne affaire ?

Avant de quitter la Chine, dernière étape de son voyage en Asie, Hillary Clinton a accordé, le 22 février, une interview à une chaîne de télévision locale, Dragon TV : « Il est clair, a souligné la nouvelle secrétaire d'Etat américaine, que nous allons nous en sortir ou tomber ensemble. » La première et la troisième économie mondiale sont « imbriquées », a-t-elle ajouté : « Les Chinois savent que, s'ils veulent recommencer à exporter vers leur plus grand marché, c'est-à-dire les Etats-Unis, ils ont besoin que des mesures drastiques soient prises à Washington dans le cadre d'un plan de relance. » Sa conclusion est sans appel : il est dans l'intérêt de Pékin de continuer à acquérir des bons du Trésor américains. « Si vous souhaitez que nous achetions de nouveau vos jouets et vos ordinateurs, explique en substance Hillary Clinton, donnez-nous les moyens de continuer à nous endetter. »

Cet appel à l'aide des Etats-Unis plonge les dirigeants de Pékin dans l'embarras. Car leur pays est déjà le premier détenteur au monde, devant le Japon, de bons du Trésor américains : il en détenait, en décembre dernier, pour 696 milliards de dollars. Or la Chine possède aussi d'énormes réserves de change, de l'ordre de 1 950 milliards de dollars, qui en font le plus gros détenteur mondial de billets verts. L'ennui, c'est qu'il serait dans son intérêt d'investir une partie de ces fonds sur son territoire. A contrario, plus la Chine achète des bons du Trésor américains, plus elle risque de contribuer à une nouvelle dépréciation du dollar... qui affecterait ses propres réserves. A tous les jeux proposés par Washington, en somme, Pékin perd.

En période de récession mondiale, les économies reposant sur la production industrielle - l'Allemagne des années 1930, comme la Chine d'aujourd'hui - sont parmi les plus durement touchées. Car les biens manufacturés ne trouvent plus preneurs dans d'autres pays. Pas moins de 38 % du produit intérieur brut chinois est dû aux exportations.

Pour la stabilité à moyen terme de la Chine, un pays si important que son sort affecte le reste de la planète, il faut souhaiter que Pékin puisse mettre ses propres intérêts devant ceux de Washington. Les Etats-Unis, au prix de quelques efforts, trouveront toujours les moyens de régler leurs problèmes.

PHOTO - Hillary Clinton réagit à la lecture d'un article du China Daily, le 22 février 2009 / REUTERS

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AUDIO - Pierre Bénichou contre Jérôme Cahuzac

Europe 1 - 16 février 2009

tilidom.com

Lors de l'émission de Laurent Ruquier, On va s'gêner, le député socialiste Jérôme Cahuzac raconte son voyage en Chine. Et Pierre Bénichou ne semble pas apprécier le ton peu enthousiaste du député. Joutes verbales en perspective...

Mise à jour :
Sur le blog de Jean-Pierre Raffarin, j'ai laissé un message pour l'informer de cet échange. Cela n'a pas été retenu puisque le commentaire n'a jamais été publié...

France-Chine : il est urgent de rétablir le dialogue et la confiance - Jean-Pierre Raffarin

Le Figaro, no. 20085 - Le Figaro, mercredi, 25 février 2009, p. 14

L'ancien premier ministre rentre de Chine, où il a emmené une délégation de jeunes élus (1), dans le cadre de sa fondation Prospective et Innovation.

Ces derniers prennent la parole à ses côtés sur les conditions, à leurs yeux, d'une amélioration des relations entre les deux pays.Lors de notre déplacement en Chine, nous avons rencontré en particulier le premier ministre Wen Jiabao : nous avons pu vérifier que les relations franco-chinoises traversent une période de turbulences. Les autorités chinoises ont insisté sur le caractère « excessif et flagrant » de la rencontre entre le président de la République française et le dalaï-lama, le 4 décembre 2008 en Pologne : cela constitue, selon eux, la source de nos difficultés diplomatiques.

Les Chinois attendent une initiative du président Sarkozy sur ce sujet, avant le sommet de Londres, le 2 avril prochain. Ce geste, ni excuse ni reproche, serait bienvenu pour redonner confiance sur le long terme aux deux parties, et retrouver le caractère d'excellence qui caractérisait les relations franco-chinoises. Plutôt que la dialectique stérile des reproches, nous proposons une réciprocité du respect.

Si la Chine se montre exigeante à l'égard de la France, c'est qu'elle n'appréhende pas la relation bilatérale sous le seul angle commercial, contrairement aux relations principalement mercantiles avec nos voisins. Nos liens sont d'abord politiques. Ils sont aussi anciens et stratégiques. Le général de Gaulle a été le premier chef d'État occidental à reconnaître la république populaire de Chine, le 27 janvier 1964 et à souhaiter qu'un dialogue fécond entre les deux peuples s'engage à la faveur des relations entre les deux États.

Le partenariat global stratégique voulu par le président Chirac, initié en 1997 et approfondi en 2004, a marqué la volonté de la France et de la Chine de discuter ensemble des grandes questions qui déterminent l'avenir du monde : volonté de promouvoir un monde multipolaire, rôle central du Conseil de sécurité des Nations unies où la France et la Chine adoptent souvent des positions communes, lutte contre la prolifération, fixation de règles du commerce international, développement durable...

La Chine considère que la France, pays « ami », a manifesté une forme d'ingérence dans ses affaires intérieures. En effet, l'opinion publique chinoise, dont la réalité est incontestable, voit dans le dalaï-lama un chef politique à la tête d'un gouvernement en exil, revendiquant l'autonomie du quart du territoire chinois et tenant d'un régime théocratique.

Dans un contexte d'incertitudes lié à la crise économique et financière internationales et à la mise en place d'une nouvelle Administration américaine, il est probable que la Chine se montrera intransigeante vis-à-vis de tout événement portant atteinte à sa stabilité et à sa souveraineté.

Durant cette semaine en Chine, nous avons eu l'occasion, après Pékin, de nous rendre dans le Hunan et dans le Guangdong et d'y rencontrer les dirigeants politiques et les décideurs économiques. Nous y avons rencontré un accueil des plus chaleureux et senti une volonté de mener à bien, ensemble, de multiples projets mettant en valeur les savoir-faire français. Raison de plus pour prendre au sérieux, et avec une certaine gravité les deux avertissements récents donnés par les autorités chinoises : le report du sommet Europe-Chine qui devait se tenir décembre dernier, le tour de la France effectué à l'extérieur des frontières françaises par Wen Jiabao, à la fin du mois de janvier.

La préoccupation actuelle des Chinois semble être d'évaluer si un revirement de la politique étrangère française à leur égard est en cours après une continuité de quarante-cinq ans. En effet, malgré la réaffirmation par le président de la République du respect, par la France, des principes de souveraineté et de laïcité, certaines images ont fait douter. Nous avons rappelé au premier ministre, à l'Assemblée nationale populaire et au ministère des Affaires étrangères que le président Sarkozy accordait une importance singulière et stratégique aux relations franco-chinoises, comme en témoignent ses trois visites dans le pays au cours de ses 18 premiers mois de mandat.

Le travail de clarification est désormais amorcé. Il est nécessaire de le mener à bien afin de retrouver confiance et constance dans nos rapports bilatéraux.

(1) Marc Laffineur, vice-président de l'Assemblée nationale, Jean-Claude Carle, sénateur de Haute-Savoie, Philippe Dallier, sénateur de Seine-Saint-Denis, Françoise Guégot, député de Seine-Maritime, Jacqueline Irlès, député des Pyrénées-Orientales, Antoine Lefèvre, sénateur de l'Aisne, Philippe Paul, sénateur du Finistère, Valérie Rosso-Debord, député de Meurthe-et-Moselle

PHOTO - Source : http://www.carnetjpr.com/ Blog de Jean-Pierre Raffarin

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Gros contrats en Chine pour Nokia Siemens

Le Figaro, no. 20086 - Le Figaro Économie, jeudi, 26 février 2009, p. 21

TÉLÉCOMS. Pour participer à la construction de réseaux de troisième génération de téléphonie mobile en Chine, la coentreprise Nokia Siemens Networks a annoncé, hier, avoir été retenue par China Mobile et China Unicom, pour un montant total de 880 millions d'euros.

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Pékin fait son marché en Europe et ignore Paris - Arnaud Rodier

Le Figaro, no. 20085 - Le Figaro Économie, mercredi, 25 février 2009, p. 20

Une délégation officielle chinoise entame une tournée européenne, où elle compte dépenser 1,7 milliard d'euros.

CE NE SONT pas les 6 000 guerriers de l'armée de Xian, mais le déploiement de force est impressionnant. Le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, débarque ce matin en Europe avec 300 chefs d'entreprise de tous les horizons, automobile, électronique, agroalimentaire, chimie...

Au programme de sa visite, l'Allemagne aujourd'hui, puis la Suisse, l'Espagne et la Grande-Bretagne. La France est à dessein écartée, comme l'avait fait le premier ministre Wen Jiabao, fin janvier. La Chine ne lui pardonne pas la rencontre, en décembre, de Nicolas Sarkozy avec le dalaï-lama. Elle avait annulé le sommet Europe-Chine prévu à Lyon à la fin de l'année. Hier, elle a reporté une convention d'affaires qui devait se tenir au Havre fin mars.

Officiellement, la tournée européenne de Chen Deming est destinée à montrer la volonté d'ouverture du pays et sa détermination à coopérer avec les étrangers face à la crise. La Chine est décidée « à ouvrir ses marchés et à contribuer à la relance de l'économie mondiale en renforçant la coopération avec d'autres pays », souligne Gao Hucheng, ministre adjoint du Commerce.

L'Union européenne est le premier partenaire de la Chine et le commerce bilatéral a augmenté de 19,5 % l'an dernier à 332,5 milliards d'euros. Pékin pourrait cette fois-ci dépenser 1,7 milliard d'euros (15 milliards de yuans) pour faire son marché.

Repérer les entreprises à vendre

En Allemagne, les Chinois ont récupéré de nouveaux transferts de technologie sur le train à grande vitesse qu'ils exploitent à Shanghaï pour desservir l'aéroport. Ils ont également récemment passé des accords dans l'automobile.

En Suisse, où Nestlé exploite un centre de recherche près de Pékin, la Chine s'intéresse aux accords bancaires. Bank of China a une filiale à Genève et le Credit Suisse va s'installer en Chine.

En Espagne, les coopérations sont multiples, avec Telefonica, Tecnicas Reunidas, Banco Bilbao Vizcaya Argentaria, Indra Sistemas, pour n'en citer que quelques-unes. Madrid, qui a accordé un prêt de 360 millions d'euros à la Chine l'an dernier, vient de doubler sa participation dans le capital de la banque chinoise Citic Bank, à plus de 10 %.

Quant à la Grande-Bretagne, ce sont la finance et l'agriculture qui attirent les Chinois. La Banque de construction de Chine a eu le droit d'ouvrir une succursale à Londres et un accord lie les deux pays pour trois ans pour améliorer le rendement des cultures. Pas moins de 380 entreprises chinoises travaillent déjà au Royaume-Uni.

En Europe comme ailleurs, la Chine a besoin de fournisseurs étrangers pour mener à bien son plan de relance de 4 000 milliards de yuans (458,1 milliards d'euros). Surtout, elle va profiter de cette tournée pour regarder quelles entreprises sont à vendre.

La crise a fait baisser les prix des actifs en Europe et Pékin, malgré le ralentissement de sa croissance économique, dispose de plus de 1 900 milliards de dollars de réserves de change.

Le géant de l'aluminium Chinalco s'invite chez l'anglo-australien Rio Tinto, Sinopec et Sinochem regardent de près le chimiste américain Chemtura. Les Chinois, qui dénoncent toute tentation d'un retour au protectionnisme, ne demandent qu'à continuer.

Illustration(s) :

Au programme des visites européennes de Chen Deming, ministre chinois du Commerce : l'Allemagne, la Suisse, l'Espagne et la Grande-Bretagne. La France est contournée.

Landov/maxppp

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En Chine, les distributions de coupons de consommation se multiplient

Le Monde - Economie, jeudi, 26 février 2009, p. 13

Seize ans après l'arrêt officiel des liangpiao, les coupons de rationnement de l'économie planifiée, les Chinois découvrent les coupons de consommation : les villes côtières en proposent les unes après les autres à leurs résidents.

A Hangzhou, dans la province du Zhejiang, le chef du parti a annoncé pour avril 600 millions de yuans (60 millions d'euros) de coupons d'achat à dépenser dans les grands magasins et les lieux de loisirs comme les cinémas, après que 100 millions ont déjà été distribués avant le nouvel an lunaire pour les résidents à bas revenus, et 40 millions pour les touristes potentiels des villes voisines.

Les fonctionnaires de la municipalité pourraient aussi voir une partie de leur salaire payé en coupons. Zhenjiang, Nankin, Ningbo et Changzhou, toutes des villes du delta du Yangzi, ont aussi annoncé des programmes de coupons en faveur du tourisme. A Shanghai, 2 000 écoliers et étudiants de familles défavorisées de l'arrondissement de Jiading ont reçu une aide de la municipalité d'un million de yuans, sous forme de coupons ou de cash. Dans le Guangdong, les ruraux auront droit à des réductions sur le transport et les hôtels afin, aussi, de faire du tourisme. Ce mois-ci, le programme d'aide à l'achat d'électroménager dans les campagnes doit être étendu à tout le pays et concernera une gamme plus vaste de marques.

Si la portée de ces mesures reste très faible - elles représentent une goutte d'eau en termes de consommation et sont limitées, pour le plan d'équipement des campagnes, par toutes sortes de contraintes bureaucratiques -, elles ont le mérite de susciter en Chine des débats : le quotidien Xinwen Chenbao à Shanghaï propose de donner à chaque famille des coupons de 5 000 yuans pour l'éducation, une grosse dépense en Chine car les coûts ont explosé.

Le China Daily cite les partisans d'une extension du programme de coupons - il faut le porter à 1 000 milliards de yuans, propose ainsi Chen Wanzhi, vice-président de l'Assemblée consultative de Chongqing - et ses détracteurs, qui font remarquer qu'il ne résout pas les surcapacités en Chine. Elles attirent en tout cas l'attention, à l'approche du rendez-vous politique annuel des assemblées chinoises début mars (Assemblée nationale populaire et Assemblée consultative, l'équivalent d'un sénat), sur le défi d'accroître, dans le plan de relance chinois de 4 000 milliards de yuans sur deux ans, la part dévolue à stimuler la consommation. Or, si les assemblées chinoises n'ont qu'un rôle " tampon " dans le processus d'approbation des politiques du gouvernement, leur tenue est l'occasion de débats de plus en plus contradictoires grâce au rôle croissant de la société civile.

Le pouvoir signale qu'il est à l'écoute : il y a quelques jours, la réunion du Politburo, destinée à discuter les propositions de politique économique du gouvernement à l'Assemblée nationale populaire, a porté sur l'accroissement des dépenses de sécurité sociale, a laissé filtrer la presse officielle. Pour relever le défi de la crise, " nous devons strictement adhérer au principe-clé de stimuler la consommation intérieure et favoriser la croissance ", a déclaré le président, Hu Jintao.

PHOTO - Des voyageurs font la queue pour acheter un ticket de train, Shanghai, 10 janvier 2009 - REUTERS

Brice Pedroletti

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DERNIER CHIFFRE DE CHINE - Les finances publiques de la Chine dans le rouge

Le Figaro, no. 20084 - Le Figaro Économie, mardi, 24 février 2009, p. 19

CONJONCTURE. Le déficit budgétaire de la Chine devrait atteindre cette année le niveau record de 950 milliards de yuans (108,7 milliards d'euros), un chiffre multiplié par 9 par rapport à 2008, et qui représentera environ 3 % du PIB, selon le journal China Business qui cite le projet de budget du gouvernement. En 2008, il était de 111 milliards de yuans.

Ce déficit correspond à une hausse de 22,1 % des dépenses budgétaires, à 7 600 milliards de yuans (869,8 milliards d'euros), qui reflètent la décision du gouvernement d'investir dans 15 secteurs clés. Les recettes fiscales en revanche sont attendues à 6 600 milliards de yuans, leur croissance étant ramenée à 8 % contre + 19,5 % en 2008.

La Chine, qui a dévoilé un plan de relance de 4 000 milliards de yuans (458 milliards d'euros), doit présenter son projet de budget 2009 la semaine prochaine devant le Parlement. Elle s'est fixé pour 2009 un objectif d'une croissance de 8 %, mais le Fonds monétaire international prévoit 6,7 % seulement.

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Polémique chinoise sur la vente Bergé (FIN)

Le Figaro, no. 20086 - Le Figaro et vous, jeudi, 26 février 2009, p. 27

HIER SOIR, Tout le staff de Christie's et de Pierre Bergé & Associés savourait son triomphe, sous la nef du Grand Palais. Déjà, la veille, après deux jours de ventes consacrant l'art impressionniste et moderne, les tableaux anciens, l'orfèvrerie et l'Art déco, le total s'élevait à 335 Meur, dépassant l'estimation haute qui avait toutefois été revue à la baisse à l'arrivée de la crise. Hier, avec les deux dernières dispersions - de sculptures, d'objets d'art et d'art d'Asie et d'archéologie - , le montant atteignait encore de plus hauts sommets. La polémique sur la vente des deux bronzes chinois, le rat et le lapin, réclamés en vain par la Chine, estimés 16 à 20 millions d'euros et vendus 28 millions d'euros avait excité la foule. Quelques minutes avant cette vente, on murmurait que des collectionneurs chinois pouvaient acheter, pour les donner ensuite à Pékin. Le dispositif de sécurité avait été renforcé après les déclarations de Pierre Bergé qui avait affirmé mardi n'envisager une restitution que si le pays « se mettait à respecter des droits de l'homme et libérait le Tibet ».






De Rochebouet, Béatrice

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Les leçons à tirer du miracle chinois - Qin Hui

Courrier international, no. 956 - Débat, jeudi, 26 février 2009, p. 46

DÉVELOPPEMENT CAPITALISTE ET DICTATURE

Le très faible niveau des salaires ne suffit pas à expliquer l'expansion économique de ces dernières décennies. L'historien chinois Qin Hui estime que l'absence de droits sociaux a été un facteur plus déterminant.

Le monde des économistes internationaux a une approche assez disparate de la Chine, mais on peut distinguer trois grandes tendances. Il y a tout d'abord les tenants de la "théorie de l'effondrement", qui considèrent que la forte croissance économique chinoise n'est qu'une illusion faite d'exagérations et que, en réalité, la crise intérieure et la mondialisation exercent des pressions de plus en plus fortes qui entraîneront inévitablement un effondrement. Les deux autres tendances s'accordent à penser tout le contraire, à savoir que l'économie chinoise peut effectivement se targuer d'une croissance et d'une prospérité miraculeuses. Mais elles donnent deux interprétations distinctes et opposées, selon que leurs tenants appartiennent à l'un ou à l'autre des grands courants de la pensée économique occidentale : l'approche libérale classique impute le "miracle chinois" à la libéralisation économique et à l'ouverture aux règles du marché, tandis que les économistes de gauche ou keynésiens l'attribuent aux réussites du "socialisme", à l'intervention et à la mainmise de l'Etat sur l'économie.

Je considère pour ma part que ces trois approches comportent chacune de graves erreurs : il est un fait que l'économie chinoise a connu une croissance forte et soutenue et s'est insérée avec facilité dans la mondialisation ; aussi ne peut-on que réfuter les théories de "l'illusion" et de "l'effondrement". Cependant, cette croissance ne peut s'expliquer ni comme une "réussite de l'Etat", ni comme une "réussite du marché", et encore moins comme une "double réussite du marché et de l'Etat", connue sous le nom de "consensus de Pékin" [parfois érigé en modèle de développement]. Outre les avantages que lui procurent traditionnellement des salaires et une protection sociale faibles, la Chine a surtout tiré parti de son peu de respect des droits de l'homme pour maintenir artificiellement bas les prix de quatre grands facteurs (la main-d'oeuvre, la terre, le capital et les ressources naturelles non renouvelables). En interdisant toute possibilité de marchandage, pour "abaisser le coût des transactions", elle a restreint, voire supprimé totalement le droit de négociation des plus faibles. En refusant la démocratie, en réfrénant les envies de participation, en méprisant la pensée, en dédaignant les croyances, en faisant peu de cas de la justice et en aiguisant les appétits matériels, elle a incité les gens à concentrer leur énergie sur la simple quête de l'enrichissement "miracle". Tout cela lui a permis de dégager une étonnante compétitivité, rarement observée aussi bien dans les pays à économie libérale que dans les "Etats-providence", et de distancer les pays engagés sur les rails de la démocratie de façon progressive ou selon le principe de la "thérapie de choc" [les anciens pays socialistes de l'Europe de l'Est].

Aujourd'hui, chacune des parties cherche à prouver la justesse de sa théorie en s'appuyant sur le "succès de la Chine". Tandis que c'est le caractère non libéral de l'économie chinoise qui fait l'admiration du clan de gauche, le clan de droite s'extasie devant son caractère non social. Par ailleurs, la Chine fait des envieux dans le tiers-monde en raison de son image de pays pauvre se développant à toute vitesse. Aussi la Chine, qui se pose en sérieux challenger des pays développés et des pays en développement, des Etats-providence comme des Etats libéraux, de la gauche comme de la droite, suscite-t-elle l'admiration de tous.

Mais pour combien de temps encore ? Les avantages de la Chine ne sont pas reproductibles : sans la poigne de fer à la chinoise, aucun pays, qu'il soit dirigé par un gouvernement de gauche ou de droite, qu'il applique une politique libérale de marché, une politique keynésienne ou même une politique sociale-démocrate, n'est en mesure de parvenir à une telle accumulation primitive*. Le "défi" posé par la Chine aux autres pays existe objectivement et devrait même s'aggraver inexorablement. Les relations avec la Chine peuvent-elles donc être envisagées avec optimisme sur le long terme ?

En fait, en ces temps de mondialisation, les "chocs" qui se produisent entre les méthodes de la Chine et celles de l'Occident, voire du reste du monde, sont de plus en plus révélateurs d'un problème de fond.

L'arrivée de très nombreuses entreprises étrangères en Chine a poussé les salariés à faire des comparaisons. Beaucoup de Chinois soulignent qu'en matière de respect des droits des travailleurs en Chine les entreprises européennes et américaines offrent les meilleures conditions, tandis que la situation est plutôt médiocre dans les sociétés japonaises ou sud-coréennes, mauvaise dans les entreprises hongkongaises et taïwanaises, les pires conditions étant celles des entreprises chinoises, privées ou publiques !

Beaucoup d'investisseurs européens et américains sont accourus en Chine pour contourner la législation du travail de leur propre pays. Mais leur longue "tradition sociale" d'Etat-providence démocratique a fait qu'ils ont souvent eu du mal à s'y accoutumer : ils n'avaient pas "l'habitude" de traiter si mal les travailleurs. A tel point que des officiels chinois sont parfois intervenus pour mettre le holà à des accords sociaux déjà conclus entre des entreprises étrangères et leurs salariés. Cependant, avec le temps, certains chefs d'entreprise européens et nord-américains ont fini par se plier aux coutumes locales et par apprendre à mater les travailleurs ou à se concilier les bonnes grâces de l'administration...

A l'inverse, lorsque des entreprises chinoises vont s'implanter à l'étranger, le premier obstacle auquel elles se heurtent est celui des organisations syndicales ouvrières et paysannes. C'est le cas, il va sans dire, en Europe et en Amérique du Nord, mais l'Amérique latine, considérée chez nous comme un exemple typique de "néolibéralisme", semblait être un paradis pour le capitalisme, avec des ouvriers très brimés. Pourtant, quand les entreprises chinoises ont pris pied là-bas, elles se sont tout de suite aperçues du contraire : là-bas, c'était le prolétariat qui "brimait" le capital ! Ainsi, la plus grosse société chinoise implantée en Amérique latine, Shougang Hierro Perú [premier producteur de fer au Pérou, acquis par la société chinoise Shougang en 1992], a "violé la loi" (le Code du travail local) en réprimant une manifestation d'ouvriers et en licenciant des syndicalistes en grève [les conflits à propos des conditions de travail et des salaires y sont récurrents]. Finalement, le "héros des ouvriers péruviens", Juan de Dios Ramírez Canchari, est devenu parlementaire, puis ministre du Travail du Pérou, et sa fille a été démocratiquement élue maire de la ville où était implantée Shougang Hierro. [Edith Ramírez Rodríguez a été maire de San Juan de Marcona de 2003 à 2006.] La société a depuis sans cesse été "importunée" par des mouvements ouvriers, d'où de graves pertes financières. Les médias chinois ont à cette occasion lancé une mise en garde : "Attention au piège des syndicats quand on investit à l'étranger !" Nos patrons ont ainsi appris à leurs dépens ce que signifiait la phrase : "Ouvriers, nous sommes forts !" [chant datant du début de la république populaire de Chine].

Les travailleurs les plus dociles du monde

Comme il ne fait pas bon irriter les ouvriers latino-américains, nos entreprises ont jeté leur dévolu sur l'Afrique, où la population est pauvre, les salaires bas et les gouvernements moins avancés qu'en Amérique latine. En de nombreux endroits règnent encore des dictateurs et, contrairement à l'Amérique latine, ils n'ont répondu ni aux sirènes du "socialisme à l'occidentale", ni à celles de la "social-démocratie". Loin de nous ingérer dans leurs affaires intérieures, nous nous y sentons au contraire comme un poisson dans l'eau. Nos entrepreneurs chinois qui ont appris en Chine à s'attirer les faveurs des membres de l'administration ont l'occasion d'y déployer tous leurs talents, et les chefs d'entreprise occidentaux ne leur arrivent pas à la cheville.

Les entreprises chinoises se sont cependant très vite rendu compte que tout n'était pas comme chez elles. Bien que les ouvriers ne soient pas aussi virulents que leurs homologues européens, nord-américains et même latino-américains, ces anciennes colonies ont quand même contracté de "mauvaises habitudes" auprès de l'Occident. Tout d'abord, le degré de liberté des médias est malgré tout plus élevé qu'en Chine. La démocratie n'a pas réussi à prospérer, mais il existe quand même une opposition et une certaine concurrence entre les candidats qui cherchent à rallier les suffrages des travailleurs. Les syndicats peuvent certes difficilement afficher des opinions contraires au gouvernement, mais ils ont quand même une influence importante en matière de droits des travailleurs. De plus, ces dernières années, de nouveaux soucis sont venus de l'arrivée d'ONG occidentales soucieuses de protéger l'environnement ou les droits des populations autochtones. Mais beaucoup d'entreprises chinoises ont vite découvert un bon filon : celui des travailleurs transfrontaliers originaires de pays pauvres de l'intérieur du continent africain, nombreux à se rendre dans les pays côtiers, plus riches. Ces émigrés clandestins ne sont pas protégés par les codes du travail locaux ni par des syndicats. Ils ont donc été embauchés massivement par les entreprises chinoises implantées en Afrique. Mais celles-ci ont découvert peu après que la plupart de ces ouvriers transfrontaliers travaillaient en fait dans la région de leur propre tribu et que, s'ils n'étaient pas sous la protection de lois nationales et de syndicats modernes, ils pouvaient compter sur l'appui de leur tribu en cas de conflit avec leur patron.

Les entreprises chinoises ont finalement dû se rendre à l'évidence : les travailleurs les plus dociles au monde étaient encore les travailleurs chinois ! Les ouvriers chinois d'origine rurale sont habitués à un faible respect des droits de l'homme. De plus, une fois arrivés en Afrique, ils sont coupés de leur famille, confrontés à la barrière de la langue et n'ont plus aucun lien social sur lequel compter. Il n'y a vraiment pas à redouter leur insoumission quand ils sont enfermés dans les baraques de chantier ! C'est pourquoi de nombreuses entreprises chinoises implantées en Afrique ont finalement fait le choix de recourir aux ressources naturelles locales et d'écouler sur place leurs produits, mais, pour ce qui est de la main-d'oeuvre, elles se sont débrouillées pour la faire venir en masse de Chine, quitte à prendre au passage des libertés avec les lois locales...

Aussi, dans un contexte de mondialisation croissante des marchés - sans que cela s'accompagne d'une mondialisation de la protection des droits de l'homme -, le "facteur Chine" est un élément qui pose un défi de plus en plus sérieux à l'échelle planétaire aux droits des travailleurs et au modèle social de l'Etat-providence.

La délocalisation de la production industrielle vers la Chine, avec la réduction des effectifs et les fermetures d'usines accordant une forte protection sociale, est un phénomène qui touche toutes les industries aux Etats-Unis et en Europe. Cette tendance n'est pas nouvelle, mais elle est généralement considérée comme une simple mutation industrielle, les industries à forte densité de main-d'oeuvre des pays développés aux coûts salariaux importants transférant leurs activités vers les pays en développement pratiquant des salaires bas. Cette mutation existe bel et bien, et d'ailleurs ce n'est pas une mauvaise chose en soi - ou plutôt ce devrait être une bonne chose.

Cependant, le fait qu'une entreprise comme General Motors réalise de gros bénéfices en Chine alors qu'elle ne parvient pas à gagner de l'argent dans un pays comme l'Inde, qui comme la Chine pratique des salaires bas mais où les syndicats sont puissants, le fait que les constructeurs automobiles chinois qui s'implantent à l'étranger soient pris au "piège des syndicats", au point que même le groupe indien Tata envisage de délocaliser sa production automobile en Chine [il possède déjà une usine de composants automobiles à Nankin et également plusieurs sous-traitants], où les salaires sont légèrement plus élevés mais où les syndicats n'existent pas, tout cela montre bien que la refonte planétaire en cours ne se résume pas seulement à un transfert de la production des régions à hauts salaires vers les régions à bas salaires - on peut même dire qu'il ne s'agit pas d'un transfert de cette nature -, mais consiste surtout en un transfert de la production des régions très respectueuses des droits de l'homme vers les régions peu respectueuses des droits de l'homme. Cela correspond certes à une mutation économique, mais surtout à la prise en compte des avantages et des défauts de tel ou tel régime. Cela ne signifie pas, comme le prétendait Francis Fukuyama, la victoire de la démocratie libérale et la fin de l'Histoire, mais plus probablement l'échec de deux cents ans de mouvements sociaux et d'idéaux socialistes, de cent ans de systèmes démocratiques de protection sociale et d'un millier d'années d'aspiration à l'égalité entre les hommes. L'optimisme n'est donc pas de mise dans les rangs des libéraux, ni dans ceux des socialistes (non staliniens).

N'oublions pas que le "changement de modèle économique" a un long passé dans l'histoire moderne ! Mais celui d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier. Tout d'abord, jadis, si la délocalisation de l'industrie manufacturière traditionnelle affaiblissait probablement les syndicats traditionnels des pays développés, elle apportait malgré tout la "culture sociale industrielle" dans les pays de transfert de la production. Cela avait permis l'émergence de syndicats ouvriers et paysans, et des progrès importants en matière de droits des travailleurs, de démocratie sociale et d'un système public de protection sociale en Amérique latine, en Asie de l'Est et en Inde. Bien que, dans les années 1980, la notion d'Etat-providence eût commencé à achopper sur des difficultés dans les pays développés, la social-démocratie continuait à progresser sur l'ensemble du globe. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. La protection sociale est en difficulté dans les pays qui délocalisent ; quant à la Chine, où viennent s'implanter ces industries, elle n'a pas du tout été réceptive à cette "culture sociale" : les syndicats [autonomes] ouvriers et paysans y sont toujours interdits, les ateliers de misère ("sweatshops") y sont encore monnaie courante et l'accumulation primitive se fait encore au prix du faible respect des droits de l'homme. Cela montre bien que la social-démocratie se trouve au creux de la vague au niveau planétaire.

Un essor basé sur le non-respect des droits de l'homme

A l'évidence, le changement de structure industrielle ne suffit pas à expliquer les difficultés du système démocratique de protection sociale et des syndicats. Les véritables raisons sont à rechercher dans l'avantage que constitue pour certains pays leur manque de respect des droits de l'homme et qui pousse les autres à s'aligner sur eux bon gré mal gré.

En fait, aujourd'hui, imperceptiblement, le débat sur ce qui fait la "supériorité chinoise" évolue. Prenons la comparaison entre la Chine et l'Inde, dont les Chinois aiment tant parler. A l'époque de Mao Tsé-toung, tous les Chinois pensaient dur comme fer que la Chine tirait sa supériorité du socialisme, tandis que l'Inde était désavantagée par son attachement au capitalisme. A l'époque des réformes, ils ont ensuite imputé le retard de l'Inde à la persistance de son modèle d'économie planifiée à la soviétique. Dernièrement, davantage de Chinois commencent à insister sur le fait que l'Inde est handicapée par l'influence trop forte de facteurs comme les droits des travailleurs, la protection sociale ou les syndicats. Autrement dit, "l'échec" de l'Inde (comparativement à la Chine) est maintenant dû non pas au capitalisme, ni au régime de type soviétique, mais à la démocratie sociale.

Les critiques de type stalinien de l'Inde et de l'Europe de l'Est ont repris de la vigueur, accusant notamment ces régions d'être tombées dans la démocratie libérale et le capitalisme. Nous voyons ici une autre facette de la Chine L'Europe de l'Est et l'Inde sont critiquées par la gauche pour les libertés accordées à leurs populations et par la droite pour les avantages sociaux et la protection des droits ouvriers et paysans. [Dans un rapport de 2008 de la Banque asiatique de développement, classant les pays asiatiques d'après leur niveau de protection sociale, l'Inde était mieux classée que la Chine.] Les deux critiques semblent fonder leurs arguments sur une base commune, à savoir que la forte croissance économique de la Chine est réalisée grâce à l'avantage que lui procure son faible respect des droits de l'homme sous un régime ni libéral ni social.

Mais notre modèle de développement recèle des dangers non négligeables. Tout en posant un sérieux défi aux Etats-providence démocratiques étrangers, à l'intérieur du pays, ce modèle produit l'effet d'une chenille arpenteuse : que l'on penche "à gauche", et les libertés sont amoindries sans que la protection sociale s'améliore pour autant, que l'on penche "à droite", et la protection sociale est réduite à néant sans que progressent forcément les libertés. Dans le premier cas, les libertés individuelles sont réduites sans que soit donné libre cours pour autant à la participation publique ; dans le second cas, la participation démocratique est réprimée et la libre concurrence est limitée. La "gauche" ne parvient pas à édifier un Etat-providence ; la "droite" ne réussit pas à mettre en place un marché libéral équitable. Comme l'a dit le sociologue Sun Liping, ceux qui bénéficient des politiques, qu'elles soient de gauche ou de droite, ce sont toujours les mêmes, les plus puissants, et ceux qui en pâtissent, ce sont toujours les plus démunis. C'est ainsi que la société, dans son avancée faite d'expansions et de contractions comme la marche d'une chenille arpenteuse, connaît des tensions de plus en plus étendues et nombreuses, et ne parvient pas à maintenir un certain équilibre comme sous un régime démocratique constitutionnel.

Par conséquent, dans le cas du boom chinois, on ne peut résoudre le problème du mauvais partage du gâteau en faisant un gâteau plus gros, comme certains l'envisagent, car le développement économique s'accompagne d'une aggravation simultanée des tensions à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Nous avons assis notre légitimité sur notre croissance économique et nous avons dit que si nous ne nous étions pas effondrés, contrairement à l'Europe de l'Est, c'était grâce aux performances de notre économie. Or, aujourd'hui, cette interprétation est de plus en plus remise en cause avec la montée de l'instabilité sociale qui accompagne la forte croissance. C'est pour cela que le gouvernement de Hu Jintao et Wen Jiabao prône l'harmonie et insiste plus qu'auparavant sur les notions d'équité et de mission de service public, une tendance qu'il convient de saluer. Cependant, si l'effet de la chenille arpenteuse reste inchangé, il est à craindre que le pouvoir ne renforce encore son emprise, sans pour autant assumer ses responsabilités. Sous le régime actuel, rétablir un gouvernement fort ne pourrait qu'enclencher un nouveau cercle vicieux où l'élargissement des pouvoirs fait qu'il se soustrairait toujours à ses responsabilités. Or, pour sortir de l'effet de la chenille arpenteuse, il faut engager des réformes constitutionnelles visant à une adéquation entre le pouvoir et ses obligations.

Si un pays aussi grand et aussi peuplé que la Chine était en difficulté, le choc risquerait d'être plus fort encore que le krach boursier de 1929 aux Etats-Unis. Aussi faut-il souhaiter que la Chine réussisse en douceur sa transition, car ce n'est pas seulement son bonheur qui en dépend, mais celui du monde entier. Inversement, si jamais la Chine connaissait une explosion sociale à cause de l'effet de la chenille arpenteuse ou bien si le conflit entre le mode actuel d'accumulation primitive et les Etats-providence, d'une part, ainsi que les pays libéraux, d'autre part, entraînait l'effondrement de l'ordre mondial, ce ne serait pas seulement la Chine qui serait plongée dans le malheur, mais le monde entier...

* Notion marxiste désignant le processus par lequel les capitalistes accumulent de l'argent avant de s'engager dans le développement de l'industrie.

Qin Hui
Lingdaozhe (Hong Kong, Pékin)

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Du bon usage de la force - Yin Hongwei

Courrier international, no. 956 - Asie, jeudi, 26 février 2009, p. 26

Après une série de bavures, la police chinoise a été sommée de tempérer ses méthodes d'intervention. D'autant plus que l'agitation sociale risque de s'accentuer en 2009.

Le 29 novembre 2008, dans un hypermarché Carrefour de Kunming, dans la province du Yunnan [dans le sud-ouest de la Chine], un tireur d'élite de la police a abattu un forcené qui avait pris une femme en otage. Quelques mois plus tôt, le 18 juin, la police de Guiyang, dans la province du Guizhou [également dans le Sud-Ouest], avait ouvert le feu sur un malfrat qui tenait en respect les passagers d'un bus. Ces affaires spectaculaires ont contribué à alimenter le débat en cours sur le droit des policiers à faire usage de leurs armes. "Aujourd'hui, le métier de policier est devenu très difficile ! Même si nous nous en prenons aux criminels en respectant les lois, nous sommes l'objet de nombreuses critiques", nous a confié un policier de Kunming après l'incident de Carrefour.

En novembre 2008, dans un article publié dans Qiushi, revue officielle du Parti communiste, le ministre de la Sécurité publique, Meng Jianzhu, a appelé les officiers de police à la prudence. Il expliquait que, face à des manifestants, "il faut absolument faire attention aux méthodes adoptées, utiliser avec prudence les armes et les mesures coercitives, éviter d'envenimer les antagonismes en faisant un mauvais usage de la force policière, en surestimant la gravité de la situation ou en adoptant des méthodes inappropriées. Il faut éviter à tout prix de verser le sang." "Meng Jianzhu a tenu ses propos pour le bien de la police, mais, sur le terrain, en première ligne, celle-ci se retrouve souvent en position très délicate, entre le marteau et l'enclume", observe un membre de la police antiémeute du Yunnan.

Le 19 juillet 2008, des incidents ont opposé les forces de l'ordre à des habitants à Pu'er, dans la province du Yunnan. Quinze paysans travaillant dans des plantations d'hévéas ont été blessés et 2 ont péri sous les tirs de la police, qui a, quant à elle, déploré 41 blessés dans ses rangs et 9 véhicules détruits. L'affaire a fait grand bruit au niveau national. Le maire adjoint de Pu'er a expliqué que les policiers avaient ouvert le feu en "état de légitime défense" et par conséquent ne seraient pas jugés pour cela. Les familles ont reçu une "certaine" indemnité. "La police a ouvert le feu en premier, en disant que nous avions pénétré à l'intérieur du cordon de sécurité qu'ils avaient établi, mais nous paysans, nous ne savions pas du tout ce que cela signifiait... C'est seulement après les premiers tirs que nous nous en sommes pris aux véhicules", raconte la fille d'une des victimes. "La police a prétendu que nous étions armés de couteaux pour les attaquer, mais nous avions juste nos outils de travail, comme tous les matins, ce n'étaient pas des armes !"

Yang Jinkun, le maire adjoint, reconnaît que ces heurts violents trouvent leur origine dans de vieux conflits d'intérêts entre les travailleurs des plantations d'hévéas et les sociétés exploitant le caoutchouc. "Mais ce que je ne comprends pas, c'est comment les tensions entre les salariés et le patronat ont fini par opposer les pouvoirs publics à la population ?" lance un villageois. Pour "prêter main forte" à la police de Menglian, la municipalité de Pu'er a fait venir plusieurs centaines de policiers d'autres districts.

Remplacer la répression par la négociation

Ce déploiement de forces, loin d'avoir eu l'effet dissuasif escompté, a abouti à une escalade de la violence. Le secrétaire adjoint du comité provincial du Parti, Li Jiheng, a eu des mots très durs après coup envers les dirigeants locaux. "Si plus personne ne les écoute, si plus personne ne les suit et si leurs administrés les attaquent à coups de couteau, ils feraient mieux de se jeter à la rivière !" a-t-il déclaré. "Le fait que la police se présente armée et fasse rapidement usage de ses armes contribue à aggraver des conflits qui sont souvent sans gravité au départ. Ces méthodes méritent d'être revues", estime un chercheur de l'Ecole des officiers de police de Kunming. "La police chinoise a un statut quasi militaire. Obéir aux ordres de la hiérarchie fait partie des obligations professionnelles des policiers, et seuls les comités du Parti et les pouvoirs publics sont habilités à leur donner l'ordre d'intervenir", note pour sa part un policier antiémeute du Yunnan.

Or, faute de contre-pouvoir et de supervision démocratique, les policiers sont de plus en plus critiqués pour leur comportement brutal et primaire. Dès qu'un affrontement éclate, ils se déplacent en nombre sur le terrain. "Nous avons bien conscience que les pouvoirs publics utilisent parfois les forces de l'ordre pour masquer leur inaction, leur incompétence, voire leurs malversations, mais nous ne pouvons pas aller à l'encontre des ordres reçus", explique un policier de Kunming. Toutefois, selon un chercheur attaché à la police du Sichuan [dans le Sud-Ouest], si les autorités de Weng'an [qui, en juin 2008, après la mort d'une jeune fille, avaient conclu à un suicide alors qu'un proche d'un policier gradé avait initialement été mis en cause] et de Menglian sont devenues de mauvais exemples en matière de gestion des troubles, leurs homologues de Chongqing ont été bien plus habiles lors des négociations pour mettre fin à une grève des chauffeurs de taxis. Elles ont traité cette affaire comme un phénomène social normal et inévitable dans n'importe quelle société. Elles ont réussi à résoudre le conflit sans recourir à la violence, en faisant des concessions et en respectant les principes d'équité et de pluralité. De toute évidence, il faut que cesse l'usage abusif de la machine répressive publique. Les agents de l'Etat doivent apprendre à utiliser les ressources législatives, exécutives et judiciaires, ainsi que les médias pour résoudre les conflits d'intérêts et satisfaire les revendications des acteurs sociaux.


Yin Hongwei
Nanfeng Chuang (Canton)

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LE MOT CHINOIS - "Wuli" : La Force armée

Courrier international, no. 956 - Asie, jeudi, 26 février 2009, p. 26

On peut traduire le mot wuli littéralement par "force armée", mais cela revient à omettre le sens originel du caractère wu, qui signifie "arme". Wu est formé de deux éléments, l'un signifiant "fer de lance", et l'autre "arrêter". La culture traditionnelle chinoise est avant tout celle des lettrés, qui maniaient le sens des idéogrammes et méprisaient la force des armes. Par la composition de cet idéogramme, cette classe d'élite énonçait clairement que la puissance militaire n'a de sens que lorsqu'elle sert à faire obstacle à la force brutale.

La Chine classique a bien sûr connu la guerre et la violence. Mais jamais l'Etat ne s'est montré si omniprésent qu'aujourd'hui et jamais le sens des mots n'a été à ce point trahi. De nos jours, les conflits sociaux ou les émeutes sont qualifiés d'"incidents collectifs". L'usage de la force policière, au lieu de faire cesser les conflits, est fréquemment à l'origine de nouveaux troubles. Débordée par les affrontements issus de la renaissance d'une société diversifiée, la police, utilisée par les autorités à tous les échelons, perd peu à peu son image de force de maintien de l'ordre au profit de celle d'un outil de répression des faibles et de protection des riches et des puissants.

Le temps du gouvernement par les lettrés et par la vertu est révolu. La Chine a emprunté à l'Occident toute la panoplie institutionnelle moderne : le Parti, la Constitution, les instances exécutives et juridiques. Mais, tant qu'elle n'aura pas franchi le pas de l'Etat de droit, auquel la force policière ou militaire doit absolument être soumise, elle restera toujours au seuil de la modernité.

Chen Yan
(Paris)

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LITTÉRATURE - Les Jours, les mois, les années de Yan Lianke

Le Figaro, no. 20086 - Le Figaro Littéraire, jeudi, 26 février 2009, p. LIT7

Les Jours, les mois, les années de Yan Lianke, traduit du chinois par Brigitte Guilbaud, Philippe Picquier, 130 p., 13 eur.

On avait découvert l'écrivain chinois Yan Lianke avec Servir le peuple, vision caustique (et censurée dans son pays) de la Chine moderne vue depuis une caserne.

Avec Les Jours, les mois, les années, il prouve la diversité de sa palette : ce bref récit, écrit dans une langue d'une poésie lancinante, conte la lutte d'un vieux paysan chinois contre la sécheresse. Les habitants du village ont fui. Le soleil ne désarme pas. Le vieil homme reste seul, avec pour unique compagnie son chien aveugle, et il épuise ses forces à faire pousser un minuscule plant de maïs qu'il espère sauver.

Des images très fortes - une invasion de rats, des racines pénétrant un corps en putréfaction - trouent la volontaire monotonie du texte.

Aux dernières pages, on est ému. C'est beau, comme Le Vieil Homme et la mer réécrit en chinois.

Mercier, Christophe

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Luo Ping : "On vous déteste les gars..."

Courrier international, no. 956 - Ils et elles ont dit, jeudi, 26 février 2009, p. 9

LUO PING, directeur général de la Commission de régulation du système bancaire chinois

"On vous déteste les gars, mais il n'y a rien d'autre à faire." La Chine va continuer à acheter les bonds du Trésor américain malgré les risques de dépréciation du dollar. (Financial Times - Londres)

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Kinshasa : la concurrence chinoise inquiète

Le Soir - 1E - MONDE, jeudi, 26 février 2009, p. 9

Le « contrat du siècle » ; « un plan Marshall que d'autres ont toujours refusé à l'Afrique et que les Chinois sont aujourd'hui capables de réaliser seuls » : l'accord de troc « mines contre infrastructures », conclu entre la RDC et la Chine en septembre 2007, augure-t-il un nouvel ordre économique pour le Congo ? Sa nature et son ampleur inquiètent en tout cas les investisseurs occidentaux qui n'hésitent pas à accuser les Chinois d'agir dans l'ignorance des règles régissant les rapports internationaux et à faire fi du respect des droits de l'homme.

D'une valeur de 9 milliards de dollars, l'accord prêt prévoit la construction de quelque 5.000 kilomètres de routes, 5.000 logements, 4 universités, 32 hôpitaux et 145 centres de santé. En échange, les Chinois pourront produire, durant une période de 30 ans, 8 millions de tonnes de cuivre, 200.000 tonnes de cobalt et 372 tonnes d'or. Les entreprises chinoises, qui ont la possibilité d'importer matériels et technologies, bénéficient d'incitants fiscaux et d'exonérations tarifaires et douanières durant le temps de leurs activités. L'opposition congolaise a dénoncé ce « contrat léonin » qui servirait surtout les intérêts immédiats du président Kabila dans la perspective de la prochaine élection présidentielle (2011).

Du côté du Fonds monétaire international (FMI), on s'inquiète plutôt de l'alourdissement de la dette extérieure de la RDC, qui s'élève à 11,5 milliards de dollars, tout en soulignant les « risques de corruption et de non-transparence ». Le FMI a par ailleurs demandé une révision du contrat.

Les investisseurs occidentaux, eux, s'inquiètent de cette nouvelle concurrence, comme le confirme l'attaché économique et commercial à l'ambassade de Belgique à Kinshasa, Jérôme Roux. Il estime cependant qu'« il y a de la place pour tout le monde. Il y a tellement de choses à faire ici ». Qui plus est, au Congo, « la Belgique est synonyme de qualité et de développement durable, ce qui n'est pas nécessairement le cas de la Chine ». Aux Belges, aussi, selon lui, à « accepter la compétitivité sans se retrancher derrière des propos xénophobes ».

En attendant, les premières réalisations tardent à se concrétiser, même si, dans le quartier des ambassades de Kinshasa, on a bien noté quelques coulées de macadam orchestrées par les Chinois.

Plus loin, la population s'impatiente, s'inquiétant de les voir prendre ses « petits boulots » plutôt que de réaliser les chantiers annoncés.

© Rossel & Cie S.A. - LE SOIR Bruxelles, 2009

mercredi 25 février 2009

VIDÉO - Crise, la tension monte en Chine

France 24 - 23 janvier 2009
Françoise Nicolas, économiste à l'IFRI et spécialiste de la Chine, est l'invitée de Gauthier Rybinski

VIDÉO - Chine-Afrique : Opération séduction

France 24 - 13 février 2009
Jean-Raphaël Chaponnière, économiste à l'Agence française de développement, est l'invité de Jean-Bernard Cadier

DERNIER CHIFFRE DE CHINE - Risque de déflation

Les Echos, no. 20370 - International, mardi, 24 février 2009, p. 6

Le rapport trimestriel de la Banque centrale de Chine (PHOTO), publié sur son site Internet, hier, estime que le pays est exposé à un risque de déflation à court terme et de ralentissement de la croissance. « A l'heure actuelle, la capacité de faire monter les prix est faible et les pressions à la baisse sont assez fortes. Le risque de déflation est relativement élevé », indique ce document. L'institut d'émission explique que les prix internationaux des matières premières continuent de chuter et que la Chine pourrait se retrouver en situation de surcapacité et partant, qu'elle risque de subir une période de déflation dans le court terme. L'indice chinois des prix à la consommation n'a augmenté que de 1 % en janvier, tandis que celui des prix à la production a chuté de 3,3 %, suscitant des craintes de déflation.

© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.

Diamants sur pyramides pour une pseudo-mission - Arnaud Rodier

Le Figaro, no. 20085 - Le Figaro Économie, mercredi, 25 février 2009, p. 20

Un responsable du district de Duanzhou, dans la province du Guangdong, a été limogé pour avoir mené une mission commerciale à l'étranger, où le groupe avait surtout profité des pyramides d'Égypte et acheté des diamants africains, a révélé hier le China Daily.

Ce voyage de deux semaines de 14 fonctionnaires en Afrique du Sud, en Égypte, à Istanbul et à Dubaï, a eu lieu en 2007. « Ils ont passé la plupart de leur temps à visiter des lieux touristiques célèbres, à aller voir des spectacles et à acheter des produits de luxe, comme des diamants africains », précise le journal.

Les fonctionnaires devront rembourser les frais de cette mission qui a coûté 450 000 yuans (plus de 50 000 euros). Mais, souligne un autre quotidien, le Nanfang Daily, ces pseudo-missions d'études, qui sont en fait du tourisme déguisé, sont un phénomène courant en Chine.

© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.

La Chine veut restructurer ses constructeurs automobiles - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20371 - Industrie, mercredi, 25 février 2009, p. 18

Selon la presse officielle chinoise, les autorités de Pékin voudraient profiter de la crise pour accélérer la consolidation de leur secteur automobile. Les constructeurs du pays sont frappés de plein fouet par le ralentissement des ventes de véhicules.

Le gouvernement chinois espère que la crise économique va contraindre ses industriels de l'automobile à accepter pour la première fois ses grands projets de restructuration. Hier, la presse officielle assurait que Pékin voulait voir l'émergence à moyen terme d'une dizaine de grands constructeurs domestiques, capables de produire plus d'un ou deux millions de véhicules par an, et plaidait pour la disparition des petits fabricants isolés. « Cette fois-ci, le gouvernement est déterminé car le marché automobile, qui a connu une véritable expansion pendant des années, est en net ralentissement », analysait Qin Xuwen, un expert d'Orient Securities. Soutenus par des autorités provinciales ou municipales, ravies de développer chacune leur propre marque, près d'une centaine de constructeurs ont éclos ces dernières années dans le pays. Avec des ventes globales en progression de plus 20 % par an sur le territoire depuis le début des années 2000, tous pensaient pouvoir profiter de l'expansion du marché local pour s'agrandir avant de partir à l'assaut de l'étranger.

Ralentissement des ventes

Mais le brutal ralentissement des ventes - en janvier, elles ont reculé de 14,3 % en glissement annuel - a plongé beaucoup de groupes dans le rouge. Ne représentant que 29,6 % du total des transactions recensées, les ventes de modèles dits « domestiques » (par des constructeurs non associés en joint-venture avec des marques étrangères) se sont limitées, le mois dernier, à 130.200 voitures, et plus de 40 % de ce volume a été réalisé par à peine cinq modèles (la Chery QQ, la BYD F3, la Xiali, la Geely Free Cruiser et la Brilliance BS4). Tout en plaidant pour des regroupements, qui seuls permettront des économies d'échelle et l'émergence de marques fortes, Pékin a confirmé une multiplication des aides au secteur automobile. Cinq milliards de yuans (574 millions d'euros) de subventions vont être débloqués à partir de mars et jusqu'à la fin de l'année 2009 pour encourager l'achat de véhicules dans les régions rurales. Des mesures fiscales devraient, elles, avantager les ventes de véhicules moins polluants et de nouvelles solutions de financement pourraient être proposées aux ménages chinois, qui restent encore très peu équipés en automobiles.

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