Les grandes capitales poussent Pékin à faire pression sur le régime de Kim Jong-il. La Chine est le principal allié et soutien économique de ce dernier. Mais elle s'opposera pourtant à toute déstabilisation du pays.
Une fois de plus, la communauté internationale, outrée par le nouvel essai nucléaire de Pyongyang, s'est tournée vers Pékin pour apaiser la crise dans la péninsule coréenne. Hier, les diplomates négociant, aux Nations unies, un nouveau projet de résolution affirmaient être capables d'associer, peut-être dès la semaine prochaine, les négociateurs chinois à l'idée d'un durcissement des sanctions à l'encontre du régime de Kim Jong-il. Habituellement pessimistes sur leur capacité à mobiliser Pékin, les diplomates estiment avoir perçu un plus grand agacement des autorités chinoises. Celles-ci ont condamné, plus rapidement qu'à leur habitude, l'essai nord-coréen et auraient usé de termes jugés plus « fermes » traduisant l'embarras grandissant du pouvoir chinois.
Cherchant depuis quelques années à se présenter en « acteur responsable » de la communauté internationale, la Chine redoute de se retrouver à son tour critiquée si elle continue à protéger son turbulent voisin. Liée au régime stalinien depuis la guerre de Corée (1950-1953), la Chine s'est imposée comme son principal partenaire économique. L'an dernier, elle a assuré 70 % de son commerce extérieur en lui vendant pour 2 milliards de dollars de produits - essentiellement des carburants, de l'électricité, des machines-outils et de la nourriture - et lui a acheté pour 750 millions de dollars de marchandises.
Retrait des troupes américaines
Si ces volumes apparaissent négligeables à l'échelle de ses performances mondiales, Pékin s'opposera à des sanctions trop sévères, car il estime que ces échanges assurent au régime de Pyongyang un minimum de stabilité politique. « Ces politiques économiques à l'égard de la Corée du Nord ont été dessinées pour prévenir toute instabilité », résume David C. Kang, un expert de l'université de Californie du Sud, dans une analyse du Council on Foreign Relations. Il rappelle que la survie d'un régime communiste à Pyongyang reste la plus grande des priorités de Pékin. « La Chine s'inquiète de l'éventualité d'un effondrement de la Corée du Nord qui inonderait sa région nord-ouest de réfugiés, mais elle craint aussi l'émergence d'une Corée unifiée, prospère et proaméricaine », notait, cette semaine, Dan Rosenthal, un analyste de l'American Enterprise Institute. Ne pouvant accepter la chute du régime communiste, Pékin suggère d'apaiser autrement la péninsule coréenne. Un retrait pur et simple des troupes américaines de Corée du Sud constituerait à ses yeux la solution idéale.
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