jeudi 30 avril 2009

DERNIÈRES IMAGES - Taro Aso en visite à Pékin

Le Premier ministre japonais, Taro Aso, effectue, ce mercredi, une visite hautement symbolique chez son puissant voisin chinois. Corée du Nord et crise économique mondiale domineront les entretiens. Mais le chef du gouvernement nippon n'a pas manqué d'indisposer ses hôtes avant même son arrivée : il a récemment fait déposer une gerbe au temple controversé du Yasukuni, près de Tokyo, où sont enterrés - et honorés par les nationalistes - 14 criminels de guerre condamnés après la Seconde Guerre mondiale.



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ÉDITORIAL - Désoccidentalisation - Claude Imbert

Le Point, no. 1911 - L'éditorial de Claude Imbert, jeudi, 30 avril 2009, p. 3

Le conflit de civilisations terrifie l'Occident. On en parle peu, mais on y pense beaucoup. La crainte obsède que le fanatisme puisse un jour enflammer l'univers islamique. Et ne soit revigoré par la terrible dépression mondiale.

L'optimisme relatif de l'Occident repose sur l'évolution pacifique de la majorité des pays musulmans et plus encore de leurs dirigeants. Il est, en revanche, contrarié par le grand théâtre proche-oriental, arène de passions furieuses. Sur le triangle incandescent d'Israël, de l'Iran et du Pakistan rôde toujours le spectre de la guerre.

« Notre partenariat avec le monde musulman est crucial. » Obama, maître, sur cet échiquier, du jeu occidental, avance avec, dans chaque main, des rameaux d'olivier. Son idée, c'est d'abord de résoudre l'insoluble conflit israélo-palestinien. Ainsi croit-il, à tort ou à raison, que s'apaiserait le ressentiment antioccidental qui nourrit le fanatisme. « L'intérêt national des Etats-Unis », insiste-t-il, c'est qu'un jour Israël coexiste avec un Etat palestinien. Appuyé en somme sur le plan de paix saoudien qu'approuva la Ligue arabe, Obama veut forcer la main d'Israël. Et amorcer du même coup, avec l'Iran, un compromis qui en éloignerait la menace nucléaire. Inch' Allah !

Accueillons cette mirifique ambition avec une espérance inquiète ! Car, pour l'heure, Israël laisse toujours s'établir ses colonies anarchiques dans les zones palestiniennes. Et n'écarte nullement une éventuelle intervention militaire sur les sites atomiques iraniens. Il attend toujours la preuve que les Palestiniens-malgré leurs divisions persistantes, malgré les injonctions du Hamas islamiste-renoncent ouvertement à exiger le retour massif de leurs réfugiés.

Pression donc de Washington sur les Palestiniens via le Caire, Ankara et Damas ! Bras de fer avec Israël d'une diplomatie secrète mais intensive. Frêle barrage contre un océan de haines !

Les bruits les plus inquiétants, ces jours-ci, viennent de l'aire Pakistan-Afghanistan, deux pays confrontés au pouvoir taliban. L'Otan le combat en Afghanistan avec le scepticisme croissant des militaires : la guerre antiterroriste s'y mue en guerre coloniale dès lors que le soutien populaire, fuyant l'occupant étranger, cède à la solidarité pachtoune. Voici pis : les talibans afghans, par-delà une frontière abstraite, conquièrent des régions entières du Pakistan. Le pouvoir gangrené de Karachi et son armée défaillante leur concèdent des zones tribales où s'établissent la loi coranique, l'asservissement des femmes, la décapitation et le fouet, tout le carcan répressif des « fous de Dieu ».

Le Pakistan, Etat nucléaire, se trouve lui-même rongé par la fièvre islamiste, par son conflit religieux avec l'Inde. Et par la multiplication, chez lui, des madrassas, instituts conventuels d'islam où fermente le fanatisme le plus cru. Depuis longtemps, l'Occident cherchait le soutien volatil du Pakistan pour pacifier Kaboul. Bientôt on cherchera le soutien de Kaboul... pour pacifier le Pakistan. Bref, dans cet espace enfiévré, le djihadisme international ne recule pas; il avance.

L'Iran, virtuose du bonneteau diplomatique, continue de faire surgir puis d'escamoter le spectre de sa bombe. Passons sur la diatribe délibérée de son président Ahmadinejad à la conférence de Genève sur le racisme ! Mais retenons, en revanche, que l'universalisme de nos droits de l'homme y a passé un mauvais quart d'heure.

Bizarre comédie onusiaque où la Libye, Cuba et l'Iran tenaient, à son comité préparatoire, le haut du pavé ! Fallait-il y assister, comme fit la France, afin de ne pas déserter le forum de l'Onu ? Ou bien s'en dispenser, comme les Etats-Unis et l'Allemagne ? Voyons, en tout cas, que plusieurs Etats islamiques affichent toujours la prééminence de la loi coranique sur ce que nous tenons à l'Onu, et depuis 1948, comme un acquis majeur de l'humanité. Voyons qu'ils tentent toujours de faire condamner la critique des religions (en France, et depuis les Lumières, c'est tout un pan de notre patrimoine intellectuel et politique).

Aujourd'hui que la Chine et quelques « émergents » de poids les rejoignent, on ne trouvera plus, à l'Onu, de majorité pour l'Occident et ses valeurs réputées (chez nous) fondamentales... Jugement glacial mais, je le crains, lucide d'Hubert Védrine : l'Occident est prié de se désoccidentaliser, de mettre une sourdine à son prosélytisme des droits de l'homme... Alors quoi ? Un autodafé d'illusions perdues ? Fichtre !

En Turquie, Obama n'a pas manqué d'afficher son second prénom, Hussein, comme pour conforter sa bienveillance naturelle à l'égard de l'univers musulman. Ma foi, pourquoi pas ? Pourvu que ceux qui se prénomment Christian puissent vivre en paix !

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DERNIER CHIFFRE - Jeunes, riches et chinois

Le Point, no. 1911 - Economie, jeudi, 30 avril 2009, p. 85

Malgré la crise économique mondiale, la Chine continue de fabriquer des millionnaires à la pelle. Selon une étude récente, l'empire du Milieu comptera plus de 4 millions de foyers aisés en 2015, contre seulement 1,6 million en 2008. Les riches de Chine sont nettement plus jeunes que ceux des Etats-Unis et du Japon. Quelque 80 % d'entre eux ont 45 ans et moins. Et la plupart des nouveaux millionnaires ne viendront pas des métropoles. Les répercussions seront considérables pour les entreprises qui veulent vendre des biens et services au gratin chinois : elles devront se rendre dans le centre et le nord du pays pour le dénicher. Et se décarcasser pour trouver de nouveaux services à ces « jeunes gens »

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Vers un Yuan convertible ? - Caroline Puel

Le Point, no. 1911 - Monde, jeudi, 30 avril 2009, p. 63

Pékin s'inquiète de la fragilité du dollar, qui compose les deux tiers de ses énormes réserves. Et estime qu'il est temps que le yuan (jusqu'ici inconvertible) devienne une monnaie de règlements puis une monnaie internationale. Cinq villes (Shanghai, Canton, Shenzhen, Dongguan et Zhuhai) sont autorisées à utiliser le yuan dans leurs échanges avec l'étranger. Les frais de transaction et les risques de change des entreprises chinoises à l'export sont ainsi réduits, tandis que les autorités testent les atouts et les contraintes de la convertibilité. Parallèlement, la Banque centrale multiplie les accords swaps en yuan avec des pays comme la Corée du Sud, l'Indonésie, Hongkong ou la Malaisie. Et, plus récemment, avec la Biélorussie et l'Argentine

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DERNIER CHIFFRE DE CHINE - Dégringolade chinoise

Marianne, no. 628 - Repères Monde, samedi, 2 mai 2009, p. 53

45 % - C'est la dégringolade de l'excédent commercial de la Chine depuis le 1er janvier, signe éloquent de l'érosion de la demande mondiale.

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HISTOIRE - Et les Chinois coupèrent leur natte - Marie-Claire Bergère

Le Monde - Jeudi, 20 août 1992, p. 2

LES FINS D'EMPIRES

En 1911, au pays du " dragon sans tête ". Une République chaotique succède à un très vieil Empire, aussi céleste qu'universel, qui n'avait plus sa place dans le concert des nations pleines d'appétits. Ces événements n'auraient-ils été que des péripéties ? Et faudra-t-il attendre l'écroulement du régime communiste pour pouvoir prononcer la mort de l'Empire chinois ?

Le 15 février 1912, dans les collines proches de Nankin, un cortège de soldats en uniformes kaki, de parlementaires et de ministres en redingotes neuves, se presse le long de l'allée conduisant au tombeau de l'empereur Hong Wu, fondateur de la dynastie des Ming, au XIV siècle. Le drapeau républicain flotte sur le sanctuaire de la mémoire impériale. Un bataillon d'amazones monte la garde pendant que Sun Yat-sen, président de la République chinoise, adresse sa prière aux mânes de l'empereur. Il l'informe que la dynastie mandchoue a été chassée, le remercie de la protection qu'il a accordée aux soldats de la liberté et forme le voeu que l'exemple de l'empereur continue à inspirer ses descendants dans les siècles à venir. Etrange patronage pour la République unifiée dont Sun Yat-sen célèbre la naissance et dont il s'apprête à remettre les destinées entre les mains de Yuan Shikai !

L'insurrection du " double dix " (dixième jour du dixième mois), qui a éclaté dans la garnison de Wuchang le 10 octobre 1911, a donné en effet le coup d'envoi d'une révolution qui, en quatre mois, a abattu un régime impérial bimillénaire. A l'aube du 11 octobre, cependant, la situation des insurgés était bien embarrassante : ils n'avaient pas de chef et leur mouvement n'était qu'un " dragon sans tête ". Les officiers organisateurs du complot avaient été arrêtés préventivement ou étaient en fuite, et les dirigeants du parti révolutionnaire de la Ligue jurée, peu confiants dans les chances de succès de l'insurrection, n'avaient pas jugé utile de venir en prendre la tête. Il ne restait plus aux rebelles qu'à s'emparer d'un officier de la garnison, Li Yuanhong, pour l'obliger à prendre le pouvoir : le chef du premier gouvernement révolutionnaire provincial ne fut donc à l'origine qu'un prisonnier politique ! Mais très vite Li Yuanhong obtint la neutralité des puissances étrangères et l'appui des notables locaux. C'est grâce à la caution et au concours de ces notables que la révolution se propagea rapidement dans la Chine du Centre et du Sud, où elle prit la forme de sécessions provinciales. Après avoir conduit ou inspiré toute une série de soulèvements antidynastiques, Sun Yat-sen et le parti de la Ligue jurée allaient-ils donc devoir abandonner la révolution aux réformistes et aux constitutionnalistes dont sont peuplées les assemblées provinciales et les chambres de commerce ?

L'insurrection du " double dix " avait pris de court Sun Yat-sen, alors en voyage aux Etats-Unis. Mais ce rendez-vous manqué avec l'Histoire n'est peut-être pas seulement le fait du hasard. Lorsque par un gros titre du journal de Denver (Colorado) Sun apprit que Wuchang était occupé par les révolutionnaires, sa première réaction fut d'aller acheter un billet à destination de New-York, Londres et Paris, car il pensait que le sort de la révolution se jouait dans les chancelleries et les banques d'Occident, avec lesquelles il tenta de négocier, sans grand résultat, pendant tout l'automne.

En Chine, cependant, les activistes de la Ligue jurée, ayant échoué à affirmer leur autorité sur le gouvernement de Wuchang, ont travaillé à l'émergence d'un nouveau foyer révolutionnaire dans le bas Yangzi. Comme souvent, la lutte pour le pouvoir trouva une expression géographique et se traduisit par la multiplication des centres de gravité politique. A Shanghaï, bastion de l'impérialisme étranger, mais aussi du capitalisme chinois, l'intelligentsia radicale put compter sur l'appui d'une bourgeoisie naissante, plus ouverte aux idées de progrès et de changement que les notables de l'intérieur. Entre les factions de Wuchang et de Shanghaï, un compromis s'élabora, fondé sur l'hostilité commune à la dynastie mandchoue. Grâce à lui, Sun Yat-sen, enfin rentré d'Europe, est devenu le 1 janvier 1912 président d'une République chinoise dont l'autorité, très relative, ne s'étend qu'aux provinces du Centre et du Sud.

L'opposition entre la Chine du Sud, tournée vers la mer et dominée par les forces de changement, et la Chine du Nord, ouverte sur la steppe, symbole et refuge de l'idéologie d'hégémonie impériale, domine la vie politique chinoise du XX siècle. Et la fracture qui s'opère en 1911-1912 entre Sud et Nord ne cessera de rejouer par la suite jusqu'en 1949 et même depuis.

On a beaucoup brocardé l'éphémère République de Nankin (1 janvier-12 février 1912) dans laquelle s'incarne cette Chine du Sud. On a raillé ses dignitaires, mal à l'aise dans leur redingote de drap neuf et sous leur chapeau haut-de-forme. On s'est plu à décrire le palais présidentiel envahi par les conseillers et des solliciteurs de tout poil " errant dans les bureaux comme des troupeaux de moutons ". On a dénoncé la faiblesse d'un Sun Yat-sen prêt à vendre aux Japonais les intérêts économiques chinois pour financer les dépenses de son gouvernement. On a peut-être moins bien perçu la vague libératrice qui soulève alors une société assoiffée de modernité.

Dans les villes, les hommes coupent leur natte et troquent leur longue robe contre le complet veston. Ce changement de look revêt une valeur hautement symbolique. Le port de la natte n'était pas en effet une coutume chinoise : il avait été imposé par les conquérants mandchous au XVII siècle. Couper cette natte représente donc un acte d'émancipation, tout comme opter pour le costume européen représente un choix de civilisation. Les femmes revendiquent l'égalité des sexes et, à Canton, des suffragettes s'enchaînent pour obtenir le droit de vote. La presse connaît un essor sans précédent. Des centaines d'associations et de partis s'organisent.

Mais, dans le Nord, le régime impérial n'est toujours pas renversé. Il a remis son sort entre les mains d'un grand mandarin, Yuan Shikai, dont l'objectif est de rétablir la paix civile et l'unité... à son profit. Le compromis qu'il négocie avec le Sud aboutit à la promulgation de l'édit d'abdication impériale, le 12 février, et à la démission simultanée de Sun Yat-sen. Yuan Shikai peut alors accéder aux fonctions présidentielles. L'unité a été rétablie, l'intervention étrangère évitée. Mais la rivalité subsiste entre l'homme fort du Nord, soutenu par les puissances étrangères qui le considèrent comme le garant de l'ordre et de l'unité, et les démocrates du Sud. Limitée d'abord à la lutte institutionnelle et à la compétition électorale, cette rivalité dégénère en confrontation avouée à l'été 1913 et s'achève sur la défaite des Sudistes et l'établissement par Yuan Shikai d'une dictature àambitions modernisatrices, elle-même renversée quelques années plus tard.

Cette révolution qui éclate à un moment et dans un lieu où personne ne l'attend est-elle donc, pour reprendre les termes mêmes de Sun Yat-sen, un simple " accident " ? En fait, depuis les guerres de l'opium, au milieu du XIX siècle, bien des forces sont à l'oeuvre, qui minent le régime impérial. Les puissances occidentales ont obligé la Chine à s'ouvrir, s'attaquant à un système qui limitait l'interaction entre les peuples afin de mieux prévenir les conflits et préserver la suprématie de l'Empire céleste. La doctrine millénaire de l'Empire universel faisait de l'empereur un personnage de dimension cosmique. Médiateur entre le ciel et la terre, responsable de l'harmonie universelle, il régnait sur le monde civilisé (identifié à la Chine) et faisait rayonner sa vertu sur les barbares qui lui remettaient le tribut. Lesdits barbares cependant n'étaient pas des étrangers : ils se situaient à l'intérieur et non à l'extérieur de l'Empire; peuples frustes, peuples des confins, ils étaient promis à une assimilation culturelle qui devait leur permettre de devenir un jour membres à part entière de la société confucéenne.

L'intégration forcée de la Chine au nouvel ordre international dominé par les puissances occidentales a sapé ce système. Aux frontières maritimes de l'Empire, le Vietnam, Formose, la Corée ont échappé à l'influence de Pékin. Aux marges continentales, la Mongolie, le Sinkiang, le Tibet menacent d'en faire autant. Certaines portions du territoire chinois, comme Hongkong, ont été raflées, des zones d'influence ont été délimitées et des concessions étrangères établies dans les grandes villes. Mais la Chine n'a pas pour autant connu le sort réservé à l'Inde ou à l'Afrique. Elle n'a pas été divisée entre les puissances et sa façade institutionnelle demeure intacte, même si, depuis le soulèvement des Boxeurs et l'expédition punitive internationale qui y a mis fin en 1900, il est clair que l'Empire chinois est devenu le " vieil homme malade " de l'Asie. Il ne doit en fait sa survie qu'à la nécessité de maintenir l'équilibre des forces et des ambitions entre les puissances qui convoitent ses dépouilles.

Ce ne sont donc pas ces puissances qui, en 1911, précipitent sa chute, mais les Chinois eux-mêmes. L'excès d'humiliation a éveillé chez eux les premières réactions nationalistes. Se définissant en réponse à une agression de caractère colonialiste, leur nationalisme entretient une relation ambivalente avec l'Occident. Dans la mesure où il se veut modernisateur, il se tourne vers les modèles économiques et institutionnels qui ont assuré le succès occidental. Mais dans la mesure où il revendique l'identité et l'indépendance nationales et fait de l'anti-impérialisme un de ses thèmes majeurs, il ouvre la voie au rejet de l'Occident.

Dans la Chine des années 1900, cette relation dialectique du nationalisme à l'impérialisme occidental est biaisée par la force du sentiment antimandchou. Sporadique depuis le XVII siècle, l'hostilité à la dynastie étrangère qui règne sur la Chine renaît alors. Ces barbares sinisés, ralliés à l'ordre confucéen, dont le système traditionnel avait fait ses agents, sont désormais rejetés au nom d'un nationalisme fondé sur l'idée de race et au nom de l'Etat-nation. Et c'est la puissance de ce courant antimandchou qui empêche le régime impérial de s'appuyer sur les forces nationalistes, de les rassembler et de les utiliser à son profit. C'est lui qui nourrit et, dans une certaine mesure, fédère des oppositions hétéroclites : celle des sociétés secrètes demeurées loyales à l'ancienne dynastie des Ming; celle des lettrés et des notables qui, confrontés à la crise, élargissent leurs préoccupations, de la gestion autonome des affaires locales à l'appréhension critique des problèmes nationaux; celle enfin d'une poignée d'intellectuels radicaux que Sun Yat-sen s'efforce depuis 1905 d'organiser au sein de la Ligue jurée et de rallier à son programme du Triple Démisme : nationalisme, démocratie et bien-être du peuple. Ainsi, menacé par la présence étrangère, abandonné par une grande partie de ses élites, condamné par la jeune Chine républicaine, le régime n'a pas pu résister à la crise de succession ouverte par la mort de l'impératrice douairière Cixi, en 1908. Il tombe sans être défendu.

La chute de l'empire entraîne l'émancipation des marches continentales. La Mongolie extérieure accède à l'indépendance. Le Tibet, la Mongolie intérieure, le Sinkiang jouissent d'une autonomie de fait. Mais la Chine traditionnelle, celle des dix-huit provinces, préserve son intégrité territoriale, sinon son unité. Car la révolution de 1911 qui a renversé l'empire n'a pas bâti à sa place un Etat-nation. L'avortement de la République fondée en 1912 plonge la Chine dans le chaos politique et la livre aux guerres sans cesse renaissantes entre seigneurs de la guerre. La mobilisation antimandchoue qui a permis la conjonction des forces d'opposition et le succès de la révolution ne peut servir de fondement à l'essor d'un nationalisme moderne. Et il faudra encore de longues décennies de luttes pour qu'avec l'avènement de la République populaire en 1949 s'affirme la conscience nationale et se recrée l'unité chinoise.

Mais le nouvel Etat communiste, au fil de son histoire, révèle de nombreuses ressemblances avec l'Etat impérial dont sa propagande rejette l'héritage : même organisation pyramidale de la société, même bureaucratie proliférante, mêmes ambitions d'hégémonie régionale qui conduisent à la reprise en main des marches continentales (Tibet, Sinkiang, Mongolie intérieure) et mêmes aspirations à une domination universelle qui pendant un certain temps a poussé Pékin à revendiquer la direction du camp socialiste et à s'offrir en exemple aux pays du tiers-monde.

Faudra-t-il donc attendre l'écroulement du régime communiste pour prononcer la mort de l'Empire chinois ? Cet écroulement permettra-t-il l'essor d'une nation moderne ou ne marquera-t-il qu'un nouveau reflux de la puissance impériale, laissant intactes les puissantes assises idéologiques de l'ordre traditionnel ? Le visage de la nouvelle Chine, tel qu'il s'esquisse aujourd'hui avec l'essor des autonomies locales et la prospérité des zones côtières, n'est toujours pas celui d'un Etat-nation. Le désintérêt croissant de nombreux intellectuels chinois pour la politique " politicienne " et leur repli sur le culturel relèvent d'une tradition des lettrés, sur la pertinence de laquelle on peut s'interroger. La référence culturelle suffira-t-elle à cimenter l'unité de la Chine moderne comme jadis celle de l'Empire confucéen ? A transcender le patriotisme provincial des nouvelles élites économiques et bureaucratiques de la Chine côtière ? A faire de ce patriotisme le vecteur d'un nouveau nationalisme démocratique ? C'est l'espoir que formulent certains maîtres à penser de l'opposition chinoise en exil. Mais pour beaucoup d'observateurs étrangers le recul du pouvoir central consécutif au déclin de l'Etat-parti risque simplement de plonger le pays dans l'anarchie.

Avec le privilège du recul historique, la révolution de 1911 et la chute du régime impérial n'apparaissent plus guère que comme des péripéties. La véritable bataille est celle que la Chine est en train d'engager et qu'elle gagnera peut-être à l'aube du XXI siècle : celle de la modernisation économique. Avec elle se jouera le sort de l'héritage impérial et de la culture politique qui lui est associée.

POUR EN SAVOIR PLUS China in Revolution. The First Phase, sous la direction de Mary Wright, Yale University Press, 1968. La Chine au XX siècle. D'une révolution à l'autre (1895-1949), de Marie-Claire Bergère, Lucien Bianco et Jürgen Domes, Fayard, 1989. DOC:AVEC PHOTO

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PORTRAIT - Kong Jining, l'histoire secrète du petit-fils de Mao - Roger Faligot

Le Point, no. 1503 - Monde, vendredi, 6 juillet 2001, p. 042

Portrait - Le président chinois a nommé Kong Jining, le descendant de Mao, à un poste clé des services d'espionnage. Ceux-là mêmes qui désossaient l'avion américain EP-3. Un signe.

Le nouveau patron du 2e Bureau de l'Armée populaire de libération chinoise est un personnage hors du commun. Ce quadragénaire, le général Kong Jining, n'est autre que le petit-fils du fondateur de la République populaire, Mao Zedong... Et jusqu'à ce jour son histoire était l'un des secrets les mieux gardés de la Cité interdite.

Dans le quartier Huangsi (« Temple jaune »), au nord de Pékin, un corps de bâtiment abrite le QG du département de renseignement militaire, le Qingbaobu. Un service d'espionnage qui vient d'être sérieusement ébranlé. En novembre dernier, en effet, un tribunal a condamné son patron, le général Ji Shengde, à quinze ans de prison. Fils d'un ancien ministre des Affaires étrangères, le général Ji est « tombé » pour une affaire de corruption impliquant la pègre et des hauts dirigeants de l'Etat. En Occident, personne n'est dupe : Ji Shengde est aussi détenteur de secrets sur le financement occulte du Comité de réélection de Bill Clinton en 1996 et sur l'affaire des frégates de Taïwan... Une reprise en main est opérée par le chef d'état-major adjoint de l'APL (Armée populaire de libération), Xiong Guangkai, superviseur de la nébuleuse de l'espionnage militaire, y compris du 3e département chargé des interceptions de type Sigint, responsable du « désossage virtuel » de l'avion espion américain EP-3. Prédécesseur de Ji Shengde à la tête du renseignement, le major-général Xiong est l'une des figures les plus influentes de l'armée chinoise. Il a pu imposer au président Jiang Zemin la nomination très discrète du petit-fils de Mao Zedong à un poste stratégique de l'espionnage.

Le pedigree du général Kong Jining est surprenant. Il est le rejeton d'un des rares enfants de Mao à avoir survécu à la révolution et au désintérêt du « grand timonier » pour sa progéniture. Tout a commencé en 1930, dans la province du Jiangxi, où Mao a créé son soviet. Sa première épouse a été fusillée par les nationalistes. Il s'éprend alors d'une institutrice de 17 ans, He Zizhen, qui devient l'« héroïne de la Longue Marche », ces 9 000 kilomètres à parcourir jusqu'à Yan'an, à partir de 1934, pour y instaurer une base rouge inexpugnable. La jeune femme a donné deux enfants à Mao, abandonnés à des paysans. Durant la Marche, à nouveau enceinte, elle est blessée à la tête. Ce qui ne l'empêche pas de donner une fille au chef de la révolution, en 1936, survivante aujourd'hui sous le nom de Li Min. Hélas, He Zizhen est supplantée auprès de Mao par Jiang Qing, l'intrigante actrice de Shanghai. Un comité spécial du PC autorise Mao à répudier sa deuxième femme. Pis : en 1938, on l'expédie avec sa fille dans l'URSS de Staline. La tragique odyssée de He Zizhen se poursuit dans les asiles psychiatriques du NKVD.

La « bande des quatre »

En 1945, Li Min est renvoyée en Chine, où sa belle-mère, Jiang Qing, assure son éducation et celle de Li Na, la fille qu'elle a eue avec Mao. Au lendemain de la victoire de 1949, quand la République populaire est proclamée, sa mère, He Zizhen, est enfin rapatriée. Jugée schizophrène, on la soumet aux électrochocs à Shanghai. Elle y mourra en 1984 sans que Mao ait cherché à la revoir. Entre-temps, Li Min a poursuivi des études scientifiques qui l'amènent dans les laboratoires où l'on met au point la bombe atomique. Dans ces milieux, elle se trouve un mari, Kong Linghua, fils d'un général d'artillerie de renom. Mariés en 1959, ils ont deux enfants : le futur général Kong Jining et sa petite soeur, Kong Dongmei, qui ont leurs entrées dans la Cité interdite, où ils voient grand-père Mao.

La Révolution culturelle éclate en 1966 : Jining a 6 ans, il endosse l'uniforme des Petits Gardes rouges et apprend les « Citations du président Mao ». Cette tourmente où s'affrontent les clans du Parti pousse la Chine au bord du précipice et fait 20 millions de morts. Sa grand-mère adoptive, Jiang Qing, dirige le mouvement maoïste avec sa « bande des quatre ». Elle utilise ses filles pour influencer des organes importants de l'armée : Li Min se retrouve à la Commission de la science et de la technologie pour la défense nationale (Costind), présidée par Nie Rongzhen, le père de la bombe atomique.

A la direction de l'APL

1976, l'année du Dragon : Mao meurt. La « bande des quatre » est renversée. Comme Qiang Jing, Li Min est arrêtée et elle dénonce sa belle-mère comme « contre-révolutionnaire ». C'est le prix à payer pour réintégrer la nomenklatura sous Deng Xiaoping : en 1984, son mari, Kong Linghua, est chef de propagande de l'Armée populaire. Plus rien ne s'oppose à l'ascension de leur fils vers les cimes de l'APL.

Après l'école des cadets, à 21 ans, Kong Jining se retrouve à Nankin, à l'Institut des langues et des relations internationales de l'APL, le creuset des espions. Baptême du feu : le voici attaché militaire adjoint au Pakistan à la fin des années 80. Il participe au soutien de son pays à la résistance afghane face à l'occupation soviétique. Trois cents conseillers militaires chinois entraînent des moudjahidine en liaison avec les services secrets pakistanais du général Akhtar. A Islamabad, il favorise des programmes sino-pakistanais de fabrication d'armement. Au cours de la décennie suivante, le colonel Kong travaille avec le Groupe d'analyse stratégique du colonel Luo Renshi, ancien attaché militaire à Paris. Puis ce sont des séjours à Londres, où il participe à l'espionnage technologique impulsé sur l'Europe par la Costind. Retour d'Angleterre en 1997 : Kong est attaché à l'état-major de l'APL quand survient la crise interne du renseignement suivie de la chute de son chef.

L'ancien directeur de l'Ecole du renseignement de Nankin, le général Luo Yudong, est nommé patron du renseignement militaire par Jiang Zemin, fin 1999. Mais l'organigramme est incomplet. Le général Xiong Guangkai s'est adjoint Kong Jining pour coordonner le 2e Bureau. Sa mission ? Planifier les missions du général Luo. « Kong s'est retrouvé à un poste nouvellement créé pour assurer une direction bicéphale du renseignement militaire et empêcher les dérapages », confirme un officier supérieur de l'APL. Pendant qu'éclatait la crise de l'avion espion EP-3, la promotion de l'héritier de Mao peut être interprétée comme un signal fort, interne à l'APL, et aussi à l'égard du monde .

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La Chine ulcérée par une nouvelle vente aux enchères - Thomas Stélandre

Libération, no. 8703 - Culture, jeudi, 30 avril 2009, p. 24

Après la polémique de la vente Saint Laurent-Pierre Bergé, un cachet orné de dragons a été adjugé pour 1,7 million d'euros.

La chronique du bestiaire impérial se poursuit : après le lièvre et le rat de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, c'était au tour d'un couple de dragons, enchéri hier à Drouot pour 1,7 million d'euros, de créer la polémique. Les deux animaux fabuleux ornent un cachet en néphrite blanche, sur lequel on peut lire «jiu zhou qing an zhi bao»; soit «paix et tranquillité de la nation». Cette devise est celle d'un pavillon du Palais d'été, pillé en 1860 par les troupes franco-britanniques.

Mise à sac. Le commissaire priseur Pierre-Yves Lefèvre indique que cette pièce a été rapportée de Chine au XIXe par le général de Vassoigne. Ce dernier, qui commandait un fort français dans le port proche de Pékin, aurait participé à la mise à sac du palais. «Paix» et «tranquillité» ne sont pas les mots qui viennent à l'esprit à entendre les conservateurs du lieu, affirmant que de «telles reliques devraient être retournées à leur lieu d'origine».

La Chine, même si elle ne peut pas revendiquer la restitution d'oeuvres pillées dans les siècles passés, actionne en sous-main des protestations à chaque vente d'une des pièces. Jusqu'à celle de la collection Pierre Bergé-Saint Laurent, des entrepreneurs étaient incités à racheter les têtes d'animaux de la fontaine zodiacale, pour les offrir ensuite à la Chine. Ce scénario a été perturbé dans la vente de Pierre Bergé par un collectionneur chinois qui l'a sabotée en refusant de payer son acquisition. Une association fantomatique avait essayé en vain de la bloquer, mais la Chine ne l'avait pas mandatée. La légalité de la vente avait été confirmée par le tribunal de Paris. La France avait du reste délivré des autorisations de libre circulation aux deux têtes en question (Libération du 25 février).

Pour les organisateurs (l'étude parisienne Beaussant Lefèvre), la vente de Drouot d'hier «était parfaitement légale. Nous n'avons rien caché, notre communication était transparente, et tout simplement discrète».

Battage. La Chine est signataire de la Convention de 1970 de l'Unesco contre le trafic des biens culturels, qui stipule le principe d'un retour des oeuvres volées ou pillées dans leur pays d'origine. Néanmoins, juridiquement, pour les situations antérieures, elle a les mains liées, car cette convention n'a pas de valeur rétroactive.

Le régime chinois est par ailleurs ravi de brandir le drapeau du patriotisme en de telles occasions. De plus, en activant un battage avec différents relais, il sait qu'il peut faire baisser les enchères, dans la mesure où les amateurs sont dissuadés d'acquérir des pièces susceptibles de créer un jour un problème juridique. C'est de bonne guerre.

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LITTÉRATURE - Vingt Fragments d'une jeunesse vorace par Xiaolu Guo

Le Figaro, no. 20140 - Le Figaro Littéraire, jeudi, 30 avril 2009, p. LIT3

Comment une jeune paysanne montée à Pékin va tenter de faire carrière dans le cinéma.

XIAOLU GUO ressemble à Fenfang, l'héroïne de Vingt Fragments d'une jeunesse vorace. Née en 1973 dans un village de pêcheurs du sud de la Chine, elle est devenue réalisatrice de films et écrivain, et partage sa vie entre Pékin et Londres. Chacun de ses romans est un peu une borne sur son parcours, et elle glisse sans doute pas mal d'elle-même, de sa propre histoire, dans les caractères de ses personnages. Ainsi la jeune Fenfang, originaire d'un « bled paumé » comme il y en a encore des millions en Chine, noyé au milieu des champs de patates douces et qui n'a pas encore renoncé au communisme de base et à quelques préceptes du Grand Timonier : pauvreté, frugalité, suspicion. Mais « par le Grand Corniaud céleste », comme elle dit, cette vie-là n'est pas pour elle. Elle a d'autres ambitions : devenir une star, jouir de tout, tout de suite.

« Servir le peuple » plutôt que se goinfrer de McDo

Alors, elle « monte » à Pékin, la capitale, et, comme elle n'a guère de diplômes ni de compétences particulières (euphémisme), elle use de ses ressources naturelles : son charme, une vertu peu farouche, et d'étonnantes capacités d'adaptation. Le monde du cinéma semble fait pour elle. Et elle parviendra, même par la petite porte, à y travailler, même dans les coulisses. Gong Li ne s'est pas faite en un jour... Au passage, elle connaîtra la misère, les geôles de la police, la mort des hutongs, ces quartiers historiques rasés par les bulldozers de la Chine nouvelle.

Fenfang a du bagout, de l'énergie, une formidable envie de dévorer la vie, ce qui a été refusé à ses parents. Symbole d'une Chine déboussolée qui n'a connu, depuis soixante ans, que massacres, oppression et lavage de cerveaux, rançon d'une formidable expansion, la jeune fille a adopté de l'Occident ce qu'il a de pire et court vers le vide comme un canard sans tête. Cette jeunesse chinoise-là en viendrait presque à nous faire regretter les gardes rouges des années Mao qui, eux au moins, avaient un idéal : « servir le peuple » plutôt que se goinfrer de McDo. Un pays né dans la violence et qui n'a jamais connu la liberté ne peut que passer d'un extrême à l'autre.

Vingt Fragments d'une jeunesse vorace De Xiaolu Guo traduit de l'anglais (Chine) par Karine Lalechère Buchet-Chastel, 192 p., 17 eur.

Perrier, Jean-Claude

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mercredi 29 avril 2009

La Chine s'affirme dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU

Le Monde - International, jeudi, 30 avril 2009, p. 6

La révolution est, discrètement, en marche. Longtemps hostile aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, perçues comme un instrument d'ingérence aux mains des grandes puissances, la Chine a considérablement augmenté ses contributions de troupes ces six dernières années. Avec près de 2 150 casques bleus, le déploiement chinois est désormais comparable à celui de la France et bien supérieur à ceux du Royaume-Uni, de la Russie et des Etats-Unis. Aujourd'hui, des casques bleus chinois construisent des routes au Darfour, soignent des enfants au Liberia ou contrôlent des foules à Haïti.

" La Chine est préoccupée par son image ", estime Adam Segal, spécialiste du dossier au Council on Foreign Relations, centre de recherche américain. En réponse aux discours sur la " menace chinoise ", le pays cherche, selon l'expert, " à rassurer le reste du monde sur le caractère pacifique et responsable de sa montée en puissance ". Accusée d'extraire sans vergogne, en Afrique, les matières premières qui alimentent sa croissance, la Chine s'offre ainsi, selon Richard Gowan, chercheur au Center on International Cooperation, " une publicité facile et bon marché - pour - maintenir de bonnes relations avec l'Afrique ".

Ce regain d'intérêt de Pékin pour l'ONU tombe à point nommé. L'organisation menace d'être submergée par les demandes qui pèsent déjà sur les 115 000 personnes qu'elle a déployées dans 18 missions, principalement en Afrique. Elle ne peut guère compter sur la participation des pays occidentaux, très impliqués en Afghanistan ou dans les Balkans, sous l'égide de l'OTAN. Dans ce contexte, selon un récent rapport du centre de réflexion International Crisis Group, la Chine peut déployer " précisément le type de casques bleus dont les missions de l'ONU manquent " et apporter " un soutien politique inestimable " en faisant jouer sa proximité avec des régimes comme celui du Soudan, qu'elle a pressé d'accepter une mission de l'ONU.

" On ne peut que se féliciter de cette tendance ", explique Alain Le Roy, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, qui loue " le travail remarquable " des casques bleus chinois, souvent mieux disciplinés et entraînés que la moyenne. La contribution de la plus grosse armée du monde reste toutefois " modeste au regard de son potentiel ", note le diplomate français. La Chine figure au 15e rang des pays contributeurs de troupes de l'ONU, loin derrière le Pakistan, l'Inde, le Bangladesh ou le Nigeria. Et Pékin ne paye que 3 % des 7 milliards de dollars (5,3 milliards d'euros) annuels alloués aux opérations de maintien de la paix, contre 26 % pour Washington, 7,8 % pour Londres et 7,4 % pour Paris.

Par ailleurs, la Chine déploie des unités non combattantes (police ou génie), ainsi que des moyens médicaux, mais sans fournir les troupes de combat ou les moyens aériens qui manquent cruellement à l'ONU en République démocratique du Congo (RDC), au Darfour ou au Tchad. " Ils nous testent, de manière concluante pour l'instant, avec, comme partout, plus d'enthousiasme du côté du ministère des affaires étrangères que de celui de la défense ", poursuit M. Le Roy.

Les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté des Etats restent des piliers de la politique étrangère de la Chine, qui n'hésite pas à les invoquer pour bloquer toute action du Conseil de sécurité sur la Birmanie, le Zimbabwe ou le Sri Lanka. " Je suis sceptique sur l'importance stratégique de l'engagement chinois dans le maintien de la paix ", explique Richard Gowan, à la New York University.

En privé, des responsables onusiens admettent que les casques bleus chinois ont parfois tendance à " s'isoler " et peinent à communiquer en français ou en anglais. Ils sont réticents à sortir de " leur zone de confort ", de peur de " perdre la face si les choses tournent mal ".

En désertant les opérations de l'ONU, après les tragédies des années 1990 au Rwanda ou en Bosnie, les pays occidentaux ont laissé un vide que s'apprêtent à combler la Chine, mais aussi la Russie, qui promet à son tour de fournir davantage de casques bleus. " Pendant longtemps, la Chine est restée dans sa toile comme une araignée qui ne bougeait pas, sauf sur la question de Taïwan ", estime Elisabeth Lindenmayer, la directrice du programme des Nations unies de l'université de Columbia. " Elle est devenue un membre du Conseil de sécurité qui compte ", ajoute l'ancienne collaboratrice de Kofi Annan.

Philippe Bolopion

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DERNIER CHIFFRE - Les effectifs chinois à l'ONU

Le Monde - International, jeudi, 30 avril 2009, p. 6

Le 15e pays contributeur

Pékin fournit actuellement 2 150 soldats aux opérations de maintien de la paix, contre 120 en 2003. Missions La Chine est présente au Soudan (près de 800 hommes), au Liberia (près de 600), au Liban (près de 350), en RDC (près de 250), en Haïti (près de 150). Et de façon moindre au Timor, au Kosovo, au Sahara occidental, en Côte d'Ivoire.

Casques bleus Les cinq premiers contributeurs sont le Pakistan (10 740 hommes), le Bangladesh (9 234), l'Inde (8 631), le Nigeria (5 778) et le Népal (3 904).

(Sources ONU, ICG.)

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Pékin met en garde Washington contre le protectionnisme - Alexandrine Bouilhet

Le Figaro, no. 20139 - Le Figaro Économie, mercredi, 29 avril 2009, p. 26

Le protectionnisme commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine se renforce, mettant les relations économiques bilatérales à l'épreuve, estime le ministre chinois du Commerce Chen Deming dans les colonnes de l'édition asiatique du Wall Street Journal hier. « L'Histoire nous enseigne que plus grave est la crise, plus nous devons être engagés en faveur de l'ouverture et de la coopération. Malheureusement, les mesures commerciales contre la Chine prises par les États-Unis augmentent », écrit-il alors qu'il est en visite à Washington cette semaine. Il affirme que les industriels américains font pression sur leur gouvernement pour l'ouverture d'enquêtes antidumping dans le cadre de l'OMC, qui pourraient conduire à des restrictions sur les importations de produits chinois. « Ceci mettra sérieusement à l'épreuve les relations économiques et commerciales sino-américaines », prévient-t-il.

PHOTO - Gary Locke, le premier gouverneur sino-américain au commerce et Chen Deming, ministre chinois du Commerce, en visite à Washington.

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DOPAGE JO 2008 - Trois têtes sont tombées

l'Humanité - Sports, jeudi, 30 avril 2009, p. 15

Jeu de chamboule-tout autour des JO

L'Allemand Stefan Schumacher, l'Italien Davide Rebellin, le Bahreïnien Rashid Ramzi (PHOTO) : trois têtes sont tombées, hier, au jeu des contrôles antidopage post-JO de Pékin 2008. D'autres vont suivre car d'après le CIO, ils sont six athlètes contrôlés en Chine dont les échantillons prélevés en août dernier ont finalement « parlé », bien aidés par les récents progrès en matière de détection de l'EPO CERA, un dopant qui favorise le transport de l'oxygène dans l'organisme. L'un des tricheurs, Schumacher, est d'ailleurs un récidiviste : le cycliste allemand a déjà été suspendu jusqu'en 2011 après avoir été convaincu de dopage à la CERA sur le Tour de France 2008, soit quelques jours avant les JO. Les deux autres vont modifier la hiérarchie des podiums puisque l'Italien Davide Rebellin avait décroché la médaille d'argent de la course en ligne cycliste. Quant à Ramzi, il était champion olympique du 1 500 mètres. S'il est destitué, la médaille de bronze reviendra au Français Mehdi Baala, quatrième à Pékin.

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VOIR AUSSI :

VIDÉO - Diagana confirme les doutes sur le dopage sportif - 7 août 2008
VIDÉO - Le nouveau dopage génétique - 7 août 2008

Un site Internet chinois vend de faux diplômes français

Le Figaro, no. 20139 - Le Figaro, mercredi, 29 avril 2009, p. 16

L'université de Toulon révèle l'existence d'offres de faux masters et de fausses licences sur la Toile.

UN ADMINISTRATEUR du site Internet au doux nom de « Success » (succès) répond par « chat », en anglais, à notre demande. « Tu veux un diplôme de l'université Paris-VI, un master 2 en ingénierie financière ? Pas de problème, c'est 1 000 euros le parchemin. Je te l'envoie dans trois jours de la main à la main où que tu sois dans le monde. Pour un diplôme français, c'est vraiment pas cher. »

Devant notre perplexité, le faussaire qui se dit chinois insiste : un diplôme canadien nous tenterait peut-être davantage ? Mais c'est plus cher 1 200 euros. « La plupart de mes clients sont en France », affirme-t-il, sans qu'il soit évidemment possible de vérifier quoi que ce soit. Avant de couper court à la conversation, il explique ne vouloir répondre qu'aux « questions de business ». Soupçonnée la semaine dernière par la justice de trafic de diplômes impliquant des dizaines d'étudiants chinois, l'université de Toulon (Var) a contre-attaqué hier en révélant le nom de ce site plutôt louche.

Laroussi Oueslati, le président de Toulon, a contacté l'ensemble des présidents d'université français « afin de les alerter », assure-t-il au Figaro : France163.com propose à la vente un certain nombre de diplômes de master et de licence, de différentes universités françaises dont les universités de Franche-Comté, Bordeaux-IV, Paris-VII, Paris-III, Paris-IV, Paris René-Descartes ou encore Aix-Marseille I et II.

Enquête interne

Ces copies sont disponibles à la vente, en ligne, grâce à un paiement sécurisé par carte bancaire pour un prix de base tournant officiellement autour de 1 000 yuans, soit 122 euros. Le site vend notamment en guise de slogan « le succès des réseaux en France » et affiche sur son interface les copies des diplômes. Ces derniers sont semblables à ceux délivrés sur le territoire français. « Face à de tels faits, susceptibles de nuire à la réputation des universités françaises, nous avons le regret de vous faire parvenir ces informations afin de vous permettre de défendre au mieux les intérêts de votre institution », a écrit Laroussi Oueslati aux présidents d'université. Ce dernier explique avoir découvert le site en faisant mener une enquête interne par son centre de ressources informatiques sur les officines chinoises ou françaises oeuvrant sur Internet.

Déjà en 2006, une étude de chercheurs de l'Iredu-CNRS et de l'Inra-Enesad révélait que la fraude au diplôme avait pris une ampleur nouvelle avec la globalisation de l'enseignement supérieur et le développement des nouvelles technologies. Les pays le plus touchés sont les pays anglo-saxons et la Chine et chaque « usine à diplômes » engendrerait « un chiffre d'affaires annuel estimé à plus de 20 millions de dollars », affirmaient-ils.

Pech, Marie-Estelle

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Soupçons de fraude sur les tests de français en Chine - Philippe Jacqué
SCANDALE - Un vaste trafic de diplômes découvert à l'université - Yves Bordenave

IMAGE DE CHINE - Chirac à Pékin

L'ancien président français Jacques Chirac a prononcé un discours à l'Université des affaires étrangères à Pékin, le 29 avril 2009. Les sujets abordés ont été la crise économique, le G20, l'Afrique et le rôle de la Chine dans le monde. La veille, il rencontrait le président chinois Hu Jintao / REUTERS

Un garde de l'Université observe la personnalité politique préférée des Français

ENQUÊTE - Voiture électrique : et si la Chine doublait tout le monde ? - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20415 - L'enquête, mercredi, 29 avril 2009, p. 11

Le pays multiplie les initiatives pour prendre de vitesse ses concurrents

S'imposer comme le leader mondial des véhicules électriques : c'est le rêve de Pékin, qui, admettant son retard dans les moteurs classiques, pousse ses constructeurs sur ce marché quasi vierge. Le pays réduirait ainsi sa dépendance au pétrole et aux technologies étrangères. Dès cette année, le groupe BYD doit lancer la production de masse de son modèle e6.

La visite de l'usine BYD, en banlieue de Shenzhen, touchait à sa fin lorsque Wang Chuanfu, le PDG du groupe, s'est approché des dernières créations de ses ingénieurs et a pointé, sur un présentoir, un nouveau modèle de batterie « 100 % recyclable », contenant un électrolyte non toxique. Il a soulevé le couvercle, versé le liquide de la batterie dans un verre et l'a bu d'une traite, devant les yeux ébahis de David Sokol, le président de MidAmerican Energy Holdings, qui a rapporté l'anecdote au magazine « Fortune ». « Ça n'a pas bon goût », aurait juste murmuré le responsable.

De retour aux Etats-Unis, le financier américain a conté son insolite rencontre à Warren Buffett, le président du fonds d'investissement Berkshire Hathaway, dont toutes les décisions sont lues comme autant de prophéties. Il lui a parlé des visions de Wang Chuanfu, qui a créé, en moins de quinze ans, le deuxième plus important fabricant mondial de batteries rechargeables - il équipe notamment les téléphones Motorola, Nokia ou Samsung -, puis l'un des leaders de l'industrie automobile chinoise - sa petite F3 est en tête de liste des berlines les mieux vendues dans le pays, devant la Toyota Corolla. Il lui a surtout annoncé que BYD travaillait à la synthèse de ses deux activités, et se rêvait publiquement en leader mondial des véhicules « propres » roulant à l'électricité. Le « pitch » a fonctionné. Deux mois plus tard, le gourou de la finance américaine déboursait 230 millions de dollars pour acquérir 9,8 % de l'entreprise de Wang Chuanfu, qui croit pouvoir donner corps, depuis ses bases chinoises, à un marché mondial de la voiture électrique encore dans les limbes.

Au Salon de l'automobile de Shanghai, qui a fermé ses portes hier soir, la foule et les concurrents se pressaient autour de la F3DM, le véhicule hybride raccordable au secteur commercialisé en Chine depuis fin décembre par BYD, et de la nouvelle e6, qui pourrait bientôt s'imposer comme la première voiture tout électrique mise en vente dans le monde. « Nous pensons la lancer avant la fin de 2009 », assure Paul Lin, le porte-parole du groupe.

Selon le constructeur, la e6 pourrait rouler pendant plus de 300 kilomètres, atteindre une vitesse de pointe de 160 kilomètres-heure et être rechargée à 50 % en seulement dix minutes. Des performances rendues possibles par une batterie Fe, au phosphate de fer, développée par les chercheurs de BYD. Ce produit connu, dérivé de la famille des batteries lithium-ion aujourd'hui utilisées par la plupart des autres constructeurs de véhicules hybrides ou électriques, devrait, selon le groupe chinois, permettre de résoudre les problèmes de durée de vie, de manque d'énergie ou d'instabilité qui avaient jusqu'ici limité le développement des véhicules électriques dans le monde. Mieux, la batterie Fe, couplée aux moyens industriels de BYD et à sa main-d'oeuvre bon marché, qui assemble les accumulateurs à la chaîne, permettrait de casser le coût de production des véhicules « verts », dont les prix rebutent pour l'instant les acheteurs potentiels. Une F3DM est ainsi proposée à 150.000 yuans (environ 16.500 euros) quand le prix de vente de sa future concurrente, la Chevrolet Volt, qui devrait être commercialisée fin 2010, avoisinerait les 30.000 euros.

Une énergie peu coûteuse

Avançant des arguments comparables, tous les grands constructeurs chinois ont suivi les traces de BYD et ont annoncé, lors du Salon de Shanghai, la commercialisation prochaine de leurs propres modèles électriques ou hybrides. Chery, le quatrième constructeur du pays, doit lancer avant la fin de l'année sa petite compacte Riich M1. Rechargée sur une prise 220 volts du secteur pendant six heures, elle pourrait rouler sur une distance de 120 kilomètres. « Au prix actuel de l'électricité, parcourir 100 kilomètres ne coûterait plus que 7 yuans (80 centimes d'euros) », argumente Crystal Yang, l'une des cadres de la société. Si, chez Geely, la Gleagle EK2, tout électrique, est encore en développement, Great Wall affirme que sa Kulla, disposant sur le papier d'une autonomie de 160 kilomètres, serait prête pour « la production de masse ».

« Il se passe quelque chose d'important en Chine dans le domaine des véhicules électriques », résume Steve Betz, le directeur général des ventes et du marketing de Chevrolet dans le pays. « Les Chinois, qui ont déjà massivement adopté les scooters et les vélos électriques, sont prêts pour ces véhicules », assure-t-il. « Lentement, la Chine pose les fondations pour s'imposer comme un concurrent global dans cette industrie émergente », prévenaient dans une récente étude les chercheurs de McKinsey.

Premières exportations programmées

Depuis Pékin, les autorités chinoises encouragent pleinement l'enthousiasme de leurs constructeurs. « Pour le gouvernement, le soutien à ces technologies et à leurs développeurs est un enjeu stratégique majeur », pointe Patrick Blain, l'un des directeurs du marketing de PSA Peugeot Citroën en Chine. Le pays, qui veut casser sa dépendance aux technologies étrangères, reconnaît implicitement son retard sur les Occidentaux et les Japonais dans le développement des moteurs thermiques, et considère qu'il peut, en revanche, s'imposer comme le leader mondial du véhicule électrique. « Sur ce segment, nous sommes presque sur une page blanche dans le monde entier. Tout le monde part à égalité », remarque l'analyste Li Chunbo, de Citic Securities. En prenant de l'avance sur les grandes marques étrangères moins convaincues par la « révolution électrique », les groupes du pays pourraient emporter une large part d'un marché évalué par McKinsey à plus de 700 milliards de yuans (78 milliards d'euros) sur le seul territoire chinois. Avant de se lancer à l'assaut des marchés occidentaux. Les premières exportations sont d'ailleurs déjà programmées par les plus ambitieux.

Au-delà du prestige et des arguments financiers, Pékin espère également réduire la croissance de ses importations de pétrole, en grande partie alimentée par l'explosion du parc automobile. « Si 30 % de toutes les voitures circulant dans le pays en 2030 étaient électriques, la Chine pourrait économiser 700 millions de barils par an, soit plus de 10 % de ses besoins », ont calculé les experts de McKinsey.

Ayant décrété qu'au moins 10 % des voitures du pays devront utiliser des énergies alternatives d'ici à 2012, Pékin multiplie les initiatives. Le ministère des Sciences et des Technologies, dirigé depuis deux ans par Wang Gang, un ancien ingénieur d'Audi ayant précédemment dirigé les travaux du gouvernement sur... les voitures électriques, vient d'augmenter ses offres de crédits de recherche aux entreprises et aux laboratoires universitaires. De nouvelles subventions ont été mises en place pour les collectivités locales acceptant de s'équiper en hybride ou en tout électrique. Pour chaque voiture électrique commandée, une prime de 60.000 yuans (6.600 euros) est ainsi offerte dans les 13 municipalités participant au programme.

Créer des centres de recharge

Les primes ont déjà appâté les autorités de Shenzhen, où est justement basé BYD. Ce sont elles qui lui ont commandé les premières F3DM. « Au total, on en a vendu quelques centaines pour des flottes dans plusieurs villes. Vous pourrez en voir rouler cet été », assure Paul Lin. « C'est plutôt 80 », souffle un concurrent, qui soupçonne BYD et les autres constructeurs du pays de vouloir copier la stratégie de communication réussie par Toyota avec sa Prius hybride. « Ils mettent en avant la dimension high-tech de leurs véhicules «propres» pour vendre des voitures essence classiques », explique-t-il. « A chaque fois, ce sont des projets longs qui demandent beaucoup de coopération avec les villes », reconnaît lui-même le responsable de BYD. Qui souligne la nécessité de mettre en place un réseau de stations électriques où les véhicules pourront être rechargés rapidement. « Pour installer des centres de recharge dans le pays, il va falloir dépenser entre 5 et 10 milliards de yuans d'ici à 2020 », ont calculé les chercheurs de McKinsey, qui s'inquiètent toujours de la longueur du temps de recharge et suggèrent à la Chine de réfléchir à un modèle économique où les batteries pourraient être louées pleines et échangées une fois vides dans des stations-service. « C'est un modèle ambitieux mais qui dépasse les seuls constructeurs. Il faut un travail concerté avec tous les acteurs. Le rôle des autorités publiques va être déterminant », insiste Patrick Blain. « Mais si une solution permettant de résoudre tous ces défis technologiques et économiques existe, il est très probable que c'est en Chine qu'elle sera trouvée », sourit-il.

ENCADRÉ : Hybride ou électrique ?

Les constructeurs développent actuellement trois types de technologie différents :- Dans les véhicules hybrides, tels que la Prius, l'électricité, emmagasinée lorsque le véhicule roule, est seulement utilisée au démarrage et pour l'arrêt, ainsi que dans les phases d'accélération. La voiture ne parcourt pas de distance en mode tout électrique.- Dans les véhicules hybrides « plug in » ou « raccordables », l'électricité est également utilisée pour parcourir de courtes distances. La voiture peut ainsi fonctionner en mode hybride sur l'autoroute, où le moteur essence assure l'essentiel de l'énergie, avant de basculer en mode électrique lors des phases de circulation lente en ville. La batterie est rechargée à la maison ou dans des stations adaptées.- Les véhicules tout électrique ne disposent pas de moteur thermique et ne fonctionnent qu'à l'électricité. Ils peuvent être rechargés sur le secteur ou dans des stations spéciales. Le défi est de fournir des batteries bon marché permettant de parcourir d'importants trajets, tout en assurant un minimum de puissance.

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Alcatel-Lucent remporte deux nouveaux contrats en Chine

Les Echos, no. 20415 - Technologies de l'information, mercredi, 29 avril 2009, p. 24

Alcatel-Lucent a remporté deux contrats pour un montant total de 1,7 milliard de dollars, dont 1 milliard avec China Mobile et 700 millions avec China Telecom. L'équipementier de télécommunications franco-américain va « moderniser les réseaux et fournir des services d'intégration et de maintenance en 2009 » des opérateurs chinois. Le groupe, dirigé par Ben Verwaayen, a gagné face aux équipementiers locaux (Huawei, ZTE) et à ses concurrents étrangers (Ericsson, Nokia). Les deux contrats ont été signés lundi à Washington par la filiale chinoise Alcatel-Lucent Shanghai Bell.

« Ces contrats confirment la position d'Alcatel-Lucent parmi les principaux fournisseurs 3G en Chine », affirme l'équipementier. La Bourse de Paris a finalement bien accueilli la nouvelle, le titre gagnant 2,40 % à la clôture, hier, à 1,88 euro. Le spectre d'une action à moins de 1 euro - comme début mars après la dégradation de la note d'Alcatel-Lucent par Standard & Poor's (« Les Echos » du 4 mars) - s'éloigne un peu. Une chose est sûre, à l'heure où les opérateurs télécoms sont devenus économes dans leurs investissements réseaux, les deux contrats chinois arrivent à point nommé pour Alcatel-Lucent, qui doit publier le 5 mai ses résultats pour le premier trimestre. Credit Suisse s'attend en effet à un recul des ventes de 9 % sur un an (à 3,5 milliards d'euros) et à une perte opérationnelle (- 166 millions). Pour l'heure, le franco-américain savoure son succès.

« Un honneur »

« C'est un honneur d'avoir été choisi comme fournisseur majeur de solutions de pointe par China Mobile et China Telecom. Alcatel-Lucent Shanghai Bell s'engage à les accompagner dans la transformation rapide de leurs réseaux vers la 3G et leur évolution progressive vers le LTE [Long Term Evolution] et la 4G », a déclaré Olivia Qiu, présidente d'Alcatel-Lucent Shanghai Bell. Bien positionné en République populaire de Chine, l'équipementier avait déjà signé des contrats avec les deux opérateurs.

Un troisième, China Unicom, l'a retenu en mars pour « le déploiement de réseaux 3G W-CDMA dans 14 provinces chinoises ». Mais le montant de ce contrat n'a pas été dévoilé. Le gouvernement de Pékin a attribué en janvier dernier les licences de troisième génération (3G) aux trois plus grands opérateurs télécoms d'un pays qui compte environ 600 millions d'abonnés au mobile.

CHARLES DE LAUBIER

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mardi 28 avril 2009

TÉLÉVISION - Les Demoiselles de Nankin

CE SOIR (MARDI 28 AVRIL) - 23 h 30 sur Arte



Plongée dans la vie des étudiantes de l'université de Nankin, en Chine.

Camille Ponsin en dresse un tableau insolite et intime.

VOIR LA VIDÉO EN INTÉGRALITÉ

L'inquiétude monte à propos du sort de l'avocat chinois Gao Zhisheng

Le Monde - International, mercredi, 29 avril 2009, p. 7

Deux mois et demi après son enlèvement, très probablement par la sécurité d'Etat chinoise, le sort de l'avocat Gao Zhisheng préoccupe les milieux de défense des droits de l'homme à l'étranger : ce pionnier du weiquan yundong, le mouvement de défense des droits, aurait été gravement torturé en 2007, lors d'une précédente " disparition ", et menacé de mort.

Son épouse, Geng He, qui a gagné les Etats-Unis le 11 mars après avoir quitté clandestinement la Chine en janvier avec ses deux enfants, a adressé le 23 avril une lettre ouverte au Congrès américain, où elle rappelle le combat de son mari pour faire respecter les lois chinoises et exposer les dénis de justice dont sont victimes les citoyens ordinaires.

" Je n'ai aucun doute sur le fait que cet enlèvement constitue la réponse du gouvernement chinois à notre fuite. Je suis extrêmement inquiète pour mon mari au vu des expériences horribles qu'il a subies par le passé ", écrit-elle, justifiant sa décision de se réfugier en Amérique par l'état préoccupant de ses enfants, empêchés d'aller à l'école et témoins des brimades et des tortures infligées à leurs parents. Aidée par des réseaux clandestins et des passeurs, Geng He avait rejoint le Yunnan puis la Thaïlande.

Des avocats américains, réunis dans le Comité de soutien aux avocats chinois, ainsi que les organisations des droits de l'homme à l'étranger exigent que Pékin révèle la situation de maître Gao ainsi que les charges qui pèsent sur lui. L'ONG Human Rights in China (HRIC), basée à New York, appelle à sa libération immédiate.

Gao Zhisheng, qui a exercé à Pékin avant que sa licence ne soit révoquée en 2005, est l'un des premiers " avocats aux pieds nus " à se distinguer au cours des années 2000 en portant devant les tribunaux des affaires de citoyens ordinaires victimes d'injustice, des résidents expulsés aux patients floués par les hôpitaux. De religion chrétienne, il défend des chrétiens des églises à domicile harcelés par les autorités, puis des membres du mouvement religieux Falun Gong, interdit en 1999 suite à une spectaculaire manifestation, le 25 avril de la même année.

Indigné par la paralysie totale de la justice chinoise sur ce dossier, il met au jour une entreprise systématique de persécution, dont il entreprend de dénoncer l'illégalité par des lettres ouvertes au Congrès national du peuple puis aux dirigeants chinois en 2005. Il démissionne alors du Parti communiste et part recueillir dans le Shandong des témoignages de membres du Falun Gong torturés.

Interdit dans la presse chinoise et constamment harcelé, il s'efforce dès lors de sensibiliser la presse et les ONG étrangères aux dénis de droit en Chine avant d'être, fin 2006, arrêté pour subversion. Il bénéficie d'un sursis mais doit quitter Pékin. C'est à cette époque que le militant Hu Jia prendra sa relève, avant d'être lui même porté " disparu " pendant plusieurs semaines, puis placé en résidence surveillée et enfin emprisonné fin 2007. Les militants de ce mouvement informel et leurs proches sont constamment harcelés : il y a quelques semaines, le journaliste d'investigation chinois Wang Keqin révélait sur son blog comment il avait été empêché par des hommes de main de rencontrer l'épouse de Cheng Guangcheng, le juriste aveugle emprisonné au Shandong.

C'est dans son village natal du Shanxi, où il était assigné à résidence, que Gao Zhisheng a été enlevé le 4 février. Cinq jours après, HRIC mettait en ligne une lettre ouverte dont l'avocat avait manifestement demandé la sortie au cas où il disparaîtrait de nouveau. Celle-ci, écrite en novembre 2007, juste après sa libération, détaille les tortures que lui a fait subir pendant plusieurs jours un groupe de policiers, après l'avoir embarqué de force dans une voiture, le 21 septembre 2007. Matraques électriques, cure-dents dans les parties génitales et tabassage en règle, ses tortionnaires lui font goûter un à un, se vantent-ils, " les douze plats " du menu complet réservé aux membres du Falun Gong.

L'avocat écrit avoir reconnu au moins deux agents, l'un du Shandong, et un gradé de Pékin, qui fit mine de réprimander ses tortionnaires pour leur brutalité, puis le fit transporter en prison, où on l'encouragea à dénoncer ouvertement le Falun Gong et louer le gouvernement, " pour autant d'argent qu'il voulait ". Il acceptera, dit-il, de déclarer sur l'honneur qu'il avait été bien traité.

Depuis 2008, et notamment au moment des Jeux olympiques, très peu d'informations filtrent sur la situation de l'avocat, qui fait partie des Chinois pressentis pour le prix Nobel de la paix. Interrogés à son sujet, ses confrères proches, à Pékin, répondaient alors que la situation était " délicate "...

Brice Pedroletti

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JAPON - Taro Aso en visite en Chine

La Croix, no. 38346 - Monde, mardi, 28 avril 2009

Taro Aso en visite en Chine. Le premier ministre japonais effectue dès demain une visite d'État en Chine pour aborder la récession mondiale et le problème nord-coréen, une semaine après avoir irrité Pékin en offrant un présent au sanctuaire controversé de Yasukuni. Taro Aso doit rencontrer le président chinois Hu Jintao et son homologue Wen Jiabao lors de ce voyage de deux jours, sa première visite à ce niveau.

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L'Asie est encore traumatisée par le Sras - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20138 - Le Figaro, mardi, 28 avril 2009, p. 8, 5, 6, 7

Encore traumatisés par de récentes et tragiques épidémies, les pays asiatiques ont sonné le branle-bas devant la nouvelle alerte sanitaire.

En 2003, la pneumonie atypique (Sras) avait fait plus de 800 morts dans le monde dont 350 en Chine, puis la grippe aviaire avait tué 250 personnes essentiellement en Asie du Sud-Est.

Les contrôles ont ainsi été renforcés dans tous les aéroports de la région, les hôpitaux placés en état d'alerte et des mesures de quarantaine annoncées. La Chine et la Thaïlande ont aussi suspendu les importations de viande porcine du Mexique et des États-Unis. Les autorités philippines ont sagement conseillé d'éviter les embrassades publiques.

Sévèrement touchée par le passé, l'Asie veut se croire aguerrie. Porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Manille, Peter Cordingley a d'ailleurs déclaré hier à l'AFP que « l'Asie est mieux préparée et en meilleure position que d'autres » face aux risques de pandémie. La crise du Sras a donné « une leçon très utile en matière de mécanismes de surveillance et de contrôle de l'infection ». C'est ainsi qu'à Hongkong, tous les passagers voient depuis longtemps leur température mesurée par infrarouge.

Des scanners thermiques ont été installés à l'aéroport international de Bangkok, ainsi que dans les principaux aéroports internationaux d'Indonésie.

À Taïwan, le ministre de la Santé a utilisé une métaphore rassurante : « La situation actuelle est comme une tempête tropicale née de l'autre côté du Pacifique, qui ne présente aucun danger immédiat. » L'image est certes moins traumatisante que le tsunami.

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PORTRAIT - Margaret Chan, la docteur au front

Le Temps - Temps fort, mardi, 28 avril 2009


Hongkongaise de 62 ans, Margaret Chan a été élue à la tête de l'Organisation mondiale de la santé fin 2007. Elle doit sa nomination autant à ses compétences professionnelles et son expérience du terrain dans la lutte contre les épidémies qu'à la montée en puissance de la Chine, qui plaçait ainsi pour la première fois l'un de ses ressortissants à la direction d'une organisation onusienne. Après des études de médecine au Canada (dont elle possède également le passeport), Margaret Chan est entrée au Département de la santé de Hongkong en 1978 où elle a gravi tous les échelons jusqu'à la direction de la Santé. En 1997, elle est confrontée à sa première épidémie de grippe aviaire. Sa méthode de lutte est radicale: elle fait abattre 1,6 million de volailles. Les Hongkongais s'émeuvent. Les spécialistes estimeront plus tard qu'elle a du coup probablement évité le pire.

Deuxième crise en 2003: elle affronte cette fois-ci une mystérieuse pneumopathie atypique, le SRAS. La ministre est critiquée - à raison cette fois-ci - par la presse locale car elle se plie, dans un premier temps, à l'injonction de Pékin de ne rien divulguer sur ce nouveau virus dont l'origine est la province chinoise du Guangdong. L'épidémie fera 299 morts dans l'ex-colonie britannique. C'est dans ces circonstances qu'elle rejoint l'OMS où elle deviendra la cheffe du service de la grippe pandémique. Son élection avait été bien accueillie car elle était l'une des rares officielles de la santé à avoir été confrontée à la gestion d'une pandémie.

Frédéric Koller

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CINÉMA - Un film sur le sac de Nankin en tête du box-office chinois

Le Monde - Culture, mercredi, 29 avril 2009, p. 21

City of Life and Death, le premier film chinois à évoquer le sac de Nankin par les troupes japonaises en 1937, a rempli les salles de cinéma de Chine populaire pour son premier week-end d'exploitation, du 24 au 26 avril. Projeté sur plus de 1 000 écrans - le pays en compte 4 000 -, le long métrage de Lu Chuan a rapporté plus de 10 millions de dollars de recettes (7,62 millions d'euros). Les Trois Royaumes, le plus grand succès du cinéma chinois, avait rapporté 16 millions de dollars lors de sa sortie en juillet 2008. Le film de Lu Chuan évoque, à travers les yeux d'un soldat chinois, d'un militaire japonais et d'un habitant de Nankin, les massacres commis par les troupes japonaises. On évalue aujourd'hui à 150 000 les civils tués lors de la prise de la ville, auxquels s'ajoutent des dizaines de milliers de femmes violées. Cet épisode reste à ce jour un élément du contentieux entre la Chine et le Japon. City of Life and Death est le premier de nombreux films évoquant cet épisode à sortir en Chine. Il a fallu cinq mois à ses producteurs pour obtenir l'autorisation de tournage et cinq mois pour que la commission de censure en autorise la sortie. Il bénéficie désormais de l'appui du gouvernement de Pékin. - (AP.)

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INTERVIEW - « Pékin mène l'offensive internationale contre le dollar » - Antoine Brunet

Le Figaro, no. 20138 - Le Figaro Économie, mardi, 28 avril 2009, p. 21

Le décryptage d'Antoine Brunet, économiste, directeur d'AB Marchés.

LE FIGARO. - Les achats massifs d'or annoncés par la Chine (454 tonnes depuis 2003) s'effectuent-ils au détriment des bons du Trésor américains ?

Antoine BRUNET. - Je ne le pense pas. Même avec leurs achats récents, les montants en or des réserves de change chinoises ne dépassent pas 1,6 % du total. Ce qui est plus symptomatique, c'est la date - 23 avril - de la révélation de ces achats d'or. La Chine a interrompu - momentanément - ses achats de treasuries en janvier février, d'après les statistiques du Trésor américain. Et, ce week-end, lors de la réunion du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, elle a mené, une nouvelle fois, l'offensive internationale des Bric - Brésil, Inde, Chine, Russie - contre le dollar monnaie de réserve.

Que peuvent faire les États-Unis face à l'arrêt momentané d'achats de treasuries ?

Ils ont pris conscience de la nouvelle attitude de la Chine début mars, lorsqu'ils ont eu les chiffres officiels devant les yeux. Cela explique, à mon avis, la précipitation de la Réserve fédérale à lancer le 19 mars son programme d'achats de treasuries notes (2 ans et plus) pour 300 milliards de dollars. Ce montant est à rapprocher des 400 milliards d'achats de dette américaine effectués par la Chine en 2008.

Que cherche la Chine en menant cette offensive contre le dollar ?

En donnant un rôle accru à l'or dans ses propres réserves, en encourageant, au passage, les pays du Golfe à acheter de l'or, l'objectif de la Chine est clair : remettre en cause le statut du dollar comme monnaie de réserve. La Chine comme la Russie veulent priver les États-Unis de leur arme financière. C'est politique. Le plus étonnant c'est l'attitude de l'Inde et du Brésil, qui ont rejoint très facilement le camp de la Chine. À Washington, les Bric se sont ligués pour faire la promotion des DTS (droits de tirage spéciaux), cette forme de monnaie émise par le FMI, susceptible de se substituer, comme l'or, au dollar dans les réserves des banques centrales. Finalement, ils ont obtenu l'accord du FMI pour émettre des obligations libellées en DTS. C'est une révolution ! De leur côté, les États-Unis ne font rien pour empêcher cette révolution, car ils veulent surtout augmenter les ressources du FMI afin d'éviter une crise financière au Mexique ou dans les pays d'Europe centrale et orientale.

En affaiblissant le dollar, monnaie dans laquelle sont libellés plus de 70 % de ses avoirs, la Chine ne risque-t-elle pas de se tirer une balle dans le pied ?

Sa stratégie risque plus de faire baisser le dollar contre l'or, que le dollar contre l'euro, la livre ou le yen, car il n'y a pas d'appétit pour ces devises en ce moment. Les achats d'or s'effectuent au détriment de toutes les devises occidentales.

Alexandrine BOUILHET

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DERNIÈRE IMAGE DE CHINE - Chirac rencontre Hu Jintao

Le Figaro, no. 20138 - Le Figaro et vous, mardi, 28 avril 2009, p. 40

En visite à Pékin, l'ancien chef de l'État sera, ce soir, l'hôte du président chinois. Hu Jintao reçoit Jacques Chirac pour un entretien suivi d'un dîner offert en son honneur au Palais du peuple. Grand ami de la Chine, Jacques Chirac sera fait, demain, docteur honoris causa de l'Institut des hautes études diplomatiques de Pékin. Il plantera un arbre dans le jardin de l'Institut des talents.


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lundi 27 avril 2009

Avec l'or, la Chine entame la diversification de ses réserves de change

Les Echos, no. 20414 - Marchés, mardi, 28 avril 2009, p. 41

Courtiers et producteurs d'or attendaient la nouvelle depuis des années. La Chine a presque doublé ses réserves de change en or. Représentant à peine 1,6 % de ses réserves totales de change, les lingots conservés dans les coffres de la banque centrale chinoise correspondent toutefois au volume non négligeable de 1.054 tonnes, contre 600 en 2003.

Forte de ce trésor, la Chine se hisse à la sixième place du classement des banques centrales les plus riches en or, ravissant cette place à la Suisse. L'augmentation de 76 % des réserves de change chinoises en or confirme de façon éclatante l'intérêt que Pékin porte à ce métal, qualifié dans les années 1930 de relique barbare par John Maynard Keynes, qui plaidait pour l'abandon de l'étalon or.

La Chine est devenue en 2007 le premier pays producteur de ce précieux, dépassant l'Afrique du Sud, leader historique. En dépit de la progression confirmée hier, le potentiel d'augmentation des stocks d'or officiels de la Chine reste élevé étant donné que les deux tiers environ de ses réserves de change demeurent en dollars.

Avec seulement 1,6 % de ses avoirs en or, l'institut d'émission chinois est toujours très en dessous de la moyenne mondiale - de plus de 10 %. En étoffant ses positions dans ce métal, Pékin envoie un double message. D'abord, il opte pour un produit dont la corrélation inverse avec la parité du dollar est traditionnellement élevée. L'or est donc censé agir comme un instrument de protection contre de nouveaux accès de faiblesse de la devise américaine, une éventualité à considérer compte tenu de l'envolée du déficit fédéral. Ensuite, le régime chinois montre une nouvelle fois sa volonté de voir émerger une nouvelle monnaie internationale qui remplacerait le dollar.

Réhabilitation

Certains analystes n'hésitent pas à évoquer le retour à l'étalon or. Une hypothèse encore jugée farfelue il y a peu. Les économistes de CPM Group soulignent que le fait important dans l'annonce chinoise est la réhabilitation par Pékin de l'or en tant que réserve officielle de change. Pour eux, cela traduit une modification générale de perception des qualités de ce produit auprès des grands banquiers centraux de la planète.

Les vertus de l'or ont été récemment confirmées par la décision des grands pays du monde de mobiliser une partie des réserves d'or du Fonds monétaire international pour financer ses actions de soutien aux économies émergentes. La crise financière globale a permis la résurrection de la relique barbare. Il est certes moins sûr qu'elle conserve ce nouveau statut une fois la crise résorbée.

MASSIMO PRANDI

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À LIRE :

DERNIER CHIFFRE DE CHINE - Réserves en or
Grand producteur d'or, la Chine lance son marché à terme - Julie Desné